Revue de presse du 5 juin 2025

Au Burundi, des législatives sans grand suspense
Les Burundais votent jeudi pour renouveler le Parlement du pays enclavé et pauvre d’Afrique de l’Est, un scrutin sans grand suspense après que les principales figures d’opposition ont été empêchées de concourir. Des journalistes ont relevé certaines irrégularités, notamment dans plusieurs bureaux de vote du sud de la capitale économique Bujumbura, où les électeurs auraient été obligé de voter devant les membres du bureau qui viellaient à ce qu’ils choisissent la liste du CNDD-FDD, le parti au pouvoir…Evariste Ndayishimiye, président du pays qui peine à se remettre de décennies de violences ethniques, de guerre civile et de régime autoritaire, a voté en compagnie de son épouse et de ses enfants sur sa colline natale de Musama, dans la province de Gitega (centre)…Son parti, le CNDD-FDD, est cependant accusé d’entraver son principal adversaire, le Conseil national pour la liberté (CNL), arrivé en deuxième position lors des dernières élections en 2020 qu’il avait qualifiées de « mascarade ». En 2023, le ministère burundais de l’Intérieur a suspendu le CNL, invoquant des « irrégularités » dans la manière dont il avait organisé deux congrès…Depuis son accession au pouvoir en juin 2020, il oscille entre signes d’ouverture du régime, qui reste sous l’emprise de puissants généraux, et ferme contrôle du pouvoir, marqué par des atteintes aux droits humains dénoncées par des ONG et l’ONU. AFP

Soudan : Au moins 14 morts dans le bombardement d’un camp de déplacés au Darfour
Un bombardement a visé mercredi le camp de déplacés d’Abou Chouk, situé à la périphérie d’El-Facher, dans l’ouest du pays. Le bilan provisoire fait état d’au moins 14 morts et plusieurs blessés, selon une cellule d’urgence locale, un collectif de secouristes volontaires actif sur le terrain. Les Forces de soutien rapide (FSR), groupe paramilitaire engagé dans la guerre civile contre l’armée soudanaise, sont pointées du doigt. Selon les secouristes, les FSR auraient ciblé à l’artillerie lourde un marché et des habitations du camp, où vivent des dizaines de milliers de personnes ayant fui les violences. El-Facher, capitale du Darfour-Nord, reste la dernière grande ville de la région encore sous contrôle de l’armée régulière. Elle est assiégée depuis plus d’un an par les FSR, dans un contexte de pénuries et d’insécurité croissante. L’ONU tire la sonnette d’alarme, évoquant une situation de famine imminente dans la région et qualifiant le conflit au Soudan de « pire catastrophe humanitaire au monde ». Le conflit oppose les forces armées du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto depuis le putsch de 2021, aux FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, son ancien numéro deux. Toujours au Darfour, des témoins rapportent que l’aéroport de Nyala, capitale du Darfour-Sud contrôlée par les FSR, a été touché mercredi par un bombardement peu après l’atterrissage d’un avion cargo. De puissantes déflagrations ont ensuite secoué plusieurs quartiers de la ville pendant près d’une heure. Sahel Intelligence

Tchad : libération d’un opposant emprisonné pendant huit mois
Le secrétaire général du Parti socialiste sans frontières (PSF), Robert Gam, « enlevé par les services de renseignement » tchadiens en septembre 2024, a été libéré dans la nuit de mardi à mercredi, a annoncé son parti mercredi 4 juin. « Il a été déposé à son domicile » par un véhicule des services de renseignement, indique une publication sur la page Facebook officielle du PSF. Robert Gam avait été victime de menaces et d’intimidations avant que sa disparition ne soit signalée par son parti, quelques mois après la mort du chef du mouvement, Yaya Dillo Djerou. Ce dernier, cousin du président tchadien, Mahamat Idriss Déby, et considéré comme un rival politique, avait été tué en février 2024 par des militaires de la garde présidentielle dans l’assaut du siège de son parti, deux mois avant l’élection présidentielle…La plate-forme citoyenne Wakit Tamma a exprimé mercredi, dans un communiqué, son soulagement après la libération de Robert Gam, qualifiant sa détention d’« injuste et politiquement motivée, qui n’avait pour but que de faire taire une voix libre et courageuse dans un climat politique de plus en plus répressif ». Les organisations de défense des droits humains nationales et internationales dénoncent régulièrement la répression violente – parfois dans le sang – de toute voix discordante. L’ancien premier ministre et opposant tchadien Succès Masra a été arrêté mi-mai et placé en détention provisoire pour des accusations d’« incitation à la haine » dans un message qui daterait de 2023. Le Monde avec AFP

