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Le colonel Batlhatlosi Phejana est secrétaire adjoint à la défense (pour les affaires politiques) au ministère de la Défense et de la Sécurité du Botswana. Le colonel Phejana est un ancien auditeur actif du CESA qui a participé à trois programmes en présentiel : les éminaire des leaders émergents du secteur de la sécurité (ESSL) de 2019, le séminaire ESSL virtuel de 2021 et l’atelier sur la gestion des ressources en matière de sécurité en Afrique de 2023. Il a également participé à des événements organisés par le CESA pour les anciens auditeurs. Il a coordonné, avec le CESA, l’organisation au Botswana de l’atelier 2022 sur l’élaboration d’une stratégie de sécurité nationale et a contribué à l’élaboration du programme du Forum des Parlementaires d’Afrique australe 2023.
Que signifie être un ancien auditeur du CESA ?
Le colonel Batlhatlosi Phejana (BP): Être un ancien auditeur du CESA est une expérience profonde. Il témoigne du respect des valeurs africaines et d’un engagement en faveur de l’apprentissage et du développement professionnel. Le CESA revêt une importance considérable, notamment en ce qui concerne le renforcement de la défense et de la sécurité du continent par le biais d’initiatives solides en matière de renforcement des capacités. Mon engagement auprès du CESA, en particulier dans le contexte des défis de l’ère Covid-19, a été instructif. Dans le cadre de divers programmes, j’ai pu constater par moi-même le professionnalisme inébranlable du Centre et sa capacité profonde à façonner l’état d’esprit des dirigeants du secteur de la sécurité en Afrique. Le CESA est une lueur d’espoir, prêt à influencer de manière significative la professionnalisation du paysage de la sécurité en Afrique. En formant des dirigeants et en encourageant une culture de la réflexion prospective, elle joue un rôle essentiel dans le remodelage des paradigmes de sécurité sur l’ensemble du continent. Le fait d’être affilié au CESA me remplit de fierté et d’un sentiment de privilège. Il ne s’agit pas seulement d’une association, mais d’un témoignage de ma foi en la mission du Centre et en son potentiel à susciter des changements positifs. Je tiens le CESA en haute estime et, en tant qu’ancien auditeur, je suis profondément reconnaissant des opportunités qu’il m’a offertes.
Restez-vous en contact avec les anciens auditeurs que vous avez rencontrés lors des événements organisés par le CESA ?
BP: Absolument. Je suis en contact régulier avec un grand nombre d’entre eux, dans plusieurs pays et dans la région. Nous discutons de sujets divers, qu’il s’agisse de conversations décontractées ou de nos activités professionnelles. Hier encore, j’ai eu le plaisir de rencontrer l’un de mes collègues du programme de l’année dernière à Lusaka, en Zambie. J’ai eu le plaisir de renouer avec lui, et nous avons partagé un merveilleux dîner. Alors oui, j’entretiens des liens avec d’autres participants aux programmes du CESA.
Comment prévoyez-vous l’évolution des défis sécuritaires en Afrique au cours des 25 prochaines années ?
BP: Lorsque l’on envisage l’évolution du paysage de la sécurité de l’Afrique au cours des 25 prochaines années, il est essentiel de reconnaître l’interconnexion de l’Afrique avec l’environnement sécuritaire mondial. L’Afrique ne peut être considérée isolément ; elle est intimement liée aux tendances et aux évolutions de la sécurité mondiale. Les défis structurels, tels que ceux découlant de l’impact du réchauffement climatique, des menaces de cybersécurité et des problèmes de migration, sont sur le point de façonner le paysage sécuritaire de l’Afrique de manière significative. Ces défis, exacerbés par les effets du changement climatique, sont susceptibles de persister et de s’intensifier dans un avenir prévisible. Le prochain quart de siècle sera marqué par la poursuite et l’intensification de ces défis sécuritaires. Le changement climatique continuera d’avoir des effets profonds, menaçant la sécurité alimentaire, exacerbant la pénurie de ressources et alimentant les conflits pour des ressources qui s’amenuisent. La cybersécurité est un autre sujet de préoccupation majeure, l’Afrique étant plus vulnérable que d’autres régions. Le continent doit renforcer sa capacité à anticiper les menaces liées à la cybersécurité et à y répondre efficacement.
