Trois jours de deuil national décrété, l’ONU « indignée », le Burkina Faso paie encore un lourd tribut dans la guerre contre le jihadisme. Le nord du pays a été frappé par deux attaques en quelques heures, dont l’une a fait au moins 160 morts dont une vingtaine d’enfants, selon un dernier bilan, la plus meurtrière dans ce pays depuis le début de l’insurrection en 2015. Le massacre le plus important s’est déroulée à Solhan, chef lieu du département du même nom à proximité de la frontière avec le Mali et le Niger dans la zone dite des « trois frontières ». Cette ville est notamment connue pour être un carrefour abritant des milliers de mineurs venus chercher de l’or. Vers deux heures du matin, dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 juin, des assaillants ont investi la ville à bord d’une vingtaine de motocyclettes. Leur première cible a été un poste des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs des Forces armées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Puis les terroristes se sont dirigés vers les habitations et ont massacré les civils sans distinction d’âge, ni de sexe. Selon des sources sécuritaires citées par RFI, l’âge des victimes varie entre 8 mois et 45 ans. Une grande majorité sont des jeunes. France24
Le colonel Assimi Goïta a troqué, lundi 7 juin, son habituel treillis militaire contre le costume de « président de la transition » au Mali, qu’il s’est taillé en menant à bien deux coups d’Etat en moins d’un an, alors que le Sahel reste plus que jamais en proie aux violences djihadistes. … Le colonel a prêté serment alors que la France et les autres partenaires du Mali réclament aux militaires des garanties qu’un nouveau premier ministre civil sera nommé et que des élections auront bien lieu en février 2022, en vue d’un retour des civils au pouvoir. Sur ce dernier point, le colonel Goïta a affirmé sa volonté d’organiser « des élections crédibles, justes, transparentes, aux échéances prévues ». … Echaudée par le nouveau coup d’Etat, la France a annoncé la suspension de ses opérations communes avec l’armée malienne, après huit ans de coopération étroite contre les djihadistes. Jusqu’à nouvel ordre, sa force « Barkhane », qui intervient dans plusieurs pays du Sahel, ne sortira plus de ses bases pour des opérations sur le terrain au Mali, même si elle continuera à frapper, si l’occasion s’en présente, les chefs djihadistes. Le Monde avec AFP
Plusieurs dizaines de voleurs de bétail, armés, ont au total tué 88 personnes lors d’assauts menés jeudi contre sept villages du Nigeria, dans l’Etat de Kebbi (nord-ouest), ainsi que l’a rapporté la police à l’Agence France-Presse dimanche 6 juin. Les attaques ont été perpétrées par des hommes à moto, qui ont visé les villages de Koro, Kimpi, Gaya, Dimi, Zutu, Rafin Gora et Iguenge, tous situés dans le district de Danko-Wasagu. … Des policiers ont été déployés dans la région pour prévenir de nouveaux raids, tandis que les habitants des villages attaqués ont fui leurs maisons, a en outre affirmé M. Abubakar. … Depuis une dizaine d’années, des groupes criminels, appelés « bandits » par les autorités, terrorisent les populations du nord-ouest et du centre du Nigeria. Ils attaquent les villages, volent du bétail et se livrent, sur les routes, à des enlèvements contre rançon – de personnalités locales ou de voyageurs. Ils opèrent à partir de camps situés dans la forêt de Rugu, qui s’étend sur les Etats nigérians de Zamfara, Katsina, Kaduna et du Niger. Le Monde avec AFP
L’accès à Twitter était restreint samedi au Nigeria, au lendemain de l’annonce par le gouvernement de la suspension des activités du réseau social dans le pays le plus peuplé d’Afrique, deux jours après la suppression par l’entreprise d’un tweet du président Muhammadu Buhari. L’Association des Opérateurs de télécommunications sous licence du Nigeria (Alton) a confirmé dans un communiqué que ses membres avaient reçu des instructions des autorités de régulation d’internet pour suspendre l’accès à Twitter et s’y « étaient conformés ». L’observatoire spécialisé Netblocks, basé à Londres, a indiqué samedi avoir constaté que « l’accès à la plateforme de Twitter et aux serveurs (…) était à présent restreint sur les réseaux des principaux opérateurs, MTN, Globacom, Airtel et 9mobile ». … Amnesty International a condamné cette « suspension illégale » de Twitter et Human Rights Watch (HRW) a dénoncé une « tentative de censurer la contestation ». La numéro deux de l’ambassade de Grande-Bretagne, Gill Atkinson, a estimé que « toute mesure prise par le gouvernement nigérian doit être mesurée, proportionnée et ne doit pas museler les libertés élémentaires ». AFP
