Questions / réponses : La Somalie planifie la transition de la sécurité

Le conseiller à la sécurité nationale de la Somalie s'exprime sur la volonté politique, sur les réformes de sécurité au sein du Plan de transition de la Somalie, ainsi que sur la détermination de construire une coalition domestique et internationale destinée à soutenir les progrès du pays.


Somaliens diplômés d'un programme de formation de trois mois dans les compétences de police. (Photo: US Air Force / Benjamin Raughton)

Somaliens diplômés d’un programme de formation de trois mois dans les compétences de police. (Photo: US Air Force / Benjamin Raughton)

Les efforts d’édification de l’État en Somalie, notamment les initiatives pour renforcer la sécurité et reconstruire le système politique, ont progressé sans discontinuer depuis l’inauguration du Président Mohammed Abdullahi Farmajo en février 2017. De sérieux problèmes persistent néanmoins. Le Centre d’études stratégique de l’Afrique s’est entretenu avec Abdisaid Ali, le conseiller à la sécurité nationale auprès du président du Gouvernement fédéral de Somalie afin de faire le bilan des progrès.

À quoi ressemble la situation en matière de sécurité en Somalie, et dans quelle mesure les autorités somaliennes sont-elles prêtes à assumer la responsabilité de la sécurité ?

Au cours des dix dernières années, la sécurité n’a pas été assurée par l’état. Notre immense gratitude va à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), dont les forces venant  d’Éthiopie,  du Kenya,  de l’Ouganda, de Djibouti et du Burundi ont été les principaux pourvoyeurs de sécurité depuis leur déploiement en 2007; et c’est leur présence et leurs sacrifices qui ont permis les progrès accomplis à ce jour en Somalie. D’autres partenaires internationaux ont également apporté une contribution notable, tout particulièrement les États Unis et d’autres partenaires bilatéraux. Ceux-ci ont fourni les forces de sécurité et l’équipement qui ont permis de rétablir un gouvernement fédéral et étatique après le renversement de l’Union des tribunaux islamiques.

Le violent groupe extrémiste islamiste al-Shabaab a été et demeure encore la plus grande menace sécuritaire en Somalie et dans la région. Ce groupe conserve la ferme volonté de contrôler certaines régions du pays, d’imposer son idéologie extrémiste aux Somaliens et de prendre pour cible le gouvernement somalien et les forces de sécurité.

Les institutions et les forces de sécurité en Somalie sont en cours de développement mais font face, malgré tout, à une menace capable d’intimider les forces de sécurité les plus chevronnées. Après des années d’investissements mal avisés, de tentatives sans cohésion de réforme et un manque de vision commune dans le domaine de la sécurité en Somalie, une évaluation de l’état de préparation opérationnelle de l’armée nationale de Somalie, dirigée en 2017 par le gouvernement fédéral, a mis en lumière le besoin de réformes considérables et d’une approche plus systématique pour construire et soutenir l’armée.

Somali President Mohamed Abdullahi Farmajo

Somali President Mohamed Abdullahi Farmajo

L’une des premières actions du Président Farmajo, après son entrée en fonctions en février 2017, a été de donner son accord pour un dispositif national de sécurité. Cet accord historique a servi de base au pacte de sécurité signé à la Conférence sur la Somalie qui s’est tenue à Londres en mai 2017 entre la Somalie et des partenaires internationaux. Ce pacte a établi les fondations de la construction d’un secteur de la sécurité compétent, responsable, d’un coût accessible et acceptable. Ce dispositif conçoit la composition, la structure et l’étendu du secteur de la sécurité en Somalie, l’ampleur des forces de sécurité, le rôle des institutions dans la surveillance des civils et la répartition entre le gouvernement fédéral et les États membres fédéraux (FMS) du commandement et du contrôle. Pour la première fois, la Somalie a formalisé et approuvé la conception de ses institutions de sécurité.

En décembre 2017, le gouvernement fédéral, en collaboration étroite avec les FMS, l’AMISOM, les pays contributeurs de troupes, ainsi que les partenaires internationaux, s’est engagé à mettre sur pied une stratégie permettant à la Somalie d’assumer graduellement la responsabilité de sa sécurité. Cette stratégie comprend le transfert progressif des responsabilités d’AMISOM aux forces somaliennes. Elle englobe également les régions du pays où AMISOM n’a jamais été représentée, mais où institutions et capacités de sécurité font défaut. L’horizon du projet s’étale sur les quatre prochaines années, jusqu’aux élections de 2020/2021, bien qu’il soit reconnu que la reconstruction du secteur de la sécurité de la Somalie constitue un projet à long terme.

