Intervenir pour saper la démocratie en Afrique : La stratégie d’influence de la Russie
La Russie a systématiquement cherché à saper la démocratie en Afrique, tant pour normaliser l’autoritarisme que pour créer un point d’entrée pour l’influence russe. On dit souvent que depuis la dissolution de l’Union soviétique et l’abandon du communisme, la politique étrangère russe manque d’idéologie. Pourtant, à la lecture de la chronique méthodique de Samuel Ramani sur la politique étrangère russe en Afrique sous la présidence de Vladimir Poutine, Russia in Africa : Resurgent Great Power or Bellicose Pretender, une idéologie explicite et cohérente apparaît de manière frappante : soutenir et normaliser les gouvernements autoritaires. C’est l’une des principales conclusions de l’analyse de Ramani, fruit d’une recherche impressionnante et d’une narration impartiale, étayée par 1 400 citations provenant de sources anglaises, françaises, russes et arabes – un point de référence historique bienvenu pour évaluer les actions de la Russie en Afrique aujourd’hui. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
L’ONU renouvelle pour un an les sanctions contre le Soudan
Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté le renouvellement pour un an du régime de sanctions qui frappe le Soudan depuis 2005. La Russie et la Chine se sont abstenues. Le votre s’est conclu par 13 voix pour et deux abstentions. Le Conseil « a décidé de prolonger jusqu’au 12 mars 2024 le mandat du panel d’experts nommé à l’origine dans le cadre de l’embargo contre le Soudan depuis 18 ans », selon la nouvelle résolution 2676. Ces panels d’experts sont chargés par le Conseil de sécurité de l’ONU de contrôler l’application des embargos sur les armes et des sanctions économiques imposés dans nombre de pays en situation de crise ou de conflit. La Russie s’est abstenue. Son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui était à Khartoum début février, avait affirmé soutenir l’appel du Soudan à lever ces sanctions onusiennes. Il y avait également défendu les opérations du groupe paramilitaire Wagner en Afrique, arguant d’une menace « terroriste ». AfricaNews/AFP
En Tunisie, le président va dissoudre les conseils municipaux, un acquis de la jeune démocratie après la « révolution de jasmin »
Le président tunisien, Kaïs Saïed, qui accapare tous les pouvoirs depuis l’été 2021, a décidé jeudi 9 mars la dissolution prochaine des conseils municipaux formés en 2018. C’est ce qu’il a annoncé dans une vidéo diffusée en pleine nuit, ajoutant à la dissolution des conseil, « leur remplacement par des délégations spéciales ». Les mandats des 350 maires et conseillers municipaux, actuellement en place, doivent expirer à la fin d’avril, et des élections étaient théoriquement prévues dans la foulée. Ces conseils municipaux sont issus pour la majorité du scrutin législatif de 2018 qui avait été marqué par la victoire de listes indépendantes, suivies du parti d’inspiration islamiste Ennahda, la bête noire de M. Saïed, et du parti libéral Nidaa Tounès. De nombreux conseils municipaux avaient ensuite plongé dans d’importants conflits internes, ce qui avait abouti à de nouveaux scrutins ces cinq dernières années. M. Saïed a annoncé deux projets de loi concernant ces conseils : l’un « concernant la révision de la loi sur l’élection des conseils communaux » et l’autre « concernant la loi pour l’élection des membres » de la future Assemblée des régions. Ce dernier dispositif complétera le système bicaméral qu’il veut instaurer, sur la base d’une nouvelle Constitution votée par référendum à l’été 2022. Le Parlement – dont les prérogatives sont très diminuées – sera constitué de deux chambres : l’Assemblée des représentants du peuple et l’Assemblée des régions. Le Monde
Tunisie: la Confédération estudiantine et scolaire d’Afrique (Cesa) veut des mesures urgentes pour protéger les étudiants subsahariens
