Afrique du Sud: accueil frileux pour le gouvernement d’union nationale proposé par l’ANC
La proposition de l’ANC de former un gouvernement d’unité nationale, après son revers électoral, a été fraîchement accueillie vendredi par les possibles partenaires et rejetée à ce stade par le parti EFF, élu sur un programme de redistribution des terres et quatrième force politique du pays. Le Congrès national africain (ANC) a obtenu seulement 40% des voix, son score le plus faible aux législatives la semaine dernière, et pour la première fois de son histoire, il a besoin de l’appui d’autres groupes pour gouverner. Après des discussions marathon de l’ANC jeudi, le président Cyril Ramaphosa a déclaré vouloir s’associer à une large partie de l’opposition, de l’extrême droite à l’extrême gauche…M. Ramaphosa a précisé que l’ANC avait mené des entretiens avec l’EFF, mais aussi le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP), le premier parti d’opposition l’Alliance démocratique (DA, centre libéral) ou encore l’Alliance patriotique (PA) anti-immigrés. L’EFF, qui a remporté 39 sièges de députés en soutenant la redistribution des terres et la nationalisation de secteurs économiques clés, est aux antipodes de la DA, qui a obtenu 87 sièges sur la base d’un programme libéral…L’Afrique du Sud a déjà eu un gouvernement d’unité nationale. Le premier gouvernement de Nelson Mandela avait fait une place à ses ennemis politiques: le Parti National, qui défendait l’apartheid, comme l’IFP, qui s’était violemment confronté aux militants de l’ANC au début des années 1990…Le nouveau parlement doit se réunir d’ici une dizaine de jours, pour élire le président qui devra former un nouveau gouvernement. AFP
Mali: grève des banques et un appel à manifester de l’opposition non sans risque
La grève se poursuit dans les banques du Mali. Après une première journée très suivie ce jeudi 6 juin, le Synabef, syndicat des banques et assurances du Mali, maintient son appel à la grève pour obtenir la libération de son secrétaire général. Emprisonné mercredi, Hamadoun Bah est également numéro deux de l’UNTM, la première centrale syndicale du Mali. Dans ce contexte très tendu, l’opposition appelle à manifester contre les difficultés économiques et plus largement contre le régime en place. Le rendez-vous donné par l’opposition est fixé à 14 heures locales, place de la Liberté, devant la mairie de Bamako. Cet appel a été lancé par la Synergie d’action pour le Mali, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile opposés aux autorités de transition. « Contre les délestages et la vie chère » : la Synergie d’action en appelle d’abord à la fatigue des Maliens, dont le quotidien est miné par les difficultés économiques et les coupures d’électricité. Mais les responsables joints par RFI ne s’en cachent pas : ce qu’ils veulent, c’est initier un sursaut citoyen, faire monter la contestation contre les autorités de transition, qu’ils considèrent comme « illégales et illégitimes ». Leur capacité de mobilisation se heurte cependant au risque de répression. Les activités politiques de tous les partis et associations du Mali sont officiellement interdites et l’on ne compte plus les procédures pour « atteinte à la sécurité de l’État » lancées contre les voix trop critiques. RFI
Transitions en Afrique : un provisoire devenu permanent
Qu’importent les promesses faites à la population et à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Dans la région, les transitions s’éternisent. Partout, les rendez-vous électoraux pris il y a plusieurs mois sont reportés, les chronogrammes sans cesse amendés et rallongés. Le 25 mai, à Ouagadougou, les participants des assises nationales ont ainsi décidé de prolonger de soixante mois (soit cinq ans) le régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré. La transition, qui a débuté en septembre 2022, devait théoriquement s’achever dans un mois. Quinze jours plus tôt, à Bamako, le dialogue intermalien recommandait à Assimi Goïta de se maintenir à la tête de l’État pour deux à cinq années supplémentaires. Le colonel malien, au pouvoir depuis août 2020, pourrait donc y rester plus de huit