Revue de Presse du 6 septembre 2022

Kenya : l’élection de William Ruto à la présidence validée par la Cour suprême
Près d’un mois après l’élection présidentielle du 9 août, le Kenya a officiellement un nouveau président. La Cour suprême, chargée d’examiner les recours du candidat malheureux Raila Odinga, a validé le scrutin, malgré des accusations d’irrégularités. Le vice-président sortant William Ruto, élu président de la République, avec 50,5 % des voix, devient le cinquième dirigeant depuis l’indépendance du Kenya, en 1962. La décision des sept juges a été « unanime », a fait savoir la présidente de la Cour, Martha Koome, à l’issue de deux semaines de délibérations. Un arbitrage qui faisait l’objet d’une attention particulière sur le continent africain : le Kenya est non seulement la locomotive économique de l’Afrique de l’Est, mais son système judiciaire a prouvé son indépendance et sa robustesse en invalidant, en 2017, l’élection d’un président sortant. Le pays a toutefois connu plusieurs phases de violences postélectorales, parfois très meurtrières, notamment en 2007-2008. Après des semaines de controverses, le président élu a appelé à l’unité, disant tendre « une main fraternelle » à ses adversaires. « Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des Kényans », a-t-il lancé dans son premier discours… Le Monde

L’adaptation de l’Afrique aux changements climatiques: rencontre au sommet à Rotterdam
Hier, lundi 5 septembre, avait lieu aux Pays-Bas, à Rotterdam, le sommet pour l’adaptation au climat en Afrique. Si les dirigeants européens ont boudé l’événement, de nombreux chefs d’États africains y étaient présents. Ce rendez-vous devait notamment servir de prélude à la COP27, la conférence de Charm el-Cheikh de novembre prochain sur les changements climatiques. Ce «sommet sur l’adaptation en Afrique » – le premier du genre – a eu lieu dans le vieux port de Rotterdam, dans un bâtiment flottant qui a été ouvert l’an dernier pour servir de siège au Centre mondial pour l’adaptation. Une organisation internationale censée aider les gouvernements à mettre sur pied des solutions leur permettant de mieux affronter le changement climatique. Autres partenaires de l’événement : la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire international, l’Initiative d’adaptation pour l’Afrique et le Forum de la vulnérabilité climatique. Plusieurs dirigeants africains ont fait le voyage jusqu’à Rotterdam, notamment le président sénégalais et actuel président de l’Union africaine, Macky Sall, de même que le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, rapporte notre envoyé spécial, Antoine Mouteau. RFI

Guinée : Mamadi Doumbouya, de putschiste populaire à président conspué
Comme cadeau d’anniversaire de son coup d’État, Mamadi Doumbouya aurait sans doute choisi quelque chose d’autre. Un an tout juste après le renversement d’Alpha Condé, et en dépit de la « trêve » observée jusque-là, ce 5 septembre est jour de manifestation en Guinée. Organisée par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC, qui s’était dressé contre le troisième mandat de l’ancien président), la mobilisation contre les autorités de transition illustre la défiance qui prévaut dans le pays. Ce lundi, un climat délétère règne sur Conakry. En septembre 2021, Mamadi Doumbouya avait déjà dû interdire les manifestations. Mais elles n’avaient alors rien à voir avec celles du FNDC : c’étaient les « manifestations de soutien » à la junte qui avaient été proscrites. Il semble loin, ce temps où la Guinée avait découvert ce grand gaillard dont le regard victorieux s’affichait en taille XXL sur les murs de la ville. Il promettait alors de chasser les démons du passé hors des frontières, d’en finir avec l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits humains et la corruption, et annonçait une transition « inclusive et apaisée ». Jeune Afrique

Burkina Faso : plusieurs dizaines de civils tués dans une attaque contre un convoi
Au moins 35 civils ont été tués et 37 autres blessés lundi 5 septembre lors de l’explosion d’un engin artisanal au passage d’un convoi de ravitaillement dans le nord du Burkina Faso, entre Djibo et Bourzanga, a indiqué le gouverneur de la région du Sahel. « Un des véhicules transportant des civils dans ledit convoi a explosé au contact d’un engin explosif improvisé. Le bilan provisoire fait état de 35 morts et 37 blessés, tous civils », indique le communiqué du gouverneur, le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho. Ces convois, escortés par l’armée, ravitaillent des villes du nord soumises à un blocus de groupes jihadistes. « Les éléments de l’escorte ont rapidement sécurisé le périmètre et pris des mesures pour porter assistance aux victimes. Les blessés ont été pris en charge et les cas difficiles évacués vers des structures appropriées », poursuit le communiqué qui indique que le convoi quittait le nord du pays pour aller vers la capitale Ouagadougou. « Le convoi de ravitaillement était composé de conducteurs civils et des commerçants », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire. France24 avec AFP et Reuters

