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Comprendre la crise de la gouvernance au Cameroun

La crise nationale de deux ans au Cameroun menace les bases mêmes du Cameroun. Christopher Fomunyoh discute de la nature et des causes des griefs qui ont provoqué et ont exacerbé cette crise et aussi des recommandations pour y faire face.

Transcript

Merci beaucoup, Générale Puta, pour cette très aimable introduction. C’est un grand plaisir pour moi d’être ici et de vous voir tous. Bienvenue à Washington ! Je sais que vous travaillez ici depuis une semaine et que c’est votre seconde semaine.  Permettez-moi aussi de vous dire que l’une des choses dont je suis le plus fier sur mon CV est mon affiliation avec le Centre d’études stratégiques de l’Afrique. Je suis professeur adjoint ici depuis la création du Centre en 1999 et je suis heureux que rapports entre des chefs militaires et des chefs civils du continent aient contribué à l’amélioration des rapports civils-militaires, à la réforme du secteur de la sécurité et à toutes les questions auxquelles vous ferez face au quotidien.

Permettez-moi de dire aussi, par souci de transparence, que je viens du Cameroun et donc, ce sujet m’est cher au cœur. Mais, je suis ici parce que je crois aux vertus du CESA [Centre d’études stratégiques de l’Afrique], aux principes du discours intellectuel, à l’honnêteté intellectuelle et à l’excellence. Et je ne défends ni les points de vue d’un côté ni les points de vue de l’autre, mais je veux partager avec vous les faits tels que je les connais pour stimuler des conversations. Pour cette raison, mes opinions sont les miennes pour nous aider à avoir une bonne interaction.

Je sais que la semaine dernière vous avez passé du temps sur les grandes tendances et les questions thématiques. Et cette semaine, nous allons nous servir d’un nombre d’études de cas plus ou moins pour insister—vous savez, insister sur certaines questions que vous aimeriez renforcer. Nous allons donc nous servir de ces études de cas pour cerner les questions qui portent sur la sécurité humaine, la responsabilité, la légitimité et la bonne gouvernance et sur les questions que nous devons maîtriser pour aider à consolider la gouvernance démocratique, la transparence et la responsabilité sur notre continent.

On m’a demandé de parler de trois questions en ce qui concerne la crise camerounaise : d’abord, une vue d’ensemble de la crise, ensuite, le rôle des organismes régionaux et continentaux pour aider à résoudre la crise et enfin, les modèles du conflit et la voie en avant et de fournir des recommandations.

UNE VUE D’ENSEMBLE DE LA CRISE

Permettez-moi de vous dire qu’il est étrange de parler du Cameroun et de sa crise parce qu’il y a un an ou deux ans, personne n’aurait jamais cru que le Cameroun soit d’actualité de la façon dont on le présente aujourd’hui. Mais la vérité est que le Cameroun fait toujours face à ce que j’ai toujours appelé une crise nationale dès son commencement. Cette crise risque de saboter la base même sur laquelle on a construit ce pays.

Deux facteurs ont contribué à l’origine de cette crise. En octobre de l’année dernière [2016], la crise a commencé avec l’expression d’une série de griefs de différents secteurs, notamment les enseignants et les avocats du Cameroun anglophone qui se plaignaient du système éducatif et du fait qu’on affaiblissait le système anglo-saxon de l’éducation parce qu’on avait envoyé des enseignants non anglophones dans des écoles pour enseigner en anglais aux enfants.

Je m’attends à ce que vous sachiez déjà que le Cameroun est un pays biculturel. C’est un pays bilingue et une partie du pays est anglophone et l’autre partie est francophone. Les Camerounais anglophones représentent 20% de la population et les Camerounais francophones représentent plus ou moins 80% de la population. Pendant la période coloniale, avant l’indépendance, les Anglais ont gouverné la partie anglophone du pays qui faisait alors partie de l’est du Nigéria et après cela, par un plébiscite, les Anglophones ont voté de se réunir avec la partie francophone pour former la République fédérale du Cameroun. J’y reviendrai plus tard.

