Revue de presse du 6 mars 2023

Assimi Goïta et son armée peuvent-ils gagner la guerre contre les jihadistes ?
Deux ans et demi après le coup d’État contre IBK, la promesse des putschistes de rétablir la sécurité a fait long feu. Et la propagande officielle, relayée par la junte et ses partisans « patriotes », ne dupe plus grand monde. « L’état-major publie régulièrement des communiqués pour dire qu’ils ont tué plusieurs dizaines de ‘terroristes’ dans leurs opérations. Mais en réalité, ces chiffres sont largement gonflés car ils alignent des civils qui n’ont rien à voir avec les jihadistes », critique un responsable français. … Sous la junte de Goïta, comme sous le régime contesté d’IBK, le Mali continue donc à s’enfoncer dans la crise. Selon les données compilées par l’Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), le nombre de morts au Mali, dont la moitié serait des civils, aurait plus que doublé entre 2021 et 2022, passant de 1 900 à 4 800. … Reste une autre inconnue, qui alimente les craintes permanentes des colonels au pouvoir : le risque d’un coup d’État. Au sein de l’armée, tous les officiers ne partagent pas les orientations stratégiques prises par Goïta et ses camarades. Ces derniers le savent et s’en méfient, quitte à entretenir une forme de paranoïa. « Ils pensent facilement être la cible de complots. Dans leur esprit, tout ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux », glisse une source à Bamako. Jeune Afrique

Au Burkina Faso, une dizaine de civils tués par des jihadistes présumés
Nouvelle attaque jihadiste présumée au Burkina Faso. Au moins douze civils ont été tués, jeudi 2 mars, lors d’une attaque de jihadistes présumés dans le nord du Burkina Faso, a-t-on appris lundi 6 mars de sources locales. Jeudi, un « groupe de terroristes » a attaqué le village de Aorema, situé à une dizaine de kilomètres de Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, ont expliqué des habitants de la zone. « Les assaillants ont ouvert le feu sur un groupe de jeunes assis dans un kiosque (un restaurant informel). Sept jeunes sont morts sur le champ et trois personnes sont mortes dans leurs domiciles, touchées par des balles perdues. Deux autres personnes, blessées par balles, ont ensuite succombé à leurs blessures », a expliqué l’un d’eux. … L’attaque a été confirmée par une source sécuritaire, assurant que « des opérations sont en cours » dans la zone, sans donner de bilan. Au lendemain de cette attaque, un couvre-feu a été instauré dans toute la région du Nord du Burkina Faso, frontalière du Mali et régulièrement visée par les jihadistes. Ce couvre-feu interdit la circulation des véhicules et des personnes entre 22 h et 5 h du matin jusqu’au 31 mars. Outre la région du Nord, un couvre-feu a été instauré dans plusieurs provinces dans le centre-est, le centre-nord et l’est pour une durée allant d’un à trois mois. France24 avec AFP

Les Maliens dans le flou sur la tenue du référendum constitutionnel
Au Mali, le référendum constitutionnel aura-t-il lieu le 19 mars prochain, comme prévu ? Les autorités de transition n’ont fait aucune annonce, ni sur un report qui semble pourtant inévitable, ni sur un maintien coûte que coûte de la date programmée. … De nombreux mouvements politiques et de la société civile malienne continuent d’exiger l’abandon pur et simple de ce projet de nouvelle Constitution. Ils estiment notamment que seules des autorités élues, et non issues d’un coup d’État militaire, auraient la légitimité de porter un changement de Constitution. RFI