Pour un retour au pouvoir des civils au Burkina Faso
Au Burkina Faso, chaque jour ou presque apporte son lot de victimes – du fait des attaques terroristes ou des opérations militaires. Cette violence mène à un regain d’intolérance religieuse et ethnique, dont sont notamment victimes les Peuls, et qu’ont dénoncé en début de semaine (29.08) près de 700 imams et prêcheurs musulmans burkinabè. Dans une autre lettre ouverte publiée à la mi-août, un prêtre catholique en appelle à un retour du pouvoir entre les mains des civils. Il demande aux leaders religieux, aux chefs coutumiers et aux intellectuels de son pays d’agir pour trouver une personne consensuelle, « hors politique » et « hors armée », qui pourrait, selon lui, mieux répondre aux besoins de paix et de cohésion de la nation burkinabè que la junte actuellement au pouvoir. DW

Un accord se dessine pour la libération des soldats ivoiriens détenus au Mali
Ce n’est pas encore la conclusion de la crise diplomatique ouverte entre Bamako et Abidjan, mais la libération, le 3 septembre, de trois soldates ivoiriennes pourrait ouvrir la voie à celle de leurs 46 frères d’armes, détenus depuis près de deux mois au Mali. … Selon nos informations, un accord de principe pour la libération de l’ensemble des militaires dépêchés par Abidjan a été obtenu ces derniers jours, mais « des engagements sont encore à prendre », pour que celui-ci soit mis en œuvre, explique une source togolaise. Parmi les demandes de la partie malienne figure notamment la volonté que la Côte d’Ivoire se montre moins hospitalière avec les opposants au régime de transition malien. « Bamako pense qu’ils utilisent Abidjan pour les déstabiliser. Le Mali voudrait au moins qu’ils se taisent », précise la même source à Lomé. … A Abidjan, la détention des 49 soldats a été interprétée comme une mesure de représailles après que le président Ouattara a affiché une certaine fermeté vis-à-vis des militaires maliens au sein de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. L’un de ses proches craint également que la Russie, dont les paramilitaires de Wagner sont déployés au côté de l’armée malienne depuis janvier, soit à la manoeuvre. « Moscou, dit-il, veut peut-être nous faire payer notre position aux Nations Unies. » En plus d’être l’un des meilleurs alliés de Paris dans la région, Abidjan avait voté, en mars, la résolution condamnant l’agression de l’Ukraine par la Russie. Le Monde

L’Allemagne reprend finalement sa mission militaire au Mali, après l’avoir suspendue le mois dernier
L’armée allemande va reprendre sa « contribution opérationnelle » à la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, a indiqué mardi un porte-parole de la Bundeswehr. Berlin avait suspendu sa mission le mois dernier en raison d’un conflit avec les autorités maliennes relatif à l’accès à l’espace aérien. La mission de l’ONU dans ce pays d’Afrique de l’Ouest est censée y renforcer la sécurité après le soulèvement touareg de 2012. Ce soulèvement a marqué le début du conflit armé qui continue à faire rage depuis lors. La junte qui a pris le pouvoir en mai de l’année dernière a refusé à plusieurs reprises aux troupes de la Bundeswehr le droit de survoler le territoire, or l’armée allemande en a besoin pour assurer la rotation de ses troupes. Environ un millier de soldats allemands sont actuellement déployés au sein de la Minusma. Le Mali, qui compte environ 20 millions d’habitants, a connu trois coups d’État militaires depuis 2012 et est considéré comme extrêmement instable. Belga

Togo : la stratégie à double niveau de Faure Essozimna Gnassingbé contre les groupes armés
Réorganisation militaire sur le terrain, renforcement des effectifs, achat d’équipements, renseignement… En six mois, l’extrême-nord du Togo, frontalier avec le Burkina Faso, a été la cible de terroristes à cinq reprises. Il a subi sa première attaque dans la nuit du 10 au 11 mai 2022, contre le poste militaire de Kpékpakandi : 8 soldats ont été tués et 13 autres blessés. À la mi-juillet, des incursions jihadistes ont frappé des villages de Gnoaga et Gouloungoussi, où l’état-major général des Forces armées togolaises (FAT) a déploré « plusieurs morts ». Condamnées et qualifiées de « barbares » et de « lâches » par le gouvernement togolais, ces attaques sont suivies de près par le président Faure Essozimna Gnassingbé, qui est monté au front en personne. D’une part, pour rassurer la population et les FAT ; d’autre part, pour réaffirmer son engagement à protéger l’intégrité du territoire, en misant sur le patriotisme et la proximité, appelant à une alliance nationale contre le terrorisme. Jeune Afrique

La justice angolaise rejette la demande d’annulation des résultats des législatives
La Cour constitutionnelle angolaise a rejeté lundi la demande d’un parti principal d’opposition, l’UNITA, visant à annuler les résultats des élections générales qui ont donné la victoire au parti au pouvoir, le MPLA. Le tribunal a jugé que la plainte de l’UNITA ne remplissait pas les conditions pour lui permettre d’annuler les résultats des élections générales. L’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) a porté plainte après que la commission électorale du pays a déclaré la semaine dernière le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) vainqueur des élections nationales. Reuters/VOA