À terme, la transition c’est davantage la construction de l’État et de la paix, avec  l’emergence d’institutions somaliennes performantes.

En quoi ce projet est-il différent ?

Ce projet est différent des stratégies antérieures sur la sécurité parce qu’il a une approche globale de ce que constitue la sécurité. Nous reconnaissons le fait que des opérations militaires à elles seules ne maintiendront pas le processus de transition ou une paix durable. Notre orientation sur les aspects de la sécurité tels que l’état de droit, la gouvernance locale et l’emploi des jeunes représente une nouvelle façon d’aborder la sécurité en Somalie. Le Plan de transition tire également des enseignements des obstacles qu’ont rencontrées précédemment les stratégies de sécurité en Somalie. Un changement majeur est d’assurer que les approches menées par des civils, notamment en ce qui concerne la stabilisation, sont intégrée dans des projets opérationnels et implémentées par des opérations uniformes. L’accent sur la consultation et l’engagement au niveau local en ce qui concerne le planning et la mise en œuvre de la transition, ainsi que la nécessité de résoudre les questions politiques qui soutiennent les institutions de la sécurité constituent d’autres différences. La composition des forces de sécurité, l’allocation des ressources de sécurité entre le gouvernement fédéral et les FMS et les relations du commandement font partie de ces institutions de la sécurité.

“Ce projet est différent des stratégies antérieures sur la sécurité parce qu’il a une approche globale de ce que constitue la sécurité… Les opérations militaires à elles seules ne maintiendront pas le processus de transition ou une paix durable. ”

Le Conseil national de sécurité est devenu une caractéristique régulière de la configuration de l’engagement entre le gouvernement fédéral et les FMS. Présidé par le président et comprenant les dirigeants des FMS, le Conseil national de sécurité a été, et continuera d’être, le véhicule des décisions politiques du domaine de la sécurité, décisions qui sont ensuite renvoyées au Parlement pour y être étudiées. Les décisions, à ce jour, concernent l’évaluation et la politique d’intégration des forces régionales, ainsi que le rôle et le soutien des bureaux régionaux de la sécurité. Ces décisions politiques clés constituent le cadre de  de l’implémentation technique. La corruption et les allégeances ancestrales sont profondément ancrées. Modifier l’état d’esprit afin d’assurer que les simples citoyens somaliens bénéficient de la sécurité est un défi considérable. En dépit de ceci, une nouvelle génération d’hommes politiques  est en train d’émerger. Ils travaillent à bouleverser les anciens comportements afin d’amplifier la transparence et d’apporter à la Somalie des changements réels.

Ces efforts menés par les somaliens eux-memes rejoignent le désir de nos partenaires internationaux de percevoir un rendement des investissements qu’ils ont placés dans la sécurité en Somalie. Les contributeurs de troupes à l’AMISOM ont déclaré qu’ils souhaitaient voir une stratégie qui aboutisse au retrait de leurs troupes, et nos autres partenaires internationaux font des contributions importantes qui doivent cesser un jour. Nous sommes maintenant en mesure d’assumer de façon progressive  cette responsabilité. À travers le Plan de transition, nous avons la volonté politique commune de la Somalie et de ses partenaires internationaux de voir le projet réussir.

Un policier ougandais de l'AMISOM en patrouille.

Un policier ougandais de l’AMISOM en patrouille.

Qu’est-ce que le gouvernement fédéral a fait jusqu’à présent pour mettre en marche cette direction stratégique ?

Le plan de transition représente un changement capital de l’organisation et de l’exécution de la sécurité en Somalie. Pas de « business as usual » ! Sous la présidence de M. Farmajo, la Somalie est prête à prendre en charge la sécurité d’une façon durable, progressive et coordonnée.

La stratégie du gouvernement fédéral est une approche globale du transfert de la sécurité, basée non seulement sur l’armée, mais également sur les progrès établis sur les feuilles de route politiques, sur la réforme de la constitution, la stabilisation, la gouvernance locale, les politiques ainsi que sur la construction de l’état, notamment l’expansion des institutions du maintien de l’ordre et de la justice administrés localement.

