Revue de presse du 8 décembre 2023

Mali : une centaine de personnes enlevées à Dimbal
Les hommes armés qui ont intercepté et enlevé les passagers de quatre bus, sur la route nationale 15, viennent de transmettre une demande de rançon de 120 millions de francs CFA pour libérer une centaine de personnes, des femmes et des enfants pour la plupart…Des négociations sont toujours en cours entre les ravisseurs et les notables du pays dogon. Désormais, le motif de ces enlèvements est connu puisqu’une somme d’argent a été réclamée, mais l’identité des ravisseurs reste inconnue…La situation est aussi suivie de près par le président de la commission nationale des jeunes de Ginna Dogon, Bocary Guindo. Celui-ci interpelle « le gouvernement, l’Etat malien doit assurer la protection des personnes ainsi que leurs biens sur cette route. Elle est unique et spéciale. C’est une route qui relie l’ensemble de la région au reste du Mali. Si la seule route qui joue ce rôle dans le pays dogon ne peut être pratiquée, je trouve cela très grave. » DW

Mali : RSF déplore le silence sur l’enlèvement de deux journalistes
Reporters sans frontières (RSF) a appelé jeudi 7 décembre les autorités maliennes dominées par les militaires à « sortir de leur silence » sur l’enlèvement il y a un mois de deux journalistes, dans un contexte de violences et de restriction de la liberté de la presse dans le pays. Le journaliste et directeur de Radio Coton Ansongo, Saleck Ag Jiddou, et un animateur de la même radio locale, Moustapha Koné, ont été « enlevés » le 7 novembre par « un groupe armé non identifié » alors qu’ils se rendaient à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, écrit RSF dans un communiqué. Un journaliste d’une autre radio locale, Aziz Djibrilla, a été tué au cours de la même attaque, et un autre d’une autre radio, Harouna Attino, blessé, selon RSF…Leur enlèvement porte à quatre le nombre de journalistes de radios communautaires aux mains de ravisseurs au Mali, après ceux de Hamadoun Nialibouly, en septembre 2020 dans la région de Mopti (centre), et Moussa M’Bana Dicko, en avril 2021 à Boni (centre-est), selon RSF. En plus de ces quatre, le président de la Maison de la presse du Mali, Bandiougou Danté, cite un cinquième, Sory Koné, de la radio Souba de Ségou (centre), enlevé en 2021. Le Mali, dirigé par des militaires depuis 2020, occupe la 113e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.  Le Monde avec AFP

Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
Depuis cet été, les services consulaires français sont fermés dans ces pays dirigés par des juntes, « pour des raisons de sécurité », justifie-t-on au ministère des affaires étrangères. La mesure a été annoncée en septembre en pleine crise diplomatique entre la France et le Niger. Après la prise de pouvoir par les militaires fin juillet, Paris a refusé de reconnaître les nouvelles autorités, qui maintiennent toujours le président Mohamed Bazoum captif. Les tensions ont abouti au départ précipité des troupes françaises et de l’ambassadeur de France…Signe d’une légère accalmie, les services de Campus France ont rouvert le 1er octobre au Mali et au Burkina Faso. Les étudiants de ces pays peuvent à nouveau tenter une admission en France pour la prochaine année universitaire… sans garantie d’obtenir un visa. Reste à savoir si ceux qui avaient déjà été admis, devront reprendre la fastidieuse procédure à zéro. « Nous n’avons pas d’information sur ce point », répond-on à Campus France…Certains étudiants sahéliens, bénéficiaires d’une bourse française, ont néanmoins eu plus de chance. Visés par la mise à l’arrêt de la mobilité internationale fin août suite à la « suspension de l’aide au développement », ils avaient appris quelques jours avant leur départ pour la France l’annulation de leur séjour de recherche. Puis, début octobre, la mesure, dénoncée dans les milieux académiques, avait été levée pour leur permettre de se rendre en France. Le Monde

