Revue de presse du 8 août 2024

Soudan: des chercheurs américains alertent sur les graves inondations dans le mégacamp de Zamzam
De graves inondations en plus de la guerre et de la famine sont en cours dans le Darfour-Nord. Des chercheurs de l’université de Yale aux États-Unis, spécialistes des questions humanitaires, ont montré grâce à des images satellites l’ampleur des zones inondées par les pluies diluviennes ainsi que les dégâts causés à al-Fasher. Des maisons, écoles, hôpitaux et marchés sont inondés ainsi que dans le mégacamp de déplacés internes de Zamzam où s’entassent 500 000 personnes…« L’arrivée de milliers de déplacés internes qui fuient la ville d’al-Fasher vers le camp de Zamzam fait que des personnes se sont mises à déféquer dans des latrines en plein air. Cela signifie que l’eau de ces inondations a potentiellement été en contact avec ces endroits contaminés », explique [ Nathaniel Raymond]. Cela augmente le risque de diarrhées aiguës, ce qui peut mener à la mort de milliers de personnes si cela devient une épidémie…En 1994, rappelle le chercheur, l’épidémie de choléra dans le camp de Goma juste après le génocide au Rwanda, a causé la mort de 12 000 personnes qui survivaient dans les mêmes conditions, en seulement quelques semaines. Et il ajoute « Franchement, c’est un miracle que cela ne soit pas encore arrivé ici. » RFI

En Tunisie, Kaïs Saïed change de premier ministre à la surprise générale
Dans la nuit du mercredi 7 juillet, le chef du gouvernement tunisien, Ahmed Hachani, a été limogé par le président Kaïs Saïed d’un simple communiqué publié sur les réseaux sociaux. Dans la foulée, le ministre des affaires sociales, Kamel Madouri, a été nommé pour le remplacer. Aucune forme d’explication n’a été fournie par les services de la présidence, rappelant les circonstances dans lesquelles M. Hachani avait été appelé à gouverner, le 1er août 2023, en lieu et place de Najla Bouden, renvoyée elle aussi sans justification ni remerciement. Après une année à ce poste, M. Hachani avait dressé le bilan de son gouvernement à travers deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux mercredi. Il mettait en avant la hausse du salaire minimum, les mesures prises pour la gestion des ressources en eau, ainsi que des projets d’amendement du code des changes et du code du commerce…Ce nouveau changement intervient deux mois avant l’élection présidentielle du 6 octobre, au cours de laquelle Kaïs Saïed remettra son mandat en jeu cinq ans après avoir été élu démocratiquement avec une forte majorité. Depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle il a suspendu le Parlement, la Tunisie a connu un virage autoritaire marqué par l’accaparement de tous les pouvoirs – y compris la justice – par le chef de l’Etat, l’adoption d’une nouvelle Constitution hyperprésidentialiste qui a consacré le démantèlement des institutions démocratiques issues de la révolution, la dissolution du Parlement, la répression des opposants – pour certains emprisonnés – et la restriction des libertés individuelles. Le Monde

Mali: le Premier ministre Choguel Maïga soutient son bras droit malgré sa condamnation à la prison
Le Premier ministre Choguel Maïga a affiché lundi 5 août son soutien à Boubacar Karamoko Traoré, qui était son adjoint au sein du Mouvement M5 RFP. Arrêté le 27 mai, ce dernier avait été condamné à un an de prison ferme début juillet après la publication d’un mémorandum très critique à l’encontre des militaires au pouvoir à Bamako. Mais selon le chef du gouvernement, cela ne serait pas la seule raison de son arrestation. Le Premier ministre malien a pris la parole lors d’une audience accordée à un autre membre de son groupe, récemment libéré de prison. Son ex-adjoint au M5 Boubacar Karamoko Traoré avait été arrêté le 27 mai dernier, à la suite de la publication d’un mémorandum très critique à l’encontre des militaires au pouvoir à Bamako. Accusé d’« atteinte au crédit de l’État » et de « diffusion de propos mensongers de nature à perturber la paix publique », il avait été finalement condamné à un an de prison ferme au début du mois de juillet. Cependant, selon le Premier ministre Choguel Maiga, l’arrestation de son collaborateur « n’était pas une histoire seulement de mémorandum ». « Je ne sais pas ce que la justice va décider, c’est la justice qui décidera, mais personne ne va oublier Bouba », a-t-il dit, en appelant Boubacar Karamoko Traoré par son surnom. RFI

