Revue de presse du 15 février 2023

Les élections de 2023 en Afrique : Face aux épreuves, la résilience démocratique
S’étendant sur l’Afrique occidentale, centrale et australe, les sept élections prévues en Afrique cette année concernent certains des pays les plus peuplés du continent. Parmi eux, le Nigeria, qui donne en février le coup d’envoi du calendrier électoral, et la République démocratique du Congo, dont les élections sont prévues pour la fin décembre. Collectivement, les pays qui choisiront leurs dirigeants nationaux en 2023 représentent environ un tiers de la population du continent. Dans cinq de ces scrutins (République démocratique du Congo, Liberia, Madagascar, Sierra Leone et Zimbabwe), les présidents sortants briguent un second mandat. … Ces élections pourraient chacune mener à un vaste éventail de trajectoires. Certaines présentent des opportunités cruciales pour la consolidation des progrès démocratiques. D’autres sont en revanche confrontées à des conditions électorales inégales et devront surmonter l’héritage institutionnel d’un parti unique. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Dans les coulisses de la préparation du sommet Russie-Afrique
C’est un sommet qui nourrit tous les fantasmes, alors que l‘offensive russe sur le continent africain cristallise autant d’espoirs que de craintes. À moins de six mois de la tenue d’un nouveau sommet Russie-Afrique, en coulisses, les préparations ont déjà débuté. Un très discret webinaire a été organisé ce 9 février, avec des participants triés sur le volet. En ligne sur le plateforme Zoom, environ 60 journalistes, intellectuels et influenceurs africains et russes conviés par l’université de Moscou et le ministère russe des Affaires étrangères, à travers le Russian African Club, une organisation récemment créée visant à renforcer l’influence de Moscou en Afrique. … La présence militaire russe, via l’entreprise de mercenariat Wagner, n’a quant à elle pas été évoquée durant les deux heures de débats. Jeune Afrique

Opération meurtrière de l’armée malienne et de ses supplétifs russes à Soumouni
Les soldats maliens et leurs supplétifs russes se positionnent dès dimanche soir près du village de Soumouni. Ils soupçonnent la présence de jihadistes de la katiba Macina du Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), liés à al-Qaïda. Il faut dire que, depuis plusieurs mois, de nombreux villages de la zone, dont celui de Soumouni, ont dû se résoudre à passer des accords avec les jihadistes. Afin de pouvoir circuler librement et cultiver leurs champs, les villageois acceptent de se soumettre aux règles imposées par les jihadistes, comme les obligations vestimentaires ou le versement de l’impôt. Lundi matin, très tôt, les soldats maliens et leurs supplétifs russes entrent dans Soumouni et ouvrent le feu. Cinq hommes sont tués sur le coup : quatre cultivateurs et le directeur de l’école du village, qui téléphonait devant sa maison. Les quatre cultivateurs, natifs de Soumouni, seront enterrés sur place. Le corps de l’enseignant, originaire de San, passe la nuit à Macina avant d’être transporté le lendemain matin vers sa ville natale pour y être inhumé. RFI

Eprouvée par les maux du Mali, la diaspora en France veut garder espoir
« Tous les matins, je suis inquiet… J’ai peur de me lever et d’apprendre de mauvaises nouvelles sur ma famille à Mopti » au Mali, confie Ousmane Sangaré, luttant contre le froid dans la rôtisserie ouverte aux quatre vents où il travaille en banlieue parisienne. Surnommée « la Venise du Mali » pour sa situation à la confluence du fleuve Niger et de la rivière Bani, Mopti se trouve depuis plusieurs années dans une région martyrisée par les violences djihadistes, intercommunautaires et les exactions de toutes sortes. … Un autre sujet d’inquiétude de la diaspora réputée pour sa solidarité concerne les ONG. La junte a annoncé fin novembre l’interdiction des activités de toutes les ONG financées ou soutenues par la France. Paris a, de son côté, suspendu son aide publique au développement à destination du Mali. Pour Aminata Konaté, 44 ans, Franco-Malienne née en France et qui œuvre dans plusieurs associations dont une au Mali, « c’est un arrêt direct aux actions que nous menons », se « désole » cette cadre dans l’Education nationale. AFP