[Audio] En Tunisie, il faut des mesures urgentes pour protéger les étudiants subsahariens, demande la Cesa, la confédération estudiantine et scolaire d’Afrique. Depuis le discours du président Kaïs Saïed le 21 février dernier contre les « hordes de migrants » -ce sont ses mots- subsahariens sur son sol, les agressions d’étudiants et d’étudiantes noirs se multiplient dans le pays. Allah Saint-Clair, le secrétaire général de cette organisation panafricaine basée à Abidjan, appelle l’État tunisien à « prendre ses responsabilités » pour empêcher ces violences. RFI
Beni : au moins 40 civils tués dans une attaque des rebelles ADF à Mukondi
Au moins 40 civils ont été tués et de nombreux autres grièvement blessés dans une attaque des rebelles ADF, dans la nuit de mercredi 8 mars, à Mukondi, territoire de Beni (Nord-Kivu).Selon plusieurs sources locales, ces assaillants ont également incendié plusieurs maisons lors de leur incursion. Les mêmes sources rapportent que cette attaque s’est produite aux environs de 20 heures 30 locales dans le village Mukondi situé le long de la route Beni-Butembo. Des sources de la société civile avancent un bilan provisoire de 44 civils tués et un déplacement massif de la population vers le centre de Kalunguta et de Maboya jugés plus sécurisés. Selon Saddam Patanguli, un leader des jeunes de la chefferie de Bashu, ces rebelles ADF seraient venus de la vallée de Mwalika, dans le secteur de Ruwenzori, fuyant selon lui les opérations militaires conjointes FARDC-UPDF. La coordination provinciale de la société a condamné cette attaque et appelle l’armée à ne pas oublier le danger que représente les ADF dans la région de Beni. Radio Okapi
L’UE et la RDC annoncent un accord sur les minerais rares comme le cuivre et le cobalt
L’Union européenne et la République démocratique du Congo se sont engagées à lancer des négociations pour un partenariat sur l’exploitation de minerais rares et stratégiques dont le cuivre et le cobalt. Un protocole d’entente dit gagnant-gagnant et une feuille de route sont annoncés dans les mois à venir autour des projets de coopération et d’investissements dans un secteur dominé en RDC par la Chine. L’UE compte sur ce partenariat pour accélérer sa transition écologique. Afin d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, l’UE a entamé un virage dit historique dans sa production industrielle et veut renforcer sa politique d’approvisionnement en minéraux rares et stratégiques. L’autre enjeu est de réduire sa dépendance vis-à-vis de certains pays comme la Chine, où ces minerais sont actuellement transformés, expliquent des sources de l’UE. Le défi est également de taille pour la RDC qui ambitionne de développer une chaîne de valeur locale et un marché autour de l’industrie des batteries, des véhicules électriques et des énergies renouvelables. RFI
Au Sénégal, les libertés sous pression à un an de la présidentielle
Beyna Guèye, militant de la société civile sénégalaise, dit avoir passé deux mois en prison pour avoir réclamé la libération d’un journaliste. Le jour où il en est sorti cette semaine, un autre reporter a été écroué pour « diffusion de fausses nouvelles ». C’est une coïncidence. Elle conforte cependant le propos des opposants au président Macky Sall et des défenseurs des droits. Ils dénoncent un recul des libertés accéléré à l’approche de la présidentielle de février 2024, avec redoublement des arrestations, interdiction des manifestations, mesures coercitives contre la presse et instrumentalisation de la justice. Le gouvernement réfute toute régression et invoque une juste application de la loi dans un pays qui est volontiers présenté comme un Etat de droit. Alentour en Afrique de l’Ouest, la démocratie souffre et les militaires gouvernent sans partage au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso. VOA
Algérie : comment le régime étouffe la société civile
