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Des gangs criminels déstabilisent le nord-ouest du Nigeria

Le nombre croissant des attaques de gangs criminels visant les communautés du nord-ouest du Nigeria, dont des enlèvements massifs d’écoliers, est porté par une présence limitée du secteur de la sécurité dans la région.


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Criminal bandit gang in Birnin Magaji

Gang de bandits criminels à Birnin Magaji, État de Zamfara. (Photo reproduite avec l’aimable autorisation du Dr. Murtala Rufa’i)

Connus dans les médias nationaux sous le nom de « bandits », de petits gangs de criminels menacent de plus en plus la région du nord-ouest du Nigeria, multipliant vols de bétail, pillages et rançonnements aux fermes et villages ruraux. Ces gangs n’hésitent pas à recourir à la violence, y compris au meurtre, pour intimider les villageois afin qu’ils se soumettent. Depuis 2020, ces gangs criminels auraient été impliqués dans plus de 350 événements violents liés à plus de 1500 décès. Cela représente une augmentation d’environ 45 % des attaques et une augmentation de 65 % des décès par rapport à la période 2018-2019. De nombreuses attaques et enlèvements de moindre envergure ne sont pas signalés.

Enhardis et de plus en plus organisés comme des entreprises criminelles sophistiquées, ces gangs ont fait la une des journaux du monde entier avec une série de raids d’enlèvements de masse dans des internats des États de Kaduna, Katsina, Niger et Zamfara. Les victimes sont généralement détenues contre de grosses rançons, ruinant souvent la famille touchée. De plus en plus vulnérables à ces raids, des centaines d’écoles ont fermé et plus d’un million d’enfants de la région ne se rendent plus en classe.

Ces incidents et autres attaques ont incité les autorités nigérianes à imposer une coupure des télécommunications mobiles dans la région et à restreindre les déplacements et les grands rassemblements. Plus récemment, un tribunal fédéral a jugé, à la demande du Directeur des poursuites pénales, que les gangs criminels du nord-ouest étaient des « terroristes », ouvrant la voie à un assouplissement des règles d’engagement militaire. Une réponse de sécurité sans distinction, cependant, pourrait bien aggraver l’instabilité.

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique a parlé à deux experts nigérians au sujet de la détérioration des conditions de sécurité dans le nord-ouest. Kunle Adebajo est un journaliste qui a fait de nombreux reportages sur la crise du banditisme, et le Dr Murtala Rufa’i est maître de conférences au Département d’histoire de l’Université Usmanu Danfodiyo de Sokoto.

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Map - North West Nigeria

Pourquoi l’insécurité et la crise humanitaire qui affectent les États du nord-ouest se sont-elles récemment aggravées ?

KUNLE ADEBAJO : En effet, la situation dans le nord-ouest s’aggrave. Il y a eu une augmentation du nombre d’incidents violents, de décès et de victimes d’enlèvements, comme le documente le Suivi de la sécurité du Nigeria (NST) du [Council on Foreign Relations]. En 2021, il y a eu un doublement des enlèvements dans le nord-ouest par rapport à 2020. Cela perpétue la tendance à l’aggravation des dernières années, entraînant des décès qui approchent les 1000 par an. Il s’agit probablement d’une sous-évaluation importante. Il y a maintenant plus de 450 000 personnes déplacées internes (PDI) selon l’Organisation internationale pour les migrations : d’autres sources suggèrent des nombres encore plus élevés.

Auparavant, les attaques étaient principalement concentrées dans les zones rurales, mais maintenant les bandits s’aventurent plus loin de leurs repaires, dans les communautés les plus reculées. En effet, nombre de ces zones ont fait l’objet de raids répétés et sont de plus en plus appauvries. Les groupes de bandits se tournent donc vers les communautés urbaines pour obtenir plus d’argent, voler plus de bétail et obtenir des rançons plus importantes. On voit aujourd’hui des gangs de bandits qui attaquent plus fréquemment les sièges des gouvernements locaux et les collectivités plus importantes, plus proches des autoroutes fédérales, en particulier du fait qu’ils ont acquis les effectifs et les armes qui leur permettent d’affronter des cibles plus importantes. Cette année, des bandits ont attaqué des bases militaires et des postes de police à Zamfara et Sokoto, ce qui leur a donné accès à une plus grande puissance de frappe.

