Au Burkina Faso, un coup d’État accompagné par la désinformation
Au Burkina Faso, le chef de la junte, Paul-Henri Sandaogo Damiba, a été renversé par le capitaine Ibrahim Traoré le vendredi 30 septembre. Un nouveau putsch accompagné d’une intense campagne de désinformation qui ne faiblit pas. Sur les réseaux, les infox soutiennent le nouvel homme fort du pays et s’attaquent à la France, accusée de s’impliquer dans le coup d’État. Des soldats français parachutés au-dessus de Ouagadougou en plein putsch. C’est ce que prétend une vidéo amateur activement relayée sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Sur les images, un avion militaire largue au moins une dizaine de parachutistes. Le commentaire indique qu’il s’agirait de soldats français, parachutés pour sauver Damiba lors des premiers instants du putsch. Vérification faite, cette vidéo est sortie de son contexte. RFI
Tchad: l’opposition largement déçue du dialogue national qui touche à sa fin
L’heure est au bilan après la fin des débats au dialogue national inclusif et souverain mercredi à Ndjamena, un peu à la surprise générale. Ces assises devaient, en effet, être clôturés ce jeudi avec l’adoption du rapport général de ces assises. À l’issue du dialogue, le président du Conseil militaire de transition devient le prochain président d’une transition de deux ans maximum. Et il pourra se présenter à la première présidentielle post-transition, malgré le veto de l’Union africaine. … les opposants … dénoncent « une mascarade organisée pour légitimer une succession héréditaire du pouvoir ». Tatorbé Tamaidje, du parti Mojes parle d’« un débat escamoté » et se demande si ceux qui ont boycotté ce dialogue n’ont pas eu raison. Dans le camp du boycott, il y avait notamment plusieurs groupes politico-militaires, dont les trois principaux, des Transformateurs de Succès Masra ainsi que de Wakit Tama. Au cours du dialogue, certaines confessions, notamment l’Église catholique, des partis politiques ou encore des personnalités, ont aussi claqué la porte du dialogue « totalement sous contrôle », selon eux. RFI
Cedeao : les chefs d’État annulent le sommet de Dakar
La réunion de l’organisation, prévue le 14 octobre et censée être consacrée en grande partie à la situation au Burkina Faso, n’aura finalement pas lieu. La réunion extraordinaire de la Cedeao, prévue à Dakar le 14 octobre, est annulée. Les chefs d’État se retrouveront donc comme prévu lors de leur sommet ordinaire, en décembre, à Abuja. Selon des sources proches d’Umaro Sissoco Embaló, le président en exercice de l’organisation ouest-africaine, ce dernier souhaite en faire un rendez-vous d’importance, auquel seront invités de nombreux présidents, y compris extérieurs à la sous-région, ainsi que le dirigeant de la Banque mondiale, David Malpass. Jeune Afrique
Le Lesotho, monarchie constitutionnelle, choisit ses députés
Le Lesotho, petit royaume perché dans les montagnes d’Afrique australe où l’instabilité politique a chassé, avant la fin de leur mandat, les chefs de gouvernement des dix dernières années, tient vendredi des élections législatives. La monarchie constitutionnelle de 2,2 millions d’habitants, dont le territoire est totalement enclavé à l’intérieur de l’Afrique du Sud, a une longue histoire de turbulences politiques. Coups d’Etat et exils forcés se sont succédé dans l’ancien protectorat britannique indépendant depuis 1966. En 30 ans de règne, Moshoeshoe II a été contraint deux fois à l’exil. L’actuel roi, son fils Letsie III, lui a succédé en 1996. En 2014, un coup d’Etat manqué a provoqué la fuite de l’ex-Premier ministre, rétabli grâce à une médiation étrangère. Les derniers meetings de campagne le weekend dernier ont rassemblé des milliers de soutiens sous des chapiteaux dressés au milieu des massifs pelés. Certains sont venus enveloppés des traditionnelles couvertures en laine des bergers sotho, principale ethnie du pays. Dans ce régime parlementaire mixte avec un roi sans réel pouvoir, le Premier ministre régit. Mais depuis dix ans, le pays de la taille de la Belgique est dirigé par des gouvernements de coalition, aucun parti ne parvenant à remporter une majorité absolue dans les urnes. AFP
Éthiopie: les incertitudes des pourparlers de paix en Afrique du Sud
Le gouvernement éthiopien et les autorités du Tigré ont accepté l’invitation de l’Union africaine à participer à des pourparlers de paix en Afrique du Sud, le week-end prochain. Dans sa réponse au président de la Commission de l’Union africaine, le président du gouvernement régional tigréen Debretsion Gebremichael a toutefois demandé des « clarifications ». Et nombre de questions se posent encore sur ces pourparlers, dont les contours restent flous. La première « clarification » demandée par le président des autorités tigréennes, dans sa réponse à l’invitation de l’Union africaine, est abrupte : un cessez-le-feu est-il à l’ordre du jour ? Les autres concernent le déroulement des discussions : qui d’autre se trouvera autour de la table et à quel titre ? « Le problème numéro un, explique un analyste régional, c’est l’absence totale de confiance en la parole donnée ou même la signature du gouvernement fédéral. » RFI
Qui est Kossimatchi, ce proche du président Touadéra ?
