L’une des démocraties multipartites les plus stables et plus durables d’Afrique, le Bostwana tiendra, en 2024, sa 13eme élection générale depuis son indépendance.
Longtemps considéré comme l’une des démocraties multipartites les plus stables et les plus anciennes d’Afrique, le Botswana s’apprête en octobre à organiser des élections générales. Le président du Botswana est élu indirectement par l’Assemblée nationale pour un maximum de deux mandats de 5 ans.
La compétitivité accrue renforce le système multipartite du pays.
Quatre dirigeants du Botswana se sont engagés à quitter le pouvoir à l’issue de leur mandat constitutionnel, à commencer par Ketumile Masire, qui a succédé à Seretse Khama lors de son décès en tant que premier président du Botswana. Cette impressionnante tradition de succession distingue le Botswana de nombreux autres pays du continent.
L’indépendance judiciaire du Botswana est également remarquable : les juges ont statué contre le gouvernement dans plusieurs affaires très médiatisées.
Le président Mokgweetsi Masisi sera candidat à sa réélection en tant que porte-drapeau du parti démocratique du Botswana (BDP) au pouvoir. Malgré les solides références démocratiques du Botswana, le BDP détient la majorité parlementaire depuis le premier scrutin d’apres l’indépendance en 1969.
La coalition d’opposition Umbrella for Democratic Change (UDC), formée dans la perspective des élections de 2019 et dirigée par Duma Boko, représente le défi le plus fort à ce jour pour le BDP, resté longtemps au pouvoir. L’opposition historiquement fragmentée et faible du Botswana a connu un regain de confiance depuis sa victoire aux élections partielles de 2022. L’une des propositions de l’UDC consiste à mettre en place un régime national d’assurance maladie qui fera de l’accès à des soins de santé de qualité une priorité. Dumelang Saleshando, du Botswana Congress Party (BCP), qui s’est coupé de l’UDC l’année dernière, et Mephato Reatile du Botswana Patriotic Front (BPF), complètent la liste des candidats à la presidentielle de 2024.
Le soutien du BDP a été affecté par une querelle personnelle entre Masisi et son prédécesseur, l’ancien président Ian Khama. En septembre, Khama est rentré de trois ans d’exil en Afrique du Sud pour faire à des accusations de détournement de fonds et de de possession d’armes à feu. Une série de revirements politiques et de changements de personnel sous le gouvernement de Masisi ont incité Khama à soutenir le Front patriotique du Botswana, parti d’opposition, afin de renverser le président actuel.
Le mandat de Masisi a été marqué par des résultats mitigés. Le taux élevé de chômage des jeunes et la détérioration des infrastructures publiques ont suscité une attention accrue de la part du public. Toutefois, la liberté de la presse s’est considérablement améliorée pendant le mandat de Masisi, alors que l’espace médiatique s’était détérioré sous Khama. L’adoption du projet de loi sur l’association des professionnels des médias en 2022 a constitué une étape importante vers le renforcement de l’indépendance des médias que les défenseurs de la liberté de la presse recherchaient depuis longtemps, même si certains ont exprimé des inquiétudes quant à la création d’un registre officiel pour les journalistes.
Quel que soit le parti qui sortira vainqueur des élections au Botswana, la compétitivité accrue renforce le système multipartite du pays. Elle incite tous les partis à proposer des politiques novatrices qui répondent aux intérêts de la population et à remettre en question les attitudes d’avoir droit qui peuvent s’installer dans les systèmes de partis dominants.