Une gouvernance légitime et une politique inclusive forment la base de toutes les autres réformes et du renforcement des capacités. Et c’est à quoi nous procédons dans l’ensemble du gouvernement et du pays. Sans représentation politique probante et sans accès à la justice, nous serons incapables d’instaurer la confiance dans les institutions de sécurité en Somalie, ni pourrons-nous fournir les services de base nécessaires pour combattre al Shabaab et son administration souterraine. Des réformes de la constitution seront essentielles pour officialiser la répartition des responsabilités, notamment de la sécurité, entre les institutions au niveau fédéral, et entre le niveau fédéral et le niveau régional du gouvernement. En parallèle, nous continuerons nos réformes économiques afin de produire les revenues et la responsabilité des institutions nécessaires au paiement régulier des salaires et de la maintenance.

“Une gouvernance légitime et une politique inclusive forment la base de toutes les autres réformes et du renforcement des capacités. Et c’est à quoi nous procédons dans l’ensemble du gouvernement et du pays.”

La transition est prévue, dans le cadre du Dispositif national de sécurité, comme un transfert organisé, progressif et systématique des responsabilités de sécurité vers les forces alignées, ceci avant 2021. Elle doit établir en même temps de vastes mesures politiques et économiques destinées à soutenir et maintenir la transition aux niveaux fédéral, étatique et communautaire.

Les avis des FMS sur les priorités et les éléments du plan de transition ont été centraux à l’approche d’un projet localisé. Le groupe central de rédaction a procédé à des visites sur le terrain dans la capitale de chaque FMS pour permettre aux représentants du gouvernement fédéral de consulter les intervenants de la sécurité locale, notamment les présidents des FMS, les représentants des Conseils régionaux de sécurité, l’Armée nationale de Somalie, les pays contributeurs de troupes à l’AMISOM, la police d’AMISOM, et les partenaires internationaux. Ce processus de consultation a permis à chaque FMS d’établir ses priorités dans le domaine de la sécurité, de rendre compte de leurs aptitudes actuelles et de mettre en lumière les carences les plus marquantes de leurs moyens telles qu’elles ont été évaluées par chaque État. Comme pour le Plan de transition, la consultation a examiné, non seulement les besoins de la sécurité militaire et de la police, mais aussi les facteurs nécessaires à la sécurité des hommes en ce qui concerne l’accès à la justice ainsi que de la stabilisation, de la prévention et de la lutte contre la violence extrémiste. Une fois « l’avant-projet » distribué, le groupe central [de rédaction] a perfectionné le projet et donné son approbation. Il a ensuite été avalisé par le Conseil national de sécurité (qui comprend le gouvernement fédéral et les FMS) et par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Il a été ensuite reçu par le Conseil de sécurité de l’ONU et par les donateurs internationaux participant au meeting de haut niveau sur la sécurité en Somalie qui s’est tenu à Bruxelles le 2 mai.

Le Plan de transition détermine la direction stratégique dans trois domaines d’activité :

  1. Activités opérationnelles : L’identification et la hiérarchisation des zones doivent être sous la complète responsabilité des forces de sécurité somaliennes, notamment la passation des zones d’AMISOM et le déploiement des forces acceptées dans le Dispositif national de sécurité. Ceci voudra dire que les villes, les routes principales, ainsi que l’infrastructure nationale peuvent être transférées progressivement à la sécurité somalienne, permettant aux forces de sécurité somaliennes de diriger les opérations, et à AMISOM de réduire sa présence.
  2. Renforcement des capacités institutionnelles : Mise en service de programmes et de projets axés sur le renforcement des capacités institutionnelles, notamment la mise en service du Dispositif national de sécurité, des recommandations de la part de l’Évaluation de l’état de préparation opérationnelle, du maintien de l’ordre, de la justice et des réformes de la fonction publique. Cela comprend la réforme de la paie, l’élaboration de politiques et de doctrines, la restructuration de la fonction publique, la création de forces, la formation et l’adoption de legislations clés.
  3. Activités de soutien : Aligner les efforts des forces qui n’ont pas de rapport avec la sécurité afin de créer les conditions d’une paix durable, notamment la stabilisation, le renforcement de la gouvernance locale, la réconciliation, la médiation, l’état de droit, les activités socio-économiques, et la prévention/ lutte contre les violentes activités extrémistes. Les communautés locales seront consultées au sujets des activités, afin de répondre aux besoins. Ces activités pourront cependant inclure la réfection des routes, la dotation de services de santé ou d’éducation, la formation des conseils de districts, et la création d’emplois.

