Revue de presse du 7 février 2025

Risque de conflit régional suite à la chute de Goma et à l’offensive du M23 en RDC
La chute de Goma aux mains des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) a provoqué une onde de choc dans la région qui risque de provoquer une guerre régionale de plus grande ampleur. Les souvenirs des guerres dévastatrices du Congo de la fin des années 1990 et du début des années 2000, qui a vu intervenir sept armées africaines et causé la mort de 5,4 millions de Congolais, sont encore frais dans les mémoires. Cette évolution est particulièrement alarmante car il est largement reconnu que le M23 est soutenu par la Force de défense rwandaise (FDR) pour appuyer les intérêts rwandais en République démocratique du Congo (RDC)…La prise de Goma, capitale de la province stratégique riche en minerais du Nord-Kivu dans l’est de la RDC, bien planifiée et exécutée, s’inscrit dans le cadre d’une offensive de plus en plus vaste menée par le M23 depuis 2022 pour prendre le contrôle de ces territoires. Cette évolution s’est accompagnée de tentatives de mise en place d’une administration civile parallèle dans les zones contrôlées par le M23, ainsi que d’une intensification de l’extraction minière. Cela suggère que le groupe rebelle et ses soutiens régionaux ont des objectifs à plus long terme pour maintenir et potentiellement étendre leur contrôle territorial. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Est de la RDC: les chefs de la diplomatie se rencontrent pour le sommet de l’EAC et la SADC
Ce vendredi s’ouvre à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, un sommet conjoint entre l’EAC et la SADC, sur la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les organisations régionales d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, avaient jusque-là mené des processus de paix parallèles. William Ruto, président du Kenya et de l’EAC, a annoncé la participation de ses homologues congolais et rwandais, samedi. Ce vendredi, ce sont les ministres des Affaires étrangères qui se rencontrent…Jusqu’ici, elles ont mené des stratégies différentes avec le processus de Luanda entre le Rwanda et la RDC et celui de Nairobi autour des groupes armés. Mais aucune de ces stratégies n’a réussi à obtenir une paix durable dans l’est de la RDC. Mais il est aussi question de prise de position : en effet, si aujourd’hui l’EAC met en avant la nécessité d’un dialogue entre le M23 et Kinshasa, la SADC a pour sa part clairement condamné l’offensive du M23 et des soldats rwandais en RDC…Jeudi, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, médiateur du processus de Nairobi, a envoyé un rapport aux deux organisations. Il espère qu’il servira de base de travail…Contrairement aux déclarations de l’EAC la semaine dernière, Uhuru Kenyatta ne demande pas à Kinshasa d’amorcer un dialogue direct avec le M23. Cette exigence du Rwanda reste pour l’heure une ligne rouge pour la RDC. RFI

Guerre en RDC : réunion à l’ONU pour lancer une enquête internationale
Les quarante-sept pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU décideront vendredi 7 février s’ils envoient en urgence une mission d’enquête sur les exactions commises dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), théâtre de violents combats…Kinshasa a demandé cette réunion extraordinaire, avec le soutien de près de trente pays membres du Conseil, dont la Belgique et la France, pour examiner la crise dans l’est du pays, où le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a pris, à la fin de janvier, le contrôle de la ville de Goma…Plus de soixante-dix organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, ont publié une lettre commune appelant à la création d’un tel organe international. La mission des enquêteurs, si elle est acceptée par le Conseil, sera d’examiner les faits couvrant la période allant de janvier 2022 jusqu’à la présentation du rapport complet, en septembre. Le Monde avec AFP

Au Soudan, l’armée sur le point de reprendre la capitale
L’armée soudanaise était, jeudi 6 février, à l’offensive sur plusieurs axes pour s’emparer du centre de Khartoum, tenu depuis près de deux ans par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), alors que l’escalade de la violence a provoqué une hécatombe dans les hôpitaux du pays. La guerre qui fait rage depuis avril 2023 s’est récemment intensifiée. Au moins 191 personnes ont été tuées dans le pays la semaine dernière, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) à partir de chiffres de l’Organisation des Nations unies (ONU) et des secouristes…L’armée a conquis jeudi un pont stratégique reliant le centre de Khartoum à Omdurman, sur l’autre rive du Nil, selon cette source. Mercredi, l’armée a annoncé avoir « nettoyé » les quartiers d’al-Remila et de la zone industrielle dans le centre de Khartoum, à trois kilomètres du palais présidentiel…Jeudi, les FSR ont arrêté le directeur de l’hôpital al-Bashair de Khartoum – dernier établissement partiellement fonctionnel de la région – ainsi que le responsable d’une soupe populaire et un volontaire local, selon la salle d’intervention d’urgence du quartier de South Belt dans la capitale. Le Monde avec AFP

