Revue de presse du 9 février 2024

Comprendre la crise constitutionnelle au Sénégal
Le président Macky Sall, en annonçant qu’il abrogeait le décret fixant la date de l’élection présidentielle au 25 février, a plongé le pays dans une crise constitutionnelle qui met à l’épreuve la force des institutions sénégalaises et celle de ses freins et contrepoids démocratiques…La décision du Président Sall a provoqué une crise constitutionnelle au Sénégal. Cette crise oppose artificiellement les pouvoirs législatif et judiciaire du pays…La portée de la crise est significative dans l’histoire du Sénégal. Jamais les élections n’ont-elles été reportées au Sénégal. Plusieurs transitions pacifiques se sont produites, que ce soit d’un président à un autre à partir de 1981, ou même d’un parti à un autre en 2000 et 2012. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Les Sénégalais appelés à se mobiliser vendredi contre le report de la présidentielle
Les Sénégalais sont appelés à se mobiliser vendredi contre le report de la présidentielle au cours d’une journée test du rapport de force entre le pouvoir du président Macky Sall, la société civile et l’opposition. Un nouveau collectif de groupes citoyens et religieux et d’organisations professionnelles a demandé aux fidèles de se rendre à la grande prière musulmane hebdomadaire en tout début d’après-midi vêtus de blanc et des couleurs nationales. Des messages circulant largement sur les réseaux sociaux appellent par ailleurs les Dakarois à manifester à partir de 15H00 (locale et GMT) sur la vaste place de la Nation à quelques kilomètres du centre de la capitale. Les initiateurs de cet appel ne sont pas identifiés. Mais des candidats à la présidentielle initialement prévue le 25 février et reportée à la dernière minute au 15 décembre, comme Anta Babacar Ngom et Thierno Alassane Sall, ont dit leur intention d’aller manifester. AFP

Guerre au Soudan: Abdel Fattah al-Burhan fait un retour remarqué dans la capitale
Au Soudan, le commandant en chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhan, était ce 8 février 2024 à Khartoum. Il a passé en revue ses forces à Omdurman, et dans d’autres endroits au nord de la capitale Khartoum, selon un communiqué de l’armée…Le général al-Burhan s’était installé à Port-Soudan, au Nord-Ouest du pays, depuis août dernier tout comme le conseil souverain et le gouvernement. Sa visite à Khartoum vise avant tout à apaiser les tensions au sein de l’armée, tout en insistant sur le fait qu’elle est unifiée face à des Forces de soutien rapide auxquelles elle est confrontée depuis le 15 avril 2023…Il a également visité les positions et les bases militaires à Wadi Saydna, à Omdurman, où se situe une base vitale pour l’armée et d’où elle lance ses opérations dans la capitale contre les FSR. RFI

Dans le centre-nord du Nigeria, la ville de Mangu traumatisée par les violences
Pendant des années, la ville de Mangu a échappé aux violences intercommunautaires qui éclatent régulièrement dans l’Etat du Plateau. Cet Etat, situé sur la ligne de démarcation entre le nord du Nigeria, majoritairement musulman, et le sud, majoritairement chrétien, est un foyer de violences intercommunautaires. Issus de l’ethnie Mwaghavul, musulmans et chrétiens de Mangu, ont toujours cohabité ensemble. Mais fin janvier 2024, la ville a été ciblée par plusieurs attaques menées avec des armes à feu et des machettes. Des églises, des mosquées et des écoles ont été volontairement incendiées, ont indiqué des habitants et la Croix-Rouge locale. Au moins 25 personnes y ont été tuées entre le 22 et 23 janvier, au même moment où une autre attaque dans un village voisin à prédominance chrétienne faisait 30 morts. AFP

Le Sahel, une préoccupation sécuritaire pour l’Algérie
Confrontée à une perte d’influence au Sahel, l’Algérie se sent ouvertement défiée et menacée à ses frontières. Selon Alger, les coups d’État militaires menés dans trois pays de la région qui ne possèdent ni armée puissante, ni capacités matérielles, font craindre une porosité aux frontières. Elle craint également les conséquences du retrait du Mali de l’accord de paix d’Alger signé en 2015…Ces développements l’ont d’ailleurs poussé à redéployer discrètement son armée à ses frontières avec le Mali et le Maroc. Des diplomates algériens voient dans ces changements une reconfiguration des alliances dans la région. C’est le cas de l’ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi qui considère que les trois pays du Sahel qui ont connu des coups d’État militaires sont en train d’établir un nouvel ordre dans la région qui « dépasse leurs capacités et leur discours politique actuel ». RFI

Mauritanie : 210 millions d’euros de l’UE pour contrer le depart de migrants
L’Union européenne a annoncé jeudi un financement de 210 millions d’euros pour aider la nation africaine côtière de la Mauritanie à lutter contre les passeurs et à empêcher les bateaux de migrants de partir pour la dangereuse traversée de l’Atlantique de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe. La Mauritanie a déclaré lors d’une réunion avec des responsables européens dans sa capitale côtière de Nouakchott qu’elle avait de plus en plus de difficultés à faire face au nombre croissant de migrants et de réfugiés franchissant ses frontières alors que la sécurité dans la région du Sahel se détériore…La Mauritanie, l’un des pays les plus stables du Sahel, a été saluée comme un partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme, et Von der Leyen a annoncé un financement supplémentaire de 22 millions d’euros pour un nouveau bataillon anti-terroriste en Mauritanie qui patrouillera la frontière avec le Mali instable. Africanews avec AP

