Revue de presse du 7 octobre 2024

En Tunisie, le président Kaïs Saïed donné vainqueur d’une élection jouée d’avance
Aucun suspense n’entourait le scrutin présidentiel qui s’est tenu dimanche 6 octobre en Tunisie. Dans cette partition bien réglée, la télévision nationale a diffusé en début de soirée un sondage de sortie des urnes annonçant la réélection du président sortant, Kaïs Saïed, avec 89,2 % des voix. Les deux seuls candidats retenus contre lui par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), l’ancien député et leader du parti panarabe Mouvement du peuple Zouhair Maghzaoui, ex-soutien de M. Saïed, et le chef d’un petit parti libéral, Ayachi Zammel, arrêté début septembre et condamné, le 1er octobre, à douze ans de prison pour « falsification de parrainages », n’auraient obtenu respectivement que 6,9 % et 3,9 %, selon les chiffres de l’institut Sigma. Alors que les résultats provisoires doivent être annoncés par l’ISIE d’ici mercredi 9 octobre et les résultats définitifs au plus tard le 9 novembre, le plébiscite annoncé de M. Saïed a aussitôt été rejeté par Ayachi Zammel…Depuis son « coup de force » en juillet 2021, Kaïs Saïed a démantelé progressivement certaines des structures démocratiques de l’Etat mises en place après la révolution de janvier 2011. Le Monde

Au Mozambique, élections générales sous tension mercredi
Le Mozambique élit mercredi 9 octobre son prochain président et son Parlement dans un contexte économique morose, avec des violences djihadistes dans le nord du pays qui continuent de contrarier les espoirs d’une manne liée aux gisements de gaz naturel. Le Front de libération du Mozambique (Frelimo) devrait, sauf forte surprise, se maintenir à tous les postes-clés du pouvoir, en dépit des critiques et des dissensions, comme depuis l’indépendance il y a déjà un demi-siècle. « Le Frelimo sera en tête, on le sait, il l’est toujours », confie à l’Agence France-Presse (AFP) Dulce Micas, en marge d’un meeting de l’opposition près de la capitale, Maputo. Le président sortant, Filipe Nyusi, que la Constitution interdit de se représenter après deux mandats, avait été élu il y a cinq ans, avec 73 % des voix, contre 22 % pour son principal rival de la Renamo, ancienne rébellion devenue le principal parti d’opposition. « Nous n’avons aucun doute, nous allons gagner ! », a-t-il déclaré dimanche, lors du dernier meeting de campagne du Frelimo…Le probable futur président, Daniel Chapo, 47 ans, n’a aucune expérience gouvernementale, ni du parti au niveau central. Cet ancien gouverneur provincial, désigné par le Frelimo à la surprise générale, serait le premier président né après l’indépendance. Et le premier à n’avoir pas combattu lors de la guerre civile (1975-1992) qui a fait un million de morts et a connu des combats ultérieurs jusqu’à l’accord de paix définitif de 2019…Ces dernières semaines de campagne ont fait émerger un opposant charismatique, Venancio Mondlane, 50 ans, qui a récemment quitté la Renamo après avoir échoué à en prendre la tête. Orateur de talent, il déplace des foules et suscite de l’espoir, notamment auprès de la jeunesse. Le Monde avec AFP

À Maurice, les élections législatives fixées au 10 novembre
Le président de Maurice a annoncé vendredi la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives le 10 novembre prochain, à l’approche de la fin du mandat quinquennal des députés. Cette annonce intervient au lendemain d’un accord « historique » entre Maurice et le Royaume-Uni sur la souveraineté de l’archipel des Chagos, après plus d’un demi-siècle de litige. « Agissant conformément à l’avis du (…) Premier ministre », le président Prithvirajsing Roopun a dans un décret dissout le parlement avec effet immédiat et fixé « le 10 novembre 2024 comme jour du scrutin ». La dissolution de l’Assemblée nationale devait être prononcée avant le 21 novembre, date d’échéance du mandat quinquennal des 70 députés de l’île…Les candidatures aux législatives devront être déposées avant le 22 octobre. Selon le système électoral mauricien, 62 sièges sont élus au suffrage universel direct et huit sont pourvus par nomination selon un système dit du « meilleur perdant ». En 2019, la coalition Alliance morisien, dominée par le Mouvement socialiste militant (MSM) de Pravind Jugnauth avait remporté une large majorité de 42 sièges. L’île Maurice est officiellement divisée en quatre groupes ethniques, selon la Constitution de 1968: les Hindous qui sont majoritaires, les Musulmans, les Chinois et la « population générale », composée essentiellement de métis dits créoles et de Blancs d’origine européenne. Ses quelque 1,3 million d’habitants forment une mosaïque de peuples, de cultures et de langues reflétant l’histoire du peuplement de l’île et coexistent pacifiquement. AFP

