Revue de presse du 7 février 2023

Assimi Goïta pousse un peu plus la Minusma vers la sortie
Le gouvernement malien d’Assimi Goïta a sommé Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, le chef de la division des droits de l’homme de la Minusma, de quitter le territoire. … Dénonçant une « conspiration », le gouvernement pointe la sélection d’« usurpateurs s’arrogeant le titre de représentants de la société civile maliennes » mise en place à l’occasion de sessions du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans la citer nommément, Bamako s’indigne de l’intervention d’Aminata Dicko à New York le 27 janvier dernier. Au nom de la société civile malienne, la vice-présidente de l’observatoire Kisal – une structure de protection des droits de l’homme au Sahel –, avait dénoncé « la présence des partenaires russes aux côtés des Forces armées maliennes [Fama] », responsables de ce « qui pourrait constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». Une déclaration qui a valu à Aminata Dicko de devenir la cible d’une violente campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux. Ulcérées elles-aussi par les propos de la défenseuse des droits de l’homme, les autorités de Bamako, qui nient toujours formellement la présence des mercenaires de Wagner dans le pays, ont vivement répliqué. … Sous couvert d’anonymat, plusieurs employés onusiens se disent aujourd’hui inquiets quant à leur capacité à remplir leur mission dans un contexte de plus en plus difficile, notamment pour les équipes en charge d’enquêter sur les exactions supposées de l’armée malienne et de ses supplétifs russes. … Le rétrécissement de son champ d’action et la multiplication des critiques à son égard offrent, là-encore, une impression de déjà-vu. Avant leurs départs en août 2022, les soldats de l’opération Barkhane avaient été la cible de vives critiques de la part des autorités maliennes. Jeune Afrique

Sergueï Lavrov en visite au Mali
Après avoir violemment rompu les liens avec la France et renvoyé les soldats de l’opération Barkhane, les autorités de transition maliennes se sont rapprochées de la Russie, qui est devenu leur nouveau partenaire privilégié. Pour elles, ce déplacement de Lavrov à Bamako, annoncé depuis des mois, est hautement symbolique. À un moment où le Kremlin est focalisé nuit et jour sur la guerre en Ukraine, recevoir le ministre russe des Affaires étrangères pendant 48 heures ressemble à une petite victoire diplomatique et permettra aux colonels au pouvoir de montrer qu’ils ont toute la considération de leurs puissants alliés russes. De son côté, Poutine, critiqué de toutes parts pour son invasion de l’Ukraine, entend montrer qu’il continue à avoir des soutiens ailleurs que dans le monde occidental. Après avoir damé le pion à la France dans un des plus grands pays francophone d’Afrique de l’Ouest, le président russe entend capitaliser sur ce succès et poursuivre sa percée en Afrique. Au Mali, comme en Centrafrique hier et peut-être au Burkina Faso demain, le Kremlin s’appuie sur le groupe Wagner pour avancer ses pions. Malgré les démentis répétés du gouvernement malien, environ 1 400 mercenaires de la société militaire privée russe dirigée par Evgueni Prigojine, un proche de Poutine, sont déployés dans le pays depuis décembre 2021. En mai 2022, Sergueï Lavrov avait indiqué que le groupe paramilitaire russe était bien présent « sur une base commerciale » au Mali, tout en rappelant qu’il n’avait « rien à voir avec l’État russe ». L’évoquera-t-il à nouveau publiquement lors de sa visite à Bamako, quitte à contredire le discours officiel de ses hôtes ? Il devrait à minima en être question lors de ses entretiens à huis clos avec les dirigeants maliens. Jeune Afrique