Mali: attaques jihadistes près de Bamako, Mahou et Tessit, frappes de drone de l’armée près de Kidal
Après les attaques de Dioura, Boulikessi et Tombouctou, pour ne citer que les plus importantes, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, lié à al-Qaïda) a revendiqué mercredi 4 juin une attaque à Mamaribougou dans l’immédiate périphérie de Bamako. Mercredi toujours, dans le nord, c’est le camp militaire de Tessit, région de Gao, qui a été totalement pris par les jihadistes de l’État islamique au Sahel. L’armée malienne a quant à elle mené une série de frappes de drone dans la région de Kidal. Jeudi 5 juin au matin, une nouvelle attaque a été rapportée dans la région de Sikasso, dans le sud du pays. C’est le « poste de sécurité » de Mahou, à la frontière burkinabè, qui a été ciblé. Dans un communiqué, l’armée indique avoir mobilisé « des renforts terrestres et aériens ». Le Jnim affirme de son côté avoir « pris le contrôle de la caserne »…Mercredi, le Jnim a revendiqué une attaque à Mamaribougou, localité de la commune du Mandé, collée à Bamako. Le groupe jihadiste affirme y avoir ciblé « un rassemblement de l’armée malienne et de ses alliés russes » du groupe Wagner avec « un engin explosif » sur « un terrain d’entraînement »…Dans le nord, zone des trois frontières Mali-Niger-Burkina, ce sont les jihadistes rivaux de l’État islamique au Sahel qui ont pris mercredi après-midi le contrôle total du camp militaire de Tessit. Ce camp abrite habituellement des dizaines de militaires maliens et des combattants du Gatia, groupe armé local allié des forces maliennes…Dans la région de Kidal, ce sont les forces maliennes qui ont mené une série de frappes de drone à Djanchéché/Yenchechi, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de la ville de Kidal. RFI

Niger : plus de 16 000 migrants irréguliers africains refoulés d’Algérie en deux mois, selon les autorités
L’Algérie a refoulé plus de 16 000 migrants irréguliers africains vers le Niger depuis avril, dont des femmes et des enfants, soit plus de la moitié des expulsions de 2024, ont annoncé mercredi 4 juin les autorités nigériennes. Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens et d’autres pays africains sont régulièrement refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. Dimanche et lundi, 1 466 migrants au total sont arrivés à Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, ont indiqué mercredi les autorités préfectorales d’Arlit, ville du nord du Niger…Ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Elle a récemment dénoncé une « violation des droits humains » et exigé « l’arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives » par l’Algérie. Le Monde avec AFP

RDC: 25 ans après les massacres de Kisangani, un rapport d’Amnesty International dénonce l’impunité
En RDC, Amnesty International évoque une impunité insupportable pour les victimes qui ne se découragent pas pour autant. En effet, 25 ans après, les témoignages rapportés par l’ONG sont poignants et le désir de justice y apparait profondément ancré. Une impunité qui, selon Amnesty, alimente encore le cycle de la violence. Mais pour Alice Baenens, conseillère juridique, il n’est pas trop tard pour juger ces crimes : « La justice peut encore être obtenue même 25 ans après. Et ça, on l’a vu dans bien d’autres endroits sur cette planète. On a vu des procès contre Hissène Habré des décennies après les crimes. On a vu des procès contre les Khmers rouges aussi des décennies après les crimes. Il n’y a rien qui n’empêche que des procédures soient ouvertes aujourd’hui puisque ce sont des crimes d’une telle gravité qu’ils sont imprescriptibles », explique-t-elle. Le temps presse tout de même, prévient Alice Baenens. Avec le temps qui passe, ce sont des preuves qui disparaissent, des témoins ou des acteurs qui décèdent. Si en 2022, la Cour internationale de Justice a condamné l’Ouganda à verser des réparations, aucun responsable n’a été désigné et surtout cette cour n’a pas la compétence pour juger le Rwanda. RFI