Plus de deux semaines après de violents combats entre factions jihadistes rivales dans le nord-est du Nigeria, le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) a annoncé la mort d’Abubakar Shekau, le chef historique de Boko Haram, dans un message audio. Ce message confirme notamment qu’Abubakar Shekau a fait sauter sa ceinture d’explosifs pour ne pas avoir à se rendre, alors qu’il était assiégé par les hommes de l’Iswap, au cœur de son bastion. … Depuis, Iswap a étendu son aire de contrôle depuis la région du lac Tchad en s’en prenant principalement à l’armée nigériane, tandis que Shekau avait repris les rênes d’une faction historique de Boko Haram depuis son repaire de la Sambisa. Après sa mort, le groupe État islamique apparaît clairement dans une position dominante. Mais il faudra tout de même composer avec les groupes toujours fidèles à Abubakar Shekau implantés dans la région. Certains ont d’ores et déjà lancé des attaques contre les jihadistes affiliés à l’État islamique ces derniers jours. Après sa prise de la forêt de Sambisa, l’Iswap a envoyé des messages aux populations des pourtours du lac Tchad pour les encourager à rejoindre son « califat ». RFI
Au Soudan, le numéro deux de la transition, le général Mohamed Hamdan Dagalo dit « Hemeti », a publiquement refusé l’intégration de ses Forces de soutien rapide au sein d’une armée sous un commandement unifié. Un projet pourtant soutenu par le numéro un de la transition et les forces civiles qui co-dirigent le pays. Cette déclaration est surtout révélatrice de l’antagonisme de plus en plus fort qui se fait jour au sein des forces armées. En privé comme en public, le général « Hemeti » ne cache plus désormais son désaccord avec son chef. « Parler d’intégrer les Forces de soutien rapide dans l’armée pourrait briser le pays », a-t-il ainsi déclaré vendredi au cours d’une cérémonie d’hommage à un commandant du mouvement rebelle darfouri de Minni Minawi. Ces forces « sont instituées par une loi votée par un Parlement élu, a-t-il encore souligné, selon le Sudan Tribune. Ce n’est pas un bataillon ou une compagnie susceptible d’intégrer l’armée, c’est une force importante », a-t-il conclu. RFI
Près de 60 personnes ont été tuées et environ 5800 ont été contraintes de fuir après plusieurs assauts des Forces démocratiques allliées (ADF) en Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). L’ONU a répété vendredi à Genève être « scandalisée ». Le groupe armé des ADF a attaqué plusieurs sites de déplacés fin mai. Près de 60 personnes ont été tuées, dont plusieurs enfants. Certaines ont été brûlées vives dans leur habitation, parmi des dizaines de sites incendiés. Ces atrocités sont « horribles », a dit à la presse un porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait déjà dénoncé il y a quelques jours ces violences. Le porte-parole du HCR a également appelé à oeuvrer pour protéger la population, victime de multiples violences. Les attaques ont fait aussi plusieurs blessés et 25 personnes ont été enlevées. Les activités des ADF augmentent, a déploré le porte-parole. Belga
L’Armée nationale somalienne (SNA) a annoncé samedi que ses forces spéciales ont éliminé 70 terroristes islamistes du groupe djihadiste d’Al-Shabab et blessé plusieurs autres, lors d’une opération menée jeudi près de Jowhar, une ville de la région du Moyen-Shabelle. Le porte-parole de l’armée, Ali Hashi, a déclaré sur les ondes de la radio SNA de Mogadiscio que les troupes de l’armée ont également libéré plusieurs zones au cours d’une opération qui se poursuit toujours dans le sud de la Somalie. « Nous avons tué 70 militants d’Al-Shabab, dont deux commandants supérieurs, et avons blessé plusieurs autres lors de l’opération en cours contre les terroristes près de la ville de Jowhar », a-t-il affirmé. Par ailleurs, deux personnes ont été tuées et 23 autres blessées samedi dans un attentat-suicide près d’une gare routière de Mogadiscio, selon des sources sécuritaires. Sahel Intelligence
Deux agents des forces de l’ordre ont été tués et cinq autres blessés dimanche soir dans l’explosion d’une voiture piégée visant un check-point dans la ville libyenne de Sebha (sud), a-t-on appris de source policière. « Une voiture piégée a explosé au moment où elle franchissait un barrage déployé par les forces de l’ordre », a déclaré à l’AFP un responsable de la police à Sebha, ville désertique située à 750 km au sud de Tripoli. « Deux agents de sécurité (grade de capitaine) ont été tués, cinq autres ont été blessés et d’importants dégâts matériels sont à déplorer », a ajouté cette source. L’explosion n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. Des images diffusées par la presse locale montrent des véhicules des forces de l’ordre sérieusement endommagés, entourés de débris de l’explosion. Chef-lieu du Fezzan, la province sud de la Libye, Sebha est contrôlée par l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen. Elle a été le théâtre de plusieurs attaques jihadistes ces dernières années. AFP
