Revue de presse du 11 décembre 2023

Le référendum constitutionnel au Tchad promet une transition sans changement — ni stabilité
Le référendum constitutionnel tchadien, prévu pour le 17 décembre, est la dernière mesure prise par la junte militaire du général Mahamat Déby pour gérer une transition qui maintient la succession héréditaire de la dynastie Déby et l’armée en tant qu’acteur politique central dans ce pays de 18 millions d’habitants qui chevauche six voisins dans la région instable du Sahel. La société civile et les dirigeants de l’opposition ont critiqué le processus référendaire pour son manque d’inclusivité et son incapacité à prendre en compte les principales préoccupations de l’opposition politique, telles que l’intimidation, l’absence de liberté d’expression et de réunion, un organe de gestion électorale partisan et la prise en compte de la décentralisation de l’autorité dans le cinquième plus grand pays d’Afrique en termes de superficie. La plupart des partis d’opposition ont appelé à voter « non » ou à boycotter le référendum…Le référendum constitutionnel de décembre semble destiné à fournir un vernis de validation pour la gestion continue par la junte de la transition menant aux élections présidentielles d’octobre 2024. Le schéma de retardement et d’obstruction fait écho aux tactiques longuement éprouvées d’Idriss Déby, qui est arrivé au pouvoir par la force en 1990 et s’y est maintenu pendant trois décennies en évitant les limitations de mandat, en résistant aux appels à la réforme démocratique et en réprimant de multiples rébellions armées. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

RDC : retrait du contingent burundais de l’EAC-RF
Environ neuf cents éléments du contingent burundais ont quitté Goma (Nord-Kivu) dimanche 10 décembre en direction de leur pays. Le Commandant de la Force régionale de l’EAC, le général de division Aphaxard Kiugu, et ses adjoints, ont rendu le dernier hommage à ces éléments du contingent burundais avant qu’ils ne prennent leur avion pour le Burundi, dimanche à l’Aéroport international de Goma. Cette force régionale précise sur son compte X (Twitter) que c’est plus de neuf cents soldats du contingent burundais ont quitté le Nord-Kivu ; les uns via l’aéroport international de Goma, et les autres accompagnant leur composante logistique par la route. Pendant un an de présence, les militaires burundais avaient installé leur base à Sake mais une partie d’entre eux ont été déployés à Mushaki et sur l’axe Kilolirwe, Kitshanga et Mweso dans le territoire de Masisi. Le commandant de la Force régionale argumente que cette présence avait permis aux FARDC et au M23 d’observer le cessez-le-feu qu’ils ont maintenu jusqu’à sa rupture en octobre 2023. Le contingent burundais est le troisième à quitter le Nord-Kivu après celui du Kenya et du Soudan du Sud, soit respectivement plus de 250 et 300 soldats, selon l’EAC-RF. Les éléments qui restent encore sur le terrain, y compris le contingent ougandais, y seront maintenus jusqu’au 7 janvier 2024 avant de regagner leurs pays respectifs. Ce départ des troupes burundaises s’aligne sur le plan de sortie décidé par les chefs d’état-major des forces de défense de l’EAC lors d’une réunion extraordinaire du 6 décembre 2023 à Arusha en Tanzanie, rappelle le commandement de l’EAC-RF. Radio Okapi

La mission de l’ONU au Mali clôt officiellement 10 ans de présence
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a abaissé le drapeau des Nations unies sur son quartier général à Bamako, clôturant symboliquement dix ans de déploiement dans ce pays en crise d’où la junte au pouvoir la chasse…La fermeture met fin à un engagement commencé en 2013 face à la propagation de violences qui menaçaient la stabilité d’un État pauvre et fragile. Elles ont depuis gagné le centre du pays et les voisins sahéliens du Burkina Faso et du Niger, faisant des milliers de morts civils et combattants et déplaçant des millions de personnes…La Minusma s’est depuis désengagée de la plupart de ses 13 emprises, dans des conditions difficiles dans le nord, sous la pression d’une escalade militaire entre tous les acteurs armés présents sur le terrain. Outre Bamako, il reste à la Minusma à fermer les sites de Gao et Tombouctou (nord) où sera mené après le 1er janvier ce que l’ONU appelle la « liquidation » de la mission. Il s’agira par exemple de remettre aux autorités les derniers équipements devant l’être ou de mettre fin aux contrats existants. A la date de vendredi, plus de 10.500 personnels en uniforme ou civils de la Minusma ont quitté le Mali, sur un total d’environ 13.800 au moment du début du retrait, a indiqué la Minusma sur X (ex-Twitter). Le chef de la Minusma a déclaré lundi que tous les personnels non concernés par la « liquidation » auraient quitté le Mali d’ici à l’échéance au 31 décembre. AFP

