Rwanda : trente ans après le génocide des Tutsi, Paul Kagame pointe du doigt la communauté internationale
Kigali s’est tue, dimanche 7 avril. Dans les rues désertes, les boutiques ont gardé leurs rideaux fermés. Pas un moto-taxi rouge en station au bord des trottoirs. Même les cloches des églises ont cessé de sonner. Bouclée pour quelques heures par la police, la capitale rwandaise a commémoré le trentième anniversaire du génocide des Tutsi. « Kwibuka », intiment les autorités : « Souviens-toi » du 7 avril 1994, lorsque le pire des crimes a débuté. « Souviens-toi » comment, durant trois mois, des Rwandais ont massacré avec minutie au moins 800 000 autres Rwandais…De plus en plus critique à l’égard de Kigali, la communauté internationale a été particulièrement ciblée, dimanche, par le dirigeant rwandais. « C’est [elle] qui nous a tous laissé tomber, que ce soit par mépris ou par lâcheté », a-t-il déclaré devant onze chefs d’Etat et de gouvernement. Plusieurs anciens présidents étaient présents, dont Bill Clinton, au pouvoir à Washington pendant le génocide, et Nicolas Sarkozy, venu à titre personnel, sa fonction d’administrateur du groupe Accor le menant régulièrement à Kigali. Le Monde
Réussite économique du Rwanda: un succès trop inégal
Trente ans après le génocide, l’essor de l’économie rwandaise suscite l’admiration du monde entier. Un succès réel qui ne profite pas encore à la majorité de la population…Le Rwanda est encore l’un des pays les plus inégalitaires d’Afrique subsaharienne. Les fruits de sa prodigieuse croissance ont du mal à atteindre les campagnes où vit la majorité de la population. Le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, est à 0,44. C’est le plus élevé de la Communauté d’Afrique de l’Est après le Soudan du Sud. Les services, le tourisme haut de gamme sont les nouveaux relais de croissance, mais le moteur essentiel est encore l’agriculture. C’est toujours plus d’un emploi sur deux et près de la moitié du PIB. Autre bémol qui relativise le miracle rwandais, 45% des revenus de l’État dépendent encore de l’aide internationale. Le gouvernement espère néanmoins entrer dans le club des économies à revenu intermédiaire d’ici à dix ans. Un objectif ambitieux pour un pays encore fragilisé par ses relations orageuses avec ses voisins immédiats. Les entreprises locales se tournent de plus en plus vers les pays où elles bénéficient de la diplomatie active de Paul Kagame, comme la Centrafrique, ou plus récemment le Mozambique…C’est pourtant le privé qu’il faut absolument développer, estime la Banque mondiale, pour créer de l’emploi et générer une croissance plus inclusive. RFI
Sénégal : le premier ministre, Ousmane Sonko, présente un gouvernement qui fait la part belle aux cadres de son parti
Un gouvernement de « rupture ». C’est ainsi que le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a présenté, vendredi 5 avril dans la soirée, sa nouvelle équipe resserrée, composée de vingt-cinq ministres et cinq secrétaires d’Etat, dont près de la moitié sont issus des rangs de son mouvement, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef)…La principale surprise vient de la nomination de deux militaires à des postes régaliens : le général Birame Diop, ancien chef d’état-major, a été placé à la tête des forces armées, et le général Jean-Baptiste Tine, ancien haut commandant de la gendarmerie nationale, à l’intérieur. « Les militaires ne sont pas politiques, ils sont au-dessus de la mêlée », estime l’analyste Abdou Khadre Lô, pour qui ces nominations traduisent la volonté du nouveau pouvoir de confier des ministères-clés à des personnalités incarnant une forme de neutralité politique. Le Monde
Décès de M. Dionne, ex-Premier ministre et candidat à la présidentielle au Sénégal