années, si ce dernier calendrier est respecté. Boycottées par les partis traditionnels du Burkina Faso comme du Mali, ces consultations ont également recommandé que les putschistes actuellement au pouvoir puissent se présenter à ces présidentielles. Deux mois plus tôt, en Guinée, le Premier ministre, Bah Oury, admettait que les délais du chronogramme ne seraient pas non plus tenus, sans fixer de date précise pour le départ du général Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis déjà trente-trois mois. Du côté du Niger, pas de risque d’outrepasser le chronogramme : il n’a jamais été dévoilé. Près d’un an après avoir renversé Mohamed Bazoum, à la fin de juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani n’est pas sorti de son mutisme sur cette question pourtant cruciale. Dans cette course de tortues que semblent se livrer les putschistes, seul le Gabon fait aujourd’hui office de lièvre. Neuf mois après le début de la transition, aucun retard n’est à signaler en ce qui concerne les étapes du chronogramme officiel proposé par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Jeune Afrique
Le HCR appelle à une réponse globale à la crise humanitaire négligée au Sahel
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est inquiétée, vendredi, de la crise humanitaire « négligée » qui se développe « rapidement » dans la région du Sahel. Dans les pays du Sahel central (Burkina Faso, Mali et Niger), plus de 3,3 millions de personnes sont déplacées de force en raison de conflits incessants, exacerbés par l’aggravation des effets de la crise climatique, selon les données d’avril 2024. « Ce nombre impressionnant de civils déplacés de force exige une action internationale immédiate pour éviter qu’il ne s’aggrave », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Alpha Seydi Ba, porte-parole du Bureau régional du HCR en Afrique de l’Ouest et Central. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), la situation sécuritaire dans le Sahel central est instable, forçant les gens à fuir leurs maisons à la recherche de sécurité et de protection. Les risques de protection sont très répandus…Alors que 2,8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Burkina Faso, du Mali et du Niger au cours des quatre dernières années, le nombre de réfugiés en provenance de ces trois pays a grimpé à 550.000 au cours de la même période. Au Burkina Faso, la double menace de la violence et des conditions de vie inadéquates perpétue un cycle de fragilité. Au cours de l’année écoulée, l’exode des réfugiés burkinabés a été important, avec plus de 117.000 arrivées dans les pays côtiers voisins, selon un décompte effectué en avril 2024. Il y a actuellement plus de 200.000 réfugiés maliens en Mauritanie, 130.000 au Niger et près de 40.000 au Burkina Faso, ainsi que 50.000 qui ont fui vers l’Algérie mais n’ont pas accès aux procédures d’asile. Dans le même temps, le Mali accueille environ 94.000 réfugiés, principalement originaires du Burkina Faso, du Niger et de Mauritanie, tout en étant confronté à plus de 354.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. ONU Info
Au Soudan, les paramilitaires accusés de deux nouveaux massacres de civils
Des militants prodémocratie au Soudan ont fait état, vendredi 7 juin, d’environ 40 morts dans de « violents tirs d’artillerie » menés la veille par des paramilitaires sur des quartiers d’Omdourman, la ville jumelle de Khartoum…Jeudi, le « comité de résistance de Madani », un autre groupe faisant partie du réseau d’entraide ayant fleuri partout au Soudan après l’éclatement de la guerre entre l’armée et les FSR, en avril 2023, a quant à lui fait état d’une centaine de morts dans une attaque menée par les paramilitaires contre un village du centre du pays. Selon ce groupe, les FSR ont attaqué mercredi le village de Wad Al-Noura « à deux reprises » avec de l’artillerie lourde. Rapportant « plus de 104 morts » ainsi que « des centaines de blessés », le comité a assuré avoir établi ce bilan sur la base d’une « communication préliminaire avec les habitants du village », situé dans l’Etat de Gezira. Les militants du comité ont diffusé sur les réseaux sociaux des images montrant une rangée de linceuls blancs disposés sur un terrain. Ils affirment que les paramilitaires ont « envahi le village », entraînant la fuite de nombreux habitants. Le comité a assuré que l’armée soudanaise avait été appelée à l’aide par les villageois de Wad Al-Noura mais qu’elle n’était pas intervenue. Le Monde avec AFP
