Histoire

  • Grant Hall, Fort McNair

  • Fort McNair, situé dans le sud-ouest de Washington, D.C.

  • Lincoln Hall, National Defense University

L’idée de créer un « Centre d’études stratégiques de l’Afrique » est apparue pour la première fois lors de consultations bipartisanes menées aux États-Unis auprès du Comité de sécurité nationale de la Chambre des représentants au milieu des années 1990. En juin 1995, le Comité avait demandé au ministère de la Défense de réfléchir à la création d’un centre dont la mission consisterait à « encourager une meilleure compréhension des questions militaires sur le continent africain et à évoquer leur compatibilité avec les principes démocratiques et le contre-pouvoir représenté par la société civile ».

En mars 1998, le président Bill Clinton, lors d’un voyage charnière en Afrique subsaharienne, cherche à promouvoir à l’aube du XXIème siècle un partenariat entre les États-Unis et l’Afrique qui serait fondé sur les notions de respect et d’intérêts mutuels. Le 1er avril 1998, la Maison-Blanche annonce la création du Centre d’études stratégiques de l’Afrique :

« Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique sera un centre régional similaire au Centre George C. Marshall en Allemagne. Sa création se fera après consultation des nations africaines et son objet consistera à promouvoir l’échange d’idées et d’informations concernant plus particulièrement le continent africain ».

Le mois de mars 1999 marque l’inauguration officielle du Centre.

Le Centre organise sa première manifestation, le Séminaire pour hauts responsables, à Dakar (Sénégal), en novembre 1999. Le programme a permis de réunir, pendant deux semaines de travail intense, 115 hauts responsables civils et militaires mais aussi des représentants de la société civile africaine, européenne et américaine. Cinquante pays africains y ont été représentés.

Les années suivantes, d’autres programmes sont venus s’ajouter au cursus du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), élargi à de nouveaux thèmes : coopération en matière de sécurité régionale, gestion des conflits, santé et sécurité, énergie et sécurité et enfin lutte contre le terrorisme. Ces programmes ont été dispensés dans le cadre de séminaires interactifs où les participants ont pu faire preuve de leur grande expérience et profiter en retour des analyses empiriques et de l’encadrement des experts du CESA, au fait des tendances observables sur le continent en matière de sécurité.

Les programmes didactiques du Centre d’études stratégiques de l’Afrique portent habituellement sur des sujets transcontinentaux ou régionaux et sont parfois organisés en collaboration avec l’une des Communautés économiques régionales en Afrique. Afin de faciliter les échanges et les prises de contact, le Centre organise des conférences multilingues avec traductions simultanées en anglais, français, portugais et, ponctuellement, en arabe.

Partant du postulat que les défis sécuritaires en Afrique sont souvent d’ordre sociétal et impliquent des acteurs non étatiques, le Centre a opté pour une approche réunissant un large éventail d’acteurs du secteur de la sécurité (militaires, policiers et gendarmes, mais aussi acteurs civils du secteur, y compris les députés). Cette dimension a facilité le dialogue intersectoriel quant aux rôles respectifs des différents contributeurs à la sécurité en Afrique.

En 2004, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique prend ses quartiers définitifs sur le campus de l’Université de la défense nationale, au sein de la base militaire du Fort Lesley J. McNair à Washington.

En 2005, le Centre ajoute un nouveau cours à son cursus concernant la prochaine génération des chefs militaires africains, un programme visant à accroître le professionnalisme, l’éthique et le sens du commandement parmi les officiers africains de rang intermédiaire. Ce cours a pour but de renforcer la formation des officiers et de les aider à passer de la planification tactique à la planification stratégique. Il est devenu l’un des séminaires les plus populaires du Centre et est depuis lors organisé tous les ans.

Depuis quelques années, le Centre dispense de nouveaux cours dans le cadre de son programme, en fonction des intérêts des partenaires africains et de l’évolution des défis de l’Afrique en matière de sécurité. Ils abordent des problématiques telles que la gestion des ressources allouées à la sécurité, la sécurité maritime, les armes légères et de petit calibre, les relations civilo-militaires dans une démocratie, la lutte contre les stupéfiants et le trafic illicite, la parité hommes-femmes, le rôle du corps législatif dans le secteur de la sécurité, la réforme du secteur de la sécurité, l’environnement et la sécurité, la prévention de la radicalisation des jeunes, le renforcement des opérations de maintien de la paix et la consolidation des institutions de défense.

