Revue de presse du 9 juin 2025

Conflit en RDC : le Rwanda se retire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale
Le Rwanda s’est retiré de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), dénonçant une « dérive » de cette organisation en faveur de la République démocratique du Congo (RDC), sur fond de conflit dans l’est de ce pays. Les combattants du Mouvement du 23-Mars (M23), un groupe armé qui, selon des experts de l’ONU et des Etats-Unis, bénéficie d’un soutien militaire rwandais, ont réalisé des avancées rapides dans l’est de la RDC depuis janvier, s’emparant de villes-clés et de vastes territoires au cours d’affrontements qui ont fait des milliers de morts. Une partie de la communauté internationale, notamment la Belgique, ancienne puissance coloniale en RDC et au Rwanda, critique ouvertement Kigali pour son appui au M23, accusé de multiples exactions. Samedi 7 juin, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC a prolongé d’une année supplémentaire le mandat du président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, à la tête de l’organisation, alors que Kigali devait en prendre la présidence. « C’était chaud entre le ministre rwandais et celui de la RDC, qui dit que si le Rwanda prend la présidence, eux ne pourront pas se rendre au Rwanda pour les activités ou événements de la communauté. Le Burundi est aussi sur la même voie », avait confié à l’Agence France-Presse (AFP) un commissaire de la CEEAC, sous le couvert de l’anonymat. Le Monde avec AFP

Le groupe paramilitaire russe Wagner quitte le Mali, remplacé par Africa Corps
Le groupe paramilitaire russe Wagner quitte le Mali, où il était présent depuis 2021, et ses contingents seront réintégrés au sein de son successeur, l’Africa Corps, une autre organisation sous le contrôle du ministère de la Défense russe, ont confirmé des sources diplomatiques et sécuritaires à l’AFP dimanche. Depuis deux coups d’État en 2020 et 2021 qui ont porté au pouvoir la junte dirigée par le général Assimi Goïta, le Mali a rompu l’alliance avec l’ancien colon français pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie, notamment en faisant appel aux services de Wagner. « Officiellement, Wagner arrête sa présence au Mali. Mais Africa Corps prend le relais », a indiqué à l’AFP dimanche une source diplomatique au Sahel. « Le Kremlin reste maître du jeu », poursuit la même source diplomatique: « L’essentiel du personnel de Wagner au Mali et originaire de Russie sera réintégré au sein de Africa Corps et maintenu dans les chefs-lieux de région du Nord et à Bamako. »…Le Mali n’a jamais reconnu formellement la présence des mercenaires de Wagner, mais affirmait faire appel à des instructeurs russes. Wagner offre un catalogue de services aux régimes en difficulté. Au Mali, il menait des opérations sur le terrain, protégeait le pouvoir en place, proposait des formations militaires, voire des conseils juridiques pour réécrire le code minier ou la Constitution…Les méthodes brutales du groupe paramilitaire sur le terrain au Mali ont été régulièrement dénoncées par des ONG de défense des droits humains. L’ONU avait accusé dans un rapport l’armée malienne et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté en mars 2022 au moins 500 personnes lors d’une opération antijihadiste à Moura, dans le centre du pays, ce qu’a réfuté la junte malienne. AFP

Mali: l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo lance le Front patriotique de résistance pour un retour à la Constitution
Au Mali, le Front Patriotique de résistance (FPR) a vu le jour week-end, pour réclamer le retour à l’ordre constitutionnel. Son initiateur Aliou Diallo est un homme politique malien qui est actuellement en exil, il condamne la dissolution des partis politiques par la junte et appel à la mobilisation. L’initiateur du Front patriotique de résistance (FPR) est un homme à double casquette : Aliou Boubacar Diallo est un homme d’affaires prospère, mais aussi un homme politique malien. Lors des dernières élections présidentielles, en 2018, il est arrivé en troisième position sur une vingtaine de candidats. Aujourd’hui, il vit en exil et appelle ses compatriotes à le rejoindre pour mettre fin à ce qu’il qualifie d’une transition « illégale » dirigée par les militaires à la tête du Mali : « Le Front patriotique de résistance s’adresse à des millions de Maliens, explique Aliou Boubacar Diallo, de l’intérieur comme de la diaspora, pour qu’ensemble, nous nous organisons pour que cette violation de notre constitution et cette prise de pouvoir par des voies anticonstitutionnelles cesse. » « La situation est grave », poursuit-il. Il a rendu public son schéma de sortie de crise baptisé V3R, pour vérité, reconnaissance, réparation et réconciliation. Aliou Boubacar Diallo ne prône pas la violence comme d’action. Il demande toutefois, avec insistance, aux militaires maliens, de retourner dans les casernes et d’organiser rapidement des élections libres et démocratiques. RFI

