Revue de presse du 6 novembre 2023

Mali: des frappes de drones à Kidal et des renforts de Wagner à Tombouctou et Gao
Plusieurs dizaines de combattants de la société paramilitaire russe Wagner sont arrivés au cours des 72 heures dernières heures à Gao, la principale ville du nord du Mali. Toujours au nord, mais à l’ouest, dans la région de Tombouctou, un nouveau renfort de mercenaires de la société Wagner est également arrivé, d’après nos informations. Tous viennent renforcer la présence de l’armée malienne dans le septentrion. La priorité est cependant le nord-est du Mali. Les autorités de Bamako ne le cachent pas. L’objectif actuel est de prendre le contrôle de la localité Kidal aux mains des rebelles de la coalition dénommée « CSP-PSD ». La mission de l’ONU a quitté récemment le camp qu’elle occupait sur place. Et dans la nuit de vendredi à samedi 4 octobre, l’armée malienne a opéré des frappes à l’aide de drones contre la position de Kidal désormais occupée par les rebelles. Selon un expert, la portée de ces drones d’origine turque est d’environ 150 km. Il n’est donc pas exclu que ces engins décollent du sud de Kidal, d’une localité du nom de Anéfis et sous le contrôle des troupes régulières depuis début octobre. Et c’est de cette ville d’Anéfis que le couple « Wagner-armée malienne » prépare une éventuelle offensive terrestre vers Kidal. RFI

Soudan : l’ONU s’inquiète de la détention de femmes dans des conditions proches de l’esclavage
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit inquiet vendredi par des informations sur l’enlèvement et la détention de femmes dans des conditions « proches de l’esclavage » dans la région du Darfour, au Soudan…La porte-parole du HCDH a précisé que des informations crédibles provenant de survivants, de témoins et d’autres sources suggèrent que plus de 20 femmes et filles ont été enlevées, mais que ce nombre pourrait être plus élevé. Certaines sources ont rapporté avoir vu des femmes et des filles enchaînées dans des camionnettes et dans des voitures. Les premières allégations ont été formulées au début du conflit dans la région de la capitale soudanaise Khartoum, qui est restée en grande partie sous le contrôle des FSR. L’un des rapports indiquait que des femmes et des filles avaient été enlevées et détenues dans le quartier d’Al-Riyad dès le 24 avril. Depuis, le Haut-Commissariat continue à recevoir des informations faisant état d’enlèvements, avec un nombre croissant de cas signalés dans la région du Darfour. Ces informations interviennent dans un contexte d’augmentation persistante des cas de violences sexuelles dans le pays depuis le début des combats entre les forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide il y a six mois. Selon les informations du HCDH, au moins 105 personnes ont été victimes de violences sexuelles depuis le début des hostilités le 15 avril 2023. ONU Info

Soudan : Plus de 20 civils tués dans la chute d’obus sur un marché
Plus de 20 civils ont été tués dimanche soir lorsque des obus sont tombés sur un marché d’Omdourman, une banlieue proche de Khartoum, la capitale du Soudan, déchirée par la guerre entre généraux rivaux depuis avril, a indiqué une ONG. Selon un communiqué du Comité des avocats pro-démocratie, qui documente les pertes civiles et les violations des droits de l’homme dans le conflit, « lors d’intenses échanges de tirs entre les belligérants, des obus sont tombés sur un marché à Omdourman ». « Plus de 20 civils ont été tués et d’autres blessés », indique le communiqué parvenu à l’AFP à Wad Madani, à 200 kilomètres au sud de Khartoum. La veille, au moins 15 civils avaient été tués par des « obus tombant sur leurs maisons » à Khartoum, a indiqué une source médicale. Lancée le 15 avril, la guerre entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires Forces de soutien rapide (RSF) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 9 000 morts, selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location. & Event Data Project (Acled), qui est largement considéré comme une sous-estimation. Africanews

