Revue de presse du 4 janvier 2024

Les élections en République démocratique du Congo : une crise persistante de légitimité
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la République démocratique du Congo (RDC) a déclaré gagnant des élections du 20 décembre le président sortant Félix Tshisekedi avec 72 % des suffrages exprimés. Ce chiffre retentissant semple peu plausible étant donné non seulement le fort soutien dont disposaient les principaux candidats de l’opposition, mais aussi le fait que les sondages réalisés avant le vote suggéraient qu’aucun candidat n’obtiendrait une majorité. Par ailleurs, aucun président sortant congolais n’a jamais gagné plus de 48 % des voix, même quand les scrutins avaient été entachés d’allégations de fraude répandue…Parmi les plaintes énoncées figurent la distribution inégale de matériel électoral, la distribution cartes d’électeurs vierges par des supporters du gouvernement, l’enrôlement de mineurs, la violence et l’intimidation par des agents de l’État et la mauvaise qualité des cartes d’électeurs, toutes des fautes étayées par les observateurs locaux et internationaux…Les irrégularités répandues recensées suggèrent que la manipulation électorale a été systématique. Les citoyens ont largement voté dans la paix, faisant preuve d’endurance, de patience et de confiance dans la démocratie en dépit du chaos et de preuves de fraude généralisée. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Présidentielle 2023 : la Cour Constitutionnelle reçoit 2 requêtes en contestation des résultats provisoires
Le greffe de la Cour Constitutionnelle a affirmé, mercredi 3 janvier, avoir reçu deux requêtes en contestation des résultats provisoires de la présidentielle 2023. Selon ces résultats proclamés le 31 décembre par la CENI, le président sortant Félix Tshisekedi a obtenu 73,34%, suivi de Moïse Katumbi (18,08%) et Martin Fayulu (5,33%). La première requête émane du candidat malheureux à la présidentielle du 20 décembre dernier, Theodore Ngoy qui conteste l’élection de Félix Tshisekedi pour nombreuses irrégularités. Il a ainsi sollicité l’annulation du scrutin du 20 décembre dernier. Devant la presse, il a demandé en même temps au président réélu de rassembler toute la classe politique rassembler les Congolais autour de la cohésion nationale pour créer les conditions de paix. La seconde requête est celle de David Eche Mpala qui remet également en cause la réélection de Félix Tshisekedi. La Cour constitutionnelle a 10 jours dès sa saisine pour statuer sur le contentieux des résultats du scrutin présidentiel contesté. Radio Okapi

L’Union africaine appelle au « respect mutuel » entre l’Ethiopie et la Somalie
L’Union africaine a appelé jeudi l’Ethiopie et la Somalie au « calme » et au « respect mutuel » après le regain de tensions entre les deux pays suscité par un accord maritime signé entre Addis Abeba et la région séparatiste du Somaliland. Avec ce « memorandum d’accord » signé lundi, la région du Somaliland – qui a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991 mais n’est pas reconnue par la communauté internationale – entend octroyer à l’Ethiopie l’accès à 20 kilomètres de ses côtes pour une durée de 50 ans, via un accord de « leasing » (location). Addis Abeba a indiqué que cela lui permettra de bénéficier d' »une base navale permanente (…) et de services maritimes commerciaux sur le golfe d’Aden », notamment dans le port de Berbera. Mogadiscio a dénoncé une « agression » et une « violation flagrante de sa souveraineté », promettant de combattre ce texte « illégal » par « tous les moyens légaux ». Dans un communiqué jeudi, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, « appelle au calme et au respect mutuel pour apaiser les tensions qui couvent » entre Somalie et Ethiopie. Il les exhorte « à s’abstenir de toute action qui pourrait involontairement conduire à une détérioration des bonnes relations entre les deux pays voisins » et leur demande de « s’engager sans délai dans un processus de négociation ». « Il souligne l’impératif de respecter l’unité, l’intégrité territoriale et la pleine souveraineté de tous les Etats membres de l’Union africaine, y compris la République fédérale de Somalie et la République fédérale démocratique d’Ethiopie », ajoute le texte.  AFP

Le général soudanais Daglo au Kenya, nouvelle étape d’une tournée est-africaine
Le général Mohamed Hamdane Daglo, commandant des forces paramilitaires en guerre contre l’armée au Soudan, est arrivé mercredi au Kenya, nouvelle étape d’une tournée en Afrique de l’Est où se multiplient les efforts diplomatiques pour des négociations de paix. Depuis une semaine, le général Daglo s’est rendu en Ouganda, en Éthiopie et à Djibouti, ses premiers déplacements officiels à l’étranger depuis le début du conflit au Soudan mi-avril. Ils interviennent alors que l’Igad, dont Djibouti occupe la présidence, redouble d’efforts pour amener à la table des négociations le général Daglo, également connu sous le nom de « Hemedti », et le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés depuis le début de la guerre qui a plongé le Soudan dans le chaos et l’urgence humanitaire, faisant 12.000 morts, selon une estimation prudente de l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project, et plus de sept millions de déplacés, selon l’ONU. AFP