Mali : un opposant libéré après un mois de captivité
Un militant politique de premier plan, dont la famille a déclaré qu’il avait été enlevé par les autorités militaires du Mali, a été libéré après un mois de captivité, ont déclaré ses proches dimanche. Alassane Abba, l’un des dirigeants de l’ancien parti politique Codem, a été déposé le long d’une route dans la capitale du Mali, Bamako, jeudi, a déclaré Alhousseini Jannatta Alassane, son fils, à l’Associated Press. « Aucune autorité n’a confirmé leur implication, mais nous pensons que les services de renseignement sont derrière cet enlèvement », a-t-il déclaré. Les services de renseignement du Mali ne parlent pas aux médias de telles affaires, et les autres autorités gouvernementales n’étaient pas immédiatement disponibles pour commenter. M. Abba, qui était secrétaire général du parti Codem, a été arrêté et emmené le 9 mai, peu après avoir dénoncé la répression des droits civiques dans le pays et le fait que la junte au pouvoir n’ait pas organisé d’élections depuis le coup d’État de 2021. Son arrestation a eu lieu dans le cadre de manifestations en faveur de la démocratie à Bamako, qui ont critiqué la dictature croissante de la junte et appelé au retour de la démocratie. Plusieurs personnalités politiques sont toujours détenues après avoir critiqué le pouvoir du gouvernement militaire…Les arrestations de militants pro-démocratie se sont multipliées en réponse aux manifestations. Africanews avec AP

Jihadistes au Sahel : « L’erreur serait de croire que cela n’arrive qu’aux autres »
[Vidéo] Depuis plusieurs mois, les terroristes multiplient les coups d’éclat, des attaques commises à la périphérie de Bamako à l’assaut coordonné lancé sur Tombouctou, au Mali, en passant par la prise de contrôle, pendant quelques heures, de Djibo, ville burkinabè de 300 000 habitants. « Leur stratégie vise clairement à étouffer les capitales en les encerclant à distance », explique François Soudan…Embuscades sur les principaux axes routiers, multiplication des raids visant les infrastructures stratégiques : une pression inédite s’installe. Certes, « leur capacité à tenir une ville reste limitée », reconnaît François Soudan, mais leur présence dans les zones rurales est désormais « omniprésente et diffuse ». En outre, les jihadistes ont désormais accès à de nouvelles armes dont ils font un usage de plus en plus intensif : les drones…Autre évolution majeure que pointe François Soudan : l’expansion des zones d’opérations des jihadistes au-delà des frontières de l’AES, au Bénin et au Togo notamment, mais aussi la stratégie d’infiltration déployée aux confins du Sénégal et de la Mauritanie. Jeune Afrique

Burundi: des médias mis sous cloche par le pouvoir lors du double scrutin législatif et communal
Au Burundi, pays qui était donné en exemple il y a encore une dizaine d’années pour sa presse libre, indépendante et dynamique dans la région des Grands Lacs, a bien changé. Jeudi 5 juin 2025, pour sa couverture des législatives et communales, tous les médias locaux, publics et privés, avaient été mis sous cloche par le pouvoir burundais qui dirige d’une main de fer ce pays. Ce sont 30 radios, 7 télévisions et 30 médias de la presse écrite ou en ligne qui se sont mis ensemble pour couvrir les élections de jeudi au Burundi. Et c’est une commission dirigée par un directeur général du ministère de la communication qui a trié pour cela les présentateurs et les quelque 300 journalistes déployés sur le terrain pour couvrir du vote. Papiers radio, reportages télé ou encore post à publier sur les réseaux sociaux. Chacun de ces journalistes devait soumettre sa production à une rédaction, qui avait le droit de les censurer. RFI

Au Togo, l’opposition et la société civile dénoncent des arrestations « arbitraires » lors de manifestations
L’opposition et la société civile togolaises ont dénoncé dimanche 8 juin des arrestations « arbitraires » lors de manifestations dispersées par la police jeudi et vendredi à Lomé, tenues pour protester contre le régime. Au Togo, où Faure Gnassingbé, président depuis 2005, a récemment consolidé son pouvoir grâce à une réforme constitutionnelle, les manifestations sont interdites depuis 2022, après une attaque meurtrière au grand marché de Lomé. Les meetings restent autorisés. Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP) dimanche, un regroupement de partis politiques de l’opposition et de la société civile, le front citoyen Touche pas à ma Constitution, a affirmé « condamner avec la plus grande fermeté les arrestations massives et arbitraires perpétrées les 5 et 6 juin 2025 ». Dans la nuit de jeudi à vendredi, jusque dans la matinée, quelques dizaines de manifestants ont été dispersés au gaz lacrymogène par la police dans différents quartiers de Lomé, notamment près de la présidence. Des journalistes qui couvraient les manifestations ont été brièvement interpellés et contraints par les forces de l’ordre d’effacer leurs images. Les manifestants protestaient contre des arrestations de voix dissidentes, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle. Le Monde avec AFP

