Revue de presse du 7 mai 2025

La prolifération des drones militaires marque un tournant déstabilisateur dans les conflits armés en Afrique
Avec le progrès et la propagation des systèmes d’armes sans pilote à l’échelle mondiale, une nouvelle ère de guerre autonome s’est ouverte…Les puissances mondiales comme les petits États insulaires se lancent dans une course à l’acquisition et à l’utilisation de systèmes sans pilote. En Afrique, quatre grandes tendances façonnent l’usage des drones dans la guerre contemporaine. La première est l’accélération du rythme d’acquisition et d’utilisation des drones militaires…Deuxièmement, les puissances moyennes, en particulier la Turquie, étendent de manière asymétrique leur influence en Afrique en répondant à la demande croissante du continent en matière de drones…Troisièmement, les pays africains cherchent à développer leurs propres capacités de production de drones, notamment en raison de la prolifération de petits drones commerciaux qui sont modifiés et intégrés dans des opérations tactiques…Quatrièmement, il faut citer l’utilisation accrue de drones par des acteurs armés non étatiques. La sophistication des drones de combat de moyenne et haute altitude a jusqu’à récemment constitué une barrière importante à l’acquisition de ces appareils par des acteurs armés non étatiques. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Mali: des membres du CNT en appellent à la violence pour défendre la Transition
Au Mali, des membres du Conseil national de Transition appellent ouvertement à la violence pour empêcher le rassemblement prévu vendredi 9 mai. Les partis politiques appellent les Maliens à contester vendredi, place de l’Indépendance à Bamako, le projet de dissolution des partis et, plus généralement, le maintien des militaires au pouvoir depuis cinq ans sans élections, le non-respect de la Constitution ou encore les « taxes injustes » et les coupures de courant. Un rassemblement qui se veut « pacifique, républicain et démocratique », selon un courrier adressé mardi par les organisateurs au gouvernorat du district de Bamako. Mais des membres du CNT, organe législatif de la Transition, annoncent dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux leur volonté de s’y opposer, et ne cachent pas les moyens envisagés. Plusieurs dirigeants politiques en pointe dans la mobilisation indiquent avoir également identifié plusieurs chargés de mission de la Primature – deux actuels, et un ancien conseiller de l’ex-Premier ministre Choguel Maïga resté fidèle à la Transition – parmi les individus ayant cherché la confrontation avec les contestataires, samedi 10 au Palais de la Culture ou dimanche 11 mai à la Maison de la presse…Pour les opposants à la Transition, la stratégie est claire : créer les conditions d’un bain de sang pour dissuader leurs militants et fournir des arguments aux autorités de Transition dans le but d’éteindre la contestation : par la répression policière, les interdictions administratives ou les procédures judiciaires. RFI

Mali: l’opposant Mamadou Traoré, chef de parti, sera jugé pour «atteinte au crédit de l’État»
Mamadou Traoré est poursuivi en raison des propos critiques tenus dans une interview diffusée le 22 avril par une webtélé sur les réseaux sociaux. Dans cette interview, Mamadou Traoré déplore que les membres du CNT, nommés par la Transition il y a quatre ans et demi, bénéficient de salaires normalement prévus pour les députés élus de l’Assemblée nationale, « des milliards ». Il estime que les membres du Conseil national de transition travaillent « pour leur intérêt personnel et non pour la patrie », et que c’est ce qui explique leur silence face à la menace de dissolution des partis politiques. Mamadou Traoré met également en doute la crédibilité du référendum constitutionnel de 2023. « Ne pas respecter sa parole, c’est porter atteinte à l’honneur des Maliens », déclare encore le chef du parti Alternatives pour le Mali au sujet des militaires qui s’éternisent au pouvoir, en dépit de leurs promesses initiales. Ces propos valent à Mamadou Traoré d’être poursuivi par le très redouté pôle judiciaire anti cybercriminalité pour « atteinte au crédit de l’État » et « diffusion de nouvelles fausses mensongèrement attribuées de nature à troubler la paix publique ». Mamadou Traoré faisait déjà partie des onze dirigeants politiques emprisonnés pendant plus de cinq mois l’année dernière, pour avoir tenu une réunion alors que les activités politiques avaient été suspendues dans tout le pays par les autorités de transition. Le mois dernier, un membre de son parti a quant à lui été condamné à un an de prison et 650 000 francs CFA d’amendes et dommages et intérêts. Il avait qualifié les autorités militaires putschistes de l’AES (Alliance des États du Sahel) de « juntes » et appelé à « combattre le régime anarchique d’Assimi Goïta ». Transféré dans la prison de Dioïla, à 160 km de Bamako, Mamadou Traoré sera jugé le 12 juin. RFI