Cameroun : au moins 20 morts dans une attaque de séparatistes anglophones
Une vingtaine de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées lundi dans une attaque d’un village par des séparatistes anglophones dans l’ouest du Cameroun où ces rebelles et l’armée s’affrontent depuis sept ans, ont affirmé des responsables de la sécurité et des autorités locales. Le drame a eu lieu dans la nuit dans le village de Egbekaw (région du Sud-Ouest). « L’attaque a fait une vingtaine de morts, hommes, femmes et enfants, et dix personnes grièvement blessées sont à l’hôpital », a assuré à l’AFP sous couvert de l’anonymat un haut responsable de l’administration de la région contacté par téléphone. Depuis fin 2016, un conflit meurtrier oppose des groupes armés indépendantistes et les forces de sécurité, accusés chacun de crimes contre les civils par les ONG internationales et l’ONU, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone de ce pays d’Afrique centrale majoritairement francophone. Des rebelles « ont attaqué les populations civiles de Egbekaw et le bilan provisoire est de 23 morts et une quinzaine de maisons brûlées », a affirmé également au téléphone à l’AFP un officier de la gendarmerie locale qui a également requis l’anonymat. Un haut responsable de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) a confirmé l’attaque et évoqué un bilan provisoire de 15 morts. « Mais ce chiffre peut évoluer », a assuré à l’AFP le membre de cet organisme gouvernemental…Les attaques des rebelles, qui se font appeler les « Ambazoniens » (du nom d’une « Ambazonie » dont ils ont proclamé unilatéralement l’indépendance en 2017), s’attaquent fréquemment à des civils qu’ils accusent de « collaborer » avec Yaoundé. Les forces de sécurité sont également régulièrement accusées par les ONG internationales et l’ONU de « bavures », tueries et autres tortures sur des civils qu’elles soupçonnent de sympathiser avec les rebelles. AFP

Dans l’est de la RDC, où règnent les groupes armés, les Congolais craignent d’être exclus de la présidentielle
Selon une estimation de l’institut de recherche International Crisis Group (ICG), plus d’un million de personnes en âge de voter n’avaient pas été inscrits en avril au moment de la clôture de l’identification des électeurs. Au Nord-Kivu, qui est la seconde province en nombre de votants après Kinshasa, l’enregistrement s’est déroulé dans seulement quatre des six territoires : 3 026 907 futurs votants y sont inscrits, c’est 800 000 de moins qu’en 2018. La plupart des habitants du Masisi et du Rutshuru n’ont en effet pas participé à l’enrôlement électoral. Ces territoires sont en partie sous occupation du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé qui a repris les armes fin 2021, soutenu par le Rwanda, selon Kinshasa et un rapport des experts des Nations unies. La présence d’insurgés congolais dans l’est de la RDC n’est pas nouvelle puisque la région, en proie aux conflits depuis près de trente ans, compte plus d’une centaine de milices actives. Mais c’est la première fois qu’une rébellion contrôle et administre une zone du Nord-Kivu à l’approche d’un rendez-vous électoral majeur, le quatrième du pays considéré comme libre. A ce jour, toutes les activités de la CENI sont bloquées dans la région tenue par le M23. Parmi le million de personnes qui a fui les rebelles, tous n’ont pas pu être « enrôlés », malgré l’installation de quelques bureaux d’identification dans les camps de déplacés aux portes de Goma. Les inquiétudes quant à leur participation aux scrutins sont grandes, d’autant que les combats ont repris le 1er octobre après six mois d’accalmie et en dépit du cessez-le-feu imposé en mars par l’Angola et le Kenya, impliqués pour tenter de résoudre la crise…Des groupes armés progouvernementaux appelés wazalendos (« patriotes » en kiswahili, la langue véhiculaire dans l’est de la RDC) avaient en effet repris, mi-octobre, la ville stratégique de Kitshanga, carrefour du Masisi et du Rutshuru. Ces wazalendos avaient d’ailleurs invité la CENI à y commencer « l’enrôlement » avant que la zone ne soit à nouveau occupée par les rebelles du M23, douchant ainsi les espoirs des habitants d’être inclus dans les futures élections. Le Monde