Entre Félix Tshisekedi et l’EAC, l’épreuve de confiance
Le 4 février, les chefs d’État de la région s’étaient une nouvelle fois donné rendez-vous pour un sommet convoqué en urgence à Bujumbura par le président burundais Évariste Ndayishimiye, qui dirige actuellement l’EAC. L’objectif était d’évaluer la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, où l’armée congolaise – soupçonnée de collaborer sur le terrain avec plusieurs groupes armés, dont les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) – n’a cessé de perdre du terrain face au M23, accusé d’être lui soutenu par Kigali. Ces derniers jours, les rebelles ont progressé en territoire de Masisi, se rapprochant à nouveau de Goma. Mais à Bujumbura, les trois heures de huis clos n’auront pas permis d’avancée majeure. Selon plusieurs sources présentes, les échanges ont été houleux entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, qui ne s’étaient plus retrouvés depuis qu’ils s’étaient vu à New York autour du président Emmanuel Macron, en septembre 2022. Quant au communiqué final, il a une nouvelle fois appelé à « un cessez-le-feu immédiat » et à un « retrait de tous les groupes armés étrangers » – sans citer lesquels – selon un calendrier qui devra être discuté par les chefs d’état-major dans une semaine. Jeune Afrique

L’Angola tente de maintenir un processus de dialogue entre la RDC et le Rwanda
Le président congolais Félix Tshisekedi a été reçu ce lundi 6 février à Luanda par son homologue angolais João Lourenço. Les deux hommes ont échangé sur les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali et les offensives du M23 dans l’est de la RDC. … Les sources de la présidence angolaise précisent juste que la réunion de ce lundi était prévue avant le sommet de Bujumbura tenu samedi dernier. Elle a été faite à l’initiative du président João Lourenço qui souhaite relancer le délicat processus de paix entre Kinshasa et Kigali. … Réactiver la feuille de route assortie du chronogramme de retrait du M23 établi en novembre dernier, toujours à Luanda n’est pas facile, mais les autorités angolaises se montrent optimistes. « Nous avons connu 27 ans de guerre ici. Un blocage dans un processus ne nous a jamais découragé », a dit à RFI un officiel angolais. RFI

Massacre de civils en RDC: 171 morts, selon un nouveau bilan de l’ONU
Un massacre commis fin novembre dans deux localités de l’est de la République démocratique du Congo a fait 171 morts parmi les civils, a indiqué mardi le Bureau des droits de l’homme de l’ONU dans le pays, révisant à la hausse un précédent bilan. Une enquête préliminaire de l’ONU avait établi, en décembre, un bilan de 131 morts, tandis que les autorités de Kinshasa avaient évoqué environ 300 morts dans ce massacre. Dans son rapport annuel publié mardi, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté des cas d’ »exécution sommaire d’au moins 171 personnes dans les localités de Bambo et Kishishe, entre le 21 et le 30 novembre 2022″, dans la province du Nord-Kivu. Ce massacre a été « commis par le M23 » en guise de « représailles contre les civils pour leur collaboration supposée avec les forces de défense et de sécurité nationales et des groupes armés rivaux », indique-t-il. AFP

Plus de 10 morts dans des affrontements au Somaliland
Plus de 10 personnes ont été tuées lors d’affrontements entre des milices armées loyales au gouvernement somalien et des forces de la République autoproclamée du Somaliland, dans une ville disputée de cette région (nord), ont annoncé lundi plusieurs sources. La localité, Las Anod, est revendiquée à la fois par le Somaliland et par la région semi-autonome du Puntland, loyale à Mogadiscio. Quelques heures avant les affrontements de lundi, des chefs coutumiers du territoire de Sool, où se trouve Las Anod, avaient publié une déclaration s’engageant à soutenir « l’unité et l’intégrité de la République fédérale de Somalie », exhortant les autorités du Somaliland à retirer leurs forces de la région. … Cette région, relativement stable par rapport au reste de la Somalie, est secouée depuis plusieurs mois par des violentes manifestations et des crises politiques. En août, des manifestants ont été tués lors de manifestations antigouvernementales, et en octobre, une décision du conseil des sages de prolonger le mandat du président après le report des élections a provoqué un tollé de l’opposition. AFP

