Les spéculations vont bon train quant à l’ouverture par l’Armée populaire de libération (APL) chinoise de sa deuxième base navale en Afrique, sur la côte atlantique. Cette base s’inscrirait dans la volonté de la Chine de devenir une force militaire mondiale capable de projeter sa puissance loin de ses côtes. Les lieux les plus souvent évoqués sont la Guinée équatoriale, l’Angola et la Namibie. Les dirigeants des entreprises d’État chinoises à l’étranger ont fait pression pour que l’APL soit plus expéditive en Afrique. À elle seule, l’Afrique accueille plus de 10 000 entreprises chinoises, un million d’immigrants chinois et environ 260 000 travailleurs chinois, qui travaillent pour la plupart sur le projet « One Belt One Road » (connu internationalement sous le nom d’initiative « Belt and Road ») – la stratégie chinoise visant à relier les corridors économiques mondiaux à la Chine. Les futurs scénarios de base militaire de la Chine soulèvent de nombreuses questions. L’Afrique émet de fortes réserves à l’encontre des bases étrangères, comme en témoigne une décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) de 2016 avertissant les pays d’être « circonspects » quant à l’autorisation de nouvelles bases. Une présence accrue de l’APL pourrait inciter d’autres pays à lui emboîter le pas et accélérer la transformation de l’Afrique en un terrain propice à la concurrence extérieure. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Le nombre de morts civiles et de violations des droits imputables à l’armée malienne soutenue par des militaires étrangers a connu une « hausse exponentielle » au premier trimestre de 2022, a indiqué, lundi 30 mai, la mission de l’ONU (Minusma) dans le pays. La junte au pouvoir depuis août 2020 dans ce pays en proie à la propagation djihadiste et aux violences de toutes sortes a réfuté ces affirmations. Si les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l’organisation Etat islamique (EI) sont restés les principaux auteurs des violences contre les civils, la Minusma a dénombré 320 violations imputables aux forces de sécurité, appuyées « à certaines occasions par des éléments militaires étrangers », au cours des trois premiers mois de l’année, contre 31 le trimestre précédent. Sur ces 320, 248 se sont traduites par la mort de civils, dit la Minusma dans une note trimestrielle. Elle parle d’« exécutions extrajudiciaires », de disparitions forcées et d’actes de torture. … La junte s’est détournée ces derniers mois de la France et de ses partenaires européens, et tournée vers la Russie. Les Européens ont annoncé en février leur retrait militaire du Mali en invoquant le recours des colonels au Groupe Wagner, malgré les agissements controversés de celui-ci, ainsi que les « multiples obstructions » de la part des autorités maliennes à leur action après des années d’engagement. Le Monde avec AFP
Au Burkina Faso, les forces armées annoncent avoir tués douze terroristes, parmi lesquels Tidiane Djbrilou Dicko, un chef jihadiste. L’opération qui a permis de les « neutraliser » s’est déroulée le jeudi 26 mai dernier dans la commune de Tongomayel, dans la province du Soum par des frappes aériennes selon une source au sein de l’état-major général des armées. Selon plusieurs sources sécuritaires, Tidiane Djibrilou Dicko est localement reconnu comme étant un homme très cruel et suivi par de nombreux jeunes dans la province du Soum. Cette cruauté avait été remarquée après l’attaque terroriste contre Silgadji, son propre village natal. L’attaque avait coûté la vie à une quarantaine de personnes, en janvier 2020. Tidiane Djibrilou et ses combattants avaient encerclé les populations au marché du village. Les hommes avaient été exécutés et les femmes sommées de partir. « Il avait beaucoup d’influence sur le jeunes, surtout au sud de Djibo », souligne un haut gradé au sein des forces armées burkinabè. Combattant de l’État islamique au Grand Sahara, il aurait basculé récemment au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Selon nos sources, il était à l’origine de plusieurs attaques au Sahel notamment sur l’axe Bourzanga-Djibo. RFI
