Revue de presse du 7 novembre 2023

Mali: au moins une dizaine de morts, dont des enfants, dans des frappes de drone de l’armée à Kidal
L’armée malienne a procédé à des frappes de drone, ce mardi matin, 7 novembre 2023, à Kidal. Au moins une dizaine de morts, dont deux à quatre enfants, selon les sources, et une vingtaine de blessés : un bilan a minima, qui pourrait s’alourdir, recoupé par RFI auprès de personnalités civiles de Kidal, notamment médicales, et de rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP). Kidal, dans le nord du Mali, est l’enjeu d’une bataille entre ce groupe rebelle, dont Kidal est le fief, et l’armée malienne. Au cœur de cette bataille : le camp de la Minusma, investi par les rebelles du CSP il y a une semaine, après le départ des derniers Casque bleus, et que l’armée entend récupérer. C’est ce camp qui a été visé ce matin…Le camp onusien avait déjà été la cible de frappes de drone, il y a trois jours, qui n’avaient alors pas fait de victime. L’armée malienne et ses supplétifs du groupe paramilitaire russe Wagner entendent déloger le CSP du camp onusien pour en prendre possession. Joints par RFI, les habitants de Kidal ne cachent pas leurs craintes devant cette menace aérienne. « Personne n’est à l’abri », confiait hier un Kidalois qui a envoyé sa famille se réfugier en Algérie. Dans leurs récents communiqués, l’armée malienne comme les rebelles du CSP ont appelé les populations à s’éloigner des zones de combat. À Kidal, les lieux les plus à risque sont l’aéroport et les camps militaires. RFI

Niger : la junte militaire demande au Togo d’être médiateur
Le régime militaire issu d’un coup d’Etat au Niger a demandé lundi 6 novembre au Togo de jouer les médiateurs dans ses négociations avec la communauté internationale, notamment avec les pays ouest-africains qui l’ont sanctionné en été. Le ministre nigérien de la défense, le général Salifou Moby, s’est entretenu dans la journée avec le président togolais Faure Gnassingbé dans la capitale togolaise Lomé. Après le coup d’Etat du 26 juillet, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a imposé de strictes sanctions financières au Niger pour pousser les militaires qui avaient renversé le président élu Mohamed Bazoum à restaurer l’ordre constitutionnel. Le général Mody a dénoncé ces sanctions « cyniques », et remercié le Togo d’avoir continué à parler avec le régime militaire après le coup d’Etat, contrairement à bien d’autres pays. Bien que membre de la Cedeao, le Togo a pris plusieurs initiatives bilatérales pour dialoguer avec le régime militaire nigérien…Le ministre togolais des affaires étrangères, Robert Dussey, a de son côté indiqué lors d’une conférence de presse que son pays était prêt à « aider en tant que facilitateur » au dialogue entre le Niger et la communauté internationale, en remerciant le général Mody « d’avoir désigné, aux côtés des Etats-Unis d’Amérique, le Togo comme pays garant du retrait des forces françaises ». La junte au pouvoir à Niamey a rejeté les demandes de la Cedeao de rétablir l’ordre constitutionnel et insiste sur la nécessité d’une période transitoire de maximum trois ans pour pouvoir le faire, alors que le pays fait face à deux insurrections djihadistes au sud-est et à l’ouest.  Le Monde

Tchad: 72 militants du parti d’opposition Les Transformateurs libérés
Soixante-douze militants du parti Les Transformateurs ont été libérés dimanche 5 novembre. Ils avaient été arrêtés le 8 octobre par la police alors qu’ils faisaient du sport sur un terrain de N’Djamena et préparaient le retour au pays de leur leader Succès Masra…Le parti Les Transformateurs avaient parlé de conditions de détention « inhumaines » pour ses militants. Ils étaient entassés à l’intérieur d’une seule et même cellule du service des renseignements généraux à N’Djamena, dans la chaleur et sans moustiquaire. Leurs familles ne pouvaient pas leur apporter à manger. Leur libération est donc un soulagement pour Me Allatan Ndordji. Membre du collectif d’avocats chargé de les défendre, il estime que ces interpellations étaient en fait un instrument politique lié aux négociations et à l’accord trouvé pour le retour au Tchad de Succès Masra…Officiellement, on ne sait toujours pas ce qu’on leur reprochait exactement. Leurs avocats avaient appris que les renseignements soupçonnaient le groupe de suivre un entraînement militaire. Alors que selon Les Transformateurs, ces militants faisaient simplement du jogging sur un terrain de sport. Me Allatan Ndordji craint que ce genre d’arrestations ne se reproduise à l’avenir et il demande au pouvoir exécutif de garantir une bonne fois pour toute l’indépendance du pouvoir judiciaire. RFI