Un autre facteur majeur est l’absence d’une police et d’une architecture militaire adéquates au sein des zones touchées. Les collectivités disposant d’une équipe mobile de patrouille de police (MOPOL) sont devenues similaires aux villes de garnison du nord-est et sont nettement plus sûres que les autres. Ainsi, des personnes qui ne bénéficient pas d’une telle présence policière migrent vers ces lieux, soit de façon permanente, soit juste la nuit lorsque les attaques sont les plus fréquentes. La présence de groupes d’autodéfense ou de groupes armés communautaires s’est également avérée dissuasive pour les bandits. Il s’agit cependant d’une arme à double tranchant, car les groupes d’autodéfense renégats peuvent lancer des attaques de représailles contre les communautés d’éleveurs voisines, contribuant à une nouvelle escalade. Il y a de nombreux excès et exécutions extrajudiciaires dans ce processus.

La MOPOL nigériane

Police de l’État de Kaduna. (Photo : Allan Leonard)

La police mobile, également connue sous le nom de MOPOL, est une unité paramilitaire de la police nigériane créée à l’origine en 1961 sous forme de brigade anti-émeute. Ses fonctions se sont toutefois étendues à d’autres domaines, notamment la lutte contre la violence armée à grande échelle. Ses agents sont déployés dans tout le pays afin de protéger les biens nationaux et les personnes importantes, de faire respecter la loi et l’ordre dans les zones instables et de lutter contre les acteurs non étatiques violents. Considérés comme plus efficaces que les policiers ordinaires, ses membres sont activement engagés dans le cadre des opérations de contre-insurrection dans le nord-est, et ont également une présence importante dans le nord-ouest où ils protègent les communautés contre les bandits.

MURTALA RUFA’I : Pendant des années, la sécurité du nord-ouest s’est détériorée parce que le gouvernement fédéral et ceux des États n’ont pas bien évalué la gravité du problème du banditisme et ont historiquement cherché à le minimiser (refusant parfois l’accès aux groupes d’aide et interdisant l’établissement de camps de PDI). Le gouvernement n’a pas investi dans la compréhension de la dynamique régionale, ni sur la manière dont les groupes de bandits opèrent en son sein et, par conséquent, n’a jamais élaboré de politiques cohérentes ou coordonnées pour faire face à la multiplication des enlèvements et raids menés par ces gangs criminels.

Au cours de la dernière année, les mesures contre la COVID, notamment la fermeture de la frontière internationale avec le Niger, les restrictions du marché et les fermetures partielles, ont créé de nombreuses difficultés pour les habitants de la région du nord-ouest. La pauvreté et le chômage ont augmenté, ce que nous avons documenté dans des enquêtes auprès des communautés rurales. Au début, le commerce transfrontalier s’est arrêté, puis l’activité commerciale informelle a repris. Cependant, la corruption et les pots-de-vin ont augmenté depuis que ces activités ont été officiellement interdites. Des gangs de bandits ont profité de la situation en fournissant des vivres à certaines communautés durement touchées, puis en recrutant de jeunes hommes et des informateurs parmi eux. Il s’agit d’un modèle qu’ils ont suivi dans le passé, profitant des personnes appauvries lorsque le gouvernement était corrompu ou absent.

Il existe plusieurs villages servant de communautés d’accueil pour certains gangs. Les gangs se cachent dans les forêts voisines et permettent aux villages de poursuivre une vie normale tant que ces derniers payent des taxes et fournissent des recrues. En retour, les bandits protègent ces villages des autres gangs et leur fournissent occasionnellement de la nourriture et d’autres choses en cas de besoin.

Quels sont les groupes armés à l’origine de la crise ? Combien y a-t-il de groupes et de quelle taille sont-ils généralement ? Ces groupes sont-ils de grandes entreprises criminelles, chacune dirigée par un leader identifiable, ou existe-t-il de nombreuses petites bandes itinérantes sans allégeance ni leadership central ?