Sierra Leone: l’ex-président Koroma inculpé suite à la « tentative de coup d’Etat »
L’ancien président sierra-léonais Ernest Bai Koroma, qui a dirigé le pays de 2007 à 2018, a été inculpé mercredi pour son rôle présumé dans les événements du 26 novembre, qualifiés de « tentative de coup d’Etat » par le gouvernement. « L’ancien président est inculpé de quatre infractions, dont trahison et dissimulation de trahison », a indiqué un communiqué du gouvernement signé par le ministre de l’Information Chernor A. Bah. Aux premières heures du 26 novembre, des hommes ont attaqué une armurerie militaire, deux autres casernes, deux prisons et deux postes de police, affrontant les forces de sécurité les armes à la main. Les combats ont fait 21 morts, 14 soldats, un policier, un gardien de prison, un agent de sécurité, une femme et trois assaillants, selon le ministre de l’Information. Au moins quatre-vingt personnes ont été arrêtées en lien avec ces événements, majoritairement des militaires, selon les autorités…Le 23 décembre, une délégation de haut niveau de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) menée par les présidents sénégalais et ghanéen, avait rencontré M. Koroma et le président en exercice Julius Maada Bio. Selon Ishmael Sheriff, conseiller de M. Koroma, l’ex-président est en discussion pour un exil au Nigeria, poids lourd de la région qui exerce actuellement la présidence de la Cedeao, a-t-il indiqué à l’AFP avant l’annonce de l’inculpation. AFP

Des centaines de rebelles du UFDD rentrent au Tchad pour intégrer le processus de DDR
Près de 900 combattants du groupe rebelle tchadien UFDD sont rentrés au pays mardi en vue d’intégrer le processus de désarmement. L’UFDD, avait failli renverser Idriss Déby en 2008, en parvenant jusqu’à N’Djamena avant d’être contrainte à la retraite. Ces hommes sont actuellement stationnés vers Faya-Largeau en attente de leur cantonnement. Plusieurs centaines d’autres membres du groupe doivent suivre le même chemin prochainement. Ce retour est la conséquence de la signature de l’accord de Doha en août 2022, par le chef de l’Union des forces pour la démocratie et le développement, Mahamat Nouri. Selon l’UFDD, ce sont près de 900 hommes et une petite centaine de véhicules qui avaient été rassemblés par l’état-major dans le sud de la Libye. Mardi matin, ils sont arrivés à Oumoul, localité située à une 40aine de km de Faya-Largeau, où réside Mahamat Nouri depuis plusieurs mois…Depuis, l’UFDD joue le jeu de la transition : son vice-président Mahamat Assileck Halata est ministre de l’Urbanisme, et deux de ses membres ont intégré le Parlement…Dans le cadre du processus de Désarmement-Démobilisation-Réintégration, certains pourront intégrer l’armée, d’autres corps comme la police ou la douane, des administrations, ou regagner la vie civile. Selon Mahamat Assileck Halata, un autre contingent de 400 hommes devrait suivre prochainement, et l’UFDD cherche à regrouper plusieurs dizaines d’autres éparpillés entre le Soudan, le Niger et la Centrafrique. RFI

Sénégal: la Cour suprême doit statuer dans le procès pour diffamation d’Ousmane Sonko
Ousmane Sonko pourrait être définitivement fixé sur son éligibilité ce jeudi. La Cour suprême doit examiner le pourvoi en cassation introduit par ses avocats après sa condamnation en appel à six mois de prison avec sursis pour diffamation face à l’actuel ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. En cas de condamnation définitive, l’opposant qui a été récemment réintégré sur les listes électorales perdra ses droits civiques. Pour l’heure, Ousmane Sonko peut théoriquement toujours se présenter à l’élection présidentielle du 25 février. Même s’il a été condamné en juin à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, il jouit toujours de ses droits civiques. Le mois dernier, le tribunal d’instance de Dakar a ordonné sa réinscription sur les listes électorales. Le candidat a donc déposé son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel qui doit l’examiner cette semaine. Mais l’audience de ce jeudi pourrait refaire basculer les choses. Pour rappel, il s’agit d’une autre affaire, dans laquelle il avait été condamné en appel en mai dernier à six mois de prison avec sursis et une amende de 200 millions de francs CFA pour diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Il l’avait accusé de détournements dans le cadre du projet Prodac de développement agricole. Si sa condamnation est maintenue, Ousmane Sonko sera définitivement privé de ses droits civiques et éliminé de la course. Mais il faut noter que son camp a un autre candidat potentiel : Bassirou Diomaye Faye, bras droit de Sonko et cofondateur de l’ancien parti Pastef. Il a également déposé son dossier au Conseil constitutionnel. RFI