Le retour au pays de l’opposant camerounais Maurice Kamto provoque des tensions à Douala
Ce dimanche 8 juin, dans la capitale économique du Cameroun, l’opposant Maurice Kamto, candidat déclaré à l’élection présidentielle, avait prévu de rencontrer ses partisans au siège de son parti. Plusieurs milliers de ses partisans étaient au rendez-vous, mais point de Maurice Kamto. Sa résidence avait été encerclée par des dizaines d’éléments des forces de l’ordre, un dispositif qui a empêché de fait l’opposant d’accéder au point de rendez-vous. Arrivé samedi soir de Paris, Maurice Kamto avait prévu de communier avec ses soutiens et partisans ce dimanche à Douala avant de rallier Yaoundé, sa ville de résidence. Au quartier Deido, où se trouve la représentation du MRC ici à Douala, des milliers de militants ont répondu à l’appel, entonnant des chants à la gloire du président du MRC, sous le regard des éléments des forces de l’ordre et de sécurité, déployés en nombre sur les lieux. La foule n’a cessé de grossir au fil de la journée, laissant poindre des risques d’affrontements entre ces militants, enthousiastes à l’idée de rencontrer leur leader, et les policiers et gendarmes commis à leur encadrement. Maurice Kamto n’a finalement jamais fait son apparition sur le site. À 16h, il a diffusé une courte vidéo sur ses réseaux sociaux où il a annoncé être « séquestré » selon ses propres mots à sa résidence. Il a appelé à la démobilisation et invité ses partisans à rentrer chez eux. RFI

Présidentielle en Côte d’Ivoire: le PDCI entend afficher son unité derrière son leader Tidjane Thiam
En Côte d’Ivoire, trois jours après la radiation de l’opposant Tidjane Thiam de la liste électorale, son parti, le PDCI, tente toujours de réagir et de se mobiliser. À moins de cinq mois de la présidentielle, la formation politique a rassemblé ses militants ce samedi 7 juin à son siège de Cocody, à Abidjan. Objectif : afficher l’unité derrière le chef. L’auditorium du « Vieux Parti » affiche complet. À la tribune, une dizaine de cadres et l’hymne du PDCI chanté à l’unisson. Le député Soumaila Brédoumy orchestre la partition : tous derrière Tidjane Thiam. « Le PDCI-RDA exprime tout son soutien au président Tidjane Thiam, qui reste son seul et unique candidat pour les élections primaires du mouvement ». Et même si le président du parti est inéligible, aucune autre piste n’est envisagée pour la présidentielle…La Commission électorale juge impossible de réviser la liste des électeurs avant le scrutin du 25 octobre. Le porte-parole répète tout de même les demandes de l’opposition : « Nous devons maintenir la pression pour obtenir des élections inclusives, transparentes et démocratiques. Cela exige un audit de la liste électorale et la réinscription du président Tidjane Thiam de notre parti sur la liste électorale. » RFI

Au Kenya, mort en détention d’un homme arrêté pour des commentaires en ligne
A Nairobi, la mort en cellule d’un homme arrêté pour ses publications sur les réseaux sociaux a provoqué, dimanche 8 juin, l’indignation en ligne au Kenya, à quelques semaines du premier anniversaire des manifestations de juin 2024, qui avaient été réprimées dans le sang. « La mort en détention d’Albert Ojwang pose de sérieuses questions qui doivent être urgemment, minutieusement et indépendamment examinées », a dénoncé l’ONG Amnesty International, pour qui ce décès constitue un « nouveau rappel flagrant » de l’urgence de « réformes profondes » au sein des forces de l’ordre. « Aucun Kényan ne devrait perdre sa vie en détention », a poursuivi l’organisation de défense des droits humains, qui, dans un communiqué, a demandé une enquête, que ses conclusions soient rendues publiques et que les policiers éventuellement responsables soient jugés. Dans un communiqué, la police a expliqué qu’Albert Ojwang, arrêté pour « fausse publication », avait « subi des blessures à la tête après l’avoir frappée contre les murs de la cellule ». Les policiers en service « ont rapidement remarqué les blessures et l’ont transporté d’urgence à l’hôpital de Mbagathi, où il a été déclaré mort à son arrivée », poursuit le texte, qui annonce une enquête de l’autorité indépendante de surveillance de la police…Les voix critiques sont de plus en plus sanctionnées au Kenya, près d’un an après un mouvement de contestation, durement réprimé, contre la corruption endémique et le projet de loi des finances de 2024 prévoyant des hausses d’impôts. Le Monde avec AFP