Nigerian Motorbike

Moto dans le nord-ouest du Nigeria. (Photo : Jeremy Weate)

KUNLE ADEBAJO : Il est difficile d’obtenir les chiffres exacts. Un comité d’enquête mis en place par le gouvernement de Zamfara a estimé qu’il y avait au moins 105 camps de bandits dans et aux alentours de l’État, à partir duquel les bandits lancent des attaques. La plupart des groupes sont originaires de Zamfara et opèrent dans diverses zones boisées qui relient et fournissent des corridors entre plusieurs États, leur permettant de se déplacer librement. Le Zamfara borde plusieurs États du nord-ouest : le Sokoto, le Kebbi, le Niger, le Kaduna et le Katsina. Un chercheur a pu documenter 62 groupes de bandits, principalement au Zamfara, avec un effectif allant de 28 à 2500 hommes. Parmi les principaux chefs de groupes de bandits, on trouve Bello Turji Gudde, Halilu Sububu, Shehu Rekep et Abubakar Abdullahi (alias Dogo Gide, qui aurait été tué). Les groupes sont indépendants les uns des autres mais ont des niveaux d’influence variables sur les autres gangs en fonction de leur taille et de leur force. C’est pourquoi il est difficile qu’un dialogue avec un chef de gang puisse avoir un grand effet sur la situation générale en matière de sécurité.

MURTALA RUFA’I : Historiquement, il y a eu des centaines de petits gangs divisés basés entre les États de Zamfara et de Kaduna. Différents chefs contrôlaient différentes zones pour atténuer les querelles entre gangs, mais les groupes dépendant de ces seigneurs de guerre disposaient d’une autonomie relative. Ainsi, les États du Niger et de Kaduna sont sous la coupe d’Abubakar Abdallahi. Le Katsina était sous l’emprise de feux Auwalun Daudawa et Dangote Bazamfare. L’État de Sokoto oriental est sous la juridiction de Turji. Et il y a beaucoup de dirigeants rivaux dans l’État de Zamfara.

Activité des gangs criminels au Zamfara

Une ville isolée de l’État de Zamfara. (Photo : Osinowo Oluwaseun Omotayo)

Historiquement, le problème des bandits du nord-ouest du Nigeria est né au Zamfara, en grande partie à cause des processus corrompus d’attribution de titres de propriété au début des années 2000, qui ont profité aux élites haoussas au détriment des éleveurs. Les zones boisées de l’État de Zamfara sont l’une des raisons pour lesquelles des gangs criminels à plein temps se sont finalement implantés là-bas. Les gangs exploitent également des mines d’or artisanales au Zamfara et profitent sa frontière internationale avec le Niger pour pratiquer la contrebande d’armes et de stupéfiants.

Au cours de l’année écoulée, bon nombre de ces gangs autrefois rivaux ont commencé à unir leurs forces contre l’ennemi commun que sont les groupes de protection communautaire et du gouvernement, alors que des mesures visant à contenir le banditisme (coupures des communication, restrictions d’essence et interdictions des motos) sont entrées en vigueur. Cette unité a permis aux gangs de partager des informations concernant les mouvements des forces de sécurité et de combiner leurs effectifs pour attaquer de plus grands villages et des villes mieux gardées. Il s’agit d’une évolution inquiétante, mais il n’est pas certain qu’elle se poursuive puisque les gangs ont toujours été farouchement indépendants et se sont souvent livrés à des escarmouches sur leurs territoires.

Que veulent ces groupes ?

KUNLE ADEBAJO : Surtout de l’argent et de l’importance. Les groupes tirent leurs revenus de divers moyens : le vol des populations locales (argent, objets de valeur, bétail), la taxation des communautés (pour utiliser leurs fermes ou pour se protéger des attaques par exemple) ou le paiement de rançons par des particuliers et des gouvernements. Ils réquisitionnent aussi parfois des terres agricoles fertiles, que les membres du gang cultivent ensuite eux-mêmes.

Les bandits se sont plaints dans certaines interviews d’être marginalisés par le gouvernement et de ne pas avoir accès aux commodités de base telles que l’éducation et les soins de santé. Ils ont protesté contre la discrimination en tant que peuple Peul. Mais les opérations criminelles et terroristes des bandits sont principalement de nature marchande plutôt que politique ou ethnique. Certains jeunes hommes ont décrit comment ils ont rejoint des gangs de bandits après avoir eux-mêmes été victimes de raids de bandits et avoir tout perdu, ne leur laissant que peu d’autres options. Nous n’avons pas encore vu de grande organisation collective, comme c’est le cas avec Boko Haram dans le nord-est. L’opportunisme est leur modus operandi actuel.