Élections au Rwanda: la liste provisoire des candidats à la présidentielle a été publiée
Au Rwanda, une semaine après la fermeture du dépôt des candidatures, la Commission électorale nationale a partagé ce jeudi 6 juin la liste provisoire des dossiers retenus pour les élections présidentielle et législatives du 15 juillet prochain. Sur neuf dossiers, seulement trois sont pour l’instant retenus par la Commission électorale, les mêmes qu’au dernier scrutin présidentiel en 2017 : le chef d’État candidat à sa réélection pour un quatrième mandat, Paul Kagame, le député Frank Habineza du Parti démocratique vert, seul parti d’opposition reconnu et Philippe Mpayimana, employé depuis 2021 par le ministère de l’Unité nationale et de l’engagement civique. Six dossiers sont rejetés de cette liste provisoire à cause de documents manquants, notamment selon la Commission électorale concernant les 600 signatures de soutien nécessaires pour les indépendants qui ne sont pas affiliés à un parti politique. Parmi eux, l’opposante Diane Rwigara dont la candidature avait déjà été invalidée en 2017. Les aspirants à l’élection présidentielle ont désormais une semaine pour modifier et compléter leur dossier, avant la publication de la liste définitive le 14 juin prochain. RFI
Bénin: cinq ressortissants nigériens arrêtés au terminal de Sèmè-Kpodji
Cinq ressortissants nigériens qui se sont présentés comme des fonctionnaires de Wapco Niger ont été interpellés par la police béninoise mercredi 5 juin à Sèmè-Kpodji. Le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a donné des détails ce jeudi devant la presse…Tous se sont présentés comme des agents de l’entreprise pétrolière Wapco Niger, arborant le badge de la société. Mais le procureur affirme que « l’enquête a formellement établi qu’au moins deux parmi ces personnes sont des agents nigériens au service du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Ils se sont fait confectionner pour la circonstance de faux badges. » Le procureur rappelle que le lundi 3 juin 2024, le ministre béninois des Mines aurait informé l’administrateur de Wapco Bénin, qu’en raison du contexte, la vérification des identités allait se faire de manière plus stricte pour l’accès au site. Mario Metonou n’a pas annoncé de poursuites à cette étape, « les investigations se poursuivent » a indiqué le magistrat. RFI
Cameroun: après une série de meurtres, situation sécuritaire dégradée au Nord-Ouest anglophone
Au Cameroun, dans la région anglophone du Nord-Ouest, l’appel, il y a un mois, de l’ancien séparatiste en exil «Capo Daniel», à cesser les hostilités, n’est visiblement pas suivi d’effets sur le terrain. Cette semaine, un conseiller municipal d’une commune du département de la Menchum a été tué mercredi 7 juin sur la route entre Wum et Bamenda. C’est le quatrième agent public, élu ou fonctionnaire, tué dans la région en moins de trois semaines. Des acteurs de la société civile locale parlent d’une situation générale dégradée ces dernières semaines sur le plan sécuritaire pour les habitants…Dans les trois communes de Bamenda, le préfet de la Mezam a récemment interdit la circulation des motos-taxis la nuit. Un groupe armé a surenchéri, menaçant tout véhicule sortant le soir. Mercredi en fin de journée, un taxi a été incendié, des coups de feu tirés, provoquant la panique des riverains. RFI
Tchad: l’ONG «Tournons la page» somme l’ANGE de publier les PV de dépouillement des bureaux de vote
