Vers une renaissance du panafricanisme ?
Le mouvement panafricain célèbre en 2024 son 105ème anniversaire. Pendant des décennies, le dialogue panafricaniste en Afrique, dans les Caraïbes et dans les Amériques a permis de jeter les bases intellectuelles de la décolonisation et de définir les principes de la paix, de la démocratie et des droits humains pour guider les sociétés africaines nouvellement indépendantes sur le continent. Pourtant, aujourd’hui, les partis d’opposition, les médias et la pensée indépendante sont souvent violemment réprimés dans de nombreuses régions d’Afrique, ce qui entraîne un rétrécissement de l’espace intellectuel pour la pensée critique et le dialogue…Les étudiants, les intellectuels, les chercheurs, les poètes et les critiques littéraires font régulièrement partie des groupes les plus ciblés et les plus incarcérés en Afrique. La lutte persistante pour la liberté, la justice et la démocratie en Afrique aujourd’hui s’inscrit dans le cadre d’un débat permanent et d’une question plus large sur la représentation de l’Afrique et sur les intérêts que les gouvernements sont censés servir, qu’il s’agisse des chefs d’État ou des citoyens. Elle soulève également la question de savoir comment le panafricanisme, héritage de longue date du continent, peut être utilisé pour faire face à la réalité actuelle du recul de la démocratie sur le continent. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique
Sénégal: le président Bassirou Diomaye Faye dévoile les grandes orientations de sa politique
Vingt-quatre heures après son investiture, Bassirou Diomaye Faye, cinquième et plus jeune président du Sénégal, a prononcé son premier discours à la nation, à l’occasion du 64e anniversaire de l’indépendance, célébré ce jeudi 4 avril. L’occasion de donner les grandes lignes d’orientation de sa politique… Il a annoncé des concertations en vue de prendre des mesures fortes concernant la vie chère. Mais avant, il a rappelé que la jeunesse est au centre de ses préoccupations…Le nouveau président a également évoqué la volonté de réformer en profondeur le système électoral, à l’issue de concertations avec la classe politique et la société civile : rationaliser les partis politiques et leur financement, par exemple, mais aussi corréler l’obtention de sa carte d’identité à l’inscription au fichier électoral. La réforme de la justice, autre chantier prioritaire. Pour « réconcilier » cette justice avec les Sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a promis des assises avec les métiers du secteur. Mais surtout, l’ancien inspecteur des impôts, devenu président de la République, a insisté sur sa volonté d’instaurer une gouvernance vertueuse, notamment en vue de la prochaine exploitation des ressources pétrolières et gazières. RFI
Mohammed VI « seul chef d’État en dehors des leaders de la région » invité à l’investiture de Bassirou Diomaye Faye
Hormis les dirigeants de la région, Mohammed VI est le seul chef d’État à avoir reçu une invitation pour prendre part à la cérémonie d’investiture du président élu sénégalais. Rabat y voit une illustration des relations de proximité que les deux pays entretiennent depuis longtemps. Au Sénégal, c’est une délégation marocaine nombreuse, forte de responsables de haut niveau (le Premier ministre, Aziz Akhannouch, et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, étaient présents) qui est venue assister, ce 2 avril, à l’investiture du nouveau président Bassirou Diomaye Faye…Exceptionnelles à différents niveaux, les relations d’amitié entre Rabat et Dakar se sont intensifiées sous l’ère Mohammed VI. Des partenariats classiques aux rapports séculaires les liant, les deux pays n’ont eu cesse de se rapprocher sur les plans politique, économique, social et culturel au cours des deux dernières décennies. Comme en témoigne les huit visites officielles de Mohammed VI à Dakar depuis son accession au trône. Jeune Afrique
La Côte d’Ivoire accueille le président italien pour parler énergie et immigration
Le président italien Sergio Mattarella était mercredi en visite en Côte d’Ivoire où il a rencontré son homologue Alassane Ouattara pour évoquer notamment la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’énergie et sur les questions migratoires…Le géant italien Eni a démarré fin août, conjointement avec la compagnie ivoirienne Petroci, la production de pétrole et de gaz naturel du champ « Baleine » dont la production pourrait atteindre 150.000 barils/jour de pétrole et 200 millions de pieds cubes/jour de gaz. Le mois dernier, le PDG d’Eni, Claudio Descalzi, avait annoncé la découverte d’un nouveau gisement, baptisé « Calao », avec un potentiel de 1 à 1,5 milliard de barils de pétrole…Les questions d’immigration illégale ont également été abordées par les deux présidents, lors de leur entretien mercredi matin…Début 2023, les Ivoiriens constituaient la deuxième nationalité représentée parmi les ressortissants subsahariens ayant débarqué en Italie, selon le Haut Commissariat aux Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon l’OIM, plus de 2.270 personnes sont mortes en 2023 en Méditerranée centrale en tentant de rallier clandestinement l’Europe, soit 60% de plus que l’année précédente. AFP