Au Mali, le Jnim, le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à Al Qaeda au Maghreb islamique, bloque un axe routier du centre du pays depuis mercredi. Le tronçon qui relie les villes de Douentza et de Gao, dans les régions de Mopti et de Gao, est soumis depuis le 25 mai à un blocus jihadiste qui empêche la desserte de localités importantes comme Hombori ou Boni. Résultat, les autocars censés emprunter ce tronçon restent stationnés et plusieurs centaines de voyageurs sont en attente depuis des jours, jusqu’à une semaine pour certains, dans cette localité. « Par crainte pour leur vie, les gens ont opté pour rester à Douentza en attendant », selon Hamadoun Alhousseyni Maïga, le coordinateur national de l’ONG Gradp. Ce groupe Recherche-Action pour le développement de proximité apporte un soutien alimentaire à ces passagers bloqués à Douentza. « En tant qu’acteur humanitaire, nous avons jugé nécessaire de leur apporter de l’assistance alimentaire, notamment en termes de restauration, pour alléger leurs souffrances », détaille le coordinateur. RFI
Les conflits armés ont aggravé les effets délétères du réchauffement climatique dans la région, et plongé des populations entières, dont des millions de déplacés, en situation d’urgence alimentaire. Leur extrême vulnérabilité est aujourd’hui accentuée par la pandémie de Covid-19 et les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne cesse d’alerter sur les effets à venir du dérèglement climatique, certaines régions du monde sont déjà frappées de plein fouet. La Corne de l’Afrique est actuellement sous le coup d’une sécheresse exceptionnelle aux conséquences potentiellement dévastatrices pour l’agriculture, menaçant des populations déjà en situation d’urgence alimentaire. Ces populations vulnérables, très exposées au risque de famine, se trouvent surtout dans les zones de conflit. A celles-ci s’ajoutent les réfugiés et les déplacés, toujours plus nombreux, fuyant les violences. Le Monde
C’est un symbole des ravages de la guerre civile sur l’économie du Tigré. Autrefois, l’entreprise Addis Pharmaceutical Factory, nichée dans les montagnes arides de la province du nord, produisait la majeure partie des médicaments destinés au marché éthiopien. Située à Adigrat, à une trentaine de kilomètres de la frontière érythréenne, l’imposante fabrique employait près d’un millier de travailleurs. Mais le 19 décembre 2020, un mois seulement après le déclenchement des hostilités opposant les autorités éthiopiennes aux rebelles tigréens, l’ancien fleuron national est parti en fumée. « Ils l’ont détruite de telle sorte que tout soit inutilisable, irréparable », accuse Hayelom Kebede, l’ancien directeur de l’hôpital Ayder de Makalé, la capitale provinciale, qui pointe la responsabilité de l’armée érythréenne, alliée du premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed : « Ils ont volé les machines les plus importantes et ont volontairement cassé ce qu’ils ne pouvaient pas emporter. » Seize employés cherchant à défendre leur usine ont été massacrés par les soldats d’Asmara. Le Monde
Le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), s’est dit « gravement préoccupé », dimanche 29 mai, par la « montée de la tension » entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), exhortant les deux pays « au calme et au dialogue pour la résolution pacifique de la crise, avec le soutien des mécanismes régionaux et de l’Union africaine ». Le Rwanda a affirmé samedi que deux de ses soldats étaient retenus en captivité après leur enlèvement par des rebelles en RDC, accusant les autorités de ce pays de les soutenir. Cette déclaration intervient après que la RDC a convoqué l’ambassadeur du Rwanda et accusé son voisin de soutenir le groupe rebelle M23, actif dans sa région orientale. Selon les Forces de défense rwandaises (RDF), ses deux soldats ont été enlevés lors d’une patrouille et sont détenus dans l’est de la RDC par des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). L’armée congolaise a répondu qu’elle détenait les deux militaires recherchés, selon un communiqué publié dimanche. « Contrairement aux déclarations des officiels [rwandais], les militaires des RDF opèrent effectivement sur le territoire congolais. Pour preuve, l’arrestation par la population du caporal Nkundabangezi Elysée et du soldat Minuare Gadi », a écrit le général de brigade Sylvain Ekenge. Le Monde avec AFP