Les fonctionnaires de la Cédéao issus de l’AES ont reçu leur lettre de fin de contrat
Les fonctionnaires de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) issus des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont reçu leur lettre de fin de contrat. Le Mali, le Niger et le Burkina ne sont officiellement plus membres de l’organisation sous-régionale depuis le 29 janvier 2025. Les modalités de sortie doivent encore être négociées, mais le cas des fonctionnaires ressortissants de l’AES et travaillant pour la Cédéao est quant à elle déjà tranchée : leur contrat prendra fin dans huit mois, le 30 septembre prochain. Les lettres de fin de contrat ont déjà été envoyées. 135 Maliens, Nigériens et Burkinabè sont concernés, selon le chiffre fourni à RFI par la Cédéao. Leur nombre était de 130 au mois de juillet, mais des embauches – bien éphémères – avaient ensuite été réalisées. Tous bénéficieront de l’équivalent de trois mois d’indemnités de salaire, auxquels s’ajouteront un mois par année d’ancienneté, avec un plafond de douze mois. Ces dispositions n’ont pas fait l’objet de négociations : elles correspondent aux dispositions contenues dans les textes règlementaires de la Cédéao et dans les contrats eux-mêmes. RFI

Mali: un proche de l’imam Dicko «enlevé» à Bamako
Au Mali, un proche de l’imam Dicko a été « enlevé » à Bamako. Daouda Magassa est un dirigeant de la CMAS, l’organisation des soutiens de l’imam Dicko, lui-même farouche opposant des autorités militaires au pouvoir. L’imam Dicko est actuellement en exil en Algérie. Daouda Magassa, proche collaborateur de l’imam Dicko, recevait des menaces de morts depuis plusieurs jours. Sa disparition survient alors que les soutiens de Mahmoud Dicko commençaient à envisager le retour de l’imam à Bamako…Daouda Magassa est chargé des questions religieuses au sein du bureau exécutif de la CMAS, l’organisation des soutiens de l’imam Dicko, selon lesquels il faisait l’objet de menaces de mort par téléphone, et d’une « surveillance quotidienne de son domicile par des hommes non identifiés » depuis trois jours…En juin, Youssouf Diawara, autre proche collaborateur de l’imam Dicko, était enlevé à Bamako par des hommes encagoulés, après avoir participé à une manifestation d’opposants. Il avait finalement été condamné en octobre pour « opposition à l’autorité légitime », puis libéré. RFI

Tchad: nouveau gouvernement dévoilé avec du changement à la tête de la diplomatie
Le Premier ministre Allamaye Halina, reconduit à son poste mardi 4 février 2025 a été dévoilée la liste de ses nouveaux ministres, jeudi en fin d’après-midi. Peu de changement par rapport à la précédente équipe, si ce n’est deux départs notables cependant, dont celui du ministre des Affaires étrangères. Après presque quatre ans de présence continue, Abderaman Koulamallah quitte le gouvernement. Il était depuis huit mois chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement. Un mandat durant lequel il a notamment géré le départ de l’armée française du Tchad, en qualité de président de la Commission chargée de la dénonciation de l’accord de défense entre le Tchad et la France. Il est remplacé par l’ancien chef de cabinet du président Mahamat Idriss Déby, Abdoulaye Sabre Fadoul au ministère des Affaires étrangères. Celui qui fut plusieurs fois ministres fait donc son retour aux affaires après un départ agité de ses précédentes fonctions. Le porte-parolat revient lui à Gassim Chérif, un ex politico-militaire rentré au Tchad suite à l’accord de Doha. L’autre figure de la politique tchadienne qui quitte le gouvernement est Aziz Mahamat Saleh. Le désormais ex-ministre des Infrastructures a récemment été nommé secrétaire général du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti présidentiel. Il faut noter aussi l’arrivée de Youssouf Tom au ministère de la Justice. L’ancien magistrat était jusqu’alors contrôleur général de l’Autorité indépendante de lutte contre la corruption. RFI