[Audio:] Pourquoi le vent de liberté apporté par le Hirak a-t-il peu à peu cessé de souffler en Algérie ? Le mouvement de contestation, né en février 2019, avait pour but d’obtenir plus de démocratie et un Etat « civil et non-militaire ». Si les manifestations se sont arrêtées depuis longtemps, les intimidations et condamnations, elles, continuent de pleuvoir. Militants, journalistes, défenseurs des droits humains : tous ceux qui ont pris part au mouvement sont aujourd’hui dans le viseur de l’Etat. Quelles sont les conséquences politiques et sociales de la répression ? Pourquoi le régime opte-t-il pour cette stratégie ? La situation influence-t-elle les relations entre la France et l’Algérie ? Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Madjid Zerrouky et Frédéric Bobin, journalistes au Monde, nous dressent le portrait d’une Algérie étouffée. Le Monde
Djibouti: l’opposition dénonce une Assemblée aux couleurs du camp présidentiel
À Djibouti, la nouvelle Assemblée nationale se met en place. Après le vote du 24 février, la majorité présidentielle UMP confirme sa mainmise quasi-totale. Le camp du président Ismaïl Omar Guelleh, dit « IOG », a enregistré une victoire écrasante avec 58 députés élus sur 65. Le 5 mars, le nouveau président de l’Assemblée a été élu. Dileita Mohamed Dileita est un ancien Premier ministre et diplomate. Les opposants, eux, sont sceptiques et voient des manœuvres en vue de la présidentielle de 2026. Pour une partie des opposants, la nouvelle assemblée djiboutienne n’a toujours qu’une seule couleur : celle de la majorité. L’ancien Premier ministre, Dileita Mohamed Dileita, a pris la tête de l’institution. Abdourahman Mohamed Guelleh le connaît bien. Le chef de file du parti RADDE (Rassemblement pour l’action, la démocratie et le développement écologique), qui avait boycotté le scrutin, pense que le système se perpétue : « Je garde son côté humain, aimable. C’est un diplomate très chevronné, un politicien très astucieux. Par contre, au niveau politique, il ne pourra rien faire. Tout est dicté par Ismaïl Omar Guelleh qui a tout verrouillé. Son arrivée à la tête de l’assemblée n’apporte rien en termes politiques. » Plusieurs opposants même réputés proches du pouvoir n’ont pas pu concourir, à cause de problèmes de procédures ou de frais d’inscriptions trop élevés. RFI
Au Nigeria, l’élection des gouverneurs prévue samedi est repoussée d’une semaine
La Commission électorale du Nigeria a annoncé mercredi soir sa décision de reprogrammer au samedi 18 mars les élections des gouverneurs et députés locaux prévues le 11 mars. Un délai nécessaire, selon la Commission, pour achever la reconfiguration des machines utilisées lors de la présidentielle. L’élection des gouverneurs et des députés locaux prévue samedi au Nigeria est repoussée d’une semaine en raison d’une décision de justice jugée tardive, a annoncé mercredi 8 mars la Commission électorale (Inec). « La Commission a pris la décision difficile mais nécessaire de reprogrammer les élections des gouverneurs et des assemblées locales, qui auront désormais lieu le samedi 18 mars 2023 », a-t-elle indiqué. Un tribunal nigérian a autorisé mercredi les autorités électorales à reconfigurer les machines utilisées lors de la présidentielle, une décision trop tardive « pour que la reconfiguration puisse être achevée » à temps, a déclaré l’Inec dans un communiqué. France24
Somalie : entre 150.000 et 200.000 civils déplacés en raison de violences au Somaliland
Des violences ont contraint entre 150.000 et 200.000 personnes à fuir leur foyer dans la ville disputée de Las Anod, au Somaliland, a indiqué mardi soir une agence des Nations unies, relevant que la situation sécuritaire à Las Anod reste volatile alors que les combats sont entrés dans leur cinquième semaine. Selon le Bureau local de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les déplacements se multiplient. « Les autorités du Somaliland et du Puntland, respectivement, estiment qu’entre 154.000 et 203.000 personnes ont été déplacées par les combats », a détaillé OCHA, soulignant toutefois que les partenaires humanitaires n’ont pas été en mesure de confirmer ces chiffres en raison de l’accès limité dans ces zones. Ancien territoire britannique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, un acte non reconnu par la communauté internationale. Cette région somalienne de 4,5 millions d’habitants a connu une relative stabilité tandis que le reste de ce pays de la Corne de l’Afrique était en proie à l’insurrection islamiste des shebab. Ces derniers mois ont cependant été marqués par des tensions au Somaliland. Selon les médias, des affrontements ont éclaté le 6 février entre les forces armées de la région et des milices loyales au gouvernement central somalien à Las Anod. ONU Info