Le retour de Succès Masra, une opposition mise au pas ?
Succès Masra avait été contraint de s’exiler quelques jours après la répression très meurtrière de manifestations contre le pouvoir militaire le 20 octobre 2022. Dans l’accord de principe signé à Kinshasa le 31 octobre, le gouvernement tchadien s’était engagé à faciliter le retour de Succès Masra « dans la sécurité juridique et physique, garantissant le libre exercice de ses activités politiques. » En retour, l’opposant promettait de continuer le dialogue en vue d’une solution politique pacifique au Tchad où il contestait jusqu’alors le pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno. Le retour de Succès Masra est un message que les autorités souhaitent envoyer aux opposants et aux défenseurs des droits de l’Homme, mais il ne convainc pas Jean Bosco Manga, juriste et écrivain tchadien, qui rappelle que dès le début de la transition, en 2021, il y a eu plusieurs accords signés soit avec les activistes de la diaspora soit avec des exilés politiques, mais qu’au fil du temps, ces accords ont déçu…L’accord de Kinshasa prévoit aussi une grâce présidentielle pour les personnes condamnées à de la prison ferme après des manifestations contre le pouvoir. Mais aussi de l’amnistie prévue pour les acteurs de la répression…Human Rights Watch (HRW) a accusé récemment le pouvoir militaire tchadien de continuer à limiter la dissidence politique, à un mois et demi d’un référendum prévu le 17 décembre pour l’adoption d’une nouvelle constitution censée ouvrir la voie à des élections. DW

Treize élèves tués dans une école coranique au Nigeria
Des hommes armés appartenant à des groupes criminels ont tué 13 élèves d’une école coranique dans l’Etat de Katsina, dans le nord-ouest du Nigeria, a appris l’AFP mardi auprès des autorités locales. Katsina fait partie des régions du nord-ouest et du centre du pays qui vivent dans la terreur des attaques de groupes criminels appelés « bandits » qui pillent les villages dont ils tuent et enlèvent les habitants. Ces criminels vivent dans des campements situés dans de vastes forêts à cheval sur les Etats de Zamfara, Niger, Katsina et Kaduna qui sont notoirement la cible d’enlèvements massifs d’écoliers depuis plusieurs années. Plusieurs hommes armés à moto ont ouvert le feu dans le village de Kusa (district de Musawa), vers 21H30 GMT dimanche, prenant pour cible des écoliers qui assistaient à la fête du Mawlid célébrant la naissance du prophète Mahomet, a raconté à l’AFP Habibu Abdulkadir, un responsable politique du district…La criminalité dans le nord-ouest du Nigeria est née de conflits opposant les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires pour l’utilisation des terres, mais elle a désormais dégénéré plus largement. Des citoyens locaux sont formés à l’auto-défense pour protéger les villages mais les criminels mènent des représailles souvent sous forme d’enlèvements de masse contre des rançons. En décembre 2020, des bandits ont enlevé 80 écoliers d’une école coranique qui revenaient dans leur village de Mahuta après avoir célébré la fête du Mawlid dans le district voisin. Ils avaient été secourus par la police et les habitants. Le banditisme et les kidnappings ne sont que quelques uns des défis auxquels fait face le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, au pouvoir depuis mai et élu sur la promesse de mettre un coup d’arrêt à l’insécurité dans le pays. AFP

