Al-Shabaab, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQIM) et Boko Haram, quoique tous différents, affichent chacun trois caractéristiques communes qui aident à comprendre les acteurs du terrorisme en Afrique. L’observation a été faite par Benjamin Nickels, professeur associé en menaces transnationales et dans la lutte contre le terrorisme au Centre d’études stratégiques de l’Afrique, lors d’une présentation le 23 septembre 2014, lors d’une conférence de quatre jours organisée par le Centre de l’Afrique portant sur les difficultés actuelles en matière de sécurité.
Premièrement, chaque groupe est issu d’un milieu connaissant une privation relative et une marginalisation perçue de certaines communautés en particulier. Deuxièmement, ils ont progressé rapidement de l’état de groupes localisés à l’état d’organisation comportant des liens régionaux importants et des capacités croissantes à opérer par-delà les frontières. Troisièmement, chaque groupe a exploité les griefs locaux autant que l’incapacité des gouvernements central et local à traiter les origines de l’exclusion sociale, politique et économique.
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Ces éléments exigent des décideurs dans la lutte contre le terrorisme à adopter une démarche globale qui va au-delà de la simple utilisation d’instruments de coercition et d’appliquer des mesures qui traitent vraiment le problème de fonds des conflits violents.
M. Nickels a traité des facteurs « pull and push » de la migration qui soutient les mouvements et les organisations terroristes. Les facteurs « Pull » renvoient aux éléments qui attirent les populations, en particulier les jeunes dans le terrorisme tandis que les facteurs « Push » sont ceux qui les poussent dans ces activités terroristes.
Les facteurs « Pull » regroupent le recrutement actif, les opportunités économiques et l’idéologie. Ces trois éléments ont été des méthodes importantes de reconstitution et de soutien logistique utilisées par al-Shabaab, AQIM et Boko Haram. Les facteurs « Push » englobent la marginalisation, les griefs sociaux et économiques, la corruption, l’impunité et les endroits dépourvus de gouvernement ou dotés d’une pauvre gouvernance. Il est nécessaire de comprendre et d’analyser correctement ces facteurs car ils donnent un climat propice aux organisations terroristes pour survivre et vivre plus longtemps que leur dirigeant respectif.
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M. Nickels a aussi insisté sur l’importance de se concentrer sur « les conséquences involontaires des opérations anti-terrorisme » et comment elles neutralisent les objectifs de la lutte contre le terrorisme. « Nous continuons à voir des cas de répression dans la manière dont certaines de ces opérations sont conduites, ce qui crée plus d’instabilité et qui donne lieu à leur exploitation par les organisations terroristes, a-t-il mis en garde.
Il a, de la même façon, parlé des effets indirects des attentats terroristes et comment ils contribuent à générer un climat d’instabilité. Les pertes économiques suivant ces actes sont importantes. L’industrie du tourisme dans des pays comme le Kenya, par exemple, a été gravement compromis par les attentats terroristes. Ce qui, à son tour, connaît d’importantes retombées dans d’autres secteurs de l’économie.
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Dr. Nickels a offert les recommandations politiques suivantes destinées à renforcer les partenariats Etats-Unis–Afrique dans la lutte contre le terrorisme :
- Préciser les engagements et intérêts de chacun des partenaires africains et américains.
- Analyser de près la coopération pour la sécurité par rapport aux valeurs et principes.
- Mettre en adéquation des actions tactiques et opérationnelles à des objectifs stratégiques plus larges.
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