MURTALA RUFA’I : La violence dans le nord-ouest est initialement née de conflits fonciers provoqués par la dégradation de l’environnement, la croissance démographique, et surtout la corruption du gouvernement concernant les droits fonciers – qui ont profité aux élites politiquement connectées au détriment des éleveurs qui ont trouvé l’accès à leurs pâturages historiques et les voies de circulation de leur bétail bloqués. Mais lorsque des éleveurs mécontents recrutés par des gangs ont commencé à attaquer les communautés agricoles et ont réalisé qu’ils avaient le pouvoir, l’élan et la capacité à piller ces communautés à volonté, le conflit a pris une nouvelle dimension motivée par des raisons économiques. Certains sont devenus pilleurs à plein temps. Désormais, la violence est fondamentalement et purement une activité criminelle motivée par le gain économique.

« La violence est fondamentalement et purement une activité criminelle motivée par le gain économique ».

Cependant, les nouvelles mesures gouvernementales ravivent les griefs ethniques parmi les Peuls de la région, qui se sentent injustement pointés du doigt et ciblés par les politiques d’endiguement du gouvernement. Ce sentiment aide les gangs à recruter de jeunes hommes dont les moyens de subsistance ont été affectés par ces politiques. Cela aide également les gangs à faire équipe de manière opportuniste et à former des alliances sous la bannière de la défense du peuple Peul. Et tout cela bien que les gangs attaquent encore des éleveurs peuls, et que de nombreux membres des gangs ne parlent même pas le peul.

De quelle façon fonctionne la réponse sécuritaire actuelle, et de quelle façon est-elle défaillante ? Qu’est-ce qui a fonctionné dans le passé ?

KUNLE ADEBAJO : La réponse actuelle en matière de sécurité n’est sans aucun doute pas à la hauteur de l’ampleur de la menace. Il n’y a pas assez de policiers sur le terrain, et ceux qui sont disponibles ne sont pas assez équipés pour la tâche. Les forces armées du pays sont également trop sollicitées. Il y a environ 334 000 policiers dans le pays, mais on estime que près de la moitié d’entre eux sont déployés comme escortes armées pour les politiciens ou personnes qui peuvent se permettre ce type de service. Cela laisse seulement une petite partie des forces armées pour protéger le reste de la population. Le gouverneur de Katsina s’est récemment plaint que son État comptait moins de 3000 policiers.

Les efforts antérieurs de négociation des traités de paix et des programmes d’amnistie à l’égard des bandits dans des endroits comme Zamfara ont jusqu’à présent échoué. Bien que des progrès aient été signalés au départ, ils se sont rapidement effondrés, les gouverneurs exprimant leur frustration face à la résurgence des attaques et à l’aggravation de la situation en matière de sécurité. Ces accords n’ont pas abouti, souvent en raison de l’encadrement fragile des gangs de bandits et du fait qu’il y ait tant de groupes indépendants les uns des autres.

La réponse en matière de sécurité doit également être accompagnée de beaucoup plus de surveillance et d’action de la police communautaire. Cela nécessiterait de renforcer la confiance du public envers les services de sécurité, d’améliorer et d’étendre la collecte de données et les exercices de profilage, et de disposer de suffisamment de personnel compétent au sein des forces de l’ordre et des institutions militaires afin d’assurer le suivi des renseignements recueillis. Il existe des exemples de commandants militaires exceptionnels qui ont été très impliqués envers les groupes armés communautaires et ont accompagné leurs hommes lors de raids contre les camps de bandits dans les forêts. Lorsque les communautés locales ont vu ce genre de dévouement, elles ont été volontaires pour travailler avec eux et fournir des renseignements. Mais par la suite, ces personnes ont été réaffectées, et leurs remplaçants la plupart du temps ne sont pas à la hauteur.

