L’influence de la Chine sur les médias africains
Les pratiques chinoises de désinformation en Afrique ne sont pas nouvelles et, jusqu’à récemment, elles étaient explicitement décrites par le gouvernement chinois comme des campagnes de propagande, selon un éminent spécialiste des médias, le Dr Bob Wekesa, de l’université de Witwatersrand, en Afrique du Sud. Fort de son expérience dans les médias kenyans et de ses recherches sur les médias chinois, Dr. Wekesa définit l’approche chinoise du secteur des médias comme un « contrôle total de l’information par l’État ». Cette conception considère l’information comme un capital à exploiter par l’État plutôt que comme un bien public fondé sur des normes journalistiques. Dr. Wekesa explique que contrairement à d’autres acteurs extérieurs qui ont parrainé des campagnes de désinformation en Afrique, la Chine a poursuivi une approche plus institutionnalisée dans l’exportation de ses pratiques médiatiques en Afrique. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Au Nigeria, Bola Tinubu, un businessman à la tête d’un pays en difficulté
Trois mois après les élections générales contestées du 25 février, Bola Ahmed Tinubu succède officiellement à Muhammadu Buhari à la présidence du Nigeria ce lundi 29 mai. Après une période électorale éprouvante, marquée par une grave pénurie de liquidités et de carburant dans le pays, beaucoup comptent sur cette passation de pouvoir pour donner un nouvel élan au Nigeria. Le pays le plus peuplé d’Afrique s’enfonce dans une crise économique sans fin et fait face à une insécurité généralisée qui entrave sévèrement sa croissance. « Nous attendons de voir comment la nouvelle administration va se saisir des enjeux économiques fondamentaux et notamment s’il va y avoir une tentative de réduire les dépenses », note Idayat Hassan, la directrice du Centre pour le développement et la démocratie (CDD) d’Abuja. « L’insécurité est bien évidemment un autre sujet pressant. On ne peut pas envisager d’avoir une économie performante dans un contexte sécuritaire difficile », ajoute-t-elle. Le Nigeria est confronté à une insécurité endémique, qui touche l’ensemble de son territoire. Dans le Nord-Est, les djihadistes de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) contrôlent toujours de larges pans de territoire alors que des groupes affiliés à Boko Haram restent actifs sur le pourtour du lac Tchad. Depuis la mort d’Abubakar Shekau, le chef historique de l’organisation terroriste, en mai 2021, des milliers de civils et d’anciens combattants se sont rendus aux autorités, posant l’épineuse question de leur réintégration dans la société. Le Monde
Mali: nouvelles accusations d’exactions visant les Fama et Wagner à Adiora et Ménaka
Les Forces armées maliennes (Fama) mènent de nombreuses opérations antiterroristes contre les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), liés à al-Qaïda, ou du groupe État islamique au Sahel. Mais des opérations menées dans le Nord, le 26 mai à Adiora, région de Tombouctou, et le 29 mai à Ménaka, dans la région du même nom, font l’objet d’accusations d’exactions contre des civils. Adiora, près de Gossi, dans le Gourma-Rarhous, est contrôlé de longue date par les jihadistes du Jnim, liés à Aqmi. Les sources communautaires et sécuritaires jointes par RFI sont formelles sur ce point. Mais elles assurent aussi que l’opération menée dans ce village vendredi dernier, par l’armée malienne et ses supplétifs russes du groupe Wagner, n’a fait que des victimes civiles : 4 ou 5 dont un infirme brûlé vif dans sa maison, selon les sources, qui décrivent un bombardement aérien un jour de marché, suivi d’une intervention au sol, avec des habitations incendiées et des pillages. Une autre opération a été menée lundi à l’aube dans la ville de Ménaka : selon les sources locales et sécuritaires jointes par RFI, des soldats maliens accompagnés de supplétifs russes de Wagner ont mené des fouilles, à l’aube, à la recherche de jihadistes de l’État islamique au Sahel. L’EIS contrôle toute la région et menace la ville de Ménaka. Mais à l’occasion de ces recherches, un notable de la ville, un touareg Daoussak de plus de 80 ans, a été frappé par les soldats maliens, il est mort de ses blessures. RFI
Massacre de Moura au Mali : ce que l’on sait des deux militaires sanctionnés par les Etats-Unis