Quels progrès ont été accomplis, et quels sont les signes d’amélioration de la situation ?

Dans le cadre des activités de renforcement des capacités institutionnelles du Plan de transition, nous avons amorcé des réformes clés pour établir le Dispositif national de sécurité et donner à la Somalie les meilleurs conditions pour créer un secteur de sécurité satisfaisant, d’un coût accessible, responsable et compétent. Ces réformes incluent un système d’immatriculation biométrique du personnel de l’Armée nationale de Somalie (SNA) afin d’y établir une réforme salariale, la réduction, de 23 à 13, du nombre de services dans la SNA, et la mutation d’un certain nombre de généraux qui se sont montrés inefficaces et leur remplacement par des officiers subalternes plus jeunes et plus qualifiés.

Depuis décembre 2017, nous mettons au point un projet détaillé qui détermine la direction stratégique du processus de transition et qui a identifié des zones préliminaires où fixer les objectifs de l’aménagement technique. C’est une façon de travailler très différente des engagements précédents en Somalie. Cela représente une nouvelle façon de penser. Les priorités et les décisions sont désormais conduites par les Somaliens. De surcroit, c’est une nouvelle approche globale de la sécurité.

La nature inclusive du processus constitue également un élément important de l’aménagement de la transition. C’est le gouvernement fédéral qui a mis au point le projet et a établi les priorités au niveau national, en collaboration avec les FMS. Nous avons également travaillé en étroite collaboration avec AMISOM, les pays contributeurs de troupes et les partenaires internationaux, et nous continuerons à le faire à mesure que nous entrons dans la phase d’exécution.

La Somalie a bénéficié pendant de nombreuses années du généreux soutien financier de donateurs. Les projets ont cependant été souvent distribués de façon inégale à travers le pays sans être ancrés au sein d’une stratégie plus vaste et dirigée par les Somaliens. Tout ça est en train de changer. Nous appelons les donateurs à aligner leur activités présentes sur les priorités définies dans le Plan de transition, de façon à ce que les effets des contributions décuplent.

La coordination active et la planification commune des Somaliens et des intervenants internationaux démontrent clairement la volonté politique de la Somalie et de ses partenaires de tenir leurs promesses dans des délais difficiles.

Quels sont les facteurs qui détermineront le succès ou l’échec du processus de transition, quels sont les obstacles au progrès, qu’est-ce qui pourrait freiner ou faire dérailler ce processus, et quels sont les problèmes à surmonter ?

La cohésion et la volonté politique de tous les intervenants sera essentielle au succès du Plan de transition. Le gouvernement fédéral, les FMS, AMISOM, les pays contributeurs de troupes, ainsi que les partenaires internationaux devront rester engagés et investis dans la réalisation du plan.

À mesure que nous entrons dans la phase d’exécution, de nombreux défis nous attendent, tant au niveau de la sécurité que des ressources, des capacités institutionnelles et des divisions politiques. Certains — ceux qui n’ont pas bénéficié du statu quo, ou ceux qui ne souhaitent pas voir la Somalie en paix, stable et unifiée — essaieront de saboter notre travail. Mais si tous les intervenants sont investis dans la vision définie par le Plan de transition, nous serons en mesure de surmonter ces facteurs.

Il nous faut être également réalistes et conscients que la transition prendra de nombreuses années à réaliser. Nous travaillons avec ardeur à maintenir la dynamique des opérations, mais de nombreux éléments, essentiels à des opérations spécifiques à un lieu, constituent des initiatives à long terme. Il faudra plusieurs générations pour intégrer certaines d’entre elles, et les progrès ne seront pas linéaires. Nous ne devons pas agir avec précipitation dans le seul souci de respecter les délais des donateurs, mais il nous faut cependant conserver un rythme constant dans nos activités.

Quelles sont les priorités immédiates, les activités et les étapes majeures à court et moyen termes ?