Sécheresse : la Somalie est au bord de la famine, alerte l’ONU
Alors que la Somalie traverse une 4e saison consécutive de sécheresse, un haut responsable des Nations Unies a alerté, lundi, sur la famine qui menace ce pays de la Corne de l’Afrique, relevant que deux districts pourraient être touchés avant la fin de l’année. « La famine frappe à la porte. Aujourd’hui est un ultime avertissement », a déclaré lors d’une conférence de presse depuis la capitale somalienne Mogadiscio, Martin Griffiths, le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Selon l’ONU, cette catastrophe pourrait intervenir « entre octobre et décembre ». Le rapport d’analyse sur l’alimentation et la nutrition en Somalie montre des indications concrètes qu’une famine va se produire dans deux zones de la région de Bay (districts de Baidoa et de Burhakaba) entre octobre et décembre de cette année. M. Griffiths s’est dit « profondément choqué ces derniers jours par le niveau de douleur et de souffrance qu’endurent tant de Somaliens ». ONU Info

Soudan du Sud : l’ONU recense 173 civils tués en quatre mois dans des combats
Des combats entre forces loyales au président Salva Kiir et au vice-président Riek Machar Environ ont tué 173 civils en quatre mois au Soudan du Sud, a annoncé mardi 6 septembre l’ONU, dénonçant également de nombreux cas de violences sexuelles. Quelque 37 personnes ont par ailleurs été enlevées sur cette même période. Les affrontements se sont déroulés entre février et mai dans les comtés de Koch, Leer et Mayendit, situés à environ 400 kilomètres au nord de la capitale Juba dans l’État de l’Unité, fief des forces pro-Machar du SPLA-IO. « Les hostilités dans le sud de l’État de l’Unité ont touché au moins 28 villages […] avec environ 173 civils tués, 12 blessés et 37 femmes et enfants enlevés », selon un rapport de la mission des Nations unies au Soudan du Sud (Unmiss). Certaines personnes enlevées ont subi « des violences sexuelles, dont des filles âgées de 8 ans », selon l’ONU. Une fillette de 9 ans est morte après un viol collectif, selon l’Unmiss, qui dit avoir documenté 131 cas de viols et de viols collectifs. France24 avec AFP

Mission de la CPI en vue du procès du massacre du stade de Conakry
Une mission de la Cour Pénale Internationale (CPI) est arrivée lundi soir à Conakry en vue d’évaluer l’état des préparatifs du procès des auteurs présumés du massacre d’opposants au stade de Conakry le 28 septembre 2009, a constaté un journaliste de l’AFP. Ce jour-là, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans le stade où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à la présidentielle du chef de la junte, Moussa Dadis Camara, selon une commission d’enquête de l’ONU. L’instruction judiciaire s’est achevée en décembre 2017, avec le renvoi d’une douzaine de prévenus devant un tribunal, dont M. Camara. Mais le procès ne s’est toujours pas tenu, malgré les multiples engagements des autorités de Conakry, notamment sous le régime de l’ex-président Alpha Condé, renversé par un coup d’Etat militaire il y a un an. AFP

Répression à balles réelles au Soudan : enquête sur la journée meurtrière du 30 juin
Que s’est-il passé le 30 juin, alors que l’opposition au régime militaire soudanais appelait à une manifestation historique ? La junte s’était engagée à laisser le peuple « exercer son droit de réunion pacifique ». Dès 8 heures, pourtant, le gouvernement fait couper la connexion Internet. Le Monde a récolté et authentifié les images disponibles après le rétablissement du réseau Internet. Au total, elles permettent de documenter la mort d’au moins huit manifestants au cours de la journée, la plupart par balles. A travers le pays, de nombreux autres militants ont été blessés par balles, ou arrêtés et détenus par centaines. Le Monde

Le Nigeria, première économie d’Afrique, peine à retenir sa jeunesse
Le Nigeria est l’un des pays les plus dynamiques d’Afrique grâce à sa jeunesse, qui excelle dans les nouvelles technologies et les industries créatives. Mais la grave crise économique, la corruption et l’insécurité poussent nombre d’entre eux à vouloir quitter leur pays dans l’espoir de trouver un avenir meilleur en Europe ou en Amérique du Nord – un phénomène appelé localement « japa ». L’économie et la population du Nigeria sont les plus importantes d’Afrique et le pays a bénéficié d’une manne pétrolière et gazière depuis un demi-siècle. Malgré ces avantages, les infrastructures délabrées, les inégalités et la pauvreté constituent un véritable casse-tête. Selon la Banque mondiale, plus de 80 millions des 210 millions d’habitants du pays vivent sous le seuil de pauvreté. Entre 2010 et 2020, le taux de chômage du pays a été multiplié par cinq, pour atteindre plus de 30 %, et en juillet, l’inflation a atteint près de 20 %. « J’ai des amis dont les parents ont vendu leurs propriétés, leurs terres, pour que leurs enfants puissent émigrer », déclare Chuka Okeke, 33 ans, inscrit dans des écoles au Canada et dont les parents l’aident, lui et sa famille, à déménager. Malgré les considérables envois de fonds des émigrés vers le Nigeria, le phénomène du « japa » entraîne une fuite des cerveaux, notamment dans le secteur de la santé. Le Monde avec AFP