La CENCO exhorte la RDC et le Rwanda au respect de l’accord de cessez-le-feu
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) exhorte les Gouvernements du Rwanda et de la RDC à respecter l’accord de cessez-le-feu signé à Luanda, en Angola il y a quelques jours. Elle en appelle également à la solidarité des partenaires internationaux afin qu’ils appuient effectivement cette feuille de route. C’est ce qu’indique le communiqué des prélats catholiques congolais, publié le mercredi 7 août. Dans ce communiqué, la CENCO rappelle l’impérieuse nécessité de permettre à toutes ces femmes, à tous ces enfants et à tous ces hommes déplacés par la force de l’insécurité récurrente de vivre dignement et en paix dans leurs terroirs. Pour l’épiscopat congolais, les initiatives observées ces derniers temps, précisément les trêves humanitaires et l’Accord de cessez-le-feu signé à Luanda entre le Rwanda et la RDC, attestent que les positions des parties prenantes au conflit et des partenaires internationaux de la RDC ont légèrement évolué dans le sens de mettre fin à la banalisation de la vie en RD Congo et au calvaire que subissent les communautés congolaises affectées par ces conflits depuis un peu plus de trois décennies. Radio Okapi

Centrafrique: l’essor des fake news et la riposte des fact-checkeurs
En Centrafrique, les faux comptes sont utilisés par des acteurs malveillants afin de susciter anonymement des controverses sur divers sujets. Ils font subir aux victimes des atteintes à leur vie privée, des dommages à leur réputation et même des préjudices émotionnels. Les faux profils sont également utilisés à des fins d’arnaque, les victimes peuvent subir des pertes financières importantes. Dans le contexte actuel, le combat s’avère difficile mais les fact-checkeurs ne comptent pas baisser les bras. Et pour faciliter la tâche, ils collaborent avec les responsables des réseaux sociaux. « Pour lutter contre l’existence des faux comptes, le plus simple c’est aussi de les signaler. Parfois, ces gens se cachent derrière le profil d’une personnalité, pour faire croire que c’est son compte Facebook, alors que cette personne n’a pas un compte Facebook. Donc nous signalons ce genre de comptes après enquêtes afin qu’ils soient systématiquement supprimés ou bloqués », indique [Arsène Mosseavo, journaliste-fact-checkeur]…Mais dans ce pays de six millions d’habitants, l’utilisation d’internet n’est pas réglementée par la loi. Ce vide juridique selon Rosmon Zokouè, un expert de la lutte contre la désinformation, rend la mission des chasseurs de faux comptes plus difficile. RFI

Comores: controverse autour du renforcement des pouvoirs du fils du président Assoumani
Aux Comores, un décret signé le 6 août dernier suscite une vive controverse. Il réorganise les attributions du secrétaire général du gouvernement, poste désormais occupé par Nour El Fath Azali, fils du président Azali Assoumani. Ce décret fait de lui une figure clé, lui conférant le pouvoir d’évaluer les ministères et sociétés d’État, et de présider toute cellule de gestion de crises sous la tutelle directe du président de la République. L’opinion publique craint une concentration excessive de pouvoirs, accusation que le gouvernement rejette fermement…Me Saïd Larifou, avocat et politicien en exil, conteste cette position et parle au contraire de transmission de pouvoir. « Il faut désormais nommer Azali Assoumani, le sultan des Comores, le représentant d’Allah sur l’archipel de l’Union des Comores. Par ce décret de la honte, Azali attribue à son fils, qu’il a récemment nommé secrétaire général du gouvernement, des prérogatives présidentielles et constitutionnelles. Il a clairement concentré tous les pouvoirs et la gouvernance des Comores à sa famille ». Désormais, les exécutifs des gouverneurs et les ministres devront soumettre tous leurs arrêtés à Nour El Fath Azali pour validation, sous peine de nullité avant publication au Journal officiel. Cette situation suscite des critiques, certains évoquant même « l’émergence d’un président bis ». RFI

