English | Français | Português
Le professeur Molomo est l’actuel représentant spécial du président de l’organe de la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) pour la politique, la défense et la coopération en matière de sécurité et chef de la mission de la CDAA au Mozambique (SRCO/SAMIM).
Le professeur Molomo a souligné le fait que la CDAA est l’une des Communautés économiques régionales (CER) de l’Union africaine (UA) qui contribue à l’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) sous laquelle la SAMIM a été lancée en juillet 2021, rendant ainsi opérationnelles les lignes directrices de la Force africaine en attente (FAA). La SAMIM est une mission approuvée par l’Union africaine qui opère dans le Cadre de conformité et de responsabilisation de l’Union africaine (AUCF) de l’UA, conformément aux normes internationalement acceptées inscrites dans la Charte des Nations unies, qui comprennent notamment le respect du droit international des Droits de l’Homme (DIDH) et du droit international humanitaire (DIH).
Le professeur Molomo a noté avec beaucoup d’optimisme que l’adoption de la Résolution 2719 du Conseil de sécurité des Nations unies en décembre 2023 ouvre un énorme potentiel de soutien aux opérations de soutien de la paix (OSP) menées par l’UA. Il a fait valoir qu’étant donné les réalités géopolitiques actuelles, les conflits ont largement tendance à être intra-étatiques plutôt qu’inter-étatiques, ce qui nécessite des solutions localisées renforcées. À cet égard, les CER, qui sont en première ligne des conflits, sont mieux placées pour y répondre et y remédier. Le professeur Molomo a en outre souligné l’impératif stratégique d’un Mozambique pacifique et stable pour la paix régionale et la stabilité de la CDAA. En outre, la paix et la stabilité au Mozambique sont cruciales compte tenu de la fragilité de l’environnement dans la région de la mer Rouge et de la nécessité stratégique de disposer d’une route commerciale alternative autour de la pointe sud de l’Afrique. À cet égard, le Mozambique, et en particulier le canal du Mozambique, présente une immense valeur stratégique pour le commerce et la sécurité au niveau mondial.
Le professeur Molomo a également souligné que la mission de la CDAA au Mozambique est l’un des modèles viables qui doivent être soutenus pour résoudre les conflits régionaux. Toutefois, il s’est empressé de souligner que la SAMIM et d’autres OSP régionales sont confrontées à un énorme déficit en termes de capacités requises, notamment en ce qui concerne le transport aérien stratégique d’équipements et de personnel, d’autres formes de soutien logistique et les ressources financières nécessaires à l’exécution efficace de leur mandat. La SAMIM est financée par les États membres de la CDAA et les pays contributeurs de troupes (TCC) qui utilisent leurs propres équipements et ressources pour le soutien depuis le début de la mission en 2021. Il s’agit d’une démonstration pratique de la solidarité et de la cohésion communautaires axées sur la réalisation de la paix et de la sécurité régionales et conformes aux idéaux de l’UA. Il est toutefois nécessaire d’augmenter et d’adopter des modèles de financement durables conformément aux recommandations de la résolution 2719 du Conseil de sécurité des Nations unies de 2023.
Le professeur Molomo est un ancien auditeur de longue date du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) et a participé activement à ses activités et programmes. Le professeur Molomo a participé pour la première fois aux programmes du CESA en assistant à un cours sur la coopération régionale en matière de sécurité en septembre 2002 à Maputo, au Mozambique. Par la suite, il a participé à plusieurs programmes du CESA, dont le séminaire pour hauts responsables en 2004, une réunion de haut niveau de deux semaines destinées à rassembler des dirigeants africains et des partenaires internationaux en vue de réfléchir ensemble aux principaux défis sécuritaires auxquels l’Afrique sera confrontée à Washington DC.
Le professeur Molomo a souligné le rôle stratégique du CESA en tant que forum essentiel offrant aux universitaires et aux décideurs politiques une plateforme leur permettant de mieux appréhender le contexte sécuritaire mondial ainsi que les initiatives de résolution des conflits. Il s’agit en particulier d’un forum qui vise à informer la politique étrangère des États-Unis sur les besoins et les défis de l’Afrique en matière de sécurité. Il favorise en outre la coopération et les partenariats entre les gouvernements africains et les États-Unis.