Au Tchad, la branche tchadienne de l’organisation « Tournons la page » a rendu public ce jeudi 6 juin un long rapport intitulé « Tirs de joie et démocratie en pleurs ». Un mois jour pour jour après la présidentielle du 6 mai, le mouvement citoyen met en cause la crédibilité du scrutin qui avait été remporté par Mahamat Idriss Déby, selon les résultats définitifs de la Cour constitutionnelle. « Tournons la page » dresse un constat accablant des opérations électorales, ce que conteste l’Agence nationale de gestion des élections. Au Tchad, l’organisation Tournons la page internationale et sa branche tchadienne passent en revue, tout au long de ce rapport d’une quarantaine de pages et de dizaines d’autres consacrées aux annexes, toutes les étapes qui ont mené à la présidentielle du 6 mai dernier. Et ils ne mâchent pas leurs mots. Mort de Yaya Dillo, un opposant très virulent, dans l’assaut du siège de son parti par l’armée ou encore des dizaines de personnes tuées par des « tirs de joie » des forces de l’ordre lors de la proclamation des résultats provisoires du scrutin, « le processus électoral a été marqué par une grande violence politique », dénoncent les deux organisations qui pointent également un scrutin rendu opaque selon elles « par une série de décisions qui ont empêché toute vérification indépendante des résultats annoncés ». RFI
ONU : La Somalie élue au Conseil de Sécurité pour 2025-2026
Jeudi, lors d’un vote à bulletins secrets à l’Assemblée générale de l’ONU, le Danemark, la Grèce, le Pakistan, le Panama et la Somalie ont été élus pour siéger au Conseil de sécurité pour la période 2025-2026. Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de 15 membres, dont cinq permanents (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), ainsi que 10 pays élus pour deux ans, renouvelés par moitié chaque année, en respectant une répartition géographique équitable. Lors du vote, le Danemark a reçu 184 votes, suivi du Panama avec 183, du Pakistan et de la Grèce avec 182 chacun, et de la Somalie avec 179. Ahmed Moallim Fiqi, ministre somalien des Affaires étrangères, a déclaré que leur mandat serait axé sur le multilatéralisme et le respect du droit international. Il a également souligné leur engagement à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales, notamment l’Union africaine, compte tenu de la présence d’une force de maintien de la paix de l’UA en Somalie…L’adhésion du pays, effective pour deux ans, marque une avancée significative dans les efforts diplomatiques de la Somalie et son rôle sur la scène mondiale. Sahel Intelligence
Côte d’Ivoire : 14 corps de victimes de la crise de 2010-2011 remis à leur famille
Quatorze corps de personnes tuées lors de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, qui a fait quelque 3.000 morts, ont été remis par le gouvernement à leurs familles lors d’une cérémonie mercredi à Abidjan, ont constaté des journalistes de l’AFP. « Nous sommes venus ce jour pour honorer la mémoire de 14 êtres », a déclaré la ministre de la Cohésion nationale, de la solidarité et de la lutte contre la pauvreté, Belmonde Dogo, en exprimant ses « sincères condoléances aux familles ». La cérémonie a eu lieu dans des locaux de l’entreprise de pompes funèbres Ivosep. Une centaine de personnes étaient réunies, dont les familles des victimes et des membres du gouvernement. « Ces 14 corps que nous remettons ont été conservés après la crise post-électorale de 2010-2011, pour nécessité d’enquête et d’identification », a expliqué la ministre. En 2010, la victoire à la présidentielle d’Alassane Ouattara, toujours au pouvoir, contestée par le sortant Laurent Gbagbo, avait débouché sur plusieurs mois de violences qui avaient fait environ 3.000 morts dans les deux camps. Un montant de 1.500.000 francs CFA (environ 2.200 euros) a été remis par le gouvernement à chaque famille par chèque à la fin de la cérémonie…Les démarches administratives, judiciaires et l’authentification des corps avant qu’ils ne soient restitués, ont débuté en 2013, a indiqué Belmonde Dogo. 47 corps avaient déjà été remis à leurs proches en mars 2023 dans l’ouest du pays, région particulièrement endeuillée par la crise. « Il nous reste 6 corps à restituer à Duékoué (ouest) mais cela se fera dans les semaines à venir », a ensuite annoncé Mme Dogo à la presse. Au total, 67 dépouilles ont donc été remises officiellement, mais des corps ont été récupérés par les familles en dehors de l’initiative de l’Etat et d’autres n’ont pas encore été identifiés. AFP