Libye: 5.000 migrants dans les centres de détentions officiels selon l’ONU
Environ 5.000 migrants se trouvent dans les centres de détention officiels en Libye mais ils ne représentent que la face cachée de l’iceberg, a indiqué le chef de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) mercredi. « La situation reste tout à fait inacceptable en termes de violation des droits des migrants dans le pays. Nous avons toujours dit clairement que la détention n’était pas une solution », a déclaré le directeur général de l’OIM, Antonio Vitorino, lors d’un point de presse organisé par l’association des correspondants à l’ONU à Genève (Acanu). L’OIM, qui fait partie du réseau des Nations unies, opère en Libye en collaboration avec le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) pour fournir une assistance vitale aux migrants qui se trouvent dans les centres de détention officiels. « Mais nous craignons qu’il existe des centres de détention non officiels dont aucune agence n’a connaissance ni accès », a assuré M. Vitorino. VOA
Centrafrique: le gouvernement appelle à la patience après l’incendie chez le brasseur français Castel
Après l’incendie en Centrafrique qui a détruit dans la nuit de dimanche 5 à lundi 6 mars une partie du stock de la brasserie Mocaf, filiale du groupe français Castel à Bangui, des sources mettent en cause les hommes du groupe paramilitaire russe Wagner dans cet acte criminel. Mais le gouvernement appelle à la patience en attendant le résultat de l’enquête ouverte. Dans la nuit de dimanche 5 à lundi 6 mars, vers « une heure du matin », un incendie, criminel selon le gouvernement, s’est déclaré après le jet d’engins incendiaires qui ont mis le feu à du matériel au cœur de la brasserie Mocaf (acronyme de Motte Cordonnier Afrique) à Bangui. Des sources contactées par RFI mettent en cause les hommes du groupe paramilitaire russe Wagner dans cet acte, après le visionnage de plusieurs extraits d’une vidéosurveillance enregistrée le jour de l’incendie. RFI
En Afrique, le secteur des cryptomonnaies en quête de régulation
Plus de 100 milliards d’équivalents dollars (93,8 milliards d’euros). Le volume de cryptomonnaies échangées en Afrique subsaharienne entre juillet 2021 et juin 2022 peut sembler important. Il ne représente pourtant que 2 % de l’activité mondiale, selon les chiffres de la société d’études Chainalysis. A 16 %, la croissance de ces actifs numériques n’est même pas spectaculaire. Mais « les chiffres peuvent être trompeurs », souligne Chainalysis dans un récent rapport : « Une analyse plus fine montre que l’Afrique abrite certains des marchés de cryptomonnaies les plus développés » au monde. Ainsi, note-t-elle, le Nigeria et le Kenya, les plus férus de « cryptos » avec l’Afrique du Sud, se situent respectivement au 11e et 19e rang mondial en termes d’adoption, en tenant compte du pouvoir d’achat et de la population (loin devant la France, 32e). Mais cette adoption se fait dans un environnement mal régulé, voire hostile, ont déploré des acteurs du secteur lors d’un forum consacré à la tech en Afrique organisé mi-février à Nairobi. « Avoir des lois est crucial pour nous permettre de régler tous les problèmes » qui freinent l’expansion des cryptodevises sur le continent, a ainsi estimé lors d’un panel dédié Aliu Musa, responsable Afrique pour Celo, une cryptomonnaie qui promet d’améliorer l’inclusion financière. Le Monde