L’ex-Premier ministre du Sénégal Mahammed Boun Abdallah Dionne est décédé vendredi à l’âge de 64 ans à Paris, où il était arrivé pour se faire soigner en pleine campagne présidentielle, a indiqué à l’AFP Mohamed Moustapha Diagne, un membre de son entourage. M. Dionne, chef du gouvernement entre 2014 et 2019, avait interrompu sa campagne en mars quelques jours après son ouverture. Il était un des 19 candidats à l’élection remportée le 24 mars par l’opposant antisystème Bassirou Diomaye Faye. Cet ancien proche collaborateur du président Macky Sall (2012-2024) s’était présenté contre le concurrent choisi par le chef de l’Etat, Amadou Ba. M. Dionne avait été le Premier ministre du président Sall de 2014 à 2019, date à laquelle le chef de l’Etat avait supprimé ce poste avant de le rétablir en 2022 et de le confier à Amadou Ba. AFP
Attaque des paramilitaires sur un village soudanais, 28 morts
Les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre avec l’armée régulière depuis un an, ont « attaqué le village d’Um Adam » à 150 kilomètres au sud de Khartoum, a indiqué tôt dimanche le Comité de résistance local, une organisation qui gère l’entraide entre habitants. L’attaque a été menée samedi et fait au moins 28 morts, des « villageois innocents », ainsi que 240 personnes blessées, a déclaré dimanche soir le Comité des médecins soudanais, une autre organisation indépendante et pro-démocratie…Depuis leur prise de contrôle en décembre de l’Etat d’Al-Jazira, près de Khartoum, les FSR ont assiégé et attaqué des villages entiers comme Um Adam. AFP
Les infections nosocomiales en Afrique ont des conséquences humaines et économiques majeures
Ces infections liées au manque d’hygiène dans les centres de santé ont un coût non seulement humain, mais aussi économique en Afrique subsaharienne, révèle pour la première fois un rapport de la Banque mondiale et de WaterAid, publié à l’occasion de la Journée mondiale de la santé. Le rapport invite les États concernés et la communauté internationale à l’action. La moitié des hôpitaux africains n’a pas accès à l’eau ni aux toilettes. Ce qui occasionne des infections, le plus souvent à l’endroit de l’opération ou du branchement du cathéters, ainsi que des maladies respiratoires. Outre le bilan humain, le coût financier a pour la première fois été calculé en Éthiopie, au Ghana, au Malawi, au Mali, en Ouganda et en Zambie : 8,4 milliards de dollars par an. Ces sept États ont en moyenne perdu un point de PIB et 4,5% de leur budget de santé, car il faut ensuite soigner ces infections…La solution est simple pour que les malades continuent à se soigner. Et beaucoup moins coûteuse que les infections causées par le manque d’hygiène. Les États concernés ont donc intérêt à s’équiper et les bailleurs à les y aider, souligne l’étude. Car devoir soigner des infections nosocomiales ne fait qu’aggraver la résistance aux antibiotiques. Un problème, qui, lui, est mondial. RFI
Au Mali, les morgues débordées après les chaleurs extrêmes couplées aux nombreux délestages
Rien qu’en quatre jours, du 1er au 4 avril, l’hôpital Gabriel-Touré a réceptionné 102 personnes décédées à leur arrivée dans l’établissement. Des personnes âgées de plus de 60 ans ayant des maladies chroniques pour la plupart. À titre de comparaison, pour tout le mois d’avril 2023, il y a eu 130 morts. Le pays bat des records mondiaux de chaleur pour un mois d’avril : à Kayes, à l’extrême ouest du pays, il a fait 48,5 degrés jeudi 4 avril…À Bamako en effet, la plupart des morgues ne disposent pas de groupes électrogènes pour conserver les corps des défunts en cas de coupure de courant…L’hôpital souffre donc aussi de l’absence d’électricité. Les urgences bien sûr, ainsi que les services de maternité et de chirurgie ont besoin d’un approvisionnement constant pour éviter les pertes en vie humaines. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui dans la plupart des hôpitaux du Mali. RFI
Mali: sombre tableau des droits de l’Homme