Les auteurs présumés du pire massacre perpétré au Mali depuis le début de la guerre contre le djihadisme, en 2012, ont été identifiés et sanctionnés par Washington. Dans un communiqué publié jeudi 25 mai, le département d’Etat américain a imposé des restrictions de visa à deux militaires maliens, le colonel Moustapha Sangaré et le major Lassine Togola, désignés comme étant « responsables des éléments des forces armées maliennes (FAMA) qui ont mené l’opération à Moura ». En mars 2022, au moins 500 personnes avaient été tuées dans ce village du centre du pays lors d’une opération menée par les FAMA et des membres du groupe paramilitaire privé russe Wagner.En parallèle des sanctions imposées à ces deux officiers maliens, le trésor américain a également bloqué et saisi l’ensemble des actifs détenus aux Etats-Unis par Ivan Aleksandrovitch Maslov, désigné comme étant le patron du groupe paramilitaire privé russe Wagner au Mali. Selon le trésor, ce Russe a « travaillé en étroite coordination avec les responsables du gouvernement malien pour exécuter le déploiement du groupe Wagner au Mali », à partir de fin 2021. Le Monde
Au Soudan, une trêve jamais respectée une nouvelle fois prolongée pour cinq jours
Les trêves s’enchaînent et se ressemblent au Soudan : les combats ont continué de faire rage lundi 29 mai mais les médiateurs saoudien et américain se sont félicités de la prolongation de cinq jours d’une trêve jamais respectée censée permettre l’acheminement d’une aide humanitaire vitale pour le pays au bord de la famine. Des habitants de Khartoum ont rapporté à l’AFP des combats dans la banlieue nord et des tirs d’artillerie dans le sud de la capitale de plus de cinq millions d’habitants. Comme à l’accoutumée, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo se sont mutuellement accusés d’attaquer, assurant ne faire que répondre à des assauts. Les FSR ont ainsi accusé l’armée d’avoir mené lundi un raid aérien meurtrier à Khartoum. Washington et Riyad, de leur côté, notent chaque jour de « nouvelles violations du cessez-le-feu » mais sans jamais actionner les « sanctions » ou le « mécanisme de surveillance » qu’ils ont dit mettre en place à l’annonce de la première trêve. … Le pays devra faire face avec les trois quarts des hôpitaux hors service dans les zones de combat, selon le syndicat des médecins, et d’autres débordés dans les zones épargnées mais où s’entassent les déplacés. Si les belligérants ont accepté de prolonger la trêve, sur le terrain, les signaux ne sont pas à l’apaisement. Après l’armée qui a rappelé ses retraités, et des tribus de l’est du pays qui réclament des armes, le gouverneur du Darfour, un ex-rebelle désormais allié de l’armée, a appelé les civils à prendre les armes. France24
En Libye, nuit de combats entre groupes armés à Tripoli
Des combats ont opposé dans la nuit de dimanche 28 à lundi 29 mai deux groupes armés influents en plein centre de la capitale libyenne Tripoli, faisant des blessés légers parmi la population civile, selon les secours et des médias locaux. Les affrontements se sont poursuivis jusque tard dans la nuit, y compris dans des rues bondées du centre-ville, entre deux groupements affiliés au gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli : la « Force Al-Radaa » (« dissuasion ») et la « Brigade 444 ». Les derniers affrontements meurtriers dans la capitale remontaient à juillet 2022 et avaient fait treize morts. Depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, pays riche en pétrole, est minée par des divisions alimentées par la prolifération de groupes armés aux allégeances mouvantes. Des véhicules blindés s’étaient déployés dimanche après-midi à Tripoli après l’arrestation d’un membre de la « Brigade 444 », notamment dans la rue commerçante de Jraba, dans l’est de la capitale, et dans le secteur résidentiel de Ras Hassan, en centre-ville. Le Monde avec AFP
Régime de l’ex-président tchadien Hissène Habré: «Plus de 10000 victimes attendent»