Le président ougandais, Yoweri Museveni, a ordonné, dimanche 6 juin, la fermeture des écoles et la suspension des trajets non essentiels entre les districts pour tenter d’endiguer la hausse inquiétante des cas de Covid-19 enregistrée ces dernières semaines. Les écoles seront fermées à compter de lundi pour six semaines et la plupart des rassemblements interdits, hormis des mariages et des enterrements en comités restreints. A compter de jeudi, seuls les véhicules de secours, de tourisme ou transportant des marchandises seront autorisés à voyager d’un district à l’autre (le pays en compte 135), tandis que le couvre-feu de 21 heures à 5 h 30 est maintenu jusque mi-juillet. La plupart des commerces et des marchés demeurent ouverts, à condition qu’ils respectent les règles sanitaires édictées par le gouvernement, mais les bars restent fermés. L’Ouganda, qui avait adopté des mesures fortes pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 dès mars 2020, a été relativement épargné par le virus. Mais les contaminations et le nombre de cas graves se multiplient ces dernières semaines. Le Monde avec AFP
Arrêté le 10 mai à Bangui, le Français Juan Rémy Quignolot est toujours détenu en Centrafrique. Des photos de la perquisition à son domicile avaient fait le tour des réseaux sociaux, montrant un certain nombre d’armes et de munitions, ainsi que du matériel stratégique tel que des gilets pare-balles. Le dossier de Juan Rémy Quignolot est désormais sur le bureau du juge d’instruction qui mène les enquêtes. Le Français est mis en examen pour différents chefs d’inculpation, précise le procureur général Éric Didier Tambo : atteinte à la sûreté intérieure de l’État, détention illégale d’armes et de munitions de guerre et espionnage. Il pourrait être jugé lors de la prochaine session criminelle si l’enquête est terminée. … Le procureur insiste sur le respect des droits du détenu, notamment celui d’être assisté par un avocat et de pouvoir voir un médecin. Le CICR a pu lui rendre visite, a précisé le procureur. Après son arrestation, le ministère français des Affaires étrangères avait annoncé exercer sa protection consulaire envers lui « comme elle le ferait à l’égard de tout ressortissant français ». RFI
Àl’initiative de Reporters sans frontières, du comité de soutien #FreeOlivierDubois, de France Médias Monde (Radio France Internationale, France 24, Monte Carlo Doualiya), des rédactions de Radio France, d’ex-otages tels que Florence Aubenas (Irak) et Didier François (Syrie), de l’Union des Clubs de la presse de France et des pays francophones, de SOS Otages et, bien sûr, des médias avec lesquels Olivier Dubois collabore (Le Point, Libération et Jeune Afrique), un rassemblement est donc prévu à Paris, place de la République, ce mardi 8 juin à 11 h 30. Au même moment, à Bamako, à la Maison de la presse est prévue une manifestation similaire. Le Point
Taxé de naïveté ou d’opportunisme, mais ça lui est égal. Choisi par le président français Emmanuel Macron pour préparer le sommet Afrique-France en octobre, Achille Mbembe, penseur majeur du postcolonialisme, relève le défi avec appétit. L’intellectuel camerounais est connu et reconnu. En Afrique et bien au-delà. Le professeur Mbembe, 63 ans, qui enseigne l’histoire et la politique à la prestigieuse université Witwatersrand de Johannesburg, est une des voix fortes des faits et méfaits du colonialisme. … Le soutien à la junte militaire au Tchad ou la présence française au Mali sont les sujets récents qui suscitent beaucoup de passion au sein de l’opinion africaine et un fort sentiment anti-français, dépeint l’intellectuel. « Beaucoup estiment que le moment est venu de mettre fin à ce genre d’attitude, d’investir dans les institutions, au lieu de penser que la stabilité et la sécurité seront maintenues par des hommes forts », décrit-il. Est-ce qu’un 29e sommet réussira à révolutionner des pratiques héritées de l’époque coloniale? « Ca ne va pas se faire du jour au lendemain », admet Achille Mbembe. Mais Montpellier pourrait être « le premier moment d’une très longue étape, sur une ou deux générations », pour dépoussiérer une relation « endommagée ». AFP