Alioune Tine, l’expert indépendant de l’Onu sur la situation des droits de l’Homme au Mali, a déploré le « verrouillage sévère de l’espace civique et le développement préoccupant de l’autocensure au Mali ». Alioune Tine a aussi souligné la hausse des violences dans le pays. Mais, l’expert indépendant de l’Onu a rencontré beaucoup d’écueils dans la rédaction de son rapport. Il n’a par exemple pas été autorisé par les autorités maliennes de la transition à séjourner dans le pays. Pour rédiger son rapport, l’expert s’est fondé sur des informations mises à sa disposition par divers acteurs de la vie politique et sociale du Mali. ..Dans son rapport, celui-ci s’est ainsi déclaré « profondément préoccupé » par la dissolution d’organisations de la société civile au Mali, et plus largement par des « restrictions croissantes » aux droits humains et aux libertés fondamentales. « C’est une répression systématique de toutes les libertés fondamentales, la liberté de presse, la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de réunion. Tout est interdit. Sans compter maintenant aussi l’emprisonnement pour délit d’opinion », affirme-t-il au micro de Frejus Quenum. DW
Au Burkina Faso, nouvelle radiation d’un officier des rangs des forces armées
Sur le décret daté du 4 avril 2024, quelques jours seulement après l’attaque contre le détachement militaire de Tawori, il est mentionné que le capitaine Aboubacar Sidiki Barry est radié des cadres des forces armées pour « faute jugée particulièrement grave ». L’intéressé est autorisé à faire valoir « ses droits », sans que soit précisée la nature de cette faute. Une radiation qui fait suite à un rapport du commandant du Groupement des forces pour la sécurisation de l’est, région où est située la commune de Tawori. De sources sécuritaires, il est reproché au capitaine Aboubacar Sidiki Barry l’envoi tardif du soutien aérien durant l’assaut contre sa base militaire et la non prise en compte des alertes. « Quand l’attaque a commencé, il n’a pas vite lancé l’alerte pour l’envoi du drone en renfort », confie notre source. Après une heure de combats, et vu du nombre d’assaillants, les soldats burkinabè avaient observé un repli, abandonnant leur base aux mains du groupe armé terroriste. RFI
Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo déjà en campagne présidentielle
Les militants « me tarabustent pour que je sois candidat. J’ai fini par dire oui, et je dis oui ». L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, désormais opposant, a confirmé samedi dans un meeting qu’il était bien candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, bien qu’il soit pour l’heure inéligible. Devant des milliers de ses partisans venus de tout le pays à Agboville, à 70km au nord d’Abidjan, M. Gbabgo, 78 ans, a notamment dénoncé « la vie chère », au cours d’un discours fleuve de plus de deux heures. Dans son viseur: l’élection présidentielle de 2025, où il souhaite porter les couleurs du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI)..Seul écueil: il est pour l’heure inéligible, condamné à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2011, lors de la sanglante crise post-électorale qui avait fait 3.000 morts. S’il a été acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité commis lors de cette crise, puis gracié par le président Alassane Ouattara un an plus tard pour sa condamnation dans le « braquage » de la BCEAO, il n’est toujours pas amnistié, ce qui l’exclut d’office des listes électorales. AFP
Est de la République démocratique du Congo : une situation « de plus en plus volatile », selon l’ONU
La mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) décrit, dans un message adressé au cours du week-end à son personnel, une situation sécuritaire « de plus en plus volatile » dans l’est du pays, où les combats se poursuivent. La rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars), majoritairement tutsi, « a atteint la périphérie nord de Sake [à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu] », précise la mission onusienne, qui ajoute que « d’autres éléments armés ont été repérés dans le parc national des Virunga et menacent de couper la route Goma-Sake ». Le message contient des consignes de confinement et d’évacuation à destination du personnel de la Monusco à Goma, ainsi qu’une carte de rassemblement en cas de détérioration aiguë de la situation. Goma, qui compte plus d’un million d’habitants et près d’un million de déplacés, est encerclée par la rébellion du M23 et des unités de l’armée rwandaise depuis février, qui a vu l’intensification des affrontements. Les seules voies de sortie sont le lac Kivu, au sud, et la frontière rwandaise, à l’est. Le Monde avec AFP