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Le contre-amiral (CAM) Dr Narciso Fastudo Jr. est le directeur exécutif du Centre interrégional de coordination (ICC) à Yaoundé, au Cameroun. Le Centre est l’organisme chargé de renforcer les activités orientées vers la coopération, la coordination, la mutualisation et l’interopérabilité des systèmes ainsi que la mise en œuvre de la stratégie régionale de sûreté et de sécurité au sein de l’espace maritime commun d’Afrique centrale et occidentale. CAM Dr. Fastudo est un officier de marine qui a servi les forces armées angolaises pendant de nombreuses années : 15 ans dans l’armée de l’air et 33 ans dans la marine.
Le CAM Fastudo est un ancien auditeur actif du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) depuis 2006, lorsqu’il a participé à la conférence ministérielle « Sûreté et sécurité maritimes dans le golfe de Guinée » en sa qualité de membre du Comité maritime permanent de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Par la suite, le CAM Fastudo a participé à cinq autres programmes du CESA. Plus récemment, il a participé au séminaire « Le Partenariat atlantique » en juillet 2023, contribuant au contenu académique et présentant sur « Le domaine maritime de l’Atlantique Sud » aux côtés de l’amiral (à la retraite) Eduardo Bacellar Leal Ferreira de la marine brésilienne. Dans sa présentation, le CAM Fastudo a souligné l’importance stratégique de l’Atlantique Sud pour la sécurité et la prospérité mondiales. Il a également présenté un exposé sur les « Menaces, crimes et vulnérabilités maritimes » pour évaluer les réponses régionales et internationales à la piraterie et aux vols à main armée en mer dans la région de l’Atlantique.
Selon le CAM Fastudo, pendant la majeure partie des années 1900, l’évolution de la sécurité maritime en Afrique a été lente. Avant leur indépendance, la plupart des pays africains se concentraient sur les menaces terrestres et non maritimes. Dans les années 70 et 80, la sécurité maritime n’était envisagée que par les pays africains dotés d’une marine, comme l’Algérie, l’Égypte, le Nigéria et l’Afrique du Sud. En 1982, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) a été signée à Montego Bay, en Jamaïque. Avec les attaques de piraterie en Somalie, le thème de la sécurité maritime a commencé à attirer davantage l’attention en Afrique. Au cours des décennies suivantes, les problèmes de la piraterie se sont étendus à la région du Golfe de Guinée, entraînant la création de la Commission du Golfe de Guinée en 2001.
Au cours de la dernière décennie, le CAM Fastudo estime que la plus grande évolution en matière de sécurité maritime a été l’architecture de Yaoundé pour la sûreté et la sécurité maritime issue du Code de conduite de Yaoundé (YCC). Le YCC est historiquement important pour tous les pays situés géographiquement de la pointe sud de la Mauritanie à la pointe nord de la Namibie, explique le CAM Fastudo. Avec lui, les 19 pays côtiers de cette zone ont adopté pour la première fois un plan de sécurisation collective du domaine maritime. Avant le YCC, ces pays agissaient seuls. Avec le YCC, s’amorce un processus de collaboration durable.
Depuis sa création, le YCC est devenu un exemple pour la région de l’Afrique de l’Est et constitue un modèle d’avenir pour l’ensemble de l’Afrique. Le Dr Fastudo a résumé ainsi l’évolution de l’architecture de Yaoundé au cours des dix dernières années : La zone D de l’architecture a mûri en premier, avec des patrouilles conjointes en 2009. Les zones E et F ont choisi de travailler ensemble et ont déjà deux missions conjointes réussies. La Zone G opère des missions avec les États mais n’a pas officiellement adopté le modèle de la Zone D. La zone A suit le même chemin que la zone G, mais étant donné la diversité des menaces et des risques dans cette zone, la zone A est toujours en train de déterminer la meilleure infrastructure pour son opérabilité. Selon CAM Fastudo, le dernier développement est la combinaison des cinq zones actuelles (A, D, E, F et G) en une force opérationnelle maritime conjointe pour le golfe de Guinée.
Le CAM Fastudo estime qu’au cours de la prochaine décennie, la sécurité maritime dans le golfe de Guinée contribuera de manière significative à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le CAM Fastudo a mentionné que la ZLECAf et l’économie bleue dépendent de la capacité des États à assurer la sécurité du domaine maritime. Il estime également qu’il y aura une consolidation des systèmes d’échange d’informations dans le domaine maritime où les incidents seront signalés à une seule entité, surmontant ainsi la possibilité actuelle de désinformation et de manque d’information.
Tout en se souvenant du 10e anniversaire du YCC, le CAM Fastudo a félicité le CESA pour ses offres académiques sur des sujets pertinents en matière de sécurité maritime, notamment la piraterie, le renforcement des capacités institutionnelles, la pêche INN (illégale, non déclarée et non réglementée), la gestion des ressources, la fragilité urbaine et la démocratie, pour n’en nommer que quelques-uns. Il a partagé avec enthousiasme d’agréables souvenirs du CESA et estime que le Centre est une institution de confiance pour la formation.