Revue de presse du 7 mars 2025

Au Burundi, les efforts humanitaires se heurtent à un afflux record de réfugiés congolais
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), près de 63.000 personnes sont arrivées en moins d’un mois, dont plus de 1.100 pour la seule journée du mercredi 5 mars. Depuis le 5 mars, environ 85.000 personnes ont fui l’est de la RDC vers les pays voisins, en raison de la récente escalade des combats dans les deux provinces du Nord- et du Sud-Kivu, en proie, depuis le début de l’année, à une offensive des rebelles du M23, avec le soutien de l’armée rwandaise. À titre de comparaison, moins de 7.000 ressortissants de la RDC ont fui vers les pays voisins au cours des deux premiers mois de 2024. Malgré une légère baisse des arrivées la semaine dernière, des centaines de réfugiés continuent d’arriver au Burundi chaque jour au travers de 11 postes-frontières, dont la plupart ne sont pas officiels…Plus de 45.000 réfugiés sont encore hébergés dans un stade local à Rugombo, à quelques kilomètres de la frontière avec la RDC, en attendant d’être transférés vers des sites pour réfugiés. Le stade a dépassé sa capacité d’accueil et de nombreuses familles sont désormais hébergées dans des champs ouverts, au sein de la communauté ou chez des sympathisants. ONU Info

Dans l’est de la RDC en guerre, plus de 375 000 enfants sont des proies pour être recrutés par des groupes armés
Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les écoliers sont des victimes collatérales de la guerre. Environ 375 000 enfants sont privés d’éducation en raison du conflit dans la province du Nord-Kivu, ce qui en fait notamment des proies pour être recrutés par des groupes armés, s’est inquiétée jeudi l’ONG Save the Children. Dans le Nord-Kivu, où le groupe armé M23 s’est emparé fin janvier de Goma, capitale de la province, et d’autres localités aux alentours, 17 % des écoles sont fermées et « environ 375 000 enfants sont privés d’éducation », écrit dans un communiqué cette organisation de défense des enfants…Soutenu, selon des experts de l’ONU, par des troupes rwandaises, le M23 a repris les armes en 2021 contre le gouvernement de Kinshasa. Il mène une offensive éclair depuis janvier qui lui a permis de s’emparer de Goma, puis mi-février de Bukavu, capitale de la province voisine du Sud-Kivu, deux villes d’environ 1 million d’habitants chacune…Selon Save the Children, 775 écoles sont actuellement fermées dans le Nord-Kivu, dont beaucoup ont été transformées en abris pour les familles déplacées par les combats. L’ONG souligne également que les enfants de la région sont des cibles potentielles de violences, notamment sexuelles, et sont « exposés aux risques liés aux munitions de guerre non explosées, qui restent dans les champs et les villages ». Le Monde avec AFP

Le Soudan accuse les Emirats arabes unis de « complicité de génocide » devant la Cour internationale de justice
Dans une requête déposée devant la Cour internationale de justice (CIJ), le Soudan affirme que les Emirats arabes unis se rendent complices d’un génocide en raison de leur soutien présumé aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a annoncé la cour dans un communiqué, jeudi 6 mars. Khartoum soutient que les Emirats sont « complices du génocide des Masalit [une ethnie soudanaise] en raison de leurs directives et de leur soutien financier, politique et militaire considérable à la milice rebelle FSR »…Des experts des Nations unies ont déclaré que les accusations selon lesquelles les Emirats arabes unis auraient acheminé des armes aux FSR via le Tchad étaient « crédibles ». Les Emirats ont promis aux Etats-Unis en décembre qu’ils n’armeraient pas les FSR. En échange, des parlementaires devraient mettre fin à leur tentative de bloquer des ventes d’armes à cette puissance du Golfe, estimées à 1,2 milliard de dollars. En janvier, ces parlementaires ont déclaré que les Emirats arabes unis avaient rompu leurs promesses et continuaient de fournir des armes aux paramilitaires soudanais. Le Monde avec AFP

