Sénégal : Amnesty évoque 23 morts lors des troubles et réclame une enquête indépendante
Amnesty International a annoncé, jeudi 8 juin, avoir décompté 23 morts dans les troubles qui ont secoué le Sénégal, davantage que le bilan officiel des autorités, et a exigé une enquête indépendante. Le Sénégal a été en proie, du 1er au 3 juin, aux plus graves troubles depuis des années à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. Une décision de justice qui rend inéligible pour la présidentielle de février 2024 une personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés. L’annonce de la condamnation a déclenché des violences qui ont fait officiellement 16 morts. A travers 18 entretiens, des vidéos authentifiées et des certificats de décès et rapports d’autopsie qui attestent de blessures par balles, Amnesty dresse un bilan humain à la hausse et dénonce un usage excessif de la force ainsi que des atteintes à la liberté d’expression et d’information. Le Monde avec AFP
Affaire Sonko : Macky Sall peut-il contenir la colère ?
Confronté pour la deuxième fois de son mandat à de violentes manifestations, le président a pour l’instant semblé garder le contrôle de la situation. Face à lui, l’opposition a appelé à de nouvelles manifestations. … Au sein de la majorité, certains commencent à douter. « Le président devrait renoncer à un troisième mandat pour sortir de la crise », glisse sous couvert d’anonymat un cadre du Parti socialiste (PS), qui chemine au sein de la coalition au pouvoir. Mais le chef de l’État peut compter sur ses indéfectibles alliés. « Nous sommes décidés à soutenir le président », insiste le député Farba Ngom, qui assume « coordonner à distance des jeunes » pour faire face aux actes de vandalisme et de pillage. « Nous ne sommes pas dans des discours intellectuels, ajoute-t-il. Nous sommes en train de nous battre ! » Sur la façade extérieure du siège du parti, l’APR a déployé, depuis le 7 juin, un immense portrait du président. Une casquette vissée sur la tête, il effectue le V de la victoire. L’opposition a, quant à elle, annoncé de nouvelles manifestations les 9 et 10 juin. Et assure que la bataille contre Macky Sall ne fait que commencer. Jeune Afrique
Cameroun : comment l’exploitation forestière échappe au contrôle de l’Etat
Il est 2 h 25 à Yaoundé. Sur une route goudronnée du quartier d’Emana, deux camions chargés de grumes roulent à vive allure. Comme chaque nuit, ils seront des dizaines, venus des régions forestières du Sud, de l’Est ou du Centre, à traverser la capitale du Cameroun. Les chargements de bois se ressemblent tous, à un détail près : certaines grumes sont marquées, d’autres pas, comme dans ces deux camions croisés aux premières heures à Emana. Si le transport nocturne de bois en agglomération est autorisé au Cameroun, la circulation des « grumes non revêtues des marques réglementaires prescrites dans le cahier des charges », elle, est prohibée. … Pendant un an, Le Monde et InfoCongo ont rencontré des dizaines de trafiquants de bois, d’habitants et de conducteurs de grumes illégales au Cameroun. Leurs témoignages, ainsi que des documents officiels du ministère des forêts et de la faune (qui n’a pas souhaité répondre à nos questions), montrent que l’exploitation illégale de bois s’accélère.
Est de la RDC : « Ils ouvraient les portes et décapitaient les gens », 12 morts dans une nouvelle attaque
Douze civils ont été tués jeudi soir dans le Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, dans une nouvelle attaque de village attribuée aux ADF, rebelles affiliés au groupe Etat islamique, a-t-on appris vendredi de sources locales. Cette énième attaque a eu lieu dans le territoire de Beni, épicentre des exactions des ADF (Forces démocratiques alliées), accusés d’avoir massacré des milliers de civils congolais depuis le milieu des années 1990. A l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, les ADF sont implantés depuis cette époque dans l’est de la RDC. Ils ont fait allégeance en 2019 au groupe Etat islamique, qui les présente comme sa branche en Afrique centrale. « Il y a eu une incursion des rebelles ADF dans le village de Bukokoma », dans le secteur de Ruwenzori, a précisé à l’AFP Ricardo Rupande, président de la société civile du secteur. Selon ses informations, les rebelles, qui ont aussi volé du bétail, n’ont tiré aucun coup de feu. Belga
Des crimes de masse commis au Soudan
Cela fera bientôt deux mois que durent les affrontements armés au Soudan. Les combats qui opposent les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo à l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane ont fait au moins 1.800 morts et plus d’un million et demi de déplacés et réfugiés, selon les Nations Unies. Pire, la représentante au Soudan de l’agence de l’ONU pour les femmes indique que le nombre d’agressions sexuelles augmentent. Adjaratou Ndiaye dénonce notamment des « viols de masse » au Darfour. Mais les civils sont également utilisés comme boucliers humains par les parties en conflit, comme l’explique Victoire D’Humières, experte sur le Soudan à la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH). DW
Guinée: comparution des leaders du FNDC pour violences et «participation délictueuse à un attroupement»
