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10 ans après l’indépendance, la crise persiste au Soudan du Sud

Le déplacement de force d’un tiers de la population et une crise alimentaire engendrée par le conflit menacent plus de la moitié des Sud-Soudanais et met en relief les coûts humanitaires importants associés aux politiques destructives du pays.


Sources des données : Acled (années prenant fin le 30 juin)

Points saillants :

Malgré la signature d’un accord de paix revitalisé et de la formation d’un gouvernement dit de coalition, l’insécurité persiste au Soudan du Sud. Des niveaux élevés de violence et de traumatisme, ont provoqué, selon les estimations, 400 000 morts, et mettent en relief la nature non résolue de ce conflit.

Sources des données : ONU HCR, Acled (années prenant fin le 30 juin)

Évènements violents

  • Malgré la signature en 2018 de l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud, la violence armée demeure à un niveau élevé et montre peu de signes de diminution. Le taux d’évènements violents reste élevé, atteignant 733 incidents par ans depuis 2017. La violence en 2021 excède celle de 2019 et 2020.
  • L’Équatoria-Central est un point focal de la violence ces dernières années, subissant 180 épisodes par an, soit 25 % de la moyenne nationale. Néanmoins, une carte des évènements violents au Soudan du Sud souligne la portée de la violence. Les États de Jonglei, Unité, Lacs, Nil Supérieur, Équatoria-Occidental, Équatoria-Oriental et Warrap ont tous connus des combats importants depuis 2018.
  • La violence au Soudan du Sud se concentre aussi autour des routes principales du pays. Ces évènements soulignent l’importance stratégique des routes sur ce vaste territoire. Le Soudan du Sud n’a que 300 km de routes goudronnées sur un pays de 650 000 km2, soit à peu près la taille de la France. La concentration d’évènements violents autour des réseaux de transport souligne par ailleurs la vulnérabilité des populations et des marchandises sur les routes.  Chaque évènement violent amplifie donc l’insécurité et l’isolation des populations dont les mouvements s’en trouvent d’autant plus restreints.

Sources des données : ONU HCR

Déplacement de force

  • L’étendue et la persistance de la violence au Soudan du Sud est un facteur clé des niveaux extraordinaires de déplacement de force. Plus d’un tiers de la population, soit environ 4 millions de personnes sont déplacées. Chose rare parmi les conflits africains puisque les déplacés trouvent normalement refuge à l’intérieur des frontières de leurs pays, la majorité d’entre eux sont des réfugiés. Cette réalité a contribué à donner au Soudan du Sud la distinction notoire d’avoir parmi ses citoyens plus de réfugiés que tout autre pays d’Afrique.
  • Depuis 2018, plus d’attaques contre les civiles se sont produites que de batailles entre les combattants. Ces menaces persistantes à la sécurité des civils les empêchent de rentrer chez eux.
  • Les 2,3 millions de réfugiés représentent un tribut particulièrement lourd pour les voisins du Soudan du Sud qui se trouvent obligés d’accueillir ces populations déplacées pendant de nombreuses années. L’Ouganda accueille quasi un million de réfugiés Sud-Soudanais, la plus grande population de réfugiés en Afrique. Le Soudan le suit de près, accueillant presque 800 000 réfugiés.

Sources des données : IPIC, données projetées pour 2021

Insécurité alimentaire

  • La part de la population du Soudan du Sud faisant face à une insécurité alimentaire aigüe est en constante progression depuis 2013, date du début de la guerre civile. Aujourd’hui plus 6,5 millions de personnes, soit 63 % de la population, vivent dans une insécurité alimentaire aigüe, et plus de de 100 000 subissent la famine (Phase 5).
  • Ces niveaux soutenus et élevés d’insécurité alimentaire au Soudan du Sud sont une conséquence directe de la violence politique. Avec leur déplacement, les Sud-Soudanais ont perdu leur moyen de subsistance. La violence a aussi interrompu la plantation, la récolte, le transport des denrées alimentaires et le fonctionnement des marchés.
  • Les États du centre et du nord-est du Soudan du Sud, notamment Jonglei, Pibor, Warrap et le Nil-Supérieur, subissent l’insécurité alimentaire la plus aigüe. Ces régions sont aussi le lieu de conflits ainsi que disruptions dus aux restrictions sur le transport des denrées et à l’accès à l’aide alimentaire. Les États du nord-est sont particulièrement isolés puisqu’ils ne sont desservis que par une seule route principale. La région est aussi particulièrement vulnérable aux inondations, amplifiant d’autant plus les disruptions aux systèmes alimentaires causées par la violence.

Source: IPC