RDC : l’UE annonce un pont aérien humanitaire dans l’est
Un pont aérien humanitaire sera mis en place par l’Union Européenne vers la ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, pour venir en aide aux populations. Le pont aérien sera mis en place « rapidement » et « permettra d’acheminer une aide humanitaire sous forme de produits médicaux et alimentaires ainsi qu’une série d’autres produits d’urgence, en collaboration avec l’Unicef et d’autres partenaires humanitaires », indique un communiqué de la Commission européenne. Pour soulager des populations menacées par la famine, le gouverneur militaire du Nord-Kivu avait, la semaine dernière, autorisé l’ouverture des routes qui mènent vers les entités sous contrôle des rebelles du M23. Mais, la mesure n’a duré que 24h à la grande désolation de certains habitants qui craignent désormais beaucoup plus la famine que les rebelles. Byamungu Bihago, père de famille explique à la DW que « depuis que les rebelles du M23 ont commencé à terroriser la province du Nord-Kivu, il y a eu hausse des prix de la nourriture. Raison pour laquelle la décision de l’ouverture des routes devrait nous enchanter, nous habitants de Goma. » DW

Deux travailleurs humanitaires de la Croix-Rouge enlevés au Mali
Deux employés du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont été kidnappés, samedi 4 mars, au Mali, a indiqué la branche malienne de l’ONG sur Twitter. « Nous confirmons l’enlèvement de deux de nos collègues ce matin entre Gao et Kidal », précise le CICR. « Présent au Mali depuis 32 ans, le CICR est une organisation neutre, indépendante et impartiale ». « Nous demandons de ne pas spéculer sur cet incident afin de ne pas rendre plus difficile sa résolution », a-t-il ajouté. Aminata Alassane, porte-parole du CICR au Mali, a confirmé l’enlèvement à l’AFP. « Le CICR déplore (l’incident) et exige la libération de ses collaborateurs », a-t-elle déclaré. En mai, des hommes armés ont enlevé trois Italiens et un ressortissant togolais dans le sud-est du Mali, un pays en proie à une crise sécuritaire, déclenchée par une révolte régionale dans le nord qui s’est transformée en insurrection jihadiste. France24 avec AFP

RDC : en visite à Kinshasa, Emmanuel Macron appelle au respect du plan de paix dans l’est du pays
Sa prise de parole était très scrutée. Emmanuel Macron, en visite à Kinshasa samedi 4 mars, n’a pas clairement condamné le Rwanda, mais lancé de fermes mises en garde à Kigali. La République démocratique du Congo (RDC) accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23, contre lequel il se bat dans l’est du pays. Kigali nie cependant tout soutien à ce groupe. Le président de la République, qui s’exprimait aux côtés de son homologue congolais, Félix Tshisekedi, s’est refusé à toute « escalade de tribune » sur ce sujet sensible. L’ancien Zaïre n’est pas une ancienne colonie française, mais la perception du soutien de Paris au Rwanda voisin est regardée de près par Kinshasa, où des manifestations hostiles à la France ont eu lieu ces derniers jours. Les deux dirigeants ont disserté sans ménagement samedi devant la presse, à Kinshasa, sur la fin de la « Françafrique » et le nouveau « logiciel » de la France avec le continent. « Je l’ai encouragé à ce sujet parce que j’estime que la Françafrique est dépassée », a d’abord esquissé le président de la République démocratique du Congo. « Si la France veut être aujourd’hui en compétition avec tous les autres partenaires de l’Afrique, elle doit se mettre au diapason de la politique africaine et de la manière dont les peuples africains regardent désormais les partenaires de coopération », a averti Félix Tshisekedi. Le Monde avec AFP et Reuters

Mauritanie: quatre jihadistes s’échappent d’une prison
En Mauritanie, quatre terroristes mauritaniens, tous membres d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), se sont évadés de la grande prison civile de Nouakchott le 5 mars 2023, après avoir tué deux gardes et blessé deux autres. Ils se seraient d’ailleurs saisis des armes des éléments des forces de l’ordre pour commettre leurs forfaits. Les quatre jihadistes se sont enfuis abord d’un véhicule qui a été localisé abandonné dans un quartier de la banlieue de Dar Naim, au nord-est de Nouakchott. L’endroit a été bouclé par les forces de l’ordre qui ont lancé une véritable chasse à l’homme à la recherche des fugitifs. Ces derniers faisaient partie de 33 jihadistes dont certains ont été jugés et condamnés à mort en 2011 pour terrorisme. D’autres attendent toujours leur procès dans la grande prison de Nouakchott. RFI