Au Niger, les jihadistes perturbent l’approvisionnement en bois de la capitale
Dans la capitale de près de deux millions d’habitants, 90% des ménages utilisent le bois pour la cuisine ou l’éclairage, selon les services des Eaux et Forêts…Les dernières forêts de ce pays sahélien en grande partie désertique sont situées à moins de 100 km de Niamey. Mais l’armée doit y faire face « aux menaces terroristes persistantes » liées « notamment aux engins explosifs improvisés » sur les routes. « Les commerçants du bois sont dans le désarroi et la désolation totale, parce que 90% de leurs zones d’approvisionnement sont occupées (perturbées) par l’insécurité », déclare à l’AFP Mamane Seydou le secrétaire général de l’Association nationale des exploitants de bois du Niger (ANEB). Selon des sources locales, les jihadistes qui se contentaient de réguler la coupe du bois en percevant des taxes interdisent désormais sa coupe dans leur zone d’influence. « Ces zones sont des caches des terroristes (…) ils disent que nous détruisons leurs refuges (…) maintes fois ils nous ont donné des avertissements », explique Mamane Seydou. AFP

Selon le Rwanda, un accord de paix avec la RDC devrait être signé aux Etats-Unis en juin
Le ministre des affaires étrangères rwandais a dévoilé, mardi 6 mai, un calendrier pour le processus de paix avec la République démocratique du Congo (RDC), ajoutant que l’accord final devrait être signé à la mi-juin à Washington. Les combattants du Mouvement du 23-Mars (M23), qui, selon des experts de l’ONU et des Etats-Unis, bénéficient d’un soutien militaire rwandais, ont réalisé des avancées rapides dans l’est de la RDC depuis janvier, s’emparant de villes-clés et de vastes territoires dans des affrontements qui ont fait des milliers de morts. La RDC et le Rwanda sont convenus, depuis des pourparlers en avril aux Etats-Unis, de parvenir à un projet d’accord de paix d’ici au 2 mai, suscitant l’espoir d’une fin à la crise déclenchée par l’offensive éclair du M23. Le ministre des affaires étrangères rwandais, Olivier Nduhungirehe, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’il n’y avait toujours pas d’accord sur le contenu du texte mais que les prochaines étapes consisteraient en « la consolidation des contributions des parties en un texte unique ». Cette étape serait suivie par « la finalisation du projet d’accord de paix par les ministres des affaires étrangères lors d’une réunion qui se tiendra à Washington durant la troisième semaine de mai », a-t-il ajouté. Le processus devrait aboutir à « la signature de l’accord mi-juin à la Maison Blanche », a précisé M. Nduhungirehe. Cette annonce survient un jour après que l’envoyé spécial américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a déclaré sur le réseau social X avoir reçu « un projet de texte sur une proposition de paix » de la RDC et du Rwanda. Le Monde avec AFP

