Dans les semaines qui ont suivi le coup d’État du 25 octobre, de nombreux rapports ont indiqué que l’armée voulait nommer un Premier ministre civil pour diriger le gouvernement militaire remanié. Toujours favori parmi les candidats se trouvait le Premier ministre de transition en exercice, Abdallah Hamdok, que l’armée maintenait en résidence surveillée tandis que la plupart des autres membres du cabinet et des centaines d’autres responsables civils du gouvernement restaient en détention. L’accord du 21 novembre entre le lieutenant-général Abdel Fattah al-Burhan et Abdallah Hamdok est l’aboutissement de la volonté des militaires, créant ainsi une apparence de continuité au sein du leadership civil. Reconnaissant que l’accord ne soit pas optimal, Abdallah Hamdok l’a néanmoins justifié comme nécessaire afin d’éviter plus de pertes en vies humaines et de désamorcer l’impasse politique dans laquelle se trouvait le pays suite au coup d’État. Bien que de nombreux détails restent flous, dans l’état actuel des choses, l’accord pourrait représenter une validation du coup d’État militaire. Cela signifierait également un revirement surprenant pour l’armée, qui, face à une condamnation nationale généralisée, à une escalade des protestations populaires et à un isolement international, y compris la révocation de l’aide et l’allégement de la dette, cherchait une issue de secours. En effet, il devenait de plus en plus évident que l’armée ne pouvait pas pérenniser ce coup d’État – politiquement ou économiquement – et devait trouver un moyen de revenir sur son action extrajudiciaire. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
L’augmentation fulgurante du nombre de cas de Covid en Afrique du Sud, largement portée par le nouveau variant Omicron, est considérée comme très préoccupante par les autorités sanitaires. « Le degré d’augmentation est très préoccupant », a prévenu Michelle Groome, de l’Institut national des maladies transmissibles (NICD), devant le Parlement sud-africain. En deux semaines, le pays a connu une « augmentation exponentielle » du nombre d’infection au coronavirus, passant d’un peu plus de 300 nouveaux cas quotidiens en moyenne sur une période de sept jours à un millier la semaine suivante, et à plus de 3 500 cette semaine, a souligné Michelle Groome. Et la situation va en s’aggravant : mercredi 1er décembre, le NICD a annoncé que 8 561 nouveaux cas avait été recensés en une seule journée, contre 4 373 la veille et 2 273 lundi 29 novembre sur l’ensemble du pays. Le pays se trouve « au tout début de sa quatrième vague », préviennent les autorités sanitaires, mais le taux de positivité des tests réalisés a grimpé à 27 % mercredi dans la province de Gauteng, la plus peuplée et la plus touchée, tout particulièrement autour de Pretoria. Jeune Afrique
Une croissance en berne, un déficit qui se creuse, un taux de chômage qui dépasse les 18 %… Les indicateurs sont au rouge en Tunisie où le gouvernement vient de se tourner pour la quatrième fois en dix ans vers le Fonds monétaire international (FMI) afin d’obtenir une nouvelle aide financière. Cette conjoncture délicate met à l’épreuve le président Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs fin septembre, deux mois après avoir suspendu le Parlement. S’il reste largement en tête des sondages, récoltant plus de 80 % d’intentions de vote, le chef de l’Etat va devoir faire face à la montée des impatiences dans un pays en mal de réformes. « Les moteurs de la croissance sont à l’arrêt. Des milliers de PME sont sur le point de faire faillite après la crise sanitaire, les investisseurs étrangers restent frileux face à la situation politique instable et il n’y a toujours pas de feuille de route claire », résume l’ancien ministre des finances Fadhel Abdelkefi, président du parti centriste Afek Tounes. La question sociale revient sur le devant de la scène. Une grève générale est annoncée pour les prochains jours dans la ville de Sfax pour protester contre les déchets qui s’accumulent depuis plus de deux mois suite à la fermeture d’une décharge. Dans le même temps, des unions de chômeurs commencent à se mobiliser pour contester la suspension, le 19 novembre, votée en 2020 par l’ancien Parlement, qui promettait l’embauche massive dans le secteur public de demandeurs d’emploi au chômage depuis plus de dix ans. Le Monde