Soudan: l’armée soudanaise poursuit sa progression dans Khartoum
L’armée soudanaise poursuit sa longue progression dans la capitale Khartoum. Elle a également réalisé quelques progrès il y a quelques jours dans des localités du sud du pays. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide répliquent à Khartoum en frappant à l’artillerie lourde des quartiers résidentiels de la capitale. Ce jeudi 6 mars, les bombardements ont fait plusieurs victimes parmi des écoliers…Ces violents bombardements ont aussi visé plusieurs autres quartiers de Khartoum et d’Omdourman alors que l’armée continue sa progression vers le centre de la ville où se trouve le palais présidentiel et le siège du gouvernement fédéral. Mardi, l’armée a pris le contrôle du célèbre pont al-Manshiah jusque-là aux mains des FSR. Quant à la situation à el-Facher au Darfour du Nord, la ville est encerclée depuis plusieurs mois par les Forces de soutien rapide. Elle continue, tout comme les trois camps de déplacés qui l’entourent, Abou Chouk, Zamzam et al Salam, à subir les bombardements des FSR. RFI

Sénégal: la France a remis deux emprises de l’armée française aux autorités du pays
Deux des cinq emprises de l’armée française au Sénégal ont été officiellement remises aux autorités sénégalaises ce vendredi 7 mars 2025. Une première étape en vue du retrait complet des éléments français du Sénégal (EFS). Appelés quartiers Maréchal et Saint-Exupéry, les deux emprises militaires, un ensemble d’habitations et de hangars qui jouxtant le parc de Hann non loin du port de Dakar, sont donc devenues officiellement sénégalaises. Pas de cérémonie, mais une signature de procès-verbal est venue marquer le passage de ces deux anciennes bases militaires françaises sous drapeau sénégalais…Depuis un an déjà, la France attendait de pouvoir remettre au Sénégal ces deux terrains qui jouxtent le parc de Hann en centre-ville, non loin du port. C’est une première étape avant le retrait complet des Éléments français au Sénégal d’ici à la fin du mois de septembre environ. RFI

Au Togo, Faure Essozimna Gnassingbé nomme 20 sénateurs après l’instauration du régime parlementaire
La transition vers un régime parlementaire permise par la nouvelle Constitution s’achève. Alors que 41 sénateurs ont déjà été élus le 15 février dernier, le chef de l’État togolais Faure Essozimna Gnassingbé a nommé les 20 sénateurs restants, mercredi 5 mars, selon un décret lu à la télévision publique. En plus de membres de son parti, l’Union pour la République (Unir), le président du Togo a aussi nommé quelques responsables de petits partis politiques de l’opposition, ainsi que Joseph Kokou Kofigoh, ancien Premier ministre sous Gnassingbé père. D’après Togo Actu, la session inaugurale du Sénat est prévue ce jeudi 6 mars, dans l’après-midi. Il s’agit d’une première, puisque la chambre haute a été instaurée avec l’adoption, en avril 2024, de la nouvelle Constitution, qui supprime l’élection présidentielle au suffrage universel et institue un régime parlementaire à deux chambres. Le Parlement sera chargé d’élire le président, mais ce dernier n’aura pas de réelles prérogatives…L’opposition est vent debout contre la Constitution de la Vᵉ République, qui risque d’entraîner selon elle une « monarchisation » du pays. L’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la République (FDR), appuyées par plusieurs organisations de la société civile, ont lancé un nouveau regroupement contre cette réforme, lundi dernier. Un premier meeting doit se tenir, le 23 mars, à Lomé. Jeune Afrique avec AFP

Togo: l’état d’urgence prolongé de 12 mois dans les Savanes
Le Togo prolonge d’un an l’état d’urgence sécuritaire dans les Savanes, qui devait prendre fin la semaine prochaine. Cette région de l’extrême nord du pays, frontalière du Burkina Faso, est en proie à la menace de groupes terroristes depuis plus de trois ans. Une situation sur laquelle les autorités togolaises communiquent très rarement. « Face à la persistance des menaces sécuritaires », l’état d’urgence est prorogé jusqu’en mars 2026, dans les Savanes. Le projet de loi a été adopté hier à la majorité absolue par les députés réunis en session extraordinaire depuis mardi. Il doit permettre au gouvernement d’adapter sa riposte à l’évolution de la menace, de renforcer la protection des citoyens et de leurs biens et de préserver davantage l’ordre public et l’intégrité du territoire, précise l’Assemblée nationale. L’état d’urgence sécuritaire est en vigueur depuis juin 2022 dans les Savanes. C’est la quatrième fois qu’il est renouvelé. Cette région de l’extrême nord, frontalière du Burkina Faso, est confrontée à des attaques depuis plus de trois ans. Il est toutefois difficile d’avoir une vision précise de la situation. Les autorités togolaises ne communiquent que très rarement sur les attaques dans le nord. Les derniers chiffres officiels donnés par le gouvernement faisaient état de 31 morts sur l’année 2023. RFI