Présidentielle aux Comores: un candidat critique la Commission électorale nationale qui se défend
Aux Comores, à l’approche de la présidentielle du 14 janvier 2024, un des six candidats, Daoudou Abdallah Mohamed, s’en est pris à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), dénonçant notamment des « irrégularités » dans le recrutement de membres de bureaux de vote et dans la distribution de cartes d’électeurs. « Des accusations sans fondement », selon le porte-parole de la Céni, Mohamed Abderemane Hilali. Aux Comores, Daoudou Abdallah Mohamed, candidat à la présidentielle comorienne et leader du parti Orange, a critiqué la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il a notamment affirmé que la Céni manque de neutralité. L’ancien ministre de l’Intérieur a également pointé du doigt le recrutement des membres des bureaux de vote, qui ne respecte pas les critères convenus. Sur l’île de Mwali, la formation des membres des bureaux de vote a été annulée, parce que le président de la Commission électorale insulaire indépendante (CEII) a présenté des listes contenant des personnes qui n’ont pas été retenues lors des recrutements lancés par la Céni…En réponse aux accusations de Daoudou Abdallah Mohamed, le porte-parole de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Mohamed Abderemane Hilali, a invité l’ancien ministre de l’Intérieur à présenter des preuves de ce qu’il avance et à saisir la Cour suprême en sa section électorale. Selon Mohamed Abderemane Hilali, la Céni a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des candidats et des électeurs, mais aussi du processus lui-même. RFI

Législatives au Togo: «On ne peut pas aller directement à l’élection, il va falloir une large consultation»
Au Togo, des d’ONG expriment leur inquiétude alors que le mandat des députés est arrivé à expiration, car aucun scrutin n’y a été organisé dans les délais. Les autorités assurent qu’elles auront lieu avant fin mars. Des organisations comme l’Association des victimes de la torture au Togo (Asvitto) interpellent le chef de l’État. « Le principe de séparation des pouvoirs exige qu’une solution soit trouvée à ce vide institutionnel, en vue d’avoir un gouvernement de consensus et légitime, avant tout processus électoral », estime le président de l’Asvitto. Au Togo, la société civile interpelle le chef de l’État, Faure Gnassingbé, après l’expiration du mandat des députés, intervenue le 31 décembre, faute de scrutin organisé dans les délais. Dans un communiqué, douze organisations non-gouvernementales (ONG) togolaises exigent du président qu’il ouvre « un cadre de discussion très inclusif » pour mener à « des élections libres et transparentes » afin de mettre fin à une situation où, selon ces organisations, le gouvernement a perdu un des piliers de sa légitimité.  RFI

Arrestation en Tunisie d’un journaliste d’Al Jazeera
Les forces de sécurité tunisiennes ont arrêté mercredi soir un journaliste du bureau local de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, a indiqué à l’AFP le directeur de ce bureau. « Notre collègue Samir Sassi a été arrêté après que les forces de sécurité ont perquisitionné son domicile et ont saisi son ordinateur, son téléphone et ceux de sa femme et de ses enfants », a expliqué Lotfi Hajji. Le responsable a dit ne pas savoir où ce journaliste tunisien quinquagénaire a été emmené ni les motifs de son interpellation. « Les forces de sécurité n’ont pas communiqué ni à sa famille ni à lui-même les raisons de son arrestation, et les avocats cherchent à savoir où il est détenu », a ajouté M. Hajji. Le bureau d’Al Jazeera, chaîne télévisée basée au Qatar, est officiellement fermé depuis le coup de force par lequel le président Kais Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021. Aucune explication officielle n’avait été fournie pour cette fermeture et les journalistes de la chaîne ont été autorisés à continuer de travailler. Le 1er janvier, un autre journaliste tunisien Zied Heni a été placé sous mandat de dépôt en attente d’un procès prévu le 10 janvier. Il est accusé d’avoir porté « atteinte à la personne » de la ministre du Commerce, Kalthoum Ben Rejeb, lors d’une émission radio qu’il anime régulièrement. AFP