Selon des révélations du site EUobserver publiées lundi, des mercenaires russes du groupe Wagner ont pris le commandement en Centrafrique d’un bataillon pourtant formé par l’Union européenne. Une illustration supplémentaire de l’efficacité de la lutte d’influence que la Russie mène depuis plusieurs années dans ce pays. Cette stratégie pourrait servir de modèle ailleurs, comme au Mali. Formé par l’Union européenne, mais commandé par des mercenaires russes à la solde du Kremlin. Le bataillon d’infanterie territoriale 7 (BIT 7) des forces armées centrafricaines, entraîné par des instructeurs européens, répond dorénavant aux ordres des mercenaires du groupe Wagner, affirme le site EUobserver dans une enquête publiée lundi 29 novembre. Cette publication bruxelloise a pu consulter un rapport du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) – l’équivalent pour l’UE d’un ministère des Affaires étrangères – constatant que le BIT 7 est « actuellement contrôlé par du personnel du groupe Wagner » qui l’utiliserait à sa guise en « violation des accords avec la Mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA) sur la transparence » de l’emploi des troupes. France24
Michelle Bachelet est en visite au Sahel. La haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a achevé, mercredi 1er décembre, un séjour au Burkina Faso, avant de s’envoler pour le Niger, annonçant l’ouverture d’un bureau de l’agence onusienne à Ouagadougou pour y suivre la situation des droits humains. Et cela, alors que le pays fait face à une recrudescence de l’insécurité due aux groupes armés liés au terrorisme. C’est la toute première visite d’un haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme au Burkina Faso. Au terme de son séjour de quatre jours, Michelle Bachelet a officialisé l’installation d’un bureau avec un mandat complet dans le pays. Cela dans une période inédite de violations des droits humains, notamment liée à la présence des groupes liés aux terroristes d’al-Qaïda et de l’État islamique, ainsi que deux semaines après l’attaque contre des gendarmes et civils à Inata ayant fait 53 morts. Durant sa visite, la diplomate chilienne a rencontré, à Ouagadougou, le président Roch Marc Christian Kaboré, des membres du gouvernement ainsi que de la société civile. Elle s’est ensuite rendue à Dori, dans le nord-est du pays, pour s’entretenir avec les autorités locales et des personnes déplacées et réfugiées. La haute-commissaire n’a pas manqué de relever les allégations d’exécutions sommaires, de disparition et de violences sexuelles, perpétrées par les groupes armés, mais également par les forces de défense et de sécurité burkinabè. RFI
Les têtes viennent de tomber dans la gendarmerie burkinabè comme s’y était engagé le président Roch Marc Christian Kaboré après les dysfonctionnements révélés suite à l’attaque de la garnison d’Inata, le 14 novembre dernier qui avait coûté la vie à 53 gendarmes. A noter la création de la « Légion spéciale », qui regroupera les unités d’élite de la gendarmerie. Une dizaine de nouveaux chefs ont été nommés dont des jeunes officiers qui dirigeront les trois régions de gendarmerie. Il s’agit du lieutenant-colonel Koagri Natama, commandant de la première région, du lieutenant-colonel Jean-Marie Combasseré à la tête de la deuxième région. La troisième région sera commandée par le lieutenant-colonel Rakiswendé Lionid Diabri. Le lieutenant-colonel Evrard Somda prend la tête de la Légion spéciale. « C’est un rajeunissement et c’est très bien pour le management des hommes », soutient une source sécuritaire, rapporte RFI. Cette réorganisation pourrait apporter un nouveau souffle à la lutte contre l’insécurité si elle est suivie par de nouvelles nominations au sein des forces armées, selon les observateurs à Ouagadougou. Pour eux, le président Kaboré veut faire de la gendarmerie un outil stratégique dans la lutte anti-terroriste. AFRIMAG
