Tendances migratoires à surveiller en Afrique en 2023

La plupart de la migration en Afrique s’oriente vers les centres économiques du continent, une tendance qui devrait perdurer avec l’intégration grandissante des économies régionales.


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A Mosaic of Migrants

Le dynamisme, une caractéristique persistante de la migration africaine

  • La migration africaine poursuit depuis 20 ans une tendance à la hausse. Le niveau record de 40 millions de migrants africains constitue une augmentation de 30% depuis 2010. Étant donné des facteurs moteurs toujours forts, cette tendance devrait continuer en 2023.

  • Fait souvent ignoré, la plupart de la migration africaine se produit à l’intérieur du continent puisque les migrants cherchent des emplois dans des centres économiques voisins. En effet, 80 % des migrants africains ne veulent pas quitter le continent. L’Afrique ne représente que 14 % des migrants du monde, comparé à 41 % venus d’Asie et 24 % d’Europe.
  • L’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et le Nigeria figurent parmi les cinq principales destinations du continent, reflétant leurs positions comme des centres économiques de leurs sous-régions respectives.
  • À l’exception de la Côte d’Ivoire, les migrants représentent moins de 5 % de la population dans chacun des pays de destination les plus importants. La majorité des migrants en Côte d’Ivoire viennent du Burkina Faso voisin, pays avec lequel ils partagent de nombreux attributs culturels.

Sources des données : UN DESA

Des bénéfices nets grandissants de la migration

Source: KNOMAD

Le changement climatique créera davantage de migrants environnementaux

  • L’augmentation constante de la température mondiale due au changement climatique rend certaines régions d’Afrique inhabitables (en raison, entre autres, de la pénurie d’eau, de canicules intolérables et d’épidémies) entrainant une augmentation de la migration.
  • Le changement climatique accélère par ailleurs les tendances migratoires des populations rurales vers les métropoles africaines. Entre 2020 et 2030, sept des plus grandes villes côtières du continent—Lagos, Luanda, Dar es Salaam, Alexandrie, Abidjan, Cape Town et Casablanca—devraient croitre de 40 %. L’effet du double défi de la croissance de la population et de l’augmentation du niveau de la mer sur l’infrastructure, l’agriculture et l’accès à l’eau dans les villes côtières augmentera le risque de crises de gouvernance et de sécurité.
  • Les catastrophes naturelles, des sècheresses plus longues aux tempêtes plus fortes et aux inondations, contribuent aussi à l’augmentation de la migration. Au cours de la dernière décennie, 2,5 millions d’africains en moyenne ont été déplacés temporairement tous les ans après une catastrophe naturelle. Ces dégâts répétés aux infrastructures et aux moyens de subsistance affectent la résilience, entrainant plus de personnes à quitter leurs maisons soit pour plus longtemps ou même de manière permanente.

Certains migrants africains continuent de confronter des risques particulièrement élevés

  • Environ 15 % des migrants africains, pour la plupart ceux qui voyagent sans papiers officiels, font face à des niveaux élevés de vulnérabilité à l’exploitation et au trafic, soit le long de leur route, soit dans leur pays de destination.
  • En outre, selon des rapports, la Libye demeure un pays très dangereux pour les migrants puisque les meurtres, la torture, les viols, les persécutions et l’esclavage y ont été perpètres par des trafiquants, des milices et même certaines autorités publiques.
  • Les maghrébins continuent de constituer le plus grand nombre de migrants africains qui traversent la Méditerranée vers l’Europe. Le recul des institutions démocratiques et la situation économique difficile des pays d’Afrique du Nord comme la Tunisie, l’Égypte, l’Algérie et la Libye entraineront sans doute plus de personnes à se tourner vers l’Europe.
  • L’Afrique a documenté plus de 9,000 décès liés à la migration depuis 2014. Plus de 25,000 personnes ont aussi disparu en traversant les mers entre l’Afrique et l’Europe.
  • De nombreux pays continuent de considérer la migration comme un crime plutôt qu’un symptôme reflétant des opportunités économiques limitées et la difficulté pour les migrants d’accéder à des moyens surs et réguliers de migration.

Ressources complémentaires