En RDC, les grandes manœuvres politiques ont débuté pour Félix Tshisekedi
En ce début février, les grandes manœuvres politiques ont commencé à Kinshasa. On s’agite dans les travées du Parlement nouvellement élu pour la formation d’un gouvernement chargé de lancer le deuxième mandat de Félix Tshisekedi, six semaines après son raz-de-marée électoral à la présidentielle (73 % des voix), tout comme aux législatives organisées concomitamment, le 20 décembre 2023…La facture est globalement la même à l’Assemblée nationale où l’opposition devra se contenter des miettes. Selon les résultats proclamés le 15 janvier par la CENI, l’UDPS de Félix Tshisekedi occupe à elle seule près de 70 sièges sur les 477 déjà attribués…Surtout, l’UDPS peut compter sur des partis satellites créés spécialement pour ratisser le maximum de sièges dans le cadre du système proportionnel au plus fort reste, et sur une myriade de formations alliées au camp présidentiel sans y être affiliées. Le Monde

Les élections législatives et régionales fixées le 13 avril au Togo
Les élections législatives et régionales se tiendront le 13 avril au Togo, a annoncé jeudi soir le gouvernement à la télévision d’Etat. Ces législatives seront couplées avec des élections régionales, que le Togo organisera pour la première fois. Le gouvernement avait annoncé en novembre, que ces élections se tiendraient « au plus tard à la fin du premier trimestre 2024″…Les dernières élections législatives ont eu lieu en 2018 et avaient été boycottées par l’opposition qui avait dénoncé des « irrégularités » dans le recensement électoral. Cette fois, elle se prépare à défier le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), et elle a fortement mobilisé ses partisans à l’occasion du dernier recensement électoral. AFP

Guinée: le site internet de l’aéroport de Conakry piraté par Anonymous 224
Le site internet de l’aéroport de Conakry n’était toujours pas accessible jeudi soir 8 février. À la place de la page d’accueil s’affichait le matin un message appelant à la libération d’internet en Guinée. Depuis la fin du mois de novembre, certains réseaux sociaux sont inaccessibles sans VPN…« Libérez internet, internet est un droit », voici le slogan qui a commencé à s’afficher hier matin sur la page d’accueil de l’aéroport de Conakry, avant que celle-ci ne soit tout simplement plus consultable…Ceux qui ont pris le contrôle du site de l’aéroport dénoncent les restrictions qui frappent actuellement les réseaux sociaux et touchent certains médias en Guinée. RFI

Bénin: le président réitère qu’il ne briguera pas de troisième mandat et déplore la situation régionale
Conférence de presse du chef de l’État du Bénin jeudi 8 février au palais de la Marina, à Cotonou. Devant les journalistes, il a confirmé son départ du pouvoir en 2026, l’année où s’achève son deuxième et dernier mandat. Autres sujets évoqués, la crise politique au Sénégal et surtout la sortie du Niger, du Burkina Faso et du Mali de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Parlant du Sénégal, le président béninois déclare « qu’on ne peut que regretter ce que l’on observe »…En politique intérieure, malgré sa promesse de ne pas s’accrocher au pouvoir, son opposition lui fait le procès de la tentation d’un troisième mandat en 2026. La presse lui repose la question. Presque agacé, il accuse la classe politique de s’agiter sur un sujet qui n’existe pas. RFI

Les réfugiés tchadiens en Centrafrique demandent des terres
Ils sont près de 31.000 réfugiés venus du sud du Tchad à vivre dans la région de Paoua en République centrafricaine. Ils ont fui le conflit entre bergers et cultivateurs dans leur pays. Face à un conflit qui dure, ces hommes et ces femmes cherchent des activités sur place. Et cela pourrait bien passer par l’agriculture. Les personnes réfugiées demandent en tous cas des terres. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et les autorités locales ont ainsi engagé des pourparlers avec la population locale, afin d’accéder à cette demande…Les populations locales semblent ouvertes au projet. Mais dans les localités de Bétoko et Bédaka la population vit essentiellement de l’agriculture. Alors pour éviter un conflit autour du partage des terres, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), présente sur place, multiplie les contacts et les discussions…Certaines familles accueillent déjà des réfugiés chez elles et sont plutôt favorables à un partage des terres arabes. DW

Relance du corridor de Lobito entre la Zambie et la RDC
La République démocratique du Congo, l’Angola et la Zambie ont l’ambition de rénover des voies de commerces issues de la colonisation. Il s’agit de la ligne ferroviaire qui relie le nord-est de la Zambie au port angolais de Lobito, en passant par la RDC. L’Union européenne et les Etats-Unis les aident à financer ce projet, pour concurrencer la Chine dans l’accès au cobalt et au cuivre…Fin octobre 2023, les Etats-Unis et l’Union européenne se sont engagés à soutenir ce projet en aidant par exemple dans la recherche d’investisseurs. Washington évalue le coût des travaux à plus d’un milliard de dollars. Mais ces infrastructures, tournées vers la façade atlantique, permettraient de marquer des points face à la Chine. DW