En outre, la criminalité transnationale et l’extrémisme violent restent des menaces persistantes, comme en témoignent les conflits en cours, tels que la situation au Mozambique. Ces défis soulignent le besoin urgent de stratégies globales pour s’attaquer aux causes profondes et atténuer leurs effets. Alors que nous naviguons dans les complexités du futur paysage sécuritaire, les Africains se trouveront de plus en plus confrontés aux défis multiformes posés par le changement climatique et la cybersécurité. L’adaptation à ces défis nécessitera des efforts concertés aux niveaux national, régional et international. En conclusion, les 25 prochaines années seront probablement caractérisées par la résilience de l’Afrique face à l’évolution des menaces à la sécurité, avec un accent particulier sur la lutte contre les effets du changement climatique et le renforcement des capacités en matière de cybersécurité.
Pourquoi poursuivez-vous votre partenariat avec le CESA ?
BP: Pour moi, le CESA représente une opportunité. Le travail effectué par le CESA est essentiel. Il ne s’agit pas seulement du renforcement des capacités ; mais il s’agit surtout de la modification fondamentale de l’état d’esprit et des approches des dirigeants du secteur de la sécurité en Afrique. Cela va au-delà des sphères militaires et policières traditionnelles et influence tous les secteurs impliqués dans la sécurisation de l’Afrique. Il s’agit de rendre les parlementaires, plus autonomes, du renforcement du rôle du pouvoir judiciaire dans le respect de l’État de droit et, d’une manière générale, de contribuer à la bonne gouvernance en Afrique. C’est pourquoi je tiens le CESA en une si haute estime et saisis chaque occasion de m’engager avec lui. Il offre un espace essentiel pour envisager l’avenir que nous souhaitons pour notre continent. C’est un lieu où nous, Africains, pouvons nous réunir, discuter, rêver et travailler à la réalisation de cet avenir. En ce sens, il n’est pas seulement important pour moi, il est indispensable.
Avez-vous des réflexions ou des messages à partager avec la communauté du CESA à l’occasion de son 25e anniversaire ?
BP: Absolument. Tout d’abord, j’adresse mes plus sincères félicitations au CESA pour avoir franchi cette étape remarquable de 25 ans au service de l’Afrique. C’est un véritable motif de célébration, compte tenu de l’immense impact que le Centre a eu sur notre continent. S’il est vrai que l’Afrique est toujours confrontée à des problèmes de sécurité, il est important de reconnaître les nombreux points positifs qui sont apparus à la suite des initiatives du CESA. Souvent, nous avons tendance à nous attarder sur les aspects négatifs, en négligeant les avancées significatives que le Centre a rendues possibles. Les programmes du CESA sur le leadership, en particulier le leadership exécutif, ont permis à d’innombrables personnes à travers l’Afrique d’acquérir des compétences et des connaissances nécessaires pour naviguer dans des paysages sécuritaires complexes. Cette acquisition a contribué à l’amélioration de la sécurité sur le continent.
Mon message est donc simple : félicitations le CESA, et continuez votre travail inestimable. Ne vous laissez pas décourager par les revers ; laissez-les plutôt alimenter votre détermination à nous soutenir dans la construction de l’Afrique que nous envisageons – une Afrique de paix, de sécurité et de liberté pour tous.
Les réseaux professionnels favorisés par les programmes du CESA sont d’une valeur inestimable. Grâce à ces connexions, je peux facilement contacter des collègues en Zambie, au Congo ou au Liberia, ce qui témoigne de l’impact du centre dans la promotion de la collaboration et de la solidarité entre les professionnels africains de la sécurité.
Une fois de plus, merci au CESA pour son dévouement sans faille. Continuons à avancer ensemble.