En Guinée, les leaders du FNDC, le front créé en 2019 pour s’opposer au projet de troisième mandat d’Alpha Condé, arrêtés en août 2022 par les nouvelles autorités guinéennes avant d’être libérés le mois dernier, étaient hier matin (jeudi) face à la justice guinéenne. Ils répondaient de plusieurs chefs d’accusation, notamment participation délictueuse à un attroupement, violences, destructions de biens appartenant à autrui. RFI
Vague d’arrestations en Égypte en plein « dialogue national »
Le 3 mai, le matin même de l’ouverture de ce grand raout censé aborder tous les sujets qui fâchent dans le plus peuplé des pays arabes, un journaliste est arrêté, tandis que le monde célèbre la journée de la liberté de la presse. Hassan Qabbani est finalement relâché et Diaa Rashwan, le coordinateur du dialogue national, assure qu’il s’agissait d’un « problème d’homonymie ». Au même moment, 16 proches et partisans d’Ahmed al-Tantawi, l’unique candidat (pour l’instant) à la présidentielle du printemps 2024, sont arrêtés. Peu de temps après, la rapporteure de l’ONU pour les défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, s’inquiète de la « disparition forcée », pendant 23 jours, du militant Moaaz al-Charqawy, réapparu ensuite devant le parquet de la Sûreté d’Etat, une juridiction d’exception, d’après l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). Pour Amr Magdi, de l’ONG Human Rights Watch (HRW), le dialogue national n’apporte « absolument aucun changement ». Le pouvoir, dit-il à l’AFP, « manœuvre pour faire comme s’il ouvrait un nouveau chapitre mais, en réalité, il essaye uniquement d’améliorer son image. » AFP
Au Zimbabwe, une loi pour punir les citoyens “antipatriotiques”
À l’approche de l’élection présidentielle, le gouvernement zimbabwéen, avec à sa tête les héritiers du dictateur Robert Mugabe, muselle les voix dissonantes avec l’adoption d’une loi criminalisant le fait de “porter atteinte volontairement” aux intérêts nationaux. L’étau se resserre un peu plus sur les opposants au régime d’Emmerson Mnangagwa, l’ancien bras droit du dictateur Robert Mugabe, qui a pris sa place à la tête du Zimbabwe après un coup d’État en 2017. À deux mois et demi de l’élection présidentielle, qui doit se tenir le 23 août prochain, le Parlement puis le Sénat viennent de voter une loi décrite par les opposants comme “la plus draconienne jamais adoptée dans l’histoire postcoloniale du pays”, rapporte le média sud-africain News24. Courrier international
Le président ougandais en « congés forcés » en raison du Covid-19
Le président ougandais Yoweri Museveni, 78 ans, a annoncé jeudi qu’il s’était mis en « congés forcés » après avoir été testé positif au Covid-19. « Hier matin, j’ai remarqué des symptômes ressemblant à une grippe légère », a écrit dans un communiqué le chef de l’Etat, ajoutant qu’un test avait confirmé qu’il avait été infecté par le virus du Covid-19. Alors que deux des trois échantillons prélevés sur lui en début de semaine se sont révélés négatifs, l’un d’entre eux a donné un résultat positif. « Je me suis donc isolé… (et) j’ai délégué mon travail d’aujourd’hui et de demain au Premier ministre Robinah Nabbanja », a-t-il ajouté. … En Ouganda, la répression contre la société civile, avocats et militants s’est accrue ces dernières années, selon de nombreuses organisations de défense des droits humains. Selon le ministère de la Santé, l’Ouganda a enregistré officiellement 170 255 cas d’infection au coronavirus et 3 632 décès depuis le début de la pandémie en 2020. africanews avec AFP
Le manioc, alternative africaine à la crise du blé ?
L’Afrique, très dépendante des cours volatils du blé, doit miser davantage sur le manioc pour améliorer sa sécurité alimentaire et renforcer sa souveraineté économique. Transformer le tubercule pourrait aussi faire avancer le continent sur le chemin de l’industrialisation. La destruction du barrage de Nova Kakhova, en Ukraine, a provoqué une flambée des cours du blé faisant craindre un retour à la situation de 2022, annus horribilis pour la céréale jaune, durant laquelle s’était succédé l’invasion par les armées de Vladimir Poutine de l’Ukraine, « grenier à blé du monde » et, quelques mois plus tard, des sécheresses historiques, décimant des milliers de tonnes de récoltes en Europe, au Canada et en Inde. Sans surprise, ces catastrophes successives ont conduit à des cours records et, en cascade, à une explosion du prix du pain, élément devenu indispensable pour de larges franges des populations du continent. Ce choc aura cependant contribué à remettre au goût du jour une vieille recette : le pain à base de farine de manioc. Jeune Afrique
L’Afrique est le continent avec la «tendance d’urbanisation la plus rapide au monde»
Cette semaine a lieu à Nairobi, au Kenya, la deuxième session de l’Assemblée d’ONU Habitat, le programme des Nations unies pour les établissements humains. Le rendez-vous a lieu tous les 4 ans, le dernier a pris place en 2019. Depuis lundi et jusqu’à vendredi 9 juin, plus de 5 000 participants, des représentants des États-membres de l’ONU, de ses agences spécialisées, des collectivités locales et de la société civile discutent ensemble. Entretien avec Oumar Sylla, directeur Afrique d’ONU-Habitat. RFI