Mali : entre Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad, la tension va croissant
La tension est encore montée d’un cran entre le pouvoir central de Bamako et la CMA, la Coordination des mouvements de l’Azawad, une alliance de groupes touareg et nationalistes arabes du Nord du pays, signataires de l’accord de paix d’Alger en 2015. Amadou Albert Maïga, membre du Conseil national de transition, a en effet diffusé le 10 février une vidéo dans laquelle il prédit une guerre entre les forces maliennes et les groupes armés signataires. Ces derniers ont vivement condamné ces propos. TV5Monde

Au Burkina Faso, l’opposition dénonce la suspension des activités des partis politiques
L’Union pour le progrès et le changement a saisi la justice suite à l’interdiction d’une de ses réunions. Jusqu’à présent et depuis le 30 septembre 2022, date du coup d’État qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré à la tête du pays, seules les manifestations ou les appels à manifestations pouvant entraîner des troubles à l’ordre public avaient été interdites. … Selon Maître Ambroise Farama, la décision de suspendre les activités des partis politiques n’a aucun fondement juridique. L’avocat, également président de l’Organisation des peuples africains au Burkina Faso, estime qu’« avec le rétablissement de la Constitution, tous les droits fondamentaux sont rétablis, dont celui de la liberté des activités des partis politiques ». La persistance du ministère à considérer que la suspension est maintenue, conclut-il, est une restriction illégale des libertés, que le juge administratif devra sanctionner. RFI

Au moins 73 migrants « présumés morts » au large de la Libye
Au moins 73 migrants sont portés disparus et présumés morts à la suite d’un naufrage mardi au large des côtes libyennes, a indiqué mercredi dans un communiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). « Sept survivants, qui ont regagné les côtes libyennes dans des conditions extrêmement difficiles, sont actuellement hospitalisés », précise l’OIM, ajoutant que jusqu’à présent 11 corps avaient été récupérés par le Croissant-Rouge libyen et la police locale. Le navire qui a coulé transportait environ 80 personnes au total et était en route pour l’Europe, a ajouté l’organisation onusienne. Cette dernière tragédie porte le nombre de morts en Méditerranée centrale – l’une des voies privilégiées par les migrants tentant de rejoindre le continent européen – à plus de 130 morts depuis le début de 2023, selon le recensement fait par l’OIM. En 2022, plus de 1.450 décès avaient été enregistrés par l’OIM. AFP

Réunion ministérielle avant le sommet de l’UA, Kinshasa compte faire entendre sa voix
La 42ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine s’ouvre pour deux jours ce mercredi à Addis-Abeba. Les ministres des Affaires étrangères des pays membres et les membres de la commission de l’UA vont délibérer notamment sur l’ordre du jour ainsi que les projets de décisions qui seront examinés par les chefs d’État et de gouvernement lors de la session ordinaire de la Conférence du 18 et 19 février 2023. Ces assises interviennent dans un contexte particulier de tensions entre RDC et Rwanda. Le processus de Nairobi et celui de Luanda sont quasiment au point mort. Le tout dans un climat de méfiance entre les autorités congolaises et le secrétariat exécutif de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est. Kinshasa accuse même le secrétaire exécutif de l’EAC de ne pas reproduire fidèlement les termes des engagements pris dans certaines réunions. RFI

Une ferme à trolls israélienne a influencé des dizaines d’élections en Afrique
Une entreprise clandestine israélienne, spécialisée dans la manipulation électorale notamment par les réseaux sociaux, a été utilisée pour influencer des dizaines d’élections dans le monde, particulièrement en Afrique, selon le collectif de journalistes d’investigation Forbidden Stories. La société, sans existence légale, surnommée « Team Jorge » par les journalistes, en raison du pseudonyme d’un de ses responsables, Tal Hanan, est composée d’anciens membres des services de sécurité israéliens selon les révélations du collectif mercredi. Ses différents commanditaires n’ont pas été identifiés. Trois membres de Forbidden Stories, un journaliste de Radio France, un du quotidien israélien Haaretz et un autre du journal israélien The Marker, se sont fait passer pour des clients potentiels pour recueillir pendant plusieurs mois des informations sur la « Team Jorge ». AFP