Mais cette crise a commencé en octobre 2016 par des griefs corporatifs. Pour les avocats anglophones—le système du droit civil, dominé par des jurys, des avocats et des magistrats francophones, sabotait et accablait le système juridique anglais, le système du droit commun. Pourtant, à cause de la façon dont on a géré cette crise pendant l’année passée, je pense que nous faisons face à une confluence de griefs et que les griefs initiaux des enseignants et des avocats sont devenus des griefs politiques qui mettent en question l’existence même de l’état-nation.

L’HISTOIRE DE LA MARGINALISATION ANGLOPHONE AU CAMEROUN

Si vous lisez des articles sur le Cameroun, vous trouverez probablement beaucoup de discussions sur la marginalisation et sur le sentiment des Anglophones qui se croient marginalisés et que la minorité anglophone se croit marginalisée. C’est ce qui arrive souvent dans des pays qui font face à des populations minoritaires. Pourtant, dans le cas spécifique du Cameroun, certaines indications peuvent vous aider à comprendre l’idée de la marginalisation au Cameroun.

Comme beaucoup de territoires africains avant l’indépendance, le Cameroun était seulement un territoire et n’était pas associé avec un état-nation particulier. Après la Première Guerre mondiale, l’Allemagne a perdu en 1919 le Cameroun qui était l’une des quatre colonies allemandes sur le continent (les trois autres étaient la Tanzanie, le Togo et la Namibie. On appelait la Namibie le Sud-Ouest africain à cette époque). Après la Première Guerre mondiale, on a divisé le territoire du Cameroun. La partie anglaise faisait partie du Nigéria de l’Est, comme je l’ai déjà dit, et on considérait le Cameroun français comme une partie de l’Afrique-Équatoriale française. Puis, le 1er janvier 1960, la partie francophone du Cameroun que la France gouvernait comme une partie de l’Afrique-Équatoriale française, a reçu son indépendance. Ensuite, le 1er octobre 1961, quand le Nigéria a obtenu son indépendance, la partie anglophone du Cameroun, qu’on appelait à ce moment-là le « Southern Cameroons », fut donne le choix soit de  devenir indépendant et de faire partie du Nigéria ou soit de rejoindre la partie francophone du Cameroun qui avait déjà obtenu son indépendance le 1er janvier 1960.

Le processus électoral fut compétitif et la majorité des Camerounais anglophones dans les Southern Cameroons choisirent de  rejoindre le Cameroun français qui avait déjà obtenu son indépendance en tant que la République du Cameroun. Et par ce vote, les deux parties du Cameroun se sont jointes et elles ont accepté de former ce qu’on allait appeler la République fédérale du Cameroun. Il y eu des discussions entre les deux parties à Foumban pour créer la République fédérale du Cameroun en 1961 avec une Constitution qui respectait les identités culturelles des deux côtés et qui déclarait qu’on ne pourrait jamais changer la nature fédérale du pays dans de futures constitutions.

Onze ans plus tard, en 1972, il y eut une transformation politique dans le pays et la Constitution fut changée de telle sorte que la République fédérale du Cameroun devint la République unie du Cameroun. De multiples façons, la République unie du Cameroun a toujours gardé certains attributs de la structure fédérale, par exemple, le drapeau national du Cameroun avait toujours deux étoiles qui représentent les deux cultures anglophone et francophone. Et puis, douze ans plus tard, la République unie du Cameroun est passée par un autre processus et elle est devenue la République du Cameroun et son drapeau fut changé : il n’a qu’une étoile. A cause de ces incidents, certains Camerounais anglophones ressentirent une certaine perte d’ identité et que ce processus avait même complètement éliminé leur identité.

Mais accélérons jusqu’à la situation d’ aujourd’hui. D’autres évènements se sont produits depuis. En 1975—tout d’abord en 1961, au moment de la création de la République fédérale du Cameroun, il y avait un accord tacite que si le Président du pays venait d’un côté du pays, le Vice-président viendrait de l’autre côté. Il y avait donc un Président du Cameroun francophone et un Vice-président du Cameroun anglophone. Quand le pays est passé d’une république fédérale à une république unie en 1972, on a aboli le poste df Vice-président, mais le Président de l’Assemblée nationale est devenu la personne numéro deux dans le pays et on a donné ce poste à un anglophone.