Côte d’Ivoire: 5 ans de prison pour l’ancien patron de la police anti-drogue du port d’Abidjan
En Côte d’Ivoire, l’ancien patron de la cellule anti-drogue du Port autonome d’Abidjan et deux autres officiers ont été condamnés mercredi 5 mars à cinq ans de prison. Leur faute ? Avoir détourné une partie d’une saisie record de cocaïne. Tout commence en juillet 2022, avec l’arrestation d’un petit dealer de drogue à Abidjan. Chez lui, les enquêteurs découvrent 37 grammes de cocaïne. Mais ce qui aurait pu rester un simple fait divers prend une tout autre tournure. L’homme se présente comme un informateur de la cellule anti-drogue du port et accuse plusieurs gendarmes de détourner des saisies. Mieux encore, il affirme que la drogue retrouvée chez lui provient d’une cargaison interceptée quelques semaines plus tôt. Ces révélations déclenchent une enquête qui remonte jusqu’au commandant Armand Agnin Angbonon, chef de cette unité spécialisée. Après plusieurs mois d’investigations et un procès à huis clos, le verdict tombe : l’ex-commandant de la cellule anti-drogue du Port autonome d’Abidjan et deux autres officiers écopent de cinq ans de prison. RFI

Cameroun: une quinzaine de patrons de presse signent une tribune contre la prolifération «des discours de haine»
Pour dénoncer la prolifération « des discours de haine » dans les médias et les réseaux sociaux, une quinzaine de patrons de presse ont signé une tribune jeudi qui fait la Une de tous les principaux journaux camerounais. L’objectif, comme l’explique l’un des initiateurs de la tribune, François Bambou, directeur de publication de l’hebdomadaire Défis Actuels est de tirer la sonnette d’alarme. « Nous avons constaté que le débat politique et social se tribalise dangereusement, reléguant au second plan les discussions de fond au profit des stigmatisations ethniques et des clivages identitaires », explique-t-il. Avec cette tribune, les patrons de médias espèrent « interpeller la conscience des journalistes » afin « qu’ils ne se laissent plus entraîner dans cette surenchère dangereuse pour la cohésion sociale », ajoute M. Bambou…Accusés par certains de vouloir museler des opinions dans un contexte de libre expression, les journalistes s’en défendent et assurent que défendre l’éthique journalistique et dénoncer les discours haineux ne signifie pas interdire les discours contradictoires. « Nous plaidons simplement pour un usage responsable de la parole publique ou les arguments priment sur les invectives et où les médias assument pleinement leur rôle de régulateur du débat démocratique. La liberté d’expression s’accompagne de responsabilité. Il est de notre devoir de nous assurer qu’elle ne serve pas de prétexte à la fragmentation de notre société », défend le patron de presse. RFI

Nigeria : « Safe Corridor » pour lutter contre l’insécurité
La région du Nord-Ouest du Nigeria comprend les Etats de Jigawa, Kaduna, Kano, Katsina, Kebbi, Sokoto et Zamfara. Selon les autorités, le programme de déradicalisation est « essentiel pour briser le cycle du terrorisme et du banditisme grâce à un parcours structuré de réhabilitation et de réintégration » des criminels. Le programme a également été utilisé pour déradicaliser d’anciens combattants de Boko Haram dans la région du Nord-Est. Dans la région Nord-Ouest du Nigeria, cela fait des années que l’insécurité perdure. Des bandes criminelles, appelées « bandits « , attaquent des villages et se livrent à une vaste activité d’enlèvement contre rançon…Avec l’extension prévue du programme au Nord-Ouest, les analystes s’interrogent sur l’efficacité de l’opération « Safe Corridor ». Le banditisme dans cette région est largement motivé par des incitations financières telles que le paiement de rançons, le vol de bétail et l’exploitation minière illégale, plutôt que par l’idéologie…Dengiyefa Angalapu, chercheur dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de la consolidation de la paix, estime pour sa part que l’initiative peut être mise en œuvre aussi dans cette région, car il y a de multiples acteurs, y compris des groupes terroristes idéologiques, qui sont souvent englobés sous le terme de « banditisme ». DW

