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Constante évolution des premières lignes dans la lutte contre les groupes islamistes militants en Afrique

L’essor du nombre d’attaques au Sahel, en conjonction à un déclin d'activités de Boko Haram, de l’EIIL et d’al Shabaab reflètent les menaces en constante évolution posées par des groupes islamistes militants en Afrique.


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Une analyse des incidents violents impliquant des groupes islamistes militants au cours des dix dernières années souligne la nature en évolution des groupes islamistes en Afrique. Les dynamiques à retenir sont:

  • En Afrique, des groupes islamistes militants se sont livrés à 3 050 violents événements en 2018 – un niveau d’activité record. Ce chiffre, légèrement supérieur à celui de 2017 (2 927 incidents), révèle toutefois une stabilisation des tendances qui accusait auparavant une hausse constante.
  • De manière générale, l’activité des groupes islamistes militants en Afrique a doublé depuis 2012 quand 1 402 événements liés à ces groupes avaient été recensés. Le nombre d’incidents violents a augmenté par dix depuis 2009 (de 288 en 2009 à 3 050 en 2018).
Événements impliquant des groupes islamistes militants en Afrique

Source des données: Armed Conflict Location & Event Data Project.

  • L’activité des groupes islamistes militants en Afrique continue de se concentrer principalement autour de quatre zones : la Somalie, le bassin du lac Tchad, le Sahel (le centre du Mali et les zones frontalières) et l’Égypte. Cependant, ces dernières années, la portée géographique des activités violentes apparaît plus dispersée au sein de chacune de ces zones.
  • Les épisodes violents impliquant al Shabaab représentent environ 50 % de toutes les activités des groupes islamistes militants en Afrique. Ce taux est demeuré stable ces dix dernières années.
  • Des évènements liés à trois des groupes les plus actifs ont connu un déclin entre 2017 et 2018 (7 % pour al Shabaab, 23 % pour Boko Haram, et 31 % pour l’État islamique [EIIL] entre 2016 et 2018).
  • Entre temps, des groupes militants au Sahel ont développé leurs activités. Des événements imputés aux activités d’islamistes militants, notamment des affiliés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et de l’État islamique dans le Grand Sahara – EIGS), ont ensemble triplé en 2018, passant de 192 épisodes violents en 2017 à 464.
  • Malgré la persistance des activités, les pertes humaines liées aux groupes islamistes militants en Afrique n’ont cessé de diminuer (9 744) depuis leur point culminant en 2015 (18 856). Ce recul est surtout attribué à la baisse des pertes humaines liées à Boko Haram. On constate également un déclin en 2018 des décès liés à al Shabaab (25 %) et EIIL (20 %).
  • Entre-temps, les fatalités imputées collectivement à des groupes islamistes militants au Sahel ont doublé, de 529 en 2017 à 1 112 en 2018. On constate également ce phénomène durant cette même période chez le dérivé de Boko Haram, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) avec des pertes humaines passant de 520 à 960. Néanmoins, compte tenu du déclin lié à Boko Haram, la tendance se poursuit vers la baisse dans la région du lac Tchad, avec une baisse de 15 % en 2018.
Fatalités liées aux groupes islamistes militants en Afrique

Source des données: Armed Conflict Location & Event Data Project.

  • Les attaques rapportées contre des civils ont augmenté sur l’ensemble des activités de groupes militants en Afrique depuis 2010. En 2018, les évènements violents contre des populations civiles représentaient 21 % de toutes les activités des groupes islamistes militants en Afrique, comparés à 17 % en 2015 et 8 % en 2010. Boko Haram a infligé le plus grand nombre de pertes civiles au cours des dix dernières années : 11 403 morts survenant de 1 107 attaques. En 2018, environ le tiers des attaques violentes contre des civils impliquaient Boko Haram. On remarque des taux similaires d’attaques contre des civils par les groupes militants les plus actifs au Sahel – ISGS (ESGS) et le Front de libération du Macina.
  • Des groupes relativement nouveaux et moins actifs – tels qu’Ansaroul Islam au Burkina Faso et un groupe désigné par « al Shabaab » et Ahlu Sunna Waljama’a (ASWJ) au Mozambique – ont participé à de nombreuses attaques contre des populations civiles, 55 % et 77 % respectivement, en rapport au nombre total d’évènements qui leur sont imputés en 2018. Bien qu’al Shabaab en Somalie ait été responsable de la plupart des attaques contre des civils ces dix dernières années (1 233 causant 2 058 morts), l’usage de cette tactique en 2018 représentait 13 % des évènements auxquels ils ont participé.
Augmentation de la violence contre les civils

Source des données: Armed Conflict Location & Event Data Project.

  • Confirmant la fragmentation croissante de la menace des groupes islamistes militants, 13 pays africains sont à présent régulièrement confrontés aux attaques de ces groupes (seulement 5 pays l’étaient en 2010). En outre, deux douzaines de groupes islamistes militants sont maintenant actifs, alors que seulement cinq avaient été répertoriés en 2010.