Une attaque terroriste perpétrée a eu lieu durant la nuit de mercredi à jeudi dans le nord-ouest du Bénin, près de la frontière avec le Burkina Faso. Deux soldats des forces armées béninoises sont décédés. Cette attaque intervient seulement 24 heures après un accrochage dans le lit du fleuve Mekrou, faisant un mort parmi les jihadistes. Elle a eu lieu dans la nuit du mercredi au jeudi entre minuit et 1 heure du matin. Selon nos informations, c’est une position de l’armée de terre béninoise qui a été attaquée dans la région de Porga, non loin du parc de la Pendjari, à 650 km au nord-ouest de Cotonou et proche de la frontière brukinabè. Côte FAB, le bilan est lourd. Deux militaires ont été tués et entre cinq et sept ont été blessés, selon les sources. Ils ont tous été évacués vers un hôpital de la région. Côté jihadistes, un cadavre a été retrouvée par l’armée béninoise. Le nombre d’assaillants est encore inconnu et aucun communiqué de revendication n’a été diffusé. L’appartenance du groupe d’assaillants est donc, pour l’heure, toujours inconnu. RFI
Pendant deux jours, les armées françaises et ivoiriennes mènent un exercice aéroporté aux abords de la capitale. Hier, c’est une compagnie de parachutistes français qui y a été larguée après avoir été embarquée à bord d’un A400M quelques heures plus tôt en France. Un exercice qui n’est pas anodin dans le contexte régional actuel et alors que la Côte d’Ivoire doit faire face à une menace jihadiste de plus en plus pressante. Il est environ 13h quand l’A440M de l’armée française survole les champs de maniocs des environs de Yamoussoukro pour larguer 80 parachutistes du 8e RPIMA. 80 hommes qui ont embarqué à bord de l’appareil 6 heures plus tôt à Toulouse. L’exercice entend démontrer la capacité de l’armée française à projeter une force d’intervention vite et loin en cas de besoin. Explications du colonel Arnaud Mettey, commandant des forces françaises en Côte d’Ivoire : « L’A400M, lorsqu’il porte 32 tonnes, est capable de projeter à 6000 km sans ravitaillement en vol. Evidemment, cela prend tout son sens dans le cadre de la transformation de l’opération Barkhane aujourd’hui. Notre message, il s’adresse à nos ennemis mais il s’adresse aussi à nos compétiteurs : la France est capable de projeter un vol de force significative partout dans une distance de 6000 km sur très court préavis. » RFI
ce processus est destiné à élire, région par région, une chambre basse du Parlement d’ici fin décembre. Réunie avec le Sénat, c’est cette chambre basse qui doit élire ensuite un successeur au président sortant, qui brigue un nouveau mandat. Mais les résultats des scrutins déjà organisés sont presque systématiquement contestés. Rien donc n’a pu convaincre les quinze candidats unis de l’opposition somalienne. Ni les assurances que leur a donné le Premier ministre Mohamed Hussein Roble, qu’ils avaient rencontré dimanche. Ni celles des commissions indépendantes en charge de l’élection, qu’ils disent sous influence. Dans un communiqué commun, les candidats de l’opposition ont affirmé que « ce qui se déroule actuellement ne peut pas être appelé une élection. C’est un pur et simple pillage ». Ils demandent la suspension du processus et une rencontre, notamment avec les « partenaires internationaux » de la Somalie. L’opposition accuse depuis des semaines le président Farmajo de faire élire ses proches grâce à la fraude et la corruption. Son très controversé ancien chef des renseignements, Fahad Yassin, a d’ailleurs été élu récemment dans la région de Galmudug, dans des conditions contestées jusque dans son propre clan. Dans la province du Sud-Ouest, c’est un ancien président du Parlement qui a été tout simplement empêché de se présenter. RFI
