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L’influence de la Chine sur les médias africains

Bob Wekesa, expert en médias chinois, réfléchit au modèle de contrôle étatique total de l'information mis en place par le parti communiste chinois et à son exportation vers l'Afrique.


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Les pratiques chinoises de désinformation en Afrique ne sont pas nouvelles et, jusqu’à récemment, elles étaient explicitement décrites par le gouvernement chinois comme des campagnes de propagande, selon un éminent spécialiste des médias, le Dr Bob Wekesa, de l’université de Witwatersrand, en Afrique du Sud. Fort de son expérience dans les médias kenyans et de ses recherches sur les médias chinois, Dr. Wekesa définit l’approche chinoise du secteur des médias comme un « contrôle total de l’information par l’État ». Cette conception considère l’information comme un capital à exploiter par l’État plutôt que comme un bien public fondé sur des normes journalistiques.

Dr. Wekesa explique que contrairement à d’autres acteurs extérieurs qui ont parrainé des campagnes de désinformation en Afrique, la Chine a poursuivi une approche plus institutionnalisée dans l’exportation de ses pratiques médiatiques en Afrique. Elle a notamment formé des journalistes et des rédacteurs en chef africains à des programmes chinois qui les incitent à éviter de critiquer les présidents et les ministères africains, ainsi que les fonctionnaires chinois. Une autre voie consiste à acheter des parts dans des entreprises de médias africaines et à orienter leurs pratiques éditoriales vers le modèle chinois. Une troisième voie consiste à vendre à l’Afrique des technologies chinoises qui permettent aux gouvernements de contrôler plus étroitement l’information numérique, notamment en bloquant des sites et en fermant l’accès à l’internet.

Dr. Wekesa raconte comment de nombreux professionnels des médias africains cherchent à préserver leur indépendance et leurs normes journalistiques en tant que surveillants des représentants de l’État, ce qui les conduit à s’opposer à l’influence chinoise dans les médias africains. Il recommande aux professionnels des médias africains de continuer à rechercher des opportunités de formation pour comprendre l’évolution des écosystèmes des médias numériques et former des partenariats avec des entreprises journalistiques aux normes similaires.