Il symbolise la face visible du discours haineux et de la violence politique en Centrafrique. Blaise Didacien Kossimatchi, membre du bureau politique du MCU, le parti du président Faustin-Archange Touadera. Ses diatribes et menaces de mort contre les opposants politiques et contre tous ceux qui ont un avis contraire aux tenants du pouvoir étaient restés impunis mais le vent pourrait tourner puisque son mouvement, la Galaxie nationale, vient d’être suspendu. … En attendant, les victimes de Blaise Didacien Kossimatchi se sentent impuissantes face aux attaques de ce dernier. L’opposant Crépin Mboli-Goumba déplore la violence de mots employés et fait un parallèle avec le génocide au Rwanda. … Par ailleurs, Blaise Didacien Kossimatchi revendique le titre d’ambassadeur de Talitha Koum, une organisation pro-russe qui a organisé des dizaines de rassemblement contre la France, la Minusca et en faveur de la présence des mercenaires russes de Wagner en Centrafrique. DW
RDC: un député critique le manque de transparence et de données sur les blocs pétroliers
Le dossier d’appels d’offres pour l’exploitation de 27 blocs pétroliers et 3 gaziers continue de défrayer la chronique. Après la levée des boucliers des organisations nationales et internationales suivi de craintes des États-Unis, le débat est porté à l’Assemblée nationale avec la question écrite adressée par le député Claudel-André Lubaya à Didier Budimbu, ministre des Hydrocarbures. Le député ne s’oppose pas à la vente des blocs pétroliers, mais se dit préoccupé par le manque de transparence autour de cette affaire et le manque d’estimations précises du volume des ressources que le gouvernement évalue à 22 milliards de barils. D’abord, explique-t-il, le gouvernement n’a pas respecté la loi qui lui fait obligation de publier les travaux de recherches géologiques, géochimiques et géophysiques préalablement réalisées. Le risque selon Claudel Lubaya, est le bradage du peu de ressources qui restent encore au pays. « Aucune étude n’a été rendu public et nous pouvons en conclure qu’aucune étude n’existe en réalité. » RFI
Le trafic de ressources naturelles finance le terrorisme, prévient l’ONU
Devant le Conseil de sécurité jeudi, Ghada Waly, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a décrit la collusion des groupes terroristes et du crime organisé en Afrique subsaharienne, qui contribue au pillage des ressources naturelles et à l’instabilité. Lors d’une réunion du Conseil consacrée au renforcement de la lutte contre le financement des groupes terroristes et armés par le trafic illicite des ressources naturelles en Afrique, Mme Waly a présenté de nouvelles initiatives de coopération transfrontalière, de soutien aux autorités judiciaires et à la société civile. « La menace que représentent le terrorisme et le crime organisé s’installe durablement en Afrique », a constaté Ghada Waly, rappelant que les 3.500 victimes de terrorisme l’année dernière sur ce continent représentent la moitié du bilan mondial de ces attaques. Le Sahel en particulier subit les assauts de groupes terroristes parmi les plus actifs et les plus meurtriers du monde, tant en attaque qu’en stratégie de recrutement, alors que le Conseil de sécurité a exprimé à maintes reprises son inquiétude face aux activités des groupes armés et des réseaux criminels qui déstabilisent l’Afrique et tirent profit des ressources naturelles du continent. ONU Info
Au Ghana, la délicate affaire Aisha Huang, « reine » chinoise de l’orpaillage clandestin
C’est une affaire rocambolesque, mêlant mines d’or clandestines, soupçon de chantage à la sextape et tensions diplomatiques, qui passionne – et révolte – les Ghanéens depuis début septembre. Celle de la magnat des mines Aisha Huang, surnommée par la presse locale la « Galamsey Queen » (en français, la « reine de l’extraction minière illégale ») et jugée cet automne devant la Cour criminelle spéciale d’Accra avec trois autres ressortissants chinois. Interpellée en septembre à Kumasi, cette femme de 47 ans est accusée d’exploitation illégale d’or et de bois à Bepotenten, dans le district central d’Amansie, en région Ashanti. Ce n’est pas la première fois qu’elle comparaît pour ce motif : arrêtée et jugée entre 2017 et 2018, Aisha Huang avait pu repartir en Chine en 2019 dans des circonstances floues. Le précédent procès, ouvert en mai 2017, s’était achevé dans la confusion après que le ministère de la justice eut retiré ses poursuites, en décembre 2018. Dans les rangs du gouvernement, sommé de rendre des comptes, une certaine cacophonie régnait à l’époque. Certains responsables assuraient aux journalistes qu’Aisha Huang avait été expulsée, d’autres qu’elle avait fui le pays. Le président Nana Akufo-Addo lui-même avait fini par admettre dans la presse qu’il n’en savait rien. Le Monde
Au Liberia, « le riz est devenu comme de la poussière d’or »
Dans la banlieue de Clara Town, à Monrovia, Aminata Kanneh transpire sous la forte chaleur du soleil de midi. Comme des dizaines d’autres habitants de la capitale du Liberia, elle fait la queue sur une centaine de mètres pour acheter du riz. « Cela fait deux semaines que je viens tous les jours, mais jusqu’à présent je n’ai pas obtenu un seul grain de riz », confie à l’AFP cette femme de 34 ans. Dans tout le pays, depuis plusieurs jours, les Libériens se ruent chez les grossistes pour mettre la main sur l’aliment de base national, alors que des rumeurs circulent sur une possible pénurie de riz. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont provoqué des pénuries de denrées alimentaires et une hausse des prix dans une grande partie du monde. Mais le Liberia, petit Etat de 5 millions d’habitants – dont 27,6 % vivent sous le seuil international de pauvreté (2,15 dollars par jour et par personne), selon la Banque mondiale –, a été particulièrement touché à cause de retards dans les livraisons. Les prix du riz ont régulièrement augmenté ces six derniers mois, pour atteindre l’équivalent d’environ 25 dollars américains le sac de 25 kg, alors que le prix du sac est théoriquement fixé par les autorités à 13 dollars. Le Monde avec AFP