Niger : la Cedeao ouvre la voie à un allègement sous conditions des sanctions
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réunie en sommet à Abuja, a ouvert la voie, dimanche 10 décembre, à un allègement de ses sanctions à l’encontre du Niger, en le conditionnant à une « transition courte » avant un retour des civils au pouvoir. Un comité composé des présidents du Bénin, du Togo et de Sierra Leone négociera avec le régime militaire nigérien les engagements à mettre en œuvre avant un éventuel assouplissement des sanctions, a annoncé le président de la commission de la Cedeao, Omar Touray. Ces militaires, qui ont renversé le 26 juillet lors d’un coup d’Etat le président élu Mohamed Bazoum, dirigent depuis lors le pays au sein du Conseil national de la sauvegarde de la patrie (CNSP). En réaction, début août, les membres de la Cedeao avaient imposé de lourdes sanctions économiques et financières à Niamey…Cette décision de la Cedeao fait suite à la visite, vendredi, au Togo du chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani accompagné de certains de ses ministres. Quelques jours avant, Niamey avait demandé au président togolais Faure Gnassingbé de jouer un rôle de médiateur. Le Monde avec AFP

Guinée : la junte obtient le retrait de Djoma TV sur Canal+
C’est en pleine diffusion de l’émission « On refait le monde », un des débats politiques les plus suivis et les plus critiques, souvent à l’égard des militaires au pouvoir, que le signal de Djoma TV a été subitement coupé. Un fait inattendu mais pas très surprenant, car il fait suite au brouillage, il y a quelques jours, de la fréquence de la version radio de Djoma TV, qui était déjà dans le viseur des militaires au pouvoir à Conakry. C’est le président de la Haute autorité de la communication qui a demandé par ailleurs à Canal+ International de retirer Djoma TV de son bouquet, officiellement pour des raisons de sécurité. Le direct sur internet n’est lui aussi plus accessible…Comme avec le brouillage de la fréquence de sa radio, le groupe Djoma Media n’a reçu aucune notification préalable pour le retrait de ses émissions télévisées. Kalil Oularé a dû faire plusieurs recherches avant de trouver l’origine…Le retrait des émissions de Djoma pénalise les auditeurs et téléspectateurs, car c’est un média qui retransmet en continu et en intégralité les audiences du procès en cours sur le massacre du 28 septembre 2009…Pour Masaran Djémory Kouyaté, président du Haut Conseil des Guinéens établis à l’étranger, le retrait des émissions de Djoma TV va priver les Guinéens de la diaspora des informations sur leur pays, alors que ceux-ci s’intéressent particulièrement à la conduite de la transition et au déroulement du procès du massacre du 28 septembre…Depuis plusieurs semaines, les associations de presse se préparent à une série d’actions, dont un sit-in devant la Haute autorité de la communication, une marche pacifique et le boycott des activités du gouvernement de transition, qu’elles accusent de museler la presse privée et toute voix discordante relayée par les médias. DW

Le président du Bélarus au Kenya pour renforcer les liens commerciaux
Le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, fidèle allié de Moscou et isolé en Occident, a rencontré son homologue kényan William Ruto lundi à Nairobi pour renforcer les liens commerciaux entre les deux pays, a annoncé la présidence kényane. Le chef de l’Etat bélarusse a débuté samedi une tournée en Afrique, après avoir rencontré le président équatoguinéen Téodoro Obiang Nguema à Malabo. Cette tournée vise à poursuivre l’établissement de « liens étroits » entre Minsk et des pays africains…Alexandre Loukachenko se maintient au pouvoir depuis 29 ans, et le pays se retrouve souvent ostracisé par les alliés occidentaux et visé par de lourdes sanctions pour sa répression de l’opposition et son soutien à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’était rendu en mai au Kenya, locomotive économique d’Afrique de l’Est. Moscou et Kiev cherchent à accroître leur influence respective sur le continent africain. En février, 22 des 54 Etats membres de l’Union africaine se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote de la dernière résolution en date de l’Assemblée générale de l’ONU appelant la Russie à retirer ses forces d’Ukraine. AFP

La Russie réorganise sa présence en Centrafrique et nomme un nouveau responsable de ses activités
L’organisation de la présence russe en Centrafrique a évolué, après les interrogations liées à la mort du fondateur du groupe Wagner Evguéni Prigojine fin août. Un nouveau cadre est arrivé à Bangui en vue de chapeauter les activités dans le pays, qui vont de la formation militaire à l’exploitation des mines et des forêts. Le responsable ne vient pas du groupe de mercenaires mais des services de renseignement extérieurs, preuve d’une volonté de contrôle des opérations par l’État russe. Basé à l’ambassade, son identité et son parcours ont été retracés dans une enquête journalistique. Selon les investigations du groupe All Eyes on Wagner et de la radio free Europe, le nouvel homme fort de la Russie en Centrafrique s’appelle Denis Pavlov. Passé par les représentations russes auprès de l’Unesco à Paris, des Nations unies à Genève, et de l’Union européenne à Bruxelles, il a intégré l’ambassade à Bangui en septembre. Cela dans la foulée de la visite du vice-ministre russe de la Défense Yunus Bek Yevkurov au président Faustin Archange Touadéra, après la mort du chef du groupe paramilitare Wagner Evgueni Prigojine…Âgé de 46 ans, Denis Pavlov n’est pas un simple diplomate selon l’enquête : il est surtout agent du SVR, les services des renseignements extérieurs. Si Vitali Perfilev, en charge des questions de sécurité, aurait bien quitté Bangui, le gérant de la partie économique et informationnelle de Wagner Dimitri Sityi est toujours sur place : il a été vu à la présidence au déjeuner officiel marquant le 1er décembre, la fête de la proclamation de la République. Il ne dirige en revanche plus officiellement la maison russe, depuis l’arrivée de Nafisa Kiryanova, également en septembre. RFI