Est du Burkina Faso: le marché de la commune de Manni cible d’une attaque
Au Burkina Faso, de nouvelles attaques de groupes armés ont eu lieu le week-end du 5-6 octobre 2024 dans la région du nord-est, précisément dans la province de Gnagna. Dans la zone de Bogandé, une patrouille est tombée samedi dans une embuscade : 17 soldats auraient perdu la vie, selon des sources sur place. Et ce dimanche, c’est le marché de la commune de Manni, à 200 kilomètres au nord-est de Ouagadougou, qui a été attaqué. Aucun bilan officiel pour le moment. L’alerte et l’appel à l’aide, juste après l’attaque, ont été diffusés sur les réseaux sociaux par des habitants. Dans une première vidéo, tournée au niveau du marché de la commune, de très nombreuses boutiques en tôles et en bois sont encore en feu. Dans la panique, des commerçants tentent de récupérer tout ce qu’ils peuvent. Une seconde vidéo montre la cour intérieure du dispensaire de Manni. Les blessés, soignés, perfusés pour certains par le personnel médical, sont allongés à même le sol. Cette attaque menée en début d’après-midi n’a pas encore été revendiquée. RFI

Mali: le procès en appel de l’économiste Étienne Sissoko débute à Bamako
Au Mali, ce lundi doit se tenir le procès en appel de l’économiste Étienne Fakaba Sissoko. Il avait été condamné en mai 2024 à deux ans de prison dont un ferme et à payer des dommages et intérêts à l’État de 3 millions de francs CFA, notamment pour « atteinte au crédit de l’État. » Étienne Fakaba Sissoko avait osé dénoncer, dans un livre publié fin 2023, la « propagande » du gouvernement malien de transition. La Cour d’appel est censée se prononcer à la fois sur la condamnation prononcée par le tribunal de la commune 4 de Bamako et sur le refus de libération provisoire essuyé par Étienne Fakaba Sissoko – ancien conseiller à la Présidence, à la Primature ou encore à l’ex-mission onusienne au Mali (Minusma) – qui avait dès le départ demandé à comparaître libre, sous contrôle judiciaire. Une demande qui n’aura finalement plus lieu d’être si la Cour examine ce lundi l’appel sur le fond, comme annoncé. Depuis son arrestation le 25 mars 2024, il y a près de six mois, les proches et les avocats d’Étienne Fakaba Sissoko dénoncent une forme de « persécution » : son lieu de détention a changé à plusieurs reprises, rendant les visites plus difficiles, et au cours de son procès, au mois de mai, le procureur lui avait notamment reproché le ton employé dans son livre, emprunt de « sarcasme » et de « dérision », ce qui ne constitue pas une infraction…Étienne Fakaba Sissoko avait déjà passé six mois en prison, début 2022, après des propos apparemment trop critiques sur la gestion de la période de transition. Il avait été libéré sans qu’aucune décision de justice soit prononcée. RFI

Mali: attaques jihadistes et opérations de l’armée dans le Nord, des civils tués
Au Mali, le week-end a été chargé sur le plan sécuritaire. La colonne de l’armée malienne et de Wagner a poursuivi sa route vers Tinzaouatène, près de la frontière algérienne. L’armée malienne a également mené le 5 octobre 2024, dans cette même zone, des frappes contre des « groupes armés terroristes ». Des sources locales confirment plutôt une bavure, au cours de laquelle sept civils ont été tués. Enfin, le Jnim, lié à al-Qaïda, a revendiqué le 6 octobre trois attaques contre des camps militaires à Gao, Tombouctou et Ber…L’armée malienne n’a pas communiqué sur ces attaques et n’a pas donné suite aux sollicitations de RFI mais, selon plusieurs sources locales, les jihadistes n’ont pas réussi à pénétrer dans le camp militaire de Ber, qui abrite des militaires maliens et des supplétifs de Wagner. Des combats ont eu lieu dans la ville, au terme desquels les assaillants ont été tués…Mais de nombreuses sources locales, certaines liées au Cadre stratégique permanent (CSP), d’autres sans liens avec les rebelles, confirment que ce sont sept civils qui ont été tués : des orpailleurs de nationalité nigérienne, qui faisaient route entre Tinzaouatène et Arlit pour rentrer chez eux. Ces même sources rapportent également trois personnes blessées. RFI

