Trajectoires de la violence contre les civils par les groupes islamistes militants d’Afrique
La violence des groupes extrémistes contre les civils est motivée par des facteurs spécifiques au contexte – griefs des exogroupes, intimidation pour contrôler un territoire et réaction à des mesures de sécurité brutales – qui nécessitent une réponse renforcée au niveau communautaire et un professionnalisme militaire.
Extrémisme violent, criminalité organisée et conflits locaux dans le Liptako-Gourma
Dans le Liptako-Gourma, les groupes extrémistes violents ont souvent des liens directs ou non avec l’écologie politico-économique de la région, notamment le trafic d’armes, de drogues, de bétail, le braconnage, l’exploitation minière artisanale, et le vol organisé d’essence et de motos. Ces groupes sont pragmatiques et opportunistes dans leurs relations avec les groupes criminels organisés, les utilisant pour se procurer nourriture, équipement, et soustraire des impôts aux flux de denrées illégales ou même pour déclarer légales ou non les activités des habitants.
La Force Conjointe du G5 Sahel (FC-G5S)
La création de la FC-G5S par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad représente une nouvelle étape dans le déploiement d’une architecture de défense collective au Sahel. Alors même que les organisations régionales telles que l’Union Africaine ne sont pas en mesure de répondre de manière efficace aux menaces asymétriques dans la région, la création de ce dispositif présentera des défis importants. En particulier, il faudra mobiliser les ressources et les forces nécessaires à l’opération, tout en la conjuguant avec des efforts de développement et en collaborant avec les autres initiatives régionales et internationales pour la sécurité au Sahel.
« Nous espérons et nous nous battons » : Les jeunes, les communautés, et la violence au Mali
Des entretiens avec plus de 100 jeunes dans le Nord du Mali ont révélé qu’ils rejoignent les groupes armés à cause d’un sens du devoir, ou ils se sentent exclus et le gouvernement ne les soutiennent pas, ou après avoir subi la corruption des agents de l’état, ou ils espèrent rejoindre l’armée. Pour construire une sécurité durable dans la région, le gouvernement malien, les donateurs et les ONG devraient se concentrer sur la prévention de la violence au niveau des communautés au lieu de sur les jeunes « à risque ». Il faut aussi faciliter l’amélioration de la gouvernance locale par une meilleure prestation des services publics et une prise de décisions inclusive.
Faire la paix et construire l’Etat
De multiples critères, tant internes qu’externes, participent de la fragilité chronique du Mali et du Niger. Comment la combinaison de ces différents facteurs a-t-elle contribué à l’endogénéisation d’un phénomène djihadiste proprement sahélien? Si le Niger et le Mali partagent des configurations territoriales et des trajectoires historiques à première vue assez similaires, une analyse plus fine de leurs structures met en lumière des différences majeures, notamment dans l’approche suivie par ces deux Etats dans la (re)construction de la paix après des périodes de rébellion. C’est ainsi qu’au Niger, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) a joué un rôle majeur dans la promotion de la paix, en permettant l’accès aux services publics dans certaines régions reculées et en créant un lien social entre ces territoires et l’Etat central.
Sujets de sécurité : Défis de sécurité au Sahel