Zimbabwe: législatives partielles sans aucun candidat de l’opposition
Le pays d’Afrique australe a tenu en août des élections générales dans un contexte politique tendu, l’opposition dénonçant une répression croissante du régime. Le scrutin, dont la régularité a été mise en doute, a offert un second mandat au président Emmerson Mnangagwa, 81 ans, ainsi que 177 sièges parlementaires sur 280 à son parti, la Zanu-PF. Il manque 10 sièges au parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1980 pour jouir de la majorité qualifiée au Parlement (les deux tiers des sièges) et ainsi être libre de réviser les lois du pays. Mais avec des élections partielles samedi pour remplacer neuf députés déchus dans des circonstances troubles, et sans aucun opposant autorisé dans la course, peu de choses semblent désormais pouvoir arrêter la Zanu-PF. D’autant qu’une autre série de 18 opposants ont perdu leur siège parlementaire le mois dernier, par la répétition d’un ubuesque stratagème. Le premier parti d’opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC) a bien tenté devant la justice de contester le renvoi de ses députés et leur disqualification au scrutin de samedi, en vain…Jeudi et vendredi, un tribunal d’Harare a ordonné que les neuf candidats de l’opposition soient exclus de ces élections partielles. Un certain Sengezo Tshabangu, qui se présente comme le « secrétaire général par intérim » de la CCC mais que le parti d’opposition qualifie d' »imposteur », avait saisi la justice dans ce sens. En octobre, le même homme avait informé le président du Parlement que 14 députés de l’opposition, ayant quitté la CCC, ne pouvaient pas conserver leur siège. Le parti avait démenti mais le président du Parlement, membre de la Zanu-PF, avait déclaré les postes vacants, ouvrant la voie au scrutin de samedi. AFP

Critiqué, le président égyptien en passe d’être réélu
Les Egyptiens ont commencé à voter depuis le dimanche 10 décembre, pour une élection présidentielle largement éclipsée par la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza voisine. Sans surprise, le président sortant, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, semble assuré d’être réélu pour la troisième fois consécutive. Trois candidats lui font face. Il s’agit de Farid Zahran, le président du Parti égyptien démocratique et social (classé à gauche), Abdel-Sanad Yamama, du Wafd, parti fondé au début du XXe siècle, mais devenu marginal et Hazem Omar, du Parti populaire républicain…Campagne de répression contre les opposants, restriction des libertés fondamentales, inflation galopante, chômage et migration des jeunes vers l’Europe : le bilan du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, est plutôt sombre et controversé. D’après les chiffres de l’Institut national des statistiques, le pays reste frappé par une crise économique sévère avec un accès limité des populations à leurs droits économiques et sociaux. Pour l’année 2023-2024, par exemple, le gouvernement a alloué la moitié de son budget au remboursement de la dette. L’accord avec le Fonds monétaire international n’a pas permis la sortie de crise. Aujourd’hui, le salaire moyen a connu une légère augmentation, mais l’inflation tourne toujours autour de 40%. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 70% entre août 2022 et juillet 2023. DW

Sénégal: les candidats à la présidentielle appelés à déposer leur candidature jusqu’au 26 décembre
Depuis lundi 11 décembre, les candidats au Sénégal peuvent déposer leurs dossiers de candidature à l’élection présidentielle de février 2024. Ils ont jusqu’au 26 décembre pour déposer toutes les pièces au niveau du Conseil constitutionnel, dont les parrainages et une caution de 30 millions de francs CFA. La collecte de parrainage est bouclée pour la plupart des candidats et l’heure est à la compilation des données et aux règlements des derniers détails administratifs. Les candidats ont le choix de déposer trois types de parrainages : citoyen, des élus ou des chefs exécutifs territoriaux. Pour le moment, chacun reste mystérieux sur la stratégie adoptée. Du côté de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakar, onze dossiers ont été préparés pour la candidature de l’actuel Premier ministre Amadou Ba…Du côté de l’opposition, Khalifa Sall de Taxawu Sénégal n’a plus qu’à déposer la caution avant de déterminer quel type de parrainage il va choisir de déposer. Le parti démocratique sénégalais annonce être prêt même si leur candidat Karim Wade n’est toujours pas de retour dans le pays. Le Pastef d’Ousmane Sonko assure lui avoir atteint ses objectifs concernant la collecte de parrainage citoyen pour le candidat Bassirou Diomaye Faye : il est présenté comme un plan B si leur leader politique ne peut pas se présenter. Les élus attendent quant à eux les consignes, alors qu’Ousmane Sonko n’est pas encore fixé sur sa participation ou non à l’élection présidentielle. RFI