Algérie: Washington envoie un diplomate à Alger pour relancer les discussions sur le Sahara occidental
L’administration américaine a dépêché jeudi 7 décembre en Algérie Joshua Harris, le vice-secrétaire d’État pour le Proche-Orient, dans le but de relancer les discussions sur le Sahara occidental et sortir du statu quo. Selon le secrétariat d’État, le diplomate américain se rendra ensuite à Rabat pour trouver « une solution pérenne et honorable sans plus tarder » à ce conflit. Alger, soutien indéfectible des Sahraouis du Front Polisario, reçoit le diplomate américain pour la deuxième fois en moins de trois mois : Joshua Harris s’y est rendu en effet en septembre dernier. Il a également visité les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, et y a rencontré les chefs du Polisario, en plus des responsables algériens. Washington semble vouloir multiplier les efforts après la guerre à Gaza pour défendre les accords d’Abraham. Dans le cadre de ceux-ci, le Maroc avait normalisé ses relations avec Israël après la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par les États-Unis de l’ex-président Donald Trump. Mais depuis octobre dernier, cette normalisation est presque gelée. RFI

RDC: le mandat de la force de l’EAC prend officiellement fin, mais quand partiront ses soldats?
Dans l’est de la République démocratique du Congo, le mandat de la force est-africaine envoyée par l’EAC prend officiellement fin vendredi 8 décembre. Plusieurs centaines de militaires kényans ont déjà quitté la RDC le week-end dernier, au bout de cette mission express qui a duré à peine un an. Quand les hommes des autres armées partiront-ils de RDC ? Selon le plan de la communauté régionale dévoilé ce vendredi, les 287 militaires du Soudan du Sud doivent quitter Goma dans la journée. Suivront les contingents ougandais et burundais d’ici le 7 janvier, avec tout le matériel qui doit être acheminé par voies terrestres et aériennes. La force a donc un mois pour se désengager avec comme dernière composante, le quartier général de l’EACRF qui se trouve à Goma, sous commandement kényan…Ces combats contre le M23 engagent les FARDC, des groupes d’autodéfense baptisés Wazalendos, mais aussi des militaires burundais. Ces derniers, selon une source gouvernementale congolaise, ne font pas partie de l‘EAC. Ils sont présents dans le cadre d’un accord bilatéral entre Gitega et Kinshasa et ont vocation à rester dans la zone bien après le retrait des forces est-africaine le 7 janvier. Depuis début octobre, des soldats burundais participeraient à des opérations dans le Nord-Kivu aux côtés de l’armée congolaise contre les rebelles du M23. Ce groupe armé est soutenu par le Rwanda, selon de nombreux experts onusiens et plusieurs chancelleries. Cette participation a toutefois été démentie par l’armée burundaise. RFI

Togo: polémique sur la date butoir fixée pour les législatives
Au Togo, c’est désormais clair, les élections législatives n’auront pas lieu avant le 31 décembre 2023, date à laquelle le mandat du Parlement arrive à terme. Pour être dans la norme constitutionnelle, ces élections législatives devaient être organisées trente jours avant la fin du mandat en cours. Voyant que ce délai devenait intenable, le gouvernement avait instruit la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de les organiser en début d’année 2024. Et le gouvernement a donné une date butoir à la Céni : que ce scrutin soit organisé avant la fin du premier trimestre, c’est-à-dire avant fin mars 2024. C’est « inacceptable », dit l’opposant Gérard Adja, secrétaire exécutif de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP). Et puisque le mandat du Parlement actuel arrive à terme le 31 décembre, l’opposant affirme qu’un vide juridique s’installera et que les députés n’auront plus de légalité…Même si des alliances se forment dans cet imbroglio à l’approche de cette échéance électorale, tous demeurent d’accord sur un point : la nécessité d’instaurer un cadre de discussion entre pouvoir et opposition avant les prochaines législatives. RFI