Bénin: la Cour constitutionnelle ne tranche pas sur la question de la limitation du nombre de mandat
Patrice Talon boucle son deuxième et dernier mandat en 2026 au Bénin. Mais malgré les assurances du sortant, chaque fin de mandat suscite des interrogations. En effet, en 2019, la Constitution a été modifiée sans toucher au verrou de la limitation des mandats, néanmoins, cette modification peut mettre les compteurs à zéro au niveau des mandats exercés. Un citoyen a saisi la Cour constitutionnelle, elle a rendu sa décision ce jeudi. La cour n’a pas répondu sur le fond pour dire si oui ou non, nous sommes dans une troisième République qui efface les deux premiers mandats de Patrice Talon, ramenant les compteurs à zéro ce qui peut lui permettre d’être candidat…Selon les constitutionnalistes, seul le président de la République peut demander un avis aux sages. C’est pourquoi la requête a été déclarée « irrecevable ». Le débat n’est pas clos, un militant d’un des partis soutenant le chef de l’État a formulé un recours sur le même sujet, il sera examiné le 13 février. Un groupe de juristes dans une posture de sentinelle de la constitution a saisi les sages à qui il demande de déclarer sa démarche contraire à la Constitution. Patrice Talon a pourtant répété à plusieurs fois qu’il s’en va bien 2026 et rappelle que c’est lui qui, à l’occasion de la modification, a corsé la disposition sur la limitation des mandats à deux. RFI

Guinée-Bissau: le président Embalo veut rester au pouvoir jusqu’à l’investiture de son successeur
En Guinée-Bissau, le président Umaro Sissoco Embalo dit vouloir rester au pouvoir jusqu’à l’entrée en fonction de son successeur. La Cour suprême du pays a fixé la fin officielle de son mandat au 4 septembre, mais la date est contestée par l’opposition qui estime que la présidence Embalo doit s’achever fin février. Le chef de file l’opposition, l’ancien Premier ministre Domingos Simoes Pereira, fixe la date de fin de mandat du président de Guinée-Bissau au 27 février prochain, car cette date correspond à celle de l’investiture d’Umaro Sissoco Embalo, il y a cinq ans. La Cour suprême a, de son côté, choisi de retenir le 4 septembre comme date butoir, car il s’agit de la date à laquelle la plus haute juridiction du pays avait validé l’élection contestée du président Embalo. Toutefois, jeudi 6 février, le chef de l’État est allé même plus loin que la décision de la Cour Suprême, puisque le président Embalo a dit qu’il resterait au pouvoir jusqu’à l’investiture d’un nouveau président, à l’issue d’une présidentielle qui aurait lieu en octobre ou novembre. Umaro Sissoco Embalo compte donc rester au pouvoir au-delà du 4 septembre, la fin de son mandat telle que fixée par la Cour suprême. L’affaire est loin de faire consensus, car la constitution de Guinée Bissau est claire et stipule bien que le président est élu pour un mandat de 5 ans. Pour l’heure, l’opposition continue de réclamer le départ du chef de l’État au 27 février prochain et la mise en place d’un président par Interim. Dans tous les cas de figure, le chef de l’État, lui, doit annoncer le 31 mars au plus tard quand se tiendra la présidentielle. RFI

La base de l’armée française sera rétrocédée à la Côte d’Ivoire le 20 février
La base militaire française d’Abidjan sera officiellement rétrocédée à la Côte d’Ivoire le 20 février lors d’une cérémonie en présence des ministres de la Défense des deux pays, a appris l’AFP jeudi de sources proches du dossier…Le 31 décembre, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession du camp du 43e BIMA, le bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouet (une commune d’Abidjan). Elle intervient conformément à la politique de réaménagement du dispositif militaire français en Afrique qui se veut moins visible et qui se déploiera selon les besoins des pays concernés…En Côte d’Ivoire, ce départ se fait en bonne entente entre les deux armées: des parachutistes ivoiriens sont déjà entrés sur le camp de Port-Bouet en janvier et côtoient les militaires français….Quelque mille soldats étaient déployés au 43e BIMA, notamment dans la lutte contre les jihadistes qui frappent régulièrement le Sahel et le nord de certains pays du golfe de Guinée. Un détachement de quelque 80 soldats restera toutefois sur le camp de Port-Bouet – rebaptisé Thomas d’Aquin Ouattara, du nom du premier chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne – pour des missions de formation et d’accompagnement. AFP