Soudan du Sud: Salva Kiir limoge la ministre de la Défense, épouse du Premier ministre Riek Machar
La situation politique s’est tendue ce week-end au Soudan du Sud, après que le président Salva Kiir a limogé deux ministres vendredi soir. Une décision brutale, annoncée « sans concertation », dénonce l’opposition dirigée par Riek Machar, qui partage le pouvoir avec son rival depuis 2018, au terme d’un fragile accord de paix. Deux décrets présidentiels ont été lus vendredi soir sur l’antenne de la télévision publique sud-soudanaise, deux décisions polémiques. D’une part, la ministre de la Défense, l’opposante Angelina Teny, est limogée, de même que le ministre de l’Intérieur Mahmoud Solomon. D’autre part, le président a confié désormais le ministère de la Défense à son propre parti et, en échange, le ministère de l’Intérieur à l’opposition. RFI

En Ethiopie, les plaies à vif de la guerre au Tigré
La dernière fois qu’il a aperçu son fils, en cette matinée d’avril 2021, Teklay Tiku a tout de suite su qu’il ne le reverrait jamais. Son benjamin, Russom, âgé de 25 ans, venait d’être raflé devant la ferme familiale par des soldats érythréens venus mener la guerre au Tigré, dans le nord de l’Ethiopie, en appui du gouvernement fédéral. Cette guerre civile, allumée en novembre 2020 entre la région rebelle du Tigré et le pouvoir du premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, avec l’appui de l’Erythrée, battait son plein. Embarqué de force à l’arrière d’un camion déjà plein de jeunes Tigréens de son âge, enlevés comme lui, Russom a été emmené vers l’Erythrée. Depuis, sa famille n’a plus jamais reçu la moindre nouvelle de lui. Depuis les contreforts de Kerseber, un village montagneux du nord du Tigré, Teklay Tiku, 71 ans, a depuis longtemps cessé de se faire des illusions sur une guerre qui l’a dépossédé de tout ce qu’il avait de plus précieux : son fils Russom, dont il lui reste seulement une photo d’identité écornée ; sa propriété et, enfin, ses idéaux. Sur la seule porte de sa ferme qui tienne encore debout, le vieil homme désigne un autocollant abîmé sur lequel est inscrit « Finalement en paix », décoré aux couleurs des drapeaux érythréen et éthiopien. Il l’avait collé là en 2018, après le rapprochement entre les deux pays qui devait signer la fin d’un conflit frontalier vieux de vingt ans. « Nous étions soulagés d’avoir enfin la paix avec l’Erythrée, nous y croyions », se souvient-il. Sauf que cette « paix historique » s’est rapidement transformée en une alliance entre Abiy Ahmed et son homologue, le président érythréen, Isaias Afwerki, qui ont uni leurs forces pour partir à l’assaut tout à la fois du Tigré, des Tigréens et de leur parti, le Front populaire de libération du Tigré (TPLF). Le Monde

Égypte : 5 à 15 ans de prison pour quatre militants des droits humains
Un tribunal d’exception égyptien a condamné quatre militants des droits humains à des peines de 5 à 15 ans de prison pour « terrorisme », rapportent des militants, qui assurent qu’ils ont été « détenus arbitrairement, torturés et injustement accusés ». L’avocate Hoda Abdelmoneim a été condamnée à cinq ans de prison selon ce verdict, rapportent diverses ONG des droits humains. Cette sexagénaire, qui n’a pas le droit de faire appel du jugement, était membre du Conseil national des droits humains, un organe gouvernemental, avant d’être arrêtée à son domicile en novembre 2018. Son confrère Mohamed Abou Horayra et son épouse Aïcha al-Chater, fille du richissime pourvoyeur de capitaux des Frères musulmans Khaïrat al-Chater, ont été respectivement condamnés à 15 et 10 ans de détention. Les Frères musulmans sont considérés comme une « organisation terroriste » en Égypte depuis que le président actuel Abdel Fattah al-Sissi a renversé en 2013 le président élu issu de leurs rangs, Mohamed Morsi, sur fond de manifestations massives contre son pouvoir. AFP