Puis, en 1975, on a créé le poste du Premier Ministre sous le nom de la République unie du Cameroun et ce Premier Ministre a servi entre 1975 et 1982. Avant 1982, il y a eu plusieurs changements au sein du parti au pouvoir à l’époque—celle du parti unique—et selon l’ordre succession à la présidence, le Président de l’Assemblée nationale ne serait plus le premier successeur potentiel au poste de Chef d’État, cette possibilité reviendrait au Premier Ministre qui venait, par hasard, du Cameroun francophone.

En 1992, le Cameroun a tenu ses premières élections multipartites, des élections compétitives, que le Président Paul Biya, le Président sortant, a néanmoins gagnées. Cette élection fut controversée parce que le candidat qui est arrivé deuxième et prétendait avoir gagné l’élection  était par hasard un Camerounais anglophone.

Plus tard, plus récemment, les institutions nationales ont encore été modifiées, notamment par la création d’un second corps législatif. Et, par hasard, le Sénat est aussi dirigé par un élu francophone.

Donc avec ce qui est arrivé depuis 1961, beaucoup d’Anglophones perçoivent aujourd’hui un pays dans lequel l’Anglophone le plus haut placé n’est que cinquième dans l’ordre de succession  au Chef d’État, après le Président du Sénat, le Président de l’Assemblée nationale, le Chef du Conseil économique et social et puis le Premier Ministre. Aujourd’hui, le Premier Ministre du Cameroun est anglophone.

Ceci est assez important, parce qu’il vous fournit certains détails sur le contexte pour expliquer la raison pour laquelle certains Camerounais se sentent marginalisés maintenant dans cet environnement.  En décembre 2016, après le commencement de la crise, j’ai donné une interview dans laquelle j’ai dit : Pour moi, c’était surtout une crise de gouvernance plutôt qu’une crise d’identité. Depuis décembre 2016, malheureusement, les manifestations exacerbent la crise; des manifestations massives ont eu lieu dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du pays. Il y eu de violations des droits humains et des manifestants ont été tues. Certains anglophones ont appelé à la sécession parce  qu’ils ne s’identifient plus avec le pays tel qu’il est.

LE RÔLE DES INSTITUTIONS REGIONALES ET CONTINENTALES

Alors, est-il possible pour les institutions régionales et continentales jouer un rôle ? Je ne pense pas être aussi optimiste que certains s’y attendraient en ce qui concerne le rôle que de telles institutions pourraient jouer. En effet, vous reconnaitrez que certaines de nos entités sous régionales fonctionnent bien mieux que d’autres : que la CDAA [la Communauté de développement d’Afrique australe] fait un bon travail afin de mettre ses affaires en ordre ; que l’IGAD [l’Autorité intergouvernemental pour le développement] fait de bons efforts pour faire face aux soucis qu’on peut voir sur la Corne de l’Afrique ; que la CÉDÉAO [la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest] fait du très bon travail—en fait, j’évaluerais la CÉDÉAO comme l’une des plus performantes, même la plus performante des entités sous régionales en ce qui concerne ses protocoles et sa gouvernance, sa responsabilité et sa transparence, en particulier quand il s’agit d’influencer les dirigeants, de l’évaluation mutuelle de la performance entre ses membres, du soutien que les dirigeants se donnent lorsque la situation devient difficile et enfin par le fait que ses chefs viennent secourir leurs membres au besoin.

Mais le phénomène regrettable que j ‘observe dans la sous-région de l’Afrique centrale, dans la sous-région de la CEEAC [la Communauté économique des états de l’Afrique centrale] est que l’organisme sous régional n’est pas aussi influent qu’il le faudrait. Mais il existe peut-être une raison structurelle pour ce déficit. En effet, pour les institutions qui fonctionnent bien, elles ont normalement un pays qui prend le devant. Par exemple quand on parle de la CDAA, l’Afrique du Sud joue bien sûr le rôle principal et les actions de l’Afrique du Sud déterminent ainsi les actions des autres pays de la CDAA. Quand on parle de l’Afrique de l’ouest, le Nigéria joue un rôle principal, et les actions du Nigéria déterminent ainsi celles des autres pays de la CÉDÉAO et puis, il y a d’autres pays de la CÉDÉAO—le Ghana, le Sénégal—qui sont très forts en ce qui concerne ces questions de gouvernance et de responsabilité.