Législatives au Zimbabwe : la plupart des opposants interdits de se présenter
Un tribunal de Harare a ordonné, dans une décision dont l’AFP a eu copie, que 8 sur 9 représentants du premier parti d’opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), ne soient « pas candidats aux élections partielles prévues le 9 décembre » et que leurs noms ne soient pas « inclus sur les bulletins de vote »…Les Zimbabwéens sont appelés à se rendre aux urnes samedi. Le pays a tenu en août des élections générales contestées, qui ont abouti à la réélection du président Emmerson Mnangagwa, 81 ans, et l’octroi de 177 sièges sur 280 au Parlement pour son parti, la Zanu-P, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980. En octobre, 14 députés de la CCC ont perdu leur siège, après la réussite d’un stratagème mis au point par un homme qualifié par le CCC d' »imposteur », ce qui a conduit à l’organisation d’élections partielles dans 9 circonscriptions. Un certain Sengezo Tshabangu, se présentant comme le « secrétaire général par intérim » de la CCC, avait déclaré dans une lettre adressée au Parlement que les députés en question avaient quitté le parti. Le dirigeant de la CCC, Nelson Chamisa, avait demandé au président de l’Assemblée de ne pas tenir compte de cette lettre, attestant que le parti n’avait pas de secrétaire général et qu’il n’avait ni expulsé, ni rappelé de députés. Mais le Parlement a néanmoins déclaré auprès de la commission électorale les sièges vacants. Le même Sengezo Tshabangu avait saisi la justice pour réclamer que les députés déchus ne puissent pas se représenter aux élections partielles de samedi. AFP

Comores: le président limoge la présidente de la section électorale de la Cour suprême
À moins de dix jours du début de la campagne pour l’élection présidentielle du 14 janvier aux Comores, le chef de l’État, Azali Assoumani, vient de limoger la présidente de la section constitutionnelle et électorale de la Cour suprême. Harimia Ahmed a été remplacée par le substitut général de la Cour suprême à la tête de la section constitutionnelle et électorale, celle qui statue sur les contentieux préélectoral et électoral. Si aucune raison officielle n’a été avancée, le timing de ce changement est mal perçu par l’opposition. Elle demande donc plus d’équité…Pour le pouvoir par contre, le limogeage de Harimia Ahmed et la nomination de Rafiki Mohamed n’est en rien source de débat car le chef de l’État a le pouvoir de nommer qui il veut et quand il veut…Déjà pointée du doigt dans son traitement de certains dossiers de candidatures, la section électorale de la Cour suprême est de nouveau sous les feux des projecteurs avec l’éviction de sa présidente, en place depuis 2018. RFI

Burundi : le Parlement valide une nouvelle commission électorale
L’Assemblée nationale au Burundi a approuvé jeudi à une large majorité la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’opposition dénonçant une « violation de la procédure. » Le nouveau président de la CENI, composée de sept personnes, sera l’actuel porte-parole du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye. La Commission électorale a également été validée mercredi par le Sénat, à une très large majorité. Une partie des députés du principal parti d’opposition au Burundi, le Conseil national pour la liberté (CNL), ont boycotté le vote, dénonçant « une violation de la procédure », le vote à l’Assemblée nationale ayant été organisé après celui au Sénat…Les prochaines élections législatives au Burundi sont prévues en 2025. Si la communauté internationale a salué une certaine ouverture du pays depuis l’arrivée au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye en juin 2020 après la mort soudaine de Pierre Nkurunziza, une commission d’enquête de l’ONU affirmait en septembre 2021 que la situation des droits de l’Homme restait « désastreuse » au Burundi. Enclavé dans la région des Grands Lacs, il est le pays le plus pauvre au monde en terme de PIB par habitant selon la Banque mondiale. Africanews avec AFP

Inondations en Afrique de l’Est : « le pire encore à venir », avertit le PAM
Des inondations dévastatrices menacent d’aggraver l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Est alors que de fortes pluies s’abattent sur une région qui, il y a moins d’un an, était en proie à la sécheresse, a mis en garde jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies. « L’Afrique de l’Est est frappée par les extrêmes du changement climatique – de l’absence d’eau à l’excès d’eau, c’est la catastrophe. De graves inondations causent des ravages, illustrant la façon dont un climat erratique continue de punir la région. Alors que de nouvelles pluies sont prévues, je crains que le pire ne soit encore à venir », a déclaré Michael Dunford, le Directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est. Cinq saisons des pluies consécutives « ratées », entre 2020 et 2022, ont entraîné une sécheresse dévastatrice qui a plongé des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition, les moyens de subsistance ayant été détruits à grande échelle – des dommages dont les familles et les communautés mettront de nombreuses années à se remettre…La Somalie, l’Éthiopie et le Kenya sont les pays plus touchés par cette crise, suivis de près par le Soudan, le Soudan du Sud, le Burundi et l’Ouganda. Les pluies devraient persister jusqu’au début de l’année 2024. Africanews avec AFP