Au Nigeria, le parcours du combattant des rares femmes candidates aux élections
Pour Tolulope Akande-Sadipe, briguer un second mandat de députée au Nigeria signifie mettre sa vie en danger, confie cette femme de 56 ans qui se présente aux élections législatives du 25 février dans le sud-ouest du pays. Le même jour, les Nigérians éliront également leurs sénateurs et leur prochain président – Muhmmadu Buhari se retirant après deux mandats, comme prévu par la Constitution. Le 11 mars, ils choisiront leurs gouverneurs et les députés des assemblées locales. En 2019, lors des dernières élections, le bus de campagne de Mme Akande-Sadipe avait été détruit et ses attachés de presse agressés. Pour ce scrutin, elle dit avoir échappé de peu à une agression alors qu’elle faisait campagne face à cinq hommes pour les primaires de son parti. Au Nigeria, « la violence électorale est bien réelle et elle me vise davantage parce que je suis une femme », affirme à l’AFP la députée originaire de l’Etat d’Oyo. Selon elle, ses adversaires « pensent pouvoir l’intimider » parce qu’elle est une femme. Le pays le plus peuplé d’Afrique, première économie du continent, compte de nombreuses femmes à des postes de direction dans le secteur privé et sur la scène internationale. Mais lorsqu’il s’agit de fonctions électives, elles sont sous-représentées et très souvent mises de côté. Dans la chambre basse actuelle siègent treize femmes parmi les 360 députés, plaçant ainsi le Nigeria au 184e rang sur 190 pays dans le monde, selon un classement de l’Union interparlementaire (UIP), basée à Genève. Et la situation ne semble guère s’améliorer. Le Monde

Promesses des candidats à dix jours des élections au Nigeria
Au Nigeria, le scrutin présidentiel du 25 février prochain approche et la campagne électorale, qui a débuté le 29 septembre, se poursuit à travers le pays. Reportage auprès de trois principaux partis. … La Commission de l’Union africaine a annoncé hier l’envoi d’une mission d’observation de 90 personnes. La délégation sera dirigée par l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta. Les observateurs de l’UA sont mandatés pour fournir une « évaluation précise et impartiale » du processus électoral, proposer des recommandations pour toute amélioration des futurs scrutins. DW

Pénurie de naira au Nigeria : colère et chaos hors des banques
Les Nigérians ont pris l’habitude de passer la nuit à l’extérieur des banques pour être parmi les premiers à recevoir des billets du distributeur automatique, une fois qu’il est chargé le matin. Le manque de billets nouvellement conçus a entraîné une pénurie de liquidités et un sentiment d’anxiété croissant parmi ceux qui cherchent désespérément à mettre la main sur leur argent dans un pays où 40 % de la population n’a pas de compte bancaire. La Cour suprême est intervenue, et a ordonné que le délai de remise des anciens billets soit prolongé, mais cela n’a guère changé la situation. BBC

Les Nations Unies s’inquiètent du climat répressif au Zimbabwe
Au Zimbabwe, le texte anti-terroriste voté par le Sénat le 1er février inquiète l’ONU. Pour Clément Voule, rapporteur pour la liberté d’association au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, une telle loi pourrait utilisée pour museler les critiques du gouvernement. « Une organisation qui défend une personne qui a été arrêtée, torturée, mais qui est membre d’un parti politique, cette organisation pourrait être en train d’être vue comme faisant un travail politique » explique-t-il. Le fait que ce texte passe dans un contexte pré-électoral est particulièrement préoccupant pour Clément Voule : « Nous savons très bien, nous voyons les élections passées, que ce sont généralement des élections qui sont très violentes et qui sont aussi imbues de répression. » Il se demande si les autorités vont considérer que les organisations qui dénonceraient « par exemple des répressions contre des partisans d’un parti politique » font « de la politique » ? RFI

En Tanzanie, des livres contraires aux « normes morales » bannis des écoles
Le gouvernement tanzanien a banni des écoles plusieurs livres pour enfants portant notamment sur l’éducation sexuelle, les accusant de contrevenir aux « normes culturelles et morales » de ce pays d’Afrique de l’Est où l’homosexualité est criminalisée. « Nous bannissons ces livres des écoles et des autres structures éducatives parce qu’ils sont contraires aux normes culturelles et morales », a affirmé devant la presse, lundi 13 février, le ministre de l’éducation, Adolf Mkenda, depuis la capitale, Dodoma. Sont notamment frappés d’une interdiction immédiate les différents volumes de Journal d’un dégonflé : carnet de bord de Greg Heffley, une série d’ouvrages illustrés américains qui se sont écoulés à des millions d’exemplaires dans le monde. Le gouvernement n’a pas précisé les raisons pour lesquelles il ciblait ce « journal » mettant en scène un adolescent, mais il a assuré que des inspections étaient menées dans les bibliothèques des écoles publiques et privées pour s’assurer qu’il en avait été retiré. Le ministre a également fait figurer dans cette première liste d’ouvrages « inacceptables » un manuel sur l’éducation à la sexualité et des livres mentionnant les personnes LGBTQ. Le Monde avec AFP