ONU : les combats au Soudan s’approchent de la frontière du Soudan du Sud
Les combats entre les forces des deux généraux qui se disputent le pouvoir au Soudan se rapprochent de la frontière avec le Soudan du Sud et de la région d’Abyei, disputée entre les deux pays, s’est inquiétée lundi une représentante de l’ONU… »Avec les développements militaires au Soudan, et récemment la prise par les FSR de l’aéroport et du champ de pétrole de Belila (dans l’Etat soudanais du Kordofan-Ouest), la confrontation militaire entre les FAS (forces armées soudanaides) et les FSR se rapproche de la limite d’Abyei et de la frontière avec le Soudan du Sud », [l’émissaire de l’ONU pour la Corne de l’Afrique Hanna Tetteh] ajouté, lors d’un Conseil de sécurité consacré au sujet. Mme Tetteh a précisé qu’avec cette offensive dans le Kordofan-Ouest, les FSR controlent « une partie de la frontière avec le Soudan du Sud ». Notant la « proximité » de certains groupes de la tribu des Misseriya avec les Forces de soutien rapide et « les campagnes de recrutement des parties belligérantes », elle s’est inquiétée des impacts pour ce territoire disputé, en particulier sur « la coexistence déjà fragile entre les Misseriya et les Ngok Dinka ». La région riche en pétrole connaît depuis longtemps des tensions entre la communauté Ngok Dinka et les éleveurs misseriya qui traversent la région à la recherche de pâturages. Abyei, pris en étau entre le Soudan et le Soudan du Sud, est un point de crispation entre les deux pays depuis l’indépendance du Sud en juillet 2011. Et le conflit qui a éclaté en avril au Soudan « a interrompu des signes de dialogue encourageants entre le Soudan et le Soudan du Sud », a commenté le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU Jean-Pierre Lacroix. « Cela a suspendu le processus politique concernant le statut final d’Abyei et les questions frontalières. » Le Conseil de sécurité doit se prononcer d’ici la fin du mois sur la prolongation de la mission de maintien de la paix de l’ONU à Abyei (Fisnua), établie en 2011 et qui compte actuellement quelque 4.000 militaires et policiers. Africanews

Soudan : une génération d’enfants est au bord du gouffre après 200 jours de guerre
Au 200e jour de la guerre brutale qui a éclaté au Soudan le 15 avril dernier, l’UNICEF a appelé lundi la communauté internationale et toutes les parties au conflit à redoubler d’efforts pour remédier au sort de millions d’enfants et de familles qui vivent un cauchemar implacable jour après jour…Avec 3 millions d’enfants fuyant la violence généralisée à la recherche de sécurité, de nourriture, d’abris et de soins de santé, la plupart à l’intérieur du Soudan, et des centaines de milliers s’abritant dans des camps de fortune tentaculaires dans les pays voisins, le Soudan est aujourd’hui la plus grande crise de déplacement d’enfants au monde, a fait valoir l’UNICEF. « Les enfants continuent de subir les conséquences les plus graves de la violence » et « beaucoup d’entre eux vivent dans un état de peur perpétuelle – peur d’être tués, blessés, recrutés ou utilisés par des acteurs armés », a expliqué l’agence onusienne, soulignant qu’environ 14 millions d’enfants au Soudan ont un besoin urgent d’une aide humanitaire vitale. Les rapports faisant état de violences sexuelles liées au conflit, y compris les viols, sont monnaie courante. Aussi, avec l’intensification des combats au cours des dernières semaines dans des endroits comme Khartoum, le Darfour et les Kordofans, l’UNICEF craint que les violations des droits de l’enfant ne continuent à s’intensifier. Jusqu’à présent, l’agence a reçu des allégations faisant état de plus de 3.100 violations graves, dont des meurtres et des mutilations d’enfants. En outre, aucun enfant soudanais n’a pu retourner à l’école, et l’avenir d’une génération entière est aujourd’hui en jeu…Près de 700.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère risquent de mourir en l’absence de traitement. Les infrastructures d’eau et de santé doivent être préservées conformément au droit humanitaire international. ONU Info

En Algérie, l’opposante Amira Bouraoui condamnée à 10 ans de prison ferme
Condamnée en son absence. Le tribunal de Constantine a condamné, mardi 7 novembre, à 10 ans de prison par contumace l’opposante franco-algérienne Amira Bouraoui, et à six mois ferme le journaliste Mustapha Bendjama, accusé de l’avoir aidée à s’enfuir en France, selon des médias algériens et Khaled Drareni, représentant de Reporters sans Frontières…Amira Bouraoui, médecin de formation et âgée de 46 ans, était jugée en première instance pour « sortie illégale du territoire » après avoir franchi la frontière entre Algérie et Tunisie le 3 février, bravant une interdiction de sortie, avant d’être interpellée à Tunis alors qu’elle tentait d’embarquer vers Paris. La militante avait finalement pu s’envoler vers la France trois jours plus tard, malgré une tentative des autorités tunisiennes de la renvoyer en Algérie. Alger avait qualifié sa fuite d' »exfiltration illégale » menée à l’aide de personnels diplomatiques et sécuritaires français, et avait rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations. Cette brouille diplomatique s’était résorbée en mars. Amira Bouraoui s’est fait connaître en 2014 par son engagement dans le mouvement « Barakat » contre le quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, avant de s’engager dans le mouvement de protestation pro-démocratie « Hirak » et de travailler aussi pour la radio privée indépendante Radio M. Cette radio appartient à Ihsane El Kadi, également patron du site Maghreb Emergent, qui purge une peine de sept ans de prison pour « financement étranger de son entreprise », mais est considéré comme « un détenu d’opinion » par ses avocats. France 24 avec AFP