Madagascar demande le départ de l’ambassadrice de l’Union européenne
À Madagascar, les autorités demandent le départ de l’ambassadrice de l’Union européenne (UE). Agacé par différentes prises de paroles successives d’Isabelle Delattre, le président malgache Andry Rajoelina a réclamé – par l’intermédiaire de sa ministre des Affaires étrangères – à Bruxelles le remplacement de la diplomate européenne. Une première, dans l’histoire des relations entre la Grande Île et l’UE. Ce qui a fait déborder le vase, c’est sans nulle doute la dernière conférence de presse du 26 février où l’ambassadrice de l’Union européenne Isabelle Delattre a rappelé que la loi autorisant la castration chirurgicale, qui venait d’être validée par la Haute cour constitutionnelle du pays, était contraire aux traités internationaux. Le même jour, elle se disait « régulièrement frustrée » – en tant que partenaire qui a contribué à améliorer le réseau routier de l’île – de voir que le fonds d’entretien routier n’avait pas les moyens d’entretenir ce réseau. Ces crispations avec le pouvoir en place ne sont pas nouvelles. Depuis son arrivée sur la Grande Île en septembre 2022, la représentante européenne s’est souvent exprimée avec franchise sur des sujets qui ont eu le don d’irriter au plus haut sommet de l’État. RFI
Au Togo, nouveau report des élections législatives après l’adoption d’un projet de nouvelle Constitution
Après plus d’une semaine de remous politiques au Togo où l’opposition et la société civile contestent un projet de nouvelle Constitution adopté par l’Assemblée, le chef de l’Etat a annoncé mercredi 3 avril le report des élections législatives et régionales prévues le 20 avril. « Le gouvernement procédera à un léger réaménagement du calendrier des élections législatives et régionales », a affirmé la présidence dans un communiqué, également lu à la télévision d’Etat, sans préciser de nouvelle date. Le 25 mars, les députés togolais avaient adopté une nouvelle Constitution visant à faire passer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. Cette réforme a été vivement contestée par l’opposition et par la société civile, qui y voient une manœuvre du président pour se maintenir au pouvoir, ce qui avait poussé le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, à demander un nouveau vote des députés quelques jours plus tard…Aux termes du nouveau texte, le pouvoir résidera entre les mains d’un « président du conseil des ministres », sorte de premier ministre « désigné » par les députés, chargé des fonctions régaliennes. Son mandat doit être de six ans, sans qu’il soit précisé s’il sera renouvelable ou non. C’est ce point qui inquiète l’opposition qui craint que Faure Gnassingbé ne soit désigné à cette fonction, assurant son maintien au pouvoir pour une durée indéfinie. Le Monde avec AFP
Afrique du Sud: l’ex-présidente du Parlement inculpée pour corruption
L’ex-présidente du Parlement en Afrique du Sud a été inculpée jeudi de treize chefs de corruption et blanchiment dans le cadre d’une affaire qui a ressurgi à moins de deux mois d’élections cruciales pour l’ANC au pouvoir dont elle est une figure. Nosiviwe Mapisa-Nqakula, 67 ans, nommée à la tête du Parlement en 2021 et membre du tout-puissant Comité exécutif national (NEC) du Congrès national africain (ANC) qui règne sur le pays depuis la fin de l’apartheid, a été présentée à un tribunal de Pretoria à la mi-journée. Quelques heures plus tôt, elle avait été arrêtée après s’être présentée d’elle-même dans un commissariat au sud de Pretoria…Nosiviwe Mapisa-Nqakula est accusée d’avoir perçu d’importantes sommes d’un contractant militaire lorsqu’elle était ministre de la Défense (2014-2021)…Mercredi, la présidente du Parlement a présenté sa démission. Elle a déclaré quitter ses fonctions afin de préserver l’intégrité de l’institution et se concentrer sur l’enquête ouverte contre elle…Cette affaire survient à moins de deux mois d’élections particulièrement à risques pour l’ANC, en perte de popularité notamment en raison d’une image entachée par les affaires de corruption et un climat socio-économique morose. AFP
En Libye, l’assise du premier ministre Dbeibah fragilisée
Un vent mauvais souffle sur le gouvernement d’union nationale de Tripoli. Le premier ministre investi en 2021, jusque-là habile à déminer les résistances envers son pouvoir, notamment en achetant la paix civile grâce à un populisme budgétaire généreusement financé par la manne pétrolière, fait face, depuis quelques semaines, à une érosion de son assise politique. Sa tutelle, de facto limitée à l’Ouest libyen en raison de la partition persistante du pays, butte désormais sur une triple hypothèque : la menace de l’assèchement financier, la fragilité du pacte sécuritaire entre milices dans la région de la Tripolitaine et des tensions non résolues avec le maréchal Khalifa Haftar, l’« homme fort » de la Cyrénaïque (Est) où opère un gouvernement parallèle. Alors que la Libye avait connu une stabilité relative depuis l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 entre les deux camps rivaux de l’Est et de l’Ouest libyen, la montée de ces crispations inquiète les chancelleries occidentales. Le Monde