Les forces armées ougandaises et congolaises ont lancé des opérations conjointes contre les rebelles des ADF qui écument l’Est de la RDC. Mercredi, les soldats ougandais ont intensifié leur déploiement en terre congolaise. Face aux sons discordants suscités par cette présence, Kinshasa tente de rassurer. Le porte-parole du gouvernement congolais parle d’un partenariat fac à un ennemi commun. ‘’ Il y a eu des tirs d’artillerie et des frappes qui ont été identifiés en République démocratique du Congo, nos hommes étaient sur le terrain, ils étaient soutenus par les forces de la République ougandaise », a déclaré le Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement congolais. Et d’ajouter ‘’ Aujourd’hui, eux (l’Ouganda) et nous, sommes confrontés à un ennemi commun qui est un terroriste qui n’a pas de frontières, qui décime l’Ouganda et ici. Nous avons l’obligation d’agir ensemble comme dans toutes les régions du monde où il y a du terrorisme. » AfricaNews
Le détournement d’au moins 138 millions de dollars d’argent public par l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila et ses proches, révélé par RFI, Mediapart et leurs partenaires de « Congo Hold-up », provoque depuis une semaine une onde de choc en RDC et au-delà. Plusieurs ONG ont appelé la justice congolaise à se saisir de ces informations pour ouvrir des enquêtes sur ces « faits graves ». Parmi elles, le mouvement dit « citoyen » Lucha, qui milite pour plus de justice sociale et de démocratie, a appelé à la révision de la loi accordant l’immunité aux anciens présidents congolais, et au gel et à la saisie des biens issus de l’enrichissement illicite. « Il est temps que la justice congolaise ouvre une enquête contre les auteurs des crimes économiques qui ont dépouillés les Congolais de leurs ressources », a également réagi la campagne « Le Congo n’est pas à vendre », qui regroupe une dizaine d’associations congolaises et internationales qui luttent et militent contre la corruption. RFI
Madina Kabatuku, pieds dans l’eau, pelle à la main au milieu d’un paysage désolé, creuse avec l’énergie du désespoir pour ériger un cordon de terre et déjouer ce qui semble inéluctable. Bientôt, sa maison sera emportée. Depuis un mois, la rivière Nyamwamba est sortie de son lit et a pris possession de Kanyangeya, un village situé dans la vallée de Kasese, au pied des monts Rwenzori, dans le sud-ouest de l’Ouganda. « Ici, il y avait des maisons et deux églises », indique-t-elle, en pointant du doigt une étendue d’eau d’où seuls émergent des bananiers et quelques plans de maïs, à moitié inondés. Derrière elle, sa maison de briques crues se tient encore bien droite. Des voisins lui ont donné du ciment pour la consolider. Un peu plus en aval, Birula Perusi vit aussi au rythme du flux et du reflux du cours d’eau. « A chaque fois que l’eau pénètre dans la maison, nous sortons. Puis nous revenons. Même si c’est risqué, nous n’avons pas d’autre endroit où aller. Nous partirons quand elle sera tombée », explique-t-elle, en équilibre sur un tronc posé dans l’eau pour faire un pont entre sa maison et un bout de terre sèche. Avec ses huit enfants, elle ira rejoindre les autres victimes des inondations, dont le nombre ne cesse de croître dans cette région soumise à des épisodes de pluies de plus en plus violents et inattendus. Le Monde
Quand Baudelaire déplorait que « la forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel », il ne pensait pas à l’Afrique et à sa frénésie urbaine, pour qui, un siècle et demi après l’écriture de ces lignes, on les croirait façonnées. Sur ce continent, qui d’ici une génération aura multiplié par deux sa population et abritera 2,5 milliards d’habitants, les villes se forment et se déforment au gré du temps, sans que jamais leur croissance ne connaisse de trêve. Il y a cinquante ans, un Africain sur cinq vivait en ville. C’est aujourd’hui le cas de la moitié d’entre eux. Et demain l’Afrique sera plus urbaine encore, puisque 70 % de sa croissance démographique y sera absorbée par les villes. Adduction d’eau, d’électricité, accès à un réseau Internet et traitement des déchets, création de routes et de rues… L’intendance doit suivre. Il y va de l’avenir du continent africain et, par ricochets, de l’Europe, tant la déstabilisation du premier menace l’équilibre de la seconde. Pour permettre le développement des populations locales, il faudra un urbanisme maîtrisé, au sein de villes moyennes capables de promouvoir un art de vivre à l’africaine. Le Monde