Le Plan de transition est divisé en trois phases situées entre maintenant et 2021 :

  • Phase 1 – d’aujourd’hui à juin 2019
  • Phase 2 – juillet 2019 à décembre 2020
  • Phase 3 – janvier 2021 à décembre 2021

La transition prendra de nombreuses années, mais cet horizon permet une stratégie détaillée dans un délai réaliste, et nous permet également de surveiller les progrès et de rectifier le plan si besoin est. La phase 1 constitue les fondements du renforcement des capacités à long terme sur les quelques années à venir, en même temps que la phase d’exécution dans les zones prioritaires indiquées par le plan. Entre autres tâches, ceci comprend l’amélioration du soutien des Conseils régionaux de sécurité, la refonte du Code de discipline militaire somalienne, le remaniement de la sectorisation de l’Armée nationale de Somalie afin d’aligner les frontières des FMS, et le renforcement des services du maintien de l’ordre au niveau communautaire dans des zones spécifiques de population.

Le 7e bataillon de l'armée ougandaise, dans le stade national somalien de Mogadiscio. (Photo: AMISOM)

Le 7e bataillon de l’armée ougandaise, dans le stade national somalien de Mogadiscio. (Photo: AMISOM)

L’une des premières zones prioritaires est le stade de Mogadishu. Le stade est le plus grand local sportif de Mogadishu. Il a été construit en 1978. Très récemment, il a été utilisé comme base opérationnelle par les forces de sécurité nationales et internationales. Le gouvernement fédéral a l’intention de restaurer le stade et de l’utiliser pour des tournois nationaux et internationaux de football à cause de l’énorme symbolique que cela représente pour la population somalienne toute entière, également parce que cela renforcera l’unité nationale. Pour le gouvernement fédéral ainsi que pour l’administration régionale de Banadir, la réouverture du stade apportera une source de distractions à la jeunesse. En outre, l’organisation des matches de football serait une excellente source de revenus. La population de Mogadishu, particulièrement la communauté des jeunes, attend la réouverture du stade avec impatience. Ils aiment regarder et jouer au football, qui est un passe-temps populaire à Mogadishu. La communauté des affaires est également intéressée par le retour des tournois sportifs dans le stade. Elle bénéficierait d’activités commerciales considérables. Nous comptons organiser un tournoi de football dans le stade d’ici fin 2018.

À quoi ressemble le succès ?

En fin de compte, le succès c’est que la Somalie assume la responsabilité de sa sécurité. La sécurité n’est cependant pas une fin en soi. Avec la sécurité que nous assurerons, nous espérons voir un retour à la normale pour le peuple de Somalie : liberté de se déplacer sans les menaces de al Shabaab, commerces ouverts, possibilité de faire du sport, d’aller à l’école et de faire de la politique avec la protection de l’état de droit et la protection des droits de l’homme.

Des structures légales et administratives devront être en place, notamment un Processus de révision de la Constitution, un système judiciaire opérationnel et la création d’une Cour constitutionnelle. Toutes sont des entreprises au niveau national et à long terme. En même temps, au niveau local on pourra constater des progrès importants qui rapprocheront les communautés et résoudront les désaccords, favoriseront la réconciliation et feront disparaître certaines causes sous-jacentes de conflit. Des efforts à tous les niveaux — des communautés locales aux plus hautes institutions du pays — seront nécessaires pour rebâtir le pays et permettre au secteur de la sécurité de jouer un rôle dans la protection des citoyens somaliens.

C’est pourquoi notre vision d’un retour à la normale comporte également des forces de sécurité adéquates, telles que des forces de police au niveau communautaire qui seront les principaux prestataires de sécurité.

Ces objectifs ne seront pas atteints en un jour. Mais il y a, en cours de route, des indicateurs de succès que nous recherchons. Elles incluent le transfert d’institutions nationales clés tels que le stade, l’ouverture de routes principales de ravitaillement, le vote de lois pour réformer nos institutions de sécurité, la reconfiguration d’AMISOM d’une armée au rôle de soutien de la police pour nos forces de sécurité, et l’établissement de projets centrés autour de la communauté afin d’améliorer la vie du peuple somalien.

À mesure que nous faisons face à ce projet ambitieux, notre but est que la population de Somalie en tire tous les bénéfices et que sa sécurité soit sous la direction de l’État somalien.


Ressources complémentaires