Ocean Indien : de nouvelles règles de pêche au profit des petits pays
Les États de l’océan Indien ont accepté lundi de mettre temporairement un terme à l’utilisation d’engins de pêche industriels qui réduisent considérablement les stocks de thon, ce qui constitue une victoire pour les pays qui dépendent de méthodes de pêche à plus petite échelle pour assurer la subsistance des communautés des régions côtières. Cette décision intervient après trois jours de négociations tumultueuses lors de la réunion de la Commission des thons de l’océan Indien, composée de 30 membres, à Mombasa, au Kenya, où les pays en développement étaient en désaccord avec l’Union européenne, dont les États membres s’appuient davantage sur les senneurs et les palangriers, plus destructeurs pour l’environnement marin. La nouvelle résolution « pourrait enfin permettre aux populations d’albacore et de thon obèse de se reconstituer », a déclaré Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association française de protection des océans Bloom. Les nouvelles règles sur la pêche au thon ont failli être contrecarrées ce week-end lorsque le ministre kényan de la Pêche a retiré son soutien à la proposition, certains observateurs estimant que ce changement d’avis était peut-être dû à la pression de l’UE. Mais 11 autres États, menés par la délégation indonésienne, ont fait passer la résolution. AfricaNews avec AP

En Côte d’Ivoire, « les conditions du succès sont enfin réunies pour les “fintechs” »
Régis Bamba et Hassan Bourgi ne sont pas totalement étrangers au fait que la Côte d’Ivoire apparaisse désormais sur la carte mondiale des technologies de la finance, les fintechs. En novembre 2022, Djamo, la start-up spécialisée dans la fourniture de services bancaires personnels qu’ils ont créée il y a deux ans bouclait une levée de fonds de 14 millions de dollars (13 millions d’euros). Un record pour une entreprise technologique ivoirienne. Sur les réseaux sociaux, le premier ministre Patrick Achi s’est empressé de saluer la nouvelle et le « dynamisme formidable » du secteur. En 2022, les fintechs installées à Abidjan ont réussi à lever un montant cumulé record de plus de 20 millions de dollars. Un chiffre qui peut prêter à sourire au regard des centaines de millions de dollars récoltées par les start-up financières égyptiennes et sud-africaines et du quasi-milliard de dollars atteint par les pépites technologiques du Nigeria la même année, mais qui traduit une tendance de fond : l’émergence, aux côtés des établissements classiques, de nouveaux acteurs financiers. Le Monde

Travail forcé présumé: un juge kenyan autorise une plainte contre Facebook
Un tribunal kényan a débouté lundi Meta, maison mère de Facebook, qui tentait de faire annuler des poursuites engagées par un ancien employé d’un sous-contractant au sujet des conditions de travail. Une plainte a été déposée par un ancien modérateur de contenus qui travaillait pour Sama, un sous-contractant de Meta chargé d’examiner les messages publiés sur Facebook. Il affirme que le personnel basé au Kenya travaille dans des conditions inhumaines, évoquant du travail forcé, des salaires aléatoires et l’absence de droit de représentation syndicale. L’ONG Amnesty International Kenya a également accueilli cette décision favorablement: il s’agit d’une « étape importante qui affirme l’autorité des tribunaux kényans pour protéger et faire respecter les droits humains fondamentaux ». Meta a été critiqué au sujet des conditions de travail des modérateurs de contenus qui disent passer des heures à examiner des messages porteurs de haine et pouvant être perturbants sans qu’il ne soit fait cas de leur bien-être. AFP

Journée mondiale pour un Internet plus sûr 2023 : La jeune activiste qui s’oppose aux « haters » des réseaux sociaux
En mai 2020, Fatou Ndiaye est devenue célèbre au Brésil pour des raisons non souhaitées : l’adolescente était au centre d’un scandale de racisme dans l’une des écoles privées les plus en vue de Rio de Janeiro. Près de trois ans plus tard, cependant, la fille de migrants sénégalais s’est imposée comme une jeune activiste qui a inspiré une conversation nationale sur les relations raciales dans un pays où la majorité de la population s’identifie comme non-blanche. À l’approche de la Journée pour un Internet plus sûr, le 7 février, elle a parlé à la BBC de son expérience des abus sur les réseaux sociaux et de la façon dont elle a été motivée pour se défendre. BBC