Remparts de la ville de Kaduna. (Photo : Allan Leonard)

MURTALA RUFA’I : Les récentes mesures de contrôle du gouvernement ont momentanément mis les bandits au pas, mais ils se sont adaptés et ont en fait à ce jour profité de la situation. Ils communiquent entre eux via des téléphones satellites alors que, du fait du blocage des réseaux cellulaires, les communautés locales ont perdu leur capacité à communiquer avec les forces de sécurité et à les tenir au courant des attaques imminentes de bandits. Les restrictions en matière de circulation entraînent également une augmentation des prix et, par conséquent, nuisent aux communautés rurales. Les bandits exigent des taxes plus élevées pour couvrir leurs propres dépenses en carburant qui augmentent. Cela appauvrit davantage les communautés, parmi lesquelles les bandits peuvent trouver de nouvelles recrues.

Le gouvernement fédéral a envoyé encore plus de troupes dans la région, mais cela est encore insuffisant, un grand nombre étant également déployées dans le nord-est contre Boko Haram. L’armée reste principalement dans les villes fortifiées et les avant-postes, et se rend rarement dans les communautés locales où ces groupes de bandits et leurs chefs sont ouvertement connus, même des enfants. Les frappes aériennes de l’armée semblent souvent cibler uniquement les troupeaux de bétail, les effrayant et les dispersant, ce qui ne fait qu’appauvrir davantage les communautés d’éleveurs. Les frappes aériennes sont souvent futiles et dangereuses car les bandits utilisent les villages ruraux comme boucliers humains, ce qui signifie qu’il est difficile de les isoler comme cibles.

Les groupes armés communautaires sont de plus en plus visiblement présents dans le nord-ouest. En réponse aux premiers épisodes de violence, ces groupes ont souvent pris les Peuls pour cible sans discernement, les harcelant et aggravant la situation. La brutalité des miliciens Yan Sakai (« gardes volontaires » en haoussa) contre les gardiens de troupeaux a été à l’origine de la montée en puissance des gangs de bandits permanents dans la région à partir de 2011. De nombreux membres de groupes d’autodéfense parlent ouvertement du sentiment anti-Peul et de l’impression qu’il existe une menace peule qui doit être traitée durement. Par conséquent, la violence et la réponse aux gangs criminels ont le potentiel de dégénérer en un conflit intercommunautaire plus large.

« Un modèle possible est une Force d’intervention commune civile dans le nord-est, qui constituerait une présence de sécurité permanente en formant, en payant et en responsabilisant les groupes d’autodéfense envers un plan d’action officiel ».

L’utilisation de milices volontaires pour protéger les communautés est compréhensible en raison de la faible présence de sécurité, mais les groupes d’autodéfense comme Yan Sakai sont techniquement illégaux, non formés et n’ont pas de comptes à rendre. Les politiques gouvernementales des États de la région du nord-ouest ont été incohérentes, oscillant entre parrainage indirect, interdiction et condamnation. On sait que des personnalités politiques puissantes les utilisent pour régler leurs comptes. Une politique cohérente et coordonnée est nécessaire pour freiner les abus de ces groupes, qui opèrent sous forme de milices ethniques haoussas et qui ethnicisent le conflit. Un modèle possible est une Force d’intervention commune civile dans le nord-est, qui constituerait une présence de sécurité permanente en formant, en payant et responsabilisant les groupes d’autodéfense envers un plan d’action officiel.

Les programmes d’amnistie ont un potentiel car certains des chefs des bandits déclarent vouloir la paix. Des programmes d’amnistie coordonnés et bien mis en œuvre sont une option pragmatique, faute de quoi il sera très difficile de vaincre ces groupes maintenant que de nombreux gangs se sont enracinés au sein des communautés et exercent l’autorité là où l’État n’est pas présent. Les tentatives passées d’amnistie ont échoué parce qu’elles ne concernaient qu’un seul État et n’avaient pas été coordonnées et menées à terme. Il s’agissait d’ententes à l’amiable qui n’ont pas tenu sous la pression. Une campagne militaire sur le terrain cherchant réellement à capturer et à tenir pour responsables les chefs des bandits, associée à un programme d’amnistie bien conçu, pourrait potentiellement donner des résultats.


Ressources complémentaires