Malheureusement, dans la sous-région de l’Afrique centrale, le Cameroun devrait être ce pays qui ouvre la voie alors quand le Cameroun ne va pas bien, il est extrêmement difficile de s’attendre à ce que la République centrafricaine, qui fait face à ses propres crises, ou que le Gabon ou la Guinée équatoriale ou le Congo-Brazzaville [la République du Congo] puissent vraiment contribuer à aider à résoudre la crise au Cameroun. Donc, inévitablement, à un certain moment, je suis convaincu que les Camerounais devront trouver leur propre façon de se rassembler pour traiter directement ces questions.

Je crois aussi qu’à l’heure actuelle il y a beaucoup de confusion en ce qui concerne la nature de la crise, les sources initiales de la crise, la gravité de la profondeur des griefs que ces populations partagent. S’il n’y a pas de diagnostic correct, on ne pourra pas la résoudre dans l’immédiat. Nous aurons peut-être une certaine paix, une période où les choses semblent normales, mais inévitablement, la profondeur de la souffrance que les gens éprouvent dans une partie du pays est telle qu’à un certain moment, la crise refera surface.

LES MODÈLES DU CONFLIT

Malheureusement, et ceci est mon dernier point sur les défis à venir, les tendances politiques générales ne sont pas forcément les plus favorables pour une résolution paisible de cette crise.

La période durant laquelle cette crise prend place ne pourrait pas être pire à mon avis parce que le Cameroun entrera dans une année électorale en 2018 quand nous aurons des élections locales, législatives et présidentielles qui—comme vous savez tous bien comme beaucoup d’autre pays sont passés par ce processus—quand un pays tient des élections, même dans des circonstances normales, c’est une vraie période de défis parce que c’est le moment où tout le pays est mobilisé. C’est le moment où les partis politiques et les candidats politiques font plusieurs types de promesses et de déclarations. C’est le moment où les services de sécurité doivent garantir la sécurité de chaque citoyen qui participe à des rassemblements politiques ou à des événements politiques ou qui exprime des opinions différentes et en général, c’est un moment très difficile pour la plupart des pays.

Et puis, si vous superposez sur ces défis qui arrivent naturellement avec chaque élection la crise que le Cameroun traverse actuellement, qui a déjà évolué à une crise d’identité pour beaucoup de Camerounais, vous pouvez commencer à imaginer que ce sera difficile de résoudre cette crise sur le court terme.

DES APPROCHES DIFFÉRENTES ENVERS LA CRISE

Quand je réfléchis un peu et que je considère la démographie du pays ainsi que les tendances ou les alignements sociaux dans le pays, ce que je vois, à mon avis, est une tapisserie très variée. Dans la communauté anglophone au Cameroun, il y a au moins trois ou quatre points de vue.

D’abord, il y a une partie des Camerounais anglophones qui souhaitent revenir à ce que le Cameroun était avant 1960. Ceux-ci veulent quitter le Cameroun d’aujourd’hui, ils encouragent donc la sécession. Ensuite, une deuxième partie veut revenir à 1961 à l’époque de la république fédérale et qui milite donc pour une fédération. Une troisième partie —des Camerounais anglophones—refuse la sécession mais ne veut pas non plus de fédéralisme. Ce groupe veut une décentralisation conforme à la Constitution de 1996.  Et enfin il y a même une quatrième catégorie de Camerounais anglophones qui croit que le statu quo est acceptable et que ces griefs sont marginaux et qu’on devrait y faire face comme des questions administratives et légales. Il y a donc quatre points de vue différents dans la communauté anglophone au Cameroun.

En même temps, dans la communauté francophone majoritaire, il y a ce que je considère comme trois points de vue très divergents. D’abord, il y a des Francophones qui expriment ouvertement des opinions sur cette crise qui sont similaires à celles des Anglophones, qui sont extrêmement critiques de la façon dont on gère ce pays depuis les quatre ou cinq dernières décennies et qui veulent qu’on fasse face à ces griefs pour donner un sentiment de reconnaissance aux Camerounais anglophones pour leur montrer qu’ils font partie du pays. Certains de ces Francophones s’expriment très ouvertement sur les réseaux sociaux et sur des forums publics Internet. Il un deuxième groupe de Francophones qui s’identifie avec les soucis anglophones mais qui dit que les huit autres régions du pays font face à des défis similaires en ce qui concerne le manque d’infrastructure et le manque de possibilités de travail pour les jeunes Camerounais et qu’on devrait y faire face au niveau national dans le cadre actuel de l’état-nation avec ses dix régions décentralisées. Et enfin, il y a un troisième group de Francophones qui a dit, comme le gouvernement l’a fait il y a un an, qu’il n’existe pas de question anglophone au Cameroun et qu’il y a simplement un certain nombre de jeunes têtus qu’on devrait traiter en conformité avec l’état de droit, et que l’on devrait appliquer la loi en emprisonnant ceux qui refusent de s’y plier.