Sept ans après la condamnation à la perpétuité de Hissène Habré pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre, tortures et viols – le 30 mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial basé à Dakar –, les victimes de l’ancien président tchadien n’ont toujours rien reçu. Elles attendent de recevoir les indemnisations ordonnées par la justice. Sept organisations tchadiennes et internationales demandent à l’Union africaine (UA) et au gouvernement tchadien d’agir pour que soit mis en place le fonds fiduciaire qui doit rassembler l’argent destiné aux réparations, soit 82 milliards de francs CFA (environ 125 millions d’euros). « Nous demandons au gouvernement, à l’Union africaine, de respecter leur engagement, rappelle ainsi Adoumbaye Dam, président de l’Association des victimes des crimes du régime Hissène Habré, au micro d’Amélie Tulet. Le gouvernement devrait mettre en place une commission qui devrait s’occuper de l’indemnisation et des réparations des victimes, veuves et orphelins. Un arrêté du Premier ministre devrait mettre en place cette commission ». RFI
La Centrafrique approuve la loi sur la «tokenisation» de ses ressources
Ressources forestières, minières, agricoles, pétrolières : le potentiel centrafricain est immense mais n’a jamais été exploité. Le gouvernement espère donc attirer des investisseurs en facilitant l’acquisition de titres de propriété garantis par la technologie « blockhain ». Cette manière aurait aussi pour avantage de faire des économies dans l’administration et de lutter contre la corruption. Pour les autorités, la « tokenisation » est la suite logique de la loi d’avril 2022 sur les cryptomonnaies, et le moyen de dynamiser l’utilisation du Bitcoin et du sangocoin, dont le lancement a été un échec. La plateforme Sango permettra de créer en ligne une société de droit centrafricain pouvant acquérir des titres numériques de propriété foncière. … Les députés d’opposition membres de la commission mixte sur le projet ont boycotté la plénière. Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et Rachel Ngakola dénoncent une loi examinée en moins d’une semaine, votée le dernier jour de la session ordinaire de l’assemblée : il a été demandé aux députés « de voter un texte qu’ils n’auront pas eu le temps de lire, alors même qu’il s’agit d’une loi qui ambitionne de révolutionner complètement l’organisation de l’économie de notre pays », ont-ils écrit dans leurs réserves. Sur le fond, ils soupçonnent le gouvernement « d’organiser le bradage des ressources naturelles à toute la pègre de la planète », là où la priorité devrait être selon eux « d’améliorer les moyens de contrôle pour permettre une meilleure captation des ressources tirées de ces secteurs économiques ». Selon la loi, les investisseurs « ont le droit de transférer à l’étranger l’intégralité des bénéfices annuels qui leur reviennent après paiement des impôts, droits et autres obligations ». RFI
Financée par la NBA, la Basketball Africa League monte en puissance
La « pépite », comme le surnomme son coach, a brillé. Un jeu lumineux comme le parquet de la Kigali Arena au Rwanda. Et une performance insolente : meilleur marqueur (28 points) de cette demi-finale de la Basketball Africa League (BAL), nouvelle compétition panafricaine financée par la NBA, la prestigieuse ligue américaine. Mercredi 24 mai, Jean-Jacques Boissy, meneur de l’AS Douanes de Dakar, a permis à son équipe de terrasser les colosses du Petro de Luanda, si redoutés sur le continent (86-92). Les Sénégalais vont rencontrer en finale, samedi 27 mai, les Egyptiens d’Al-Ahly et tenter de décrocher le titre de champion d’Afrique des clubs. Une place de finaliste qui vient conforter une intuition : il était temps de rentrer au pays. « Un pari », précise Jean-Jacques Boissy, étonnant pour certains, inconcevable pour d’autres, sensé pour lui. Quelques semaines plus tôt, l’international sénégalais de 23 ans était assis dans les gradins du stade Marius Ndiaye de Dakar. Pas d’entraînement pour lui : il devait se rendre à l’hôpital pour surveiller une petite blessure sur le haut de la cuisse. Transpirer sous le dôme de cet arena est un retour vers le passé : le temps semble s’être figé dans les années 1990. Les murs sont éreintés, les chaises tiennent à peine sur leurs quatre pieds. Bref, pas grand-chose est aux normes. Le ballon a du mal à rebondir sur ce parquet lourd et abîmé « car il est très sollicité, toutes les équipes de basket de la ville s’entraînent ici », explique le coach Mamadou Gueye Pabi. Et les anneaux des deux panneaux sont tellement rigides qu’ils empêchent les joueurs d’être précis dans leurs tirs. Le Monde