Revue de Presse du 17 mai 2022

La Russie et le futur ordre international en Afrique

Depuis plusieurs années, le président russe Vladimir Poutine a fait savoir qu’il était prêt à s’éloigner de l’ordre international fondé sur la démocratie qui a façonné les normes de gouvernance mondiale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces normes – respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des autres États, règlement pacifique des différends et droit des citoyens à participer à la vie politique – sont clairement inscrites dans la Charte des Nations unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme’. La Charte, signée par 193 États membres, comporte une responsabilité collective qui consiste à demander des comptes aux membres, conformément au droit international, lorsque ces principes sont violés. L’invasion de la Russie et sa tentative d’annexer tout ou partie de l’Ukraine ont donc toujours été plus qu’un simple différend bilatéral, mais une tentative explicite de redéfinir les normes internationales. L’ambassadeur du Kenya aux Nations unies, Martin Kimani, a reconnu les enjeux dès le départ en déclarant au Conseil de sécurité des Nations unies, lors du lancement de l’invasion russe en Ukraine, que la viabilité du multilatéralisme lui-même était menacée. Alors, à quoi ressemble un ordre international dirigé par la Russie ? Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Mali: les autorités de transition annoncent avoir déjoué un coup d’État

Pour le moment les autorités n’ont donné aucun détail. Aucun nom, aucun grade, aucun corps de l’armée, ni aucune précision sur les actes qui auraient été posés par ces officiers et sous-officiers que le gouvernement de transition accuse d’avoir voulu « briser la dynamique de la refondation du Mali ». Des sources sécuritaires affirment à RFI qu’une dizaine de soldats ont été arrêtés. Parmi eux, selon plusieurs sources, le colonel Amadou Keïta, colonel du génie militaire et membre du Conseil national de transition. Une information confirmée par un responsable du CNT, qui a requis l’anonymat. … Ce n’est en tout cas pas la première fois que les autorités maliennes de transition dénoncent des tentatives de coup d’État. C’est même la quatrième. La première, visait, entre autres, l’ex-Premier ministre Boubou Cissé et l’animateur radio Ras Bath. C’était en décembre 2020, quatre mois après le premier coup d’État -réussi celui-là, de la junte conduite par l’actuel président, le colonel Assimi Goïta. La Justice malienne avait finalement blanchi les accusés quatre mois plus tard. RFI

Afrique: Le continent exige une reforme de l’architecture financier mondial

Le continent africain veut une refonte des principes de base qui président le système financier mondial. Les dirigeants africains réclament avec virulence une refonte du système imposés jusque-là par le FMI et la Banque mondiale. Le plaidoyer a occupé les discours à l’ouverture officielle de la 54e réunion des ministres de la Commission Economique de l’Afrique (Cea), ce lundi 16 mai au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, à 37 kilomètres de Dakar. Le thème de cette année est « Financement de la relance de l’Afrique : trouver des solutions innovantes ». Le secrétaire exécutif de la CEA, Mme Vera Songwe pense que ça fait trois ans que les pays africains sont en guerre permanente contre la pandémie du Civid-19, les changements climatiques, la gouvernance, le terrorisme… A son avis, le continent a survécu à ces obstacles mais il faut qu’il dispose de financements consistants et à la hauteur de ses besoins pour aller vers la prospérité de ses populations. Avant de souligner : « la dynamique de nos économies a changé et il faut que les financements suivent ». Mme Songwe estime que l’argent et les ressources ne manquent pas mais il faut voir comment réformer le système financier mondial pour prendre en charge les attentes de l’Afrique. Le chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall, par ailleurs, président en exercice de l’Union africaine, dans un ton ferme, lui emboite le pas. AllAfrica

Burkina Faso: HRW évoque une augmentation des violences contre les civils

Au Burkina Faso, les violences contre les civils ont dramatiquement augmenté ces neuf derniers mois, selon la dernière enquête de Human Rights Watch, publiée ce lundi 16 mai 2022. L’ONG a interrogé 83 survivants d’incidents sécuritaires survenus entre septembre 2021 et avril 2022, dans six régions du pays. Des professionnels de santé, des analystes sécuritaires, des responsables gouvernementaux, des diplomates étrangers, des représentants des Nations unies et des travailleurs humanitaires ont également été sondés. Il résulte de cette étude que les civils sont de plus en plus pris pour cibles, non seulement par les groupes terroristes, mais aussi par les forces de défense et de sécurité, ainsi que les volontaires de défense de la patrie. RFI

Washington rétablit une présence militaire en Somalie

Ce sont plusieurs centaines de soldats des forces spéciales qui vont être redéployés en Somalie, à partir de pays de la région. Le chiffre exact n’est pas précisé, mais le New York Times croit savoir que ce sera autour de 450. Au moment du retrait décidé par Donald Trump, ils étaient environ 700. Depuis, des soldats américains faisaient des aller-retours pour entraîner et conseiller des soldats somaliens et de l’Union africaine. Ce nouveau dispositif est de nature à renforcer l’efficacité de l’action américaine. Selon un haut responsable de l’administration, la stratégie de la Maison Blanche est de limiter la menace des shebabs en supprimant leurs capacités à planifier et à mener des opérations lourdes. En plus de cette décision, le président américain donne aussi son accord pour cibler une douzaine de responsables shebabs. C’est aussi un changement important. RFI

Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo dissout le Parlement

En Guinée-Bissau, le président a annoncé lundi 16 mai la dissolution du parlement. Des élections législatives anticipées seront organisées avant la fin de l’année. Dans un message à la nation, Umaro Sissoco Embalo a estimé que « le capital confiance entre les organes de souveraineté est épuisé ». Le président bissau-guinéen dit avoir pris sa décision, après avoir entendu le président de l’Assemblée nationale, les partis représentés au parlement et le conseil d’État. Umaro Sissoco Embalo invoque des divergences persistantes et ne pouvant être résolues avec le Parlement, devenu selon lui « un espace de guérilla politique et de complot ». Un décret présidentiel accuse le Parlement d’avoir protégé des députés mis en cause dans des affaires de corruption, et d’avoir refusé de se soumettre au contrôle de ses comptes. … Umaro Sissoco Embalo dit vouloir « redonner la parole aux Bissau-Guinéens » pour qu’ils puissent choisir le parlement qu’ils souhaitent avoir. Un décret présidentiel fixe les élections législatives anticipées au 18 décembre 2022. RFI

Combats en Libye après l’annonce du gouvernement parallèle de son entrée à Tripoli

En février, le Parlement siégeant dans l’Est avait désigné Fathi Bachagha, ancien ministre de l’Intérieur, comme nouveau Premier ministre. Cette instance est soutenue par le puissant maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen, dont les forces avaient tenté de conquérir la capitale en 2019. Mais M. Bachagha n’avait jusque-là pas réussi à évincer l’exécutif en place à Tripoli, dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah, qui a affirmé à maintes reprises qu’il ne remettrait le pouvoir qu’à un gouvernement élu. Le gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah avait comme principale mission l’organisation d’élections législatives et présidentielle, initialement prévue en décembre dernier. Cependant, des querelles persistantes entre les caciques politiques locaux, notamment sur la base juridique du scrutin, ont entraîné le report sine die de ces élections sur lesquelles la communauté internationale fondait de grands espoirs pour enfin stabiliser le vaste pays d’Afrique du Nord. Les rivaux politiques de M. Dbeibah estiment que son mandat a pris fin avec ce report. AFP

Le contrôleur des finances arrêté pour détournement présumé au Nigeria

Le contrôleur général des finances publiques du Nigeria a été arrêté pour son implication présumée dans une affaire de détournement de fonds publics d’environ 80 milliards de nairas (184 millions d’euros), a annoncé l’agence anti-corruption. Convoqué à plusieurs reprises, Ahmed Idris, responsable administratif du Trésor public nigérian depuis 2015, a été arrêté lundi, a précisé la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) dans un communiqué publié lundi soir. Il doit répondre des accusations de fraude et de blanchiment d’argent. Selon l’EFCC, M. Idris « a soutiré des fonds par le biais de fausses sociétés de conseil et d’autres activités illégales en utilisant des mandataires, des membres de sa famille et des associés proches ». Ces fonds, selon la Commission, ont ensuite été investis par M. Idris dans des biens immobiliers à Abuja, la capitale, et dans son Etat natal de Kano, dans le nord du Nigeria. Ahmed Idris n’a pas commenté ces accusations. AFP

Madagascar: forte augmentation du blanchiment d’argent en 2021

À Madagascar, le rapport annuel du Samifin, l’organisme de traque des financements illicites, a révélé que plus de 1 800 milliards d’Ariary avaient été blanchis en 2021, soit trois fois plus qu’en 2020. Comment expliquer ce bond, alors que l’une des promesses phares du président de la République, Andry Rajoelina, entré en fonction en 2019, était la « tolérance zéro envers la corruption » ? C’est le temps de rapports annuels et des bilans. La lutte anti-corruption n’échappe pas à cette règle. Pour Hony Radert, la présidente du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC), une plateforme de la société civile, il ne s’agit pas tant d’un recul au niveau de la loi qu’une non-application des lois existantes. Par exemple, l’Agence de recouvrement des avoirs illicite ne fonctionne que depuis la semaine dernière, car son directeur n’avait pas été nommé jusqu’ici par l’exécutif, commente-t-elle. RFI

Il y a 25 ans, Mobutu quittait le Zaïre avant la chute de Kinshasa

La République démocratique du Congo (RDC) célèbre lundi et mardi, mais sans commémoration particulière, le 25e anniversaire de la chute du dictateur Mobutu Sese Seko qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 32 ans et l’arrivée au pouvoir du rebelle Laurent-Désiré Kabila. Depuis 2002, ce double anniversaire ne donne en principe plus lieu à aucune cérémonie officielle en RDC, bien qu’il marque un changement radical dans l’histoire de l’ex-Zaïre, avec la fin du long – et contesté – règne du maréchal Mobutu, entamé dès 1965, cinq ans après l’accession de l’ex-Congo belge à l’indépendance. C’est en effet le samedi 17 mai 1997 que les troupes de l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila sont entrées dans Kinshasa, sous les vivats de la population massée le long des grandes avenues. Le « vieux Léopard » venait pour sa part de fuir le pays pour se réfugier au Maroc, où il allait décéder le 7 septembre suivant du cancer qui le rongeait. Belga