Au total, le Centre a organisé plus de 150 programmes multilatéraux depuis sa création, dont la moitié en Afrique, et a mobilisé quelque 15 000 participants issus des quatre coins du continent.

Compte tenu du nombre croissant de ses programmes et des participants, le Centre a pris conscience de la nécessité de créer une structure dont la vocation serait de maintenir les liens entre les personnes qui sont passées par ses enseignements. C’est ainsi que furent créées les chapitres communautaires. Le premier a vu le jour au Mali le 18 octobre 2003.

Ces chapitres, ou amicales, sont des organisations indépendantes, non gouvernementales, apolitiques, dont les membres souhaitent poursuivre le dialogue sur le thème de la sécurité dans leur pays et sur le continent grâce à des plateformes et des réseaux. Elles en retirent les avantages d’une relation d’apprentissage continue avec le Centre. Chaque amicale est unique et s’articule autour des intérêts particuliers de ses membres, proposant des réunions sur des thèmes spécifiques, accueillant des intervenants et organisant des conférences. Il existe aujourd’hui 33 amicales sur le continent, pour un total de 6 000 membres. Le Centre leur a apporté son soutien à l’occasion d’une centaine d’évènements depuis 2010.

Outre les initiatives de proximité qu’il mène en Afrique, le Centre fait régulièrement appel à des acteurs politiques de Washington afin qu’ils s’expriment sur la question de la sécurité en Afrique dans le cadre de tables rondes ouvertes au public, de conférences, de groupes de travail et d’auditions du Congrès. La présence de membres de la diplomatie africaine y est de tout premier ordre, les membres des panels, les commentateurs et les intervenants étant souvent des ambassadeurs d’Afrique et des attachés militaires.

En 2009, le Centre a mis sur pied une section de recherche dans le but de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la sécurité en Afrique. Les recherches effectuées dans ce cadre visent à fournir des analyses stratégiques empiriques susceptibles d’aider l’Afrique à répondre aux problèmes de sécurité auxquels elle est confrontée. Les décideurs politiques et les professionnels africains et américains s’appuient régulièrement sur ces analyses, qu’il s’agisse des perspectives en matière de sécurité en Afrique, des enjeux actuels de lutte contre le piratage/l’extrémisme violent/les stupéfiants, des priorités de bonne gouvernance ou de renforcement des institutions (réforme du secteur de la sécurité, professionnalisme militaire et optimisation des forces en présence), afin de répondre au mieux aux atteintes à la sécurité émanant d’acteurs non étatiques. Grâce à l’expertise des personnes ayant participé au programme, les analyses du Centre donnent matière à échanger sur les défis sécuritaires de l’Afrique et sur les réponses à y apporter. Cet outil est largement utilisé dans le cadre des programmes du Centre, du dialogue entre les amicales ainsi que dans le contexte des programmes de formation militaire africains et internationaux.

Le Centre a étendu ses réseaux et s’est forgé une réputation d’excellence sur le continent avec les années, et les gouvernements africains sont de plus en plus nombreux à demander son aide pour mettre à exécution les concepts qui ressortent de ses analyses et de ses programmes. Ainsi, une multitude d’initiatives a fleuri quant à la mise en place de stratégies en matière de sécurité maritime, l’élaboration de stratégies de sécurité nationale, la réforme du secteur de la sécurité et la stabilisation des États les plus fragiles. Parfois, les relations nouées au sein du Centre ont permis d’éviter des conflits.

Ces dernières années, le Centre a multiplié les efforts pour faire figure de référent sur les questions de sécurité en Afrique. Compte tenu de l’évolution rapide de l’environnement informationnel en Afrique, le Centre a considérablement accru sa présence sur Internet afin de faciliter le partage d’informations et la diffusion de ses analyses auprès de ces nouveaux publics. Il propose également quotidiennement une revue de presse en anglais et en français, sélectionnant des articles sur la sécurité en Afrique à partir de près de 80 sources spécialisées dans l’actualité, dont les abonnés sont présents sur les 5 continents.

En plus de 20 ans d’existence, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique peut se targuer de nombreuses réalisations. Celles promises à un bel avenir tournent autour de l’établissement de relations et du partage d’idées, un phénomène qui perdure et qui offre bien des avantages à long terme. Nelson Mandela a dit un jour : « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». Cette philosophie continuera à dicter pour l’avenir le travail du Centre qui s’appliquera, conformément à sa mission, à faire progresser la sécurité en Afrique grâce à une connaissance accrue du sujet, à des forums de discussion fiables, des relations durables et des solutions stratégiques.