Le militant des droits humains égypto-britannique Alaa Abd El-Fattah, emprisonné, a entamé une grève de la faim
Le militant des droits humains égypto-britannique Alaa Abd El-Fattah, emprisonné, a entamé une grève de la faim au début de mars après avoir appris l’hospitalisation de sa mère, qui avait cessé de s’alimenter en septembre, a annoncé, vendredi 7 mars, sa famille. Laila Soueif, qui, comme son fils, a la double nationalité égyptienne et britannique, avait entamé une grève de la faim le 29 septembre 2024 pour alerter sur l’incarcération sans fin de son fils, une des figures de la révolution égyptienne de 2011, dans les geôles du président Abdel Fattah Al-Sissi. Cette célèbre militante égyptienne des droits de l’homme, âgée de 68 ans, avait pris cette décision après que les autorités égyptiennes avaient décidé, alors que son fils avait effectué sa peine, de ne pas compter ses deux années de détention provisoire. Après son hospitalisation, le 25 février, dans un hôpital londonien, ses proches ont annoncé mercredi qu’elle avait assoupli sa grève de la faim. Désormais, elle ingérera 300 calories par jour, par l’absorption d’une solution liquide, mais elle s’interdit toujours de manger des aliments solides…Alaa Abd El-Fattah a été arrêté en 2019, puis condamné la même année à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses nouvelles » après avoir partagé une publication sur Facebook sur des allégations de torture dans les prisons égyptiennes. Le Monde avec AFP

Zambie: la ville Kabwe face à une pollution au plomb intense, selon Human Rights Watch
En Zambie, la ville de Kabwe subit la pollution au plomb après des décennies d’extraction, mais aussi – plus récemment – face à de l’extraction sauvage. C’est ce que dénonce l’ONG Human Rights Watch (HRW) ce mercredi dans un rapport sur cette ville d’Afrique Australe, la quatrième de la Zambie. HRW appelle les autorités à nettoyer la zone minière et à mettre fin aux activités minières dangereuses. À Kabwe, 95 % des enfants vivant dans les zones les plus polluées de la ville présenteraient un niveau de plomb très élevé dans le sang. En cause, des millions de tonnes de déchets de plomb toujours pas recouverts 30 ans après la fermeture de la mine. Des extractions sauvages aussi. Selon Human Rights Watch, des mineurs artisanaux ont été autorisés à travailler sur plusieurs concessions à l’abandon. Entre 2022 et 2024, plusieurs entreprises ont mené ou facilité des activités parmi les déchets contaminés dans la zone de l’ancienne mine, précise l’ONG. Des entreprises qui ont aussi placé les déchets dans des tas à ciel ouvert dans divers quartiers. RFI

Mali: une huitième édition «sociale» pour le Festival Ali Farka Touré
Au Mali, début ce vendredi 7 mars à Bamako du Festival Ali Farka Touré, consacré au guitariste et chanteur malien, pionnier du « blues du désert » que l’on ne présente plus. Cette huitième édition se poursuit jusqu’au dimanche 9 mars. Cette année, le festival tombe en plein ramadan. Raison pour laquelle les organisateurs de la Fondation Ali Farka Touré ont décidé de donner au festival un caractère social. Ali Farka Touré est mort le 7 mars 2006, il y a 19 ans déjà. Cette année, le 7 mars coïncide avec le mois de Carême, mais pas question de changer de date. Vieux Farka Touré, lui-même musicien de renommée internationale, est le fils d’Ali Farka Touré et le président de la Fondation qui organise le festival…Également prévus pendant ce Festival Ali Farka Touré, des dons alimentaires ou encore des soins médicaux gratuits pour femmes et enfants de Lafiabougou, le quartier bamakois de celui qui fut maire de Niafunké, près de Tombouctou. « Pendant ce festival, il n’y aura pas de concert parce que c’est le mois de ramadan », assume Vieux Farka Touré, « et pendant le ramadan, on ne fait pas de concert, en tout cas au Mali. Donc, on laisse la Nuit Ali Farka, où il y aura des concerts, à plus tard. Mais on aura quand même une exposition au Musée national consacrée à Ali Farka », rassure son fils, « avec ses guitares, ses dernières tenues, ses portefeuilles, ses chapeaux, tout en fait ! » RFI