Les reculs des initiatives de réforme du secteur de la sécurité (SSR) ces dernières années nous rappellent que l’institution d’un secteur de la sécurité efficace et responsable est inextricablement liée à la qualité de la gouvernance démocratique. Seuls les responsables, légitimement élus ont des programmes d’incitation intrinsèque visant à créer des secteurs de la sécurité capables orientés sur la sécurité des citoyens. L’expérience montre, cependant, que la plupart des initiatives SSR sont lancées dans des contextes fragiles ou contestés d’après conflits où de tels programmes d’incitation sont faibles. Pour compliquer le problème, même les périodes de démocratisation réelle font face à un recul démocratique au moins la moitié du temps.
Ceci va sans dire qu’il ne faut pas tenter d’initiatives SSR dans des contextes difficiles. Elles doivent plutôt être calibrées à l’environnement politique unique dans lequel elles sont entreprises. Elles progresseront, à leur tour, de manière itérative avec le renforcement d’un processus de démocratisation.
Un objectif primordial aux prémices d’un processus de réforme SSR doit, par conséquent, renforcer dynamisme et résilience. L’accent mis, en particulier, sur la dépolitisation du secteur de la sécurité peut aider à isoler ces forces des pressions politiques inévitables auxquelles elles sont exposées dans les périodes de conflits ou de renversement de régimes démocratiques. La formation déontologique et l’institution de politiques visant au recrutement fondé sur le mérite et la promotion sont vitales. Protéger l’espace réservé aux médias et à la société civile est pareillement central au soutien d’un climat favorable aux réformes. Une autre priorité doit consister à améliorer les conditions de vie des soldats engagés (par exemple, les baraquements ou logements provisoires, la nourriture et la protection contre le détournement de leur solde). Ceci permet de créer des avantages tangibles pour que ces troupes restent engagées au processus de réforme.
En bref, la priorité au commencement d’une réforme SSR doit être donnée aux personnes avant les biens. L’impulsion à sauter immédiatement sur des programmes conventionnels « d’équiper et de former » les soldats, dans des contextes dépourvus de contrôle interne adéquat ou d’ incitations à la démocratie, a plus de chance de contribuer à augmenter la corruption et la répression des forces armées.
La démocratie ne peut seulement être consolidée que lorsque le secteur de la sécurité est pleinement engagé en faveur des principes démocratiques. En attendant, les initiatives SSR doivent se préparer au renversement des régimes démocratiques. Bien qu’il faille s’attendre à des reculs, ceci ne veut pas dire qu’il faille renoncer. Bien que les renversements de régimes démocratiques soient courants, leur rétablissement l’est aussi. Dans plus de deux tiers des cas de renversement de régimes démocratiques, le processus de transition renaît dans les trois ans qui suit. Ceci crée des occasions de « deuxième chance » pour la réforme SSR, qui donnent un bilan de durabilité et de progrès relativement plus grands.
Lire en plus
- Joseph Siegle, “Overcoming Dilemmas of Democratization: Protecting Civil Liberties and the Right to Democracy,” Nordic Journal of International Law, 81 (décembre 2012), pp. 471–506.
- Joseph Siegle, “ICT and Accountability in Areas of Limited Statehood” in Bits and Atoms, eds. Steven Livingston and Gregor Walter-Drop, Oxford University Press, 2014.
En plus: Démocratisation Gouvernance du secteur de la sécurité