Est de la RDC: combats sur plusieurs fronts pendant les pourparlers de Doha
Alors que les diplomates s’activent pour faire avancer des projets d’accord de paix, à Washington et à Doha, la situation sécuritaire se dégrade sur le terrain et les affrontements se multiplient sur plusieurs fronts. Dans le territoire de Mwenga, au Sud-Kivu, les rebelles de l’AFC/M23 ont progressé dans la chefferie de Luhwinja. D’après plusieurs sources locales, ils ont pris mardi 6 mai le contrôle de Luciga, après s’être emparés de Lwashanja, un premier village situé à l’entrée de cette entité. La région est connue pour ses carrières d’or. Toujours au Sud-Kivu, des combats violents ont éclaté dans les territoires d’Uvira et de Walungu. Depuis lundi, les localités de Katogota et Kamanyola sont touchées par une spirale de violences. Selon les informations recueillies sur place, ce sont les combattants Wazalendo, alliés de l’armée congolaise qui auraient lancé une attaque surprise contre plusieurs positions avancées de l’AFC/M23…La situation restait tendue mardi. Les deux camps auraient mobilisé des renforts, en hommes et en munitions, selon les sources locales. Au Nord-Kivu, c’est la cité frontalière de Kasindi, dans le territoire de Beni, qui accueille depuis lundi soir les premiers déplacés en provenance de Lunyasenge. Cette localité, située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest du lac Édouard, a été prise le 2 mai par les combattants de l’AFC/M23. RFI

Guerre au Soudan : 20.000 personnes ont fui les combats au Darfour vers le Tchad en deux semaines
Des réfugiés fuyant le conflit au Soudan continuent d’affluer au Tchad tandis que les combats se poursuivent, notamment dans la partie septentrionale de la région du Darfour, à quelques kilomètres de la frontière tchadienne, a alerté mardi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), relevant sa « grave préoccupation face à la hausse rapide du nombre de réfugiés soudanais dans ce pays d’Afrique centrale ». Selon le HCR, près de 20.000 personnes – principalement des femmes et des enfants épuisés et traumatisés – sont arrivées dans l’est du Tchad rien qu’au cours des deux dernières semaines. L’augmentation la plus importante a été enregistrée au poste frontière de Tiné, dans la province de Wadi Fira, où près de 6.000 personnes sont arrivées en l’espace de deux jours seulement. Depuis le 21 avril, plus de 14.000 personnes ont été recensées à Wadi Fira, dont 12.000 au cours de la dernière semaine, mais aussi 5.300 personnes à Ennedi Est au cours des quinze derniers jours, dont 1.000 au cours de la seule journée de dimanche. Cet afflux soudain reflète l’escalade de la violence dans la région soudanaise du Darfour du Nord, en particulier à El Fasher et dans ses environs, qui provoque des déplacements massifs à un rythme alarmant. Ces derniers mouvements font suite aux attaques brutales de groupes armés dans le nord du Darfour, où les assauts contre les camps de déplacés – notamment Zamzam et Abu Shouk – et la ville d’El Fasher ont semé une terreur généralisée.  ONU Info

Le Soudan rompt ses relations avec les Emirats arabes unis, accusés de fournir des drones aux paramilitaires
Mardi 6 mai, le Soudan a rompu ses relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis, accusés d’armer les paramilitaires avec des drones qui ont notamment visé Port-Soudan, le siège provisoire du gouvernement, depuis trois jours. Ces frappes, attribuées par l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR), mais non revendiquées par les paramilitaires, ont endommagé des infrastructures stratégiques du principal port du pays. L’aéroport, une base militaire, une station électrique et des dépôts de carburants ont été touchés, selon des sources concordantes qui n’ont pas fait état de victimes. Les rares stations-service encore ouvertes ont été prises d’assaut et la ville a été privée de courant, selon la compagnie nationale d’électricité…Longtemps épargnée par le conflit, la ville de Port-Soudan, par où transite l’aide humanitaire et qui abrite des agences de l’ONU et des milliers de réfugiés, essuie depuis dimanche des attaques de drones…Mardi, la principale base militaire de Port-Soudan a été bombardée, selon une source au sein de l’armée. Des témoins ont affirmé qu’un hôtel proche avait été aussi ciblé. Ces sites voisinent avec la résidence actuelle du général Al-Bourhane. Le Monde avec AFP