Le professeur Molomo a apprécié l’invitation du CESA à participer à une table ronde relative à « l’avantage comparatif, la coordination et la convergence dans les opérations de paix en Afrique » et à s’exprimer sur « Les défis et les opportunités des Opérations de paix menées par les communautés économiques régionales (CERs) ». Le professeur Molomo a fait part à la table ronde des commandants de la force du mandat de SAMIM, de son engagement et du soutien apporté à la République du Mozambique pour lutter contre les actes d’extrémisme violent et de terrorisme dans la province de Cabo Delgado. Le professeur Molomo a souligné qu’à partir du déploiement de la mission en juillet 2021, celle-ci a réussi, en soutien aux forces de la République du Mozambique, à chasser les terroristes d’Ahlu Sunnah Wa Jamaah (ASWJ) des villes et des villages, et elle continue de restreindre leur liberté de mouvement dans la zone de responsabilité de la SAMIM. Le professeur Molomo a également souligné que le déploiement initial, au début de la mission, comportait de solides capacités militaires offensives, suivies d’une transition vers une mission multidimensionnelle avec des capacités policières, pénitentiaires et civiles renforcées, en plus des capacités militaires. La mission a réussi à instaurer une paix et une stabilité relatives permettant un retour progressif des personnes déplacées à l’intérieur du pays et soutenant les efforts de stabilisation et de redressement de la République du Mozambique dans la province de Cabo Delgado.
Le mandat de la SAMIM reconnaît que l’intervention militaire était la première ligne d’effort pour pacifier la situation en matière de sécurité. Depuis, la mission est passée à une phase multidimensionnelle qui porte sur la reconstruction, le renforcement de la capacité des institutions à soutenir la prestation de services et le rétablissement des moyens de subsistance durables des populations. En partenariat et en collaboration avec le pays hôte, les agences de développement, les partenaires internationaux de coopération (PIC), les agences humanitaires et la société civile, la mission est activement engagée dans des activités visant à apporter un développement durable à la province de Cabo Delgado.
La SAMIM est parfaitement consciente que le développement durable peut être obtenu en réhabilitant les infrastructures détruites par les terroristes et en les rendant fonctionnelles pour soutenir la prestation de services et l’accès aux ressources et aux services. De manière plus fondamentale, le développement durable s’installe lorsque la sécurité de la communauté est assurée par un État dont les institutions fonctionnent de manière optimale, notamment les services sociaux, la police, et un système judiciaire favorisant la cohésion sociale et le contrat social à divers niveaux de la société. Ce contrat social devrait également impliquer une société inclusive en termes d’ethnie, de religion, de genre et où les jeunes sont progressivement impliqués dans le développement national.
Le professeur Molomo a également souligné que la jeunesse représente la ressource la plus précieuse de l’Afrique. Ce dividende démographique doit être exploité et doté de compétences appropriées dans les domaines du numérique, de la technologie, de l’innovation et des plates-formes artistiques créatives qui soutiennent la quatrième révolution industrielle. Une jeunesse responsabilisée jouerait un rôle crucial dans la concrétisation de l’aspiration centrale de l’Agenda 2063 de l’UA, visant à forger une Afrique nourrie par la paix et le développement durable pour tous. L’esprit d’Ubuntu, inhérent à la culture africaine, doit être ravivé et consolidé pour permettre l’actualisation et l’épanouissement de l’Afrique.
Conformément à la vertu africaine Ubuntu/Botho (compassion), les jeunes devraient être habilités à contribuer positivement au développement socio-économique afin d’instaurer une paix et une sécurité durables. Ils devraient être activement impliqués et encouragés à édifier une coexistence pacifique et un avenir holistique, fondés sur la bienveillance, la compassion, et ancrés dans les valeurs fondamentales de l’Ubuntu.