En visite au Cameroun, le chef des droits de l’homme de l’ONU juge essentielle la lutte contre l’impunité
A l’issue d’une visite de deux jours au Cameroun, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a souligné mercredi que la lutte contre l’impunité dans ce pays est « absolument essentielle » pour renforcer la confiance entre les citoyens et l’Etat…Selon le chef des droits de l’homme, le processus électoral est également l’occasion de s’assurer que l’espace civique est protégé pour permettre des discussions et des débats vigoureux sur les moyens de relever les défis ensemble. Parmi les défis les plus difficiles, il a cité les trois crises sécuritaires simultanées dans différentes régions du Cameroun : la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, caractérisée par la persistance de graves atteintes et violations des droits humains ; l’impact des attaques menées par Boko Haram et des groupes affiliés et dissidents dans la région de l’Extrême-Nord; et les conséquences de la crise en République centrafricaine dans la région de l’Est. Le Cameroun se situe également dans une région fortement touchée par la crise climatique, notamment dans la région de l’Extrême-Nord. La sécheresse, les précipitations irrégulières et la désertification croissante dans le bassin du lac Tchad ont déclenché des tensions et des violences, parfois entre les communautés d’éleveurs et d’agriculteurs. ONU Info

En Afrique, la résurgence de cas de Mpox inquiète
Une nouvelle souche du Mpox (ou variole du singe) identifiée en République démocratique du Congo (RDC) puis signalée dans plusieurs pays voisins fait craindre une propagation de ce virus, deux ans après la précédente épidémie mondiale. Cette souche, détectée en RDC en septembre 2023 et baptisée « Clade Ib », est plus mortelle et plus transmissible que les précédentes et se transmet de personne à personne, s’inquiète l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a décidé mercredi de convoquer un comité d’urgence pour une réunion « dès que possible », afin de « savoir si l’épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale », le plus haut niveau d’alerte, que l’OMS avait déclenché lors d’une épidémie mondiale de Mpox en 2022. La « Clade Ib » fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps, quand les précédentes souches étaient caractérisées par des éruptions et des lésions localisées, sur la bouche, le visage ou les parties génitales. AFP

JO 2024 : B-Girl Elmamouny, championne d’Afrique de breaking, en mission à Paris
Le 13 mai 2023, la Marocaine Fatima Zahra El Mamouny, alias « B-Girl Elmamouny », a remporté les Championnats d’Afrique de breaking à Rabat, obtenant ainsi sa place pour les Jeux olympiques de Paris 2024, où sa discipline est représentée pour la toute première fois. A 24 ans, elle sera en compétition avec quinze autres jeunes femmes, vendredi 9 août, place de la Concorde. Fatima Zahra El Mamouny a découvert le breaking à la fin du lycée, à Rabat. « Je n’avais jamais vu ou entendu parler de cette discipline. […] Le premier mouvement que j’ai fait, c’était le “baby freeze” et j’en suis tombée amoureuse, raconte la jeune femme, qui a dû faire face aux railleries des passants. Beaucoup de gens se demandaient ce que je faisais par terre, comme si je nettoyais le sol… Mais je me suis accrochée. » Méfiant, son père a fini par accepter sa passion. « Le jour du championnat d’Afrique, mon père était hospitalisé, se souvient-elle. C’est pour lui que j’ai voulu gagner et je l’ai fait. Aujourd’hui, il est mon premier soutien. » Le Monde