Nana Akufo-Addo, président du Ghana : « La démocratie offre plus d’opportunités que les régimes militaires »
Nana Akufo-Addo, 80 ans, le président du Ghana, s’est rendu en France les 4 et 5 octobre à l’occasion du Sommet de la francophonie. Engagé dans une politique de rapprochement avec ses voisins francophones, son pays (anglophone), observateur depuis 2006, est devenu membre de plein droit de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) cette année. Le Monde: L’élection présidentielle au Ghana a lieu le 7 décembre. A son issue, vous allez rendre votre tablier après deux mandats à la tête du pays. Savez-vous de quoi votre avenir personnel sera fait ? Akufo-Addo: On verra… J’ai le temps (rires). Ma priorité, c’est la transition au Ghana, et je suis certain qu’elle sera pacifique. J’espère que mon actuel vice-président, Mahamudu Bawumia, sera mon successeur. C’est un bon candidat avec de bons messages pour les Ghanéens. Le Monde: Votre successeur aura à gérer la crise avec les pays du Sahel sous transition militaire. L’Alliance des Etats du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Burkina Fao et le Niger, représente-t-elle selon vous un danger en Afrique de l’Ouest ? Akufo-Addo: L’AES déstabilise notre région, il n’y a aucun doute là-dessus. La Cedeao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest], qui rassemble des pays démocratiques, a perdu quatre de ses membres – la Guinée a été suspendue après le coup d’Etat de septembre 2021 mais n’a pas rejoint l’AES –, qui ont choisi de prendre une autre voie. Je ne vois pas comment cela peut les mener vers une solution positive. Le chemin de la consolidation démocratique offre beaucoup plus d’opportunités, à la fois pour la stabilité de leur nation et pour leur développement économique. Le Monde: La Cedeao a d’abord menacé les juntes au Sahel d’intervention militaire puis a joué la carte de la négociation. Aucune n’a abouti. Comment pensez-vous que les pays de la région peuvent trouver un terrain d’entente avec ces régimes ? Akufo-Addo: On doit continuer à dialoguer. Des ponts existent. Il y a des contacts de personne à personne. Nous devons poursuivre ces efforts. Nous ne pouvons pas abandonner. Le Monde

Législatives au Sénégal: l’ex-président Macky Sall quitte son poste d’envoyé spécial du Pacte de Paris
Au Sénégal, l’ex-président Macky Sall (2012-2024) met fin à ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), ce poste auquel l’avait nommé le président français Emmanuel Macron il y a un an. Une démission pour se consacrer pleinement aux législatives du 17 novembre pour lesquelles il a été investi tête de liste de la coalition d’opposition Takku-Wallou. Macky Sall, qui n’était pas candidat à la dernière présidentielle, interdit de prétendre à un troisième mandat, officialise ainsi son retour en politique dans son pays. Retour officialisé par le biais d’une lettre adressée au président français et rendue publique sur les réseaux sociaux. Dans ce courrier, Macky Sall explique vouloir « éviter tout risque d’incompatibilité et de conflit d’intérêt » avec le fait qu’il soit lui-même candidat aux législatives. Ce poste d’envoyé spécial au 4P avait été proposé par Emmanuel Macron à Macky Sall, parce qu’il avait finalement décidé de ne pas se présenter à un troisième mandat. RFI

Le Rwanda commence une campagne de vaccination contre le virus de Marburg
Le Rwanda a lancé sans tarder la vaccination des cas contacts identifiés et des personnels de santé, les plus à risque de contracter la fièvre de Marburg. Le pays a reçu samedi, grâce au soutien financier de l’administration américaine, 700 doses de l’institut à but non lucratif américain Sabin, un vaccin qui est encore en phase 2 de test en Ouganda et au Kenya. Mais aussi des remèdes expérimentaux du laboratoire californien Mapp. Aucun des quatre vaccins ni des traitements en cours d’évaluation par l’Organisation mondiale de la Santé n’est encore homologué ni autorisé à être testé en dehors des régions d’épidémie. En attendant, le laboratoire américain Gilead a expédié 5 000 doses de remdesivir. L’antiviral a seulement démontré pour l’heure une efficacité in vitro contre cette fièvre hémorragique. Face à l’urgence, le Rwanda met en place des mesures de prévention sanitaire pour les voyageurs : relevés de température, questionnaires pour les passagers et points de désinfection des mains. La fièvre de Marburg, mortelle à plus de 80%, se transmet par contact sanguin ou via les fluides corporels. RFI

Macron appelle au « retrait du M23 et des troupes rwandaises » de l’est de la RDC
Le président français Emmanuel Macron a appelé samedi au « retrait du M23 et des troupes rwandaises » de l’est de la République démocratique du Congo, en proie à un conflit armé depuis la résurgence de cette rébellion à majorité tutsi en 2021, lors de la clotûre du sommet de la Francophonie à Paris. La RDC et le groupe d’experts des Nations unies accusent le Rwanda d’avoir déployé des troupes en soutien au M23 (« Mouvement du 23 mars ») qui s’est emparée de vastes pans de territoire dans cette région riches en minerais – des accusations démenties par le Rwanda. Le président congolais Félix Tshisekedi et sa délégation avaient claqué la porte du sommet vendredi quelques heures après le discours d’Emmanuel Macron ouvrant les travaux, fâchés qu’il « évoque toutes les grandes crises du monde, du Liban à l’Arménie, sans daigner mentionner la RDC, le plus grand pays de la Francophonie »…M. Macron a enfin encouragé « la reprise d’un processus politique avec le M23 et toutes les composantes politiques pour permettre le retour plein et entier de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC « . Il a par ailleurs reconnu que la réunion trilatérale espérée pour encourager ses homologues à conclure un accord de paix dans le cadre des négociations entamées depuis des mois sous l’égide de la médiation angolaise n’a « pas été souhaitée ». À la place, deux entretiens bilatéraux séparés ont eu lieu. « La situation est encore trop tendue », a-t-il dit, expliquant que des efforts de part et d’autres demeurent « indispensables ». AFP