Présidentielle au Cameroun : annoncé en France, Maurice Kamto mise sur la diaspora contre Paul Biya
À six mois de la présidentielle, l’opposant a décidé d’engager une nouvelle fois la bataille sur un terrain loin du Cameroun, en Europe. Avec un meeting prévu à Paris le 31 mai, il fait le pari de recueillir le soutien d’une diaspora que Paul Biya redoute de son côté. Après sa libération de prison en octobre 2019, Maurice Kamto a intensifié ses déplacements, notamment en Amérique du Nord. Il a rencontré des responsables américains – se rapprochant de Tibor Nagy, alors sous-secrétaire d’État en charge des Affaires africaines –, et a plaidé pour une intervention internationale dans les régions anglophones du Cameroun. En 2020, il a aussi organisé une tournée à Washington, New York, Toronto et Montréal…Maurice Kamto a multiplié les appels du pied à la diaspora, promettant une politique étrangère inclusive, la création d’une Agence nationale des Camerounais de l’étranger (ANCE), la possibilité pour les Camerounais de la diaspora d’être représentés au Parlement. Il a aussi pris plusieurs fois position en faveur de la reconnaissance de la double nationalité, jusqu’ici bloquée par le président Paul Biya. Le MRC et l’Alliance politique pour le changement – la coalition qui le soutient – ont annoncé un meeting géant, une nouvelle fois à Paris, le 31 mai prochain…Pour l’opposant, l’enjeu est de l’ordre de la communication, mais il est aussi financier. En février, le patron du MRC a ainsi lancé une levée de fonds depuis Yaoundé, destiné à financer la campagne présidentielle à venir, avec un budget souhaité de plus de 6 milliards de francs CFA (plus de 9,1 millions d’euros). Alors que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir, contrôle jalousement le territoire national, les dons de l’étranger seront primordiaux. Jeune Afrique

Au Tchad, Idriss Youssouf Boy devant la justice pour des soupçons d’escroquerie
S’il y avait un doute sur son caractère exceptionnel, la justice du Tchad l’a levé : ce 7 mai, l’audience qui oppose Idriss Youssouf Boy et About Hachim Bouder – qui accuse l’ex-collaborateur du président Mahamat Idriss Déby Itno de trafic d’influence, abus de fonctions, escroquerie et corruption passive et active – a été délocalisée. Elle ne se tient pas à l’habituel palais de justice de N’Djamena, mais dans les locaux de la direction des renseignements généraux. Ceux-ci, situés non loin de la présidence, offrent en effet de meilleures garanties de sécurité. Comme l’avait révélé Jeune Afrique le 18 avril dernier, Idriss Youssouf Boy avait été placé en détention dans le courant du mois de janvier dans ces mêmes locaux, en compagnie de son accusateur. About Hachim Bouder, dirigeant de la société de travaux publics Hachim Business Center, avait obtenu en 2021 plusieurs contrats avec l’État tchadien portant sur la réfection de routes et la construction de ponts dans le nord-est du pays, pour un total cumulé de 100 milliards de francs CFA, soit 152 millions d’euros. Il affirme aujourd’hui avoir à l’époque été contacté par Idriss Youssouf Boy, lequel lui aurait demandé de verser des sommes d’argent afin de financer les activités politiques du chef de l’État. D’après le compte rendu en notre possession, le dirigeant de Hachim Business Center aurait effectué au total 18 versements à Idriss Youssouf Boy, pour un total de 11,8 milliards de francs CFA, soit environ 18 millions d’euros, via un intermédiaire. Originaire d’Amdjarass, About Hachim Bouder avait fini par s’inquiéter du non-remboursement des sommes et s’en était ouvert au chef de l’État. Mahamat Idriss Déby Itno ayant à ce moment affirmé ne pas avoir entendu parler des fonds versés, l’affaire a fini par éclater en justice, après plusieurs tentatives vaines de conciliation. Idriss Youssouf Boy niant la version d’About Hachim Bouder, l’accusation et l’accusé avaient finalement tous deux été incarcérés dans les locaux des renseignements généraux. La Chambre correctionnelle spéciale est donc chargée, ce 7 mai, de faire la lumière sur ce dossier brûlant, qui fragilise un peu plus la cohésion de l’influence communauté zaghawa. Jeune Afrique