RDC : 940 violations et atteintes aux droits de l’homme documentées en deux mois
Au cours des mois de juillet et août 2023, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté 940 violations et atteintes aux droits de l’homme sur l’ensemble du territoire de la RDC. Ce qui représente une augmentation par rapport aux mois de mai et juin 2023 durant lesquels le BCNUDH avait documenté 816 violations et atteintes. Ce décompte est contenu dans le dernier rapport du BCNUDH. Cette augmentation s’explique d’une part par la documentation d’un plus grand nombre de cas de violence sexuelle liée au conflit, dans le cadre de l’initiative de mise à l’échelle de la réponse humanitaire aux violences sexuelles mais aussi à travers plusieurs missions d’enquête dédiées à cette problématique, y compris dans des zones difficiles d’accès dans les provinces du Maniema et du Tanganyika. Pour les mois de juillet et août 2023, le BCNUDH a enregistré et documenté des violences sexuelles liées au conflit contre 120 victimes adultes (119 femmes et un homme) pour 49 victimes en juillet et 71 victimes en août. Ces violences sexuelles sont majoritairement attribuées à des membres de groupes armés. Le mois d’aout a été marqué par une augmentation du nombre de violations attribuées aux agents de l’Etat dans les provinces du Nord-Kivu, du Haut-Katanga et de Kinshasa, notamment un plus grand nombre de détention arbitraires de personnes arrêtées et détenues par les forces de l’ordre dans les cachots sous leur contrôle pour diverses raisons, en particulier pour des raisons ne relevant pas du droit pénal et pour des délais dépassant les 48 heures légales. Cependant, à l’instar des tendances précédemment établies en 2023, des membres des groupes armés continuent d’être responsables de la majorité des violations et atteintes documentées dans le pays, avec 575 atteintes (61% du total des violations et atteintes), contre 365 pour les agents de l’Etat (39%). Radio Okapi

Moussa Dadis Camara : l’ex-dirigeant guinéen emmené par des hommes armés est de nouveau en prison
Le groupe a pris d’assaut une prison de la capitale, Conakry, tôt samedi matin, emmenant le capitaine Camara et trois autres personnes. Les personnes arrêtées sont actuellement jugées pour leur rôle présumé dans la mort de plus de 150 personnes lors d’une manifestation en 2009. Outre le Capt Camara, deux autres prisonniers ont également été retrouvés. On ne sait pas s’ils ont été kidnappés ou libérés par leurs partisans. L’avocat du capitaine Camara avait déclaré plus tôt à la BBC que l’ancien dirigeant avait été arrêté contre sa volonté et qu’il ne tenterait jamais de s’évader de prison, car il avait confiance dans le système judiciaire guinéen. Les frontières du pays ont été fermées alors que les autorités étaient à sa recherche ainsi que les autres personnes capturées. Le ministre guinéen de la Justice, Charles Alphonse Wright, a annoncé l’évasion à la radio locale. « Nous les retrouverons. Et les responsables devront rendre des comptes », a-t-il déclaré. Des coups de feu ont été entendus à Conakry, avant l’aube. Le centre-ville a été bouclé et des véhicules militaires ont également été aperçus dans les rues. Parmi les autres rescapés figuraient le colonel Claude Pivi, ancien ministre du gouvernement, accusé d’être également impliqué dans l’assassinat de personnes au stade de Conakry le 28 septembre 2009…Le Capt Camara…a pris le pouvoir en 2008 à la mort du président de longue date Lansana Conté, mais il a été évincé et a fui le pays peu de temps après les meurtres de Conakry et à la suite d’une tentative d’assassinat. L’homme de 59 ans vivait au Burkina Faso avant de retourner en Guinée en septembre 2022 pour y comparaître devant la justice. BBC