Alors tout ceci crée un environnement très déroutant. Et c’est la raison pour laquelle dans beaucoup de mes déplacements, j’ai recommandé que le gouvernement entre dans un dialogue qui invitera tout le monde dans la même pièce pour que les Camerounais puissent d’abord s’entendre et puis déterminer leurs différends et trouver une voie vers l’avenir.

 « COMMENT POUVONS-NOUS EN SORTIR ? »  CINQ RECOMMANDATIONS

« Comment pouvons-nous en sortir ? » J’ai cinq recommandations à donner :

Premièrement, il faut reconnaître que c’est une crise nationale pour le pays et qu’il faudra prendre des mesures extraordinaires pour résoudre cette crise.

Deuxièmement, il faut avoir un dialogue national sur la crise anglophone au Cameroun—un dialogue national qui invite tous les acteurs possibles à se réunir, y compris ceux qui n’ont pas encore participé au processus de gouvernance.

Troisièmement, après le dialogue national sur la crise anglophone au Cameroun, on devrait avoir d’autres conversations sur les questions de gouvernance qui menacent le reste du pays ou d’autres parties du pays.

Quatrièmement, il faudrait avoir une approche holistique en ce qui concerne les questions de gouvernance, de sécurité humaine, de légitimité et des rapports entre l’état et les citoyens. Il faudrait presque organiser une campagne nationale sur l’éducation civique et la responsabilité civique pour essayer de rétablir le lien qui devrait exister entre le gouvernement et les citoyens, car souvent dans beaucoup de domaines, on pourrait dire qu’aujourd’hui ce lien est brisé.

Et enfin, je pense que le résultat de ce dialogue national devrait aboutir à une nouvelle feuille de route pour l’avenir du pays qu’on devrait présenter aux citoyens pour obtenir leur accord et pour qu’ils se sentent dynamisés—pas seulement pour leur donner l’impression qu’ils appartiennent au pays mais aussi qu’ils soient prêts à accepter la responsabilité de contribuer à la création d’un nouveau Cameroun dans lequel chaque Camerounais éprouverait le sentiment d’être un citoyen de plein droit qui pourra  contribuer à la consolidation de l’état-nation.

En conclusion, un petit conseil—c’est une idée qui m’est passée par l’esprit au fur et à mesure que je considère cette crise—c’est que dans beaucoup de nos pays, nous avons hérité des institutions que d’autres avaient créées pour nous, surtout par les maîtres coloniaux, par nos parents et grands-parents. Et pour nos parents et grands-parents, la première génération des chefs africains, ils ont fait de leur mieux dans les circonstances, dans la plupart des cas, sans éducation formelle, dans la plupart des cas sans beaucoup d’expérience avec la façon dont le monde fonctionne ou comment ces institutions devraient fonctionner.

Aujourd’hui, cinq décennies après l’indépendance, je pense que nous sommes bénis comme Africains car nous avons maintenant une génération d’Africains qui sont aussi mondains que les dirigeants qu’on pourrait trouver ailleurs. Vous tous dans cette salle, vous êtes allés aux mêmes académies militaires, aux mêmes instituts de service diplomatique que vos collègues dans d’autres parties du monde.

Nous avons maintenant des Africains qui savent comment le monde fonctionne et comment les institutions de gouvernance devraient fonctionner. Nous ne devrions pas manquer l’occasion de construire pour nous-mêmes l’Afrique que nous aimerions voir à l’avenir. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester captifs aux institutions héritées si nous avons la possibilité de créer des institutions qui peuvent consolider la démocratie, la paix, et la sécurité pour tous nos concitoyens à l’avenir.

Je vous remercie de votre temps et de votre attention. Ce sont mes remarques d’ouverture. Je serai ravi de répondre à vos questions.