Est-ce la fin de l’exception ghanéenne ? Seul pays du golfe de Guinée à avoir échappé jusqu’à présent à des attaques terroristes, le petit pays d’Afrique de l’Ouest voit la menace se rapprocher. Dans son dernier rapport annuel, publié le 9 mai, le Centre ouest-africain de lutte contre l’extrémisme (Wacce) s’alarme de la poussée vers le sud des groupes terroristes sahéliens. « Cette propagation rend la situation des régions frontalières du Ghana extrêmement préoccupante », avertit le rapport dès son préambule. Les zones qui séparent le territoire ghanéen de la région burkinabée des Cascades et du nord de la Côte d’Ivoire sont en effet extrêmement poreuses. Pour la seule frontière avec le Burkina Faso, plus de 189 points d’entrée non officiels ont été recensés en 2019 par le Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix (Wanep). De nombreuses katibas du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) se sont implantées courant 2021 dans la région des Cascades, faisant du nord du Ghana une zone de repli idéale pour les groupes armés opérant dans les espaces transfrontaliers. Des numéros avec l’indicatif du Ghana (+233) ont ainsi été retrouvés par les forces de l’opération française « Barkhane » dans des téléphones portables de djihadistes arrêtés au Sahel. Le Monde
L’ancien vice-président nigérian et opposant de longue date Atiku Abubakar a été désigné candidat de l’opposition, samedi 28 mai, pour la présidentielle prévue en février 2023, le parti au pouvoir reportant quant à lui d’une semaine sa primaire pour désigner son candidat. « Aujourd’hui nous écrivons l’histoire, une histoire qui, nous le croyons, va apporter des changements fondamentaux », a dit M. Abubakar à ses partisans réunis à Abuja, où le vote a été organisé. Ce musulman du nord du pays, âgé de 75 ans, a été désigné à l’issue d’une primaire du Parti démocratique populaire (PDP) et tentera pour la sixième fois d’être élu président du Nigeria. Le Congrès des progressistes (APC), au pouvoir, tiendra quant à lui sa primaire du 6 au 8 juin pour choisir un candidat devant succéder au président Muhammadu Buhari, qui a annoncé ne pas se représenter après ses deux mandats. Pour tenter de concilier ce pays extrêmement divisé entre un nord musulman et un sud chrétien et où vivent près de 250 ethnies, une règle tacite prévoit une rotation de la présidence tous les deux mandats entre les candidats du nord et du sud. Or M. Abubakar, ancien chef des douanes et vice-président (1999-2007), est originaire du nord, tout comme le président Buhari, contrairement à la plupart des principaux candidats de l’APC, originaires du sud. Le Monde avec AFP
Au Soudan, 24h après l’annonce de la levée de l’état d’urgence dans le pays dimanche soir, les réactions sont mitigées. L’Union africaine, l’organisation régionale Igad et la mission des Nations unies au Soudan se félicitent de ce « pas positif » vers une solution pacifique. Dimanche soir, le numéro un du régime militaire, le général al-Burhane, a annoncé la fin de l’état d’urgence imposé lors de son putsch le 25 octobre 2021. À l’époque il avait également fait arrêter ses partenaires civils et limogé le gouvernement de transition. Il s’agit d’une main tendue a indiqué le leader de la junte, qui plaide désormais pour un dialogue avec l’ensemble des forces politiques. Mais il ne s’agit pas d’une main tendue, s’insurge, Hamid Murtada qui depuis le début de la contestation, il y a trois ans, manifeste chaque semaine pour demander le départ de la junte. Pour ce jeune manifestant, la levée de l’état d’urgence ne va rien changer à la mobilisation. « Avec ou sans l’état d’urgence, les forces de sécurité continuent d’opérer en toute illégalité. Donc pour nous, ça ne fait aucune différence. Nous allons continuer à manifester comme d’habitude. Et nous nous attendons au même niveau de violence et de répression. » Les manifestants refusent tout dialogue avec les militaires et exigent le retour d’un gouvernement civil, chassé par le putsch d’octobre dernier. RFI
Un employé local de l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a été abattu, samedi, par un « membre des forces armées centrafricaines » dans le nord-ouest de la Centrafrique, pays en proie à une guerre civile, a annoncé mardi l’ONG. Il a été tué « par un membre des forces armées centrafricaines », a précisé le chef de la mission de MSF Espagne dans le pays. … Mahamat Ahamat, « distributeur de médicaments » centrafricain de 46 ans, « a été touché à trois reprises » à Moyenne-Sido, à 500 km au nord de la capitale Bangui, près de la frontière tchadienne, écrit l’ONG dans un communiqué. Il a été tué « par un membre des forces armées centrafricaines », a précisé à l’AFP Romain Briey, chef de la mission de MSF Espagne dans le pays. France24 avec AFP
Politique, sécurité, économie, l’heure est au réchauffement des relations entre les pays africains et Israël. En témoigne une conférence organisée le mardi 31 mai à l’ambassade d’Israël à Paris qui vise à promouvoir le renforcement de l’État hébreu en Afrique avec la participation du chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid en visioconférence. TV5Monde