Les USA : Washington appelle le Rwanda et la RDC à l’apaisement
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui s’est entretenu séparément par téléphone avec le président rwandais Paul Kagame et le chef de l’Etat de la RDC Félix Tshisekedi au sujet de la « situation instable » à la frontière entre les deux pays, exhorte les deux dirigeants à la désescalade et à l’apaisement des tensions, après une recrudescence des affrontements avec les rebelles opposés à Kinshasa. M. Blinken « a plaidé en faveur d’une solution diplomatique aux tensions entre les deux pays et a exhorté chaque partie à prendre des mesures pour désamorcer la situation, y compris le retrait des troupes de la frontière », a déclaré le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, dans un communiqué. Les combats se sont intensifiés depuis début octobre au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, entre la rébellion du M23 et l’armée de RDC (FARDC) alliée à groupes armés pro-gouvernementaux. La résurgence fin 2021 du M23 (« Mouvement du 23 mars »), rébellion majoritairement tutsi soutenue par le Rwanda voisin selon de nombreuses sources, a provoqué dans le Nord-Kivu le déplacement de centaines de milliers de personnes et alimenté une crise humanitaire permanente dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis près de 30 ans. Après une précédente flambée de violence l’année dernière, M. Blinken s’est rendu dans les deux pays. Il a publiquement soutenu les affirmations de Kinshasa selon lesquelles le Rwanda soutenait les rebelles. Par ailleurs, la nouvelle opération de l’ONU, « Springbok », déployée dans l’est de la RDC, accusée d’inefficacité par de nombreux Congolais est déterminée à protéger la grande ville de Goma d’un éventuel assaut rebelle…Vendredi dernier, le commandant de la force onusienne, le général Otavio Rodrigues de Miranda Filho, avait annoncé à Goma le lancement le jour-même avec les FARDC de l’opération conjointe « Springbok », destinée à « protéger la population » et empêcher les rebelles du M23 de prendre Goma. Sahel Intelligence

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères en Afrique du Sud
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères était en déplacement en Afrique du Sud. Dmytro Kuleba a déclaré qu’il cherchait à porter la coopération avec l’Afrique du Sud à un « niveau qualitativement nouveau ». Près de cinq mois après la mission de paix en Ukraine et Russie conduite par une délégation de chefs d’États africains dont Cyril Ramaphosa et alors que l’Afrique du Sud a été critiquée pour ses liens avec Moscou, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, était en visite à Prétoria. Reçu par son homologue, Naledi Pandor, il est, à nouveau, venu plaider pour un renforcement de la coopération entre le continent africain et son pays. « Dans le développement de la renaissance des relations « ukraino-africaines », l’Ukraine cherche à porter la coopération avec la République d’Afrique du Sud à un niveau qualitativement nouveau », a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères. Dmytro Kuleba a déclaré que Kiev offrait un partenariat basé sur « le respect et les avantages mutuels », indiquant qu’il était heureux que le gouvernement sud-africain partage les aspirations de l’Ukraine. Il a également déclaré que Kuleba appréciait la participation de l’Afrique du Sud aux efforts visant à promouvoir la formule de paix du président Volodymyr Zelenskyy, qu’il a présentée pour la première fois lors du sommet du G20 en Indonésie en novembre 2022. « Le ministre a invité la partie sud-africaine à participer au Sommet mondial pour la paix, dont la tenue est actuellement élaborée par l’Ukraine et ses partenaires », ajoutant avoir également invité à rejoindre le programme alimentaire d’Ukraine, « Grain ». La ministre sud-africaine Naledi Pandor s’est, elle, félicitée de la position adoptée depuis le début par son pays. « Je pense que notre décision originelle de rester non-aligné était la bonne. Nous sommes l’une des rares régions du monde qui puisse parler à la fois à l’Ukraine et à la Russie. » Africanews