Le Niger convoque l’ambassadeur algérien pour « protester » contre les violences lors de refoulements de migrants
Le gouvernement du régime militaire nigérien a convoqué, mercredi 3 avril, l’ambassadeur d’Algérie à Niamey pour « protester » contre « le caractère violent » des opérations de refoulement de milliers de migrants ouest-africains par l’Algérie vers le Niger voisin, selon un communiqué consulté jeudi par l’Agence France-Presse. D’après les autorités de Niamey, Alger a « intensifié depuis quelques jours » ses opérations de refoulement de migrants subsahariens en situation irrégulière…Depuis 2014, des dizaines de milliers de migrants en situation irrégulière originaires d’Afrique de l’Ouest et centrale, dont des femmes et des mineurs, ont été refoulés d’Algérie, pays considéré comme un eldorado et un point de transit vers l’Europe. Les migrants refoulés sont généralement abandonnés en plein désert à la frontière avec le Niger et souvent secourus par les agences des Nations unies qui les hébergent dans leurs centres du Nord nigérien. Le Monde avec AFP
Tchad: polémique après l’apparition d’affiches électorales du président de la transition avant la campagne officielle
Au Tchad, depuis quelques jours, des affiches et portraits à l’effigie du président de transition et candidat à l’élection présidentielle fleurissent sur des panneaux d’affichages installés sur les principaux axes routiers de Ndjamena et dans certaines villes de province, selon de nombreux témoins sur les réseaux sociaux. L’opposition parle d’une grave violation du Code électoral qui interdit de faire campagne en dehors de la campagne électorale, prévue du 14 avril au 4 mai. Elle s’en prend à l’organe de gestion des élections, l’Ange, qui a finalement réagi hier mercredi…« Depuis que le président pose des affiches, l’Ange n’a pas levé le petit doigt pour l’arrêter, ça veut dire qu’elle a là une attitude partisane, » s’insurge Brice Mbaïmon Guedmbaye, [l’opposant et candidat à la présidentielle] « Donc nous pensons que compte tenu de leur nomination qui a fait polémique, on est en train d’être confirmés dans nos convictions que l’ANGE a une posture partisane. » L’organisation a réagi mercredi après-midi : elle a « exigé à tous les candidats, le retrait des affiches et autres portraits de campagne sur l’ensemble du territoire national ». Mais sans oser préciser qu’il s’agit, dans le cas d’espèce, des affiches du candidat Mahamat Idriss Deby, ironise l’opposition. L’Ange prévient : les sanctions prévues par le Code électoral seront appliquées si ces affiches ne sont pas retirées tout de suite des panneaux d’affichages. RFI
Le Zimbabwe décrète l’état de catastrophe nationale face à la sécheresse et à ses conséquences alimentaires
Le Zimbabwe est le troisième pays d’Afrique australe à mettre en place ce dispositif, après le Malawi et la Zambie, ce qui va lui permettre de débloquer des fonds exceptionnels pour faire face à la crise. Aucun Zimbabwéen ne doit succomber à la faim, a déclaré mercredi soir le président Emmerson Mnangagwa. Selon lui, 2,7 millions de personnes devraient manquer de nourriture cette année, en raison des faibles pluies. Et les récoltes en céréales ne devraient nourrir qu’à peine plus de la moitié de la population, a-t-il alerté. L’état de catastrophe nationale va permettre au gouvernement de débloquer des fonds exceptionnels pour acheter des céréales aux pays voisins. Mais cette année, les fournisseurs traditionnels, la Zambie et le Malawi, risquent, eux aussi, d’enregistrer de mauvaises récoltes et donc d’être dans l’incapacité d’aider leur voisin. Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des Nations unies, certaines régions du Malawi, du Mozambique, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe, n’ont reçu que 80 % des précipitations ces derniers mois. RFI
Le Ghana augmente le prix du cacao de 50 % pour soutenir les producteurs et lutter contre la contrebande
Le Ghana va augmenter jusqu’à 50% le prix fixe payé aux producteurs de cacao, qui est actuellement de 1.574,66 dollars la tonne, pour que les agriculteurs bénéficient des avantages de la hausse des prix mondiaux et contrer la contrebande de fèves. C’est ce qu’a déclaré mercredi le Cocobod, l’office national de commercialisation du cacao…Une source proche de la pensée du Cocobod a déclaré que le Ghana cherchait à « neutraliser » l’impact de la hausse des prix en Côte d’Ivoire, compte tenu de son impact potentiel sur la contrebande…Les prix du cacao ont plus que triplé au cours de l’année dernière, les maladies et les intempéries au Ghana et en Côte d’Ivoire voisine ayant poussé le marché mondial vers un troisième déficit consécutif…Le prix du cacao garanti par l’État du Ghana est actuellement de 20 943 cedi (1 574,66 dollars) la tonne, soit environ 21 cedi le kilogramme. La Côte d’Ivoire a augmenté mardi son prix à la production à 1 500 francs CFA (2,47 dollars, soit environ 33 cedi) le kg pour la récolte de mi-avril à septembre de la campagne 2023/24, contre 1 000 francs CFA la saison dernière. Reuters