Mozambique: la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader dans le nord, l’Unicef s’inquiète des rapts d’enfants
Dans un communiqué du 3 juin, l’Unicef se dit « profondément préoccupée » par la hausse du nombre d’enlèvements, d’enrôlements et de violences envers les enfants du Cabo Delgado, dans le nord du pays. Le 11 mai dernier, dans cette région en proie à une insurrection armée depuis 2017, trois jeunes de 12 à 17 ans ont été tués et huit autres enfants enlevés dans le village de Magaia. Lorsque les autorités à Maputo communiquent sur le sujet elles affirment que la situation est « stable » et « sous contrôle ». Pourtant, en avril, 11 militaires mozambicains étaient également tués dans une attaque revendiquée par le groupe terroriste État islamique. Un mois après, en mai, trois militaires rwandais ont perdu la vie dans une embuscade, elle aussi revendiquée par le groupe, et confirmée par l’armée rwandaise. On estime actuellement à plus de 2 000 le nombre de militaires envoyés par Kigali pour contribuer à la lutte contre le terrorisme. Fin mai, une trentaine de soldats mozambicains ont également été tués. Mais Maputo, en difficulté économique, après des violences post-électorales qui ont fait d’innombrables dégâts matériaux et plus de 300 morts, propose d’amputer de 36 % son budget de la défense. En attendant, la violence armée continue de déraciner les populations. Avec 600 000 déplacés internes, le Mozambique vit « l’une des crises de déplacement les plus négligées du monde pour la première fois », selon le Conseil norvégien pour les réfugiés, juste derrière le Cameroun et l’Éthiopie. RFI

Au Sénégal, une concertation nationale pour une « refondation » de la démocratie
Une concertation nationale a formulé mercredi 4 juin des dizaines de recommandations pour la « refondation » de la démocratie au Sénégal, dans un contexte de tensions entre le pouvoir et les anciens dignitaires du précédent gouvernement. Quelque 700 représentants de partis, de la société civile et de syndicats, mais aussi des experts et des universitaires se sont réunis pour ce dialogue national mené du 28 mai jusqu’à mercredi à Diamniadio, près de Dakar…Parmi les points de consensus figure la « nécessité de rationaliser les partis politiques », estimés à près de 400, la création d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne dépendant pas du ministère de l’intérieur, ou encore le non-cumul des fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti. Les participants ont divergé sur notamment la création d’un statut de chef de l’opposition et la possibilité pour les citoyens de saisir le Conseil constitutionnel. Les conclusions de cette rencontre seront remises au président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024 sur un programme de rupture, qui a le dernier mot. L’opposition représentée à cette concertation a appelé le président Faye à « poser des actes de concorde et de réconciliation nationale » par « la libération de jeunes », dont plusieurs sont en détention pour « délit d’opinion », et « la fin de toutes les détentions provisoires » d’anciens responsables politiques, dans un texte publié mercredi. Plusieurs partis de l’opposition ont boycotté la rencontre, dont celui de l’ex-président Macky Sall (2012-2024), qui accuse le pouvoir de s’acharner contre ses responsables. Le Monde avec AFP

Libye : les sites de graves abus doivent être mis sous scellés et faire l’objet d’une enquête, selon l’ONU
Le chef des droits de l’homme des Nations Unies, Volker Türk, s’est déclaré mercredi choqué par les découvertes dans des centres de détention officiels et non officiels gérés par un groupe armé à Tripoli, en Libye, appelant à la mise sous scellés des sites et à des enquêtes rapides, indépendantes et transparentes de la part des autorités libyennes. Ces sites étaient sous le contrôle de l’Appareil de soutien à la stabilité (SSA), un influent groupe armé basé dans le quartier populaire d’Abou Slim, dans le sud de Tripoli. Selon M. Türk, ces découvertes confirment les constatations faites de longue date par l’ONU et les récits de divers témoins, concernant l’existence de ces sites et l’ampleur des violations commises, y compris la torture et les disparitions forcées. « Nos pires craintes se confirment : des dizaines de corps ont été découverts sur ces sites, ainsi que des instruments de torture et d’abus présumés, et des preuves potentielles d’exécutions extrajudiciaires », a affirmé dans un communiqué le chef des droits de l’homme de l’ONU…« Ces sites doivent être mis sous scellés et toutes les preuves potentielles doivent être préservées afin de soutenir les efforts immédiats d’établissement des responsabilités. Les responsables de ces actes atroces doivent être traduits en justice sans délai, conformément aux normes internationales », a dit M. Türk. Il a demandé aux autorités d’autoriser l’ONU à accéder aux sites dans le cadre de son mandat visant à documenter les violations des droits de l’homme. ONU Info