Madagascar : la tension monte d’un cran dans la rue avant la présidentielle
À moins de deux semaines de la présidentielle, la tension est remontée d’un cran samedi à Madagascar, où les forces de l’ordre ont empêché une manifestation de l’opposition à coups de gaz lacrymogènes dans la capitale Antananarivo. Le premier tour du scrutin est prévu le 16 novembre. Mais la grande île de l’océan Indien est secouée depuis des semaines par une bataille féroce entre le pouvoir et une dizaine de candidats qui s’opposeront dans les urnes au président sortant Andry Rajoelina. Rassemblés dans un collectif au sein duquel chaque membre se présente toutefois individuellement à la fonction suprême, les opposants, qui appellent régulièrement depuis plus d’un mois à descendre dans la rue, dénoncent « un coup d’Etat institutionnel » orchestré selon eux par Rajoelina en vue du scrutin et réclament une élection « libre et équitable ». Samedi en fin de matinée, des cortèges de quelques centaines de manifestants se sont regroupés dans plusieurs quartiers de la capitale pour rejoindre l’emblématique place du 13-Mai malgré une interdiction préfectorale. Les manifestations de l’opposition ont un temps été systématiquement dispersées avant qu’une « tolérance » des autorités ne soit dernièrement appliquée. Mais la place du 13-Mai à Antananarivo, lieu symbolique et théâtre des contestations politiques sur l’île, est restée terrain défendu pendant la campagne. Les forces de l’ordre ont rapidement tiré des gaz lacrymogènes samedi en plusieurs endroits simultanément, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des riverains venus faire leur marché ont fui en courant, pris de panique. TV5/AFP

Comores: trois poids lourds se déclarent candidats pour la présidentielle, dont le président Azali
C’est un dimanche politiquement agité qu’ont vécu les Comoriens avec trois déclarations officielles de candidatures à la présidentielle du 14 janvier prochain. Mouigni Baraka Saïd Soilihi, ex-gouverneur de l’île de la Grande Comore, et Mohamed Daoudou, ex-ministre de l’Intérieur d’Azali Assoumani pendant cinq ans, se sont positionnés du côté de l’opposition. La troisième candidature est celle de l’actuel président, Azali Assoumani, candidat à sa propre succession pour un second mandat…Azali est en fonction depuis son retour au pouvoir en 2016. Du côté de ses adversaires, on retrouve son ancien et tout-puissant ministre de l’Intérieur, ancien porte-parole du gouvernement, Mohamed Daoudou. Remercié en 2021, il a rejoint les rangs de l’opposition comorienne. Daoudou portera les couleurs du parti Orange, désormais seule formation de l’opposition à avoir des députés à l’Assemblée nationale. Troisième candidat à se déclarer : Mouigni Baraka Saïd Soilihi du parti RDCE, a dirigé l’île de la Grande Comore de 2011 à 2016. Ce scrutin sera sa troisième tentative pour parvenir à la magistrature suprême. RFI

Ghana : le vice-président désigné candidat du pouvoir pour la présidentielle
Le parti au pouvoir au Ghana a désigné samedi l’actuel vice-président du pays, Mahamudu Bawumia, comme candidat à l’élection présidentielle de 2024, qu’il espère faire succéder au chef de l’Etat sortant, Nana Akufo-Addo, à la tête du pays depuis 2017. Le vote, ouvert dans la matinée, s’est déroulé alors que le pays traverse sa plus grave crise économique depuis des décennies, marquée notamment par une inflation galopante et qui devrait dominer les débats de la campagne électorale l’an prochain. Grand favori de la primaire, Mahamudu Bawumia, vice-président du pays depuis 2017 et ancien vice-gouverneur de la Banque centrale, a remporté les suffrages des délégués du Nouveau Parti patriotique (NPP), qui devaient choisir entre quatre aspirants candidats, selon les résultats publiés samedi soir par la Commission électorale. Il affrontera en décembre 2024 l’opposant John Dramani Mahama, 64 ans, ancien président de 2012 à 2017 et choisi en mai pour porter à nouveau les couleurs de son parti, le Congrès national démocratique (NDC)…Le président Nana Akufo-Addo, élu en 2017 sous les couleurs du NPP et dont les deux mandats successifs autorisés par la Constitution touchent à leur fin, a été contraint de se tourner l’année dernière vers le FMI, afin de repousser le spectre d’un défaut de paiement évoqué par certains économistes. Il a ainsi passé un accord avec l’institution financière sur 3 milliards de dollars. Africanews avec agences