Mozambique : huit morts et près de 40.000 personnes touchées par des inondations
Le gouvernement du Mozambique, dans le sud-est de l’Afrique, a déclaré l’état de catastrophe naturelle en raison de graves inondations. Environ 40.000 personnes ont été touchées par les intempéries et huit personnes ont perdu la vie, a déclaré le président Filipe Nyusi dans une allocution télévisée mardi. Les pluies ont commencé il y a près d’une semaine et ont depuis inondé de nombreuses maisons. Des centaines d’écoles ont été détruites dans tout le pays, a déclaré Filipe Nyusi. Des milliers de personnes ont été sauvées des inondations et ont trouvé refuge dans des centres d’accueil. Le sud de l’Afrique se trouve actuellement dans la saison cyclonique estivale, qui apporte régulièrement des cyclones et de fortes précipitations jusqu’en mars ou avril. La veille, le gouvernement sud-africain avait également déclaré l’état de catastrophe nationale en raison d’inondations dans sept des neuf provinces du pays. Des maisons, des routes et des ponts ont été inondés et endommagés. Des digues ont débordé. Le gouvernement sud-africain n’a cependant pas fait état de morts, de blessés ou de personnes ayant dû quitter leur domicile. AFP

Afrique du Sud: communautés et activistes se mobilisent contre un projet gazier de TotalEnergies
Après la campagne #STOPEACOP en Ouganda, c’est en Afrique du Sud que les militants environnementaux se mobilisent contre les projets de TotalEnergies. La major a demandé la licence de production de deux blocs gaziers au large de la côte sud-africaine. Un investissement qui pourrait s’élever à 3 milliards de dollars pour des réserves estimées à plus d’un milliard de barils. Mais ce projet est loin de faire l’unanimité. Ce nouveau projet d’extraction d’énergie fossile mobilise les acteurs sur le terrain en France, comme l’association de défense des milieux marins Bloom, mais également en Afrique du Sud. Parmi ces militants, Christian Adams, qui représente la 4e génération de pêcheurs de sa famille. Il a deux fils à qui il souhaiterait passer le flambeau, mais le développement des projets pétroliers et gazier sur la côte risque de compromettre ces perspectives. RFI

Comment les armes prolifèrent-elles autant au Sahel?
Pas moins de 9300 personnes seraient mortes l’an dernier dans des violences au Sahel. Rébellions, banditisme, islamistes, tensions intercommunautaires : les sources de violences dans cette vaste région du nord de l’Afrique sont multiples et impliquent une quantité d’armes toujours plus importante. Le rapport révèle que celles-ci viennent surtout du continent africain lui-même avec comme première source de circulation, les armes dites « déviées ». Elles sont le plus souvent volées aux forces nationales sur le champ de bataille, dans les armureries ou bien achetées à des agents corrompus. Mais François Patuel, chef de l’unité recherche à l’UNODC, s’inquiète d’un nouveau phénomène, celui des États qui arment des civils pour combattre, comme au Burkina avec les Volontaires pour la défense de la patrie. Selon lui, ces gens souvent « sans formation sont très vulnérables et ciblés par divers groupes qui dérobent leurs armes ». RFI

Guerre Ukraine – Russie : les migrants en Russie contraints de se battre
Le groupe mercenaire russe Wagner aurait recruté des dizaines de milliers de prisonniers pour combattre en Ukraine. Mais le nombre croissant de victimes et d’exécutions extrajudiciaires fait qu’il est beaucoup plus difficile de trouver des volontaires, même dans les prisons. De nombreux détenus craignent désormais d’être tout simplement forcés à partir à la guerre – et les travailleurs migrants des pays d’Asie centrale se trouvent particulièrement vulnérables. Anuar est venu en Russie à la recherche d’un travail en 2018. Il a ensuite été emprisonné pour trafic de drogue et envoyé pour purger sa peine à la colonie pénitentiaire numéro six dans la région de Vladimir. La BBC ne divulgue pas son vrai nom et sa nationalité pour des raisons de sécurité. BBC