Revue de presse du 6 mai 2025

La CIJ rejette la plainte du Soudan contre les Emirats arabes unis
La Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré, lundi 5 mai, qu’elle rejetait la plainte du Soudan accusant les Emirats arabes unis de complicité de génocide, se déclarant « manifestement incompétente » pour statuer sur cette affaire. Le pays d’Afrique de l’Est a attaqué en mars les Emirats devant la CIJ à La Haye, les accusant de complicité de génocide à l’encontre de la communauté masalit, en raison de leur soutien présumé aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui combattent l’armée soudanaise. Lorsque les Emirats ont signé la convention sur le génocide en 2005, ils ont émis une « réserve » à l’égard d’une clause-clé permettant aux pays de s’attaquer mutuellement devant la CIJ en cas de litige. « A la lumière de la réserve émise par les Emirats arabes unis… la Cour est manifestement incompétente pour juger la demande du Soudan », a déclaré la Cour. Le Monde avec AFP

Soudan : des attaques de drones des paramilitaires visent l’aéroport et une base militaire de Port-Soudan
Troisième jour de frappes à Port-Soudan, dans l’est du Soudan, qui abrite le siège provisoire du gouvernement, en guerre contre des paramilitaires. Des drones ont touché la principale sous-station électrique de la ville, mardi 6 mai, a fait savoir la compagnie nationale d’électricité, provoquant une coupure de courant totale au siège du gouvernement allié à l’armée. Des équipes ont été déployées sur le site pour évaluer les dégâts, a précisé la compagnie dans un communiqué. L’aéroport et une base militaire avaient aussi été bombardés, plus tôt dans la journée de mardi, par des drones, d’après des sources aéroportuaire et sécuritaire. Un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) a entendu de fortes explosions à l’aube dans la ville longtemps considérée comme sûre dans le conflit qui fait rage depuis avril 2023. Un drone « visait la partie civile de l’aéroport », a affirmé un représentant de cette infrastructure sous couvert d’anonymat, et le trafic était suspendu mardi matin. Dimanche, la partie militaire de l’aéroport avait été visée par une attaque de drone, qui avait déjà conduit à la suspension de vols, l’armée accusant les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Une source au sein de l’armée a déclaré à l’AFP qu’un autre drone avait visé mardi la principale base militaire dans le centre-ville. Un troisième drone a frappé « un dépôt de carburant près du port », dans le centre de cette ville densément peuplée. Un correspondant de l’AFP a entendu une forte explosion à l’aube et vu un nuage de fumée s’élever venant du port, où des témoins ont fait état d’une explosion dans un entrepôt. Le Monde avec AFP

RDC : Des combats entre M23 et Wazalendo signalés dans les territoires d’Uvira et Walungu au Sud-Kivu
Des combats ont éclaté entre les combattants Wazalendo et les rebelles du M23 dans les territoires d’Uvira et de Walungu, au Sud-Kivu. Depuis lundi 5 mai, les agglomérations de Katogota et Kamanyola, situées entre ces deux territoires, sont plongées dans une spirale de violences. Selon des sources locales, les Wazalendo ont lancé en premier une attaque surprise contre plusieurs positions avancées des rebelles de l’AFC-M23. Les témoins sur place rapportent que les Wazalendo, partis de Katogota, progressent en direction de Kamanyola. Les affrontements se sont intensifiés sur les collines de Rutebe, Kayange et Luzinzi, où les hostilités ont duré huit heures. Durant toute la journée, aucun mouvement ni activité n’a été observé dans la zone, les habitants s’étant réfugiés à l’intérieur de leurs maisons. Des blessés ont été enregistrés parmi les civils, tandis que les deux camps ont également subi des pertes humaines, selon un activiste des droits de l’homme présent dans la plaine de la Ruzizi. La situation demeure tendue ce mardi, chaque camp revendiquant la suprématie sur l’autre. Des renforts en hommes et en munitions sont visibles des deux côtés, avec une mobilisation accrue des rebelles et des Wazalendo. Radio Okapi

Niger: plusieurs soldats tués dans des attaques jihadistes coordonnées dans le sud du pays
Plusieurs attaques jihadistes simultanées ont eu lieu à l’aube du dimanche 4 mai dans la région de Dosso, dans le sud du Niger. Si, sur cet axe vital pour les terroristes par lequel transitent leurs ravitaillements en armes et en carburant, les combattants de l’État islamique au Grand Sahara prennent très régulièrement pour cible les militaires, c’est la première fois qu’ils se livrent à un assaut coordonné…Menée par des hommes lourdement armés, la première embuscade a visé une patrouille départementale de la région de Doutchi, à 275 kilomètres de Niamey, alors que, quasiment au même moment, trois positions de l’armée étaient, elles, attaquées dans les communes rurales de Dan Kassari, Soukoukoutane et Kiria, des localités situées sur l’axe qui mène à la frontière avec le Mali. Il s’agit d’une première dans cette zone où jamais encore les militaires nigériens n’avaient été la cible d’actions simultanées. Après un ratissage, un bilan provisoire non officiel des quatre attaques fait état d’au moins huit soldats tués et de seize autres portés disparus. Dans chacune des quatre positions attaquées, les djihadistes ont emporté au moins un véhicule de type pick-up. Ces attaques se sont produites sur un même axe : le corridor Doutchi-Ekrafane-frontière malienne qui traverse une zone pastorale et relie le sud du Niger au Mali via les régions de Dosso et de Tillabéry. Régulièrement traversée par les djihadistes, la région est bien connu de l’armée nigérienne. Celle-ci y patrouille en effet en permanence pour tenter de mettre un frein aux activités des terroristes qui l’utilisent depuis des années pour se ravitailler en carburant, en armes, en munitions et surtout en motos tout-terrain. RFI

Mali: les partis politiques appellent à un nouveau rassemblement le 9 mai contre la transition
Au Mali, les partis politiques appellent à un nouveau rassemblement le 9 mai. Le 3 mai, leur meeting avait été empêché par des individus mobilisés par les autorités de transition et par l’intervention de la police. Ce qui avait donné lieu à des scènes de contestation inédites devant le Palais de la culture de Bamako. Réunis lundi, les chefs de partis ont décidé de maintenir la pression, pour protester contre leur dissolution programmée, mais aussi pour exiger la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel. Un nouveau meeting est annoncé pour ce vendredi à 14 heures, devant le monument de l’indépendance. Cette fois, le rendez-vous est fixé non pas dans une salle mais en pleine rue, au cœur de la capitale du Mali, sur une place symbolique des combats menés par le peuple malien, contre l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta (2013-2020) ou contre les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, par exemple. « Nous montons d’un cran pour démontrer notre capacité de mobilisation », explique un chef de parti très impliqué, ajoutant que des contacts ont été pris avec d’autres acteurs – religieux, traditionnels ou de la société civile – pour tenter de les rallier. « Le peuple a son destin en main ! », s’enthousiasme déjà un ancien ministre. RFI

Côte d’Ivoire: la coalition d’opposants CAP CI appelle au dialogue pour un scrutin transparent et inclusif
En Côte d’Ivoire, la coalition de l’opposition, la CAP Côte d’Ivoire, renouvelle son appel au dialogue avec le gouvernement. Cette coalition, formée le 10 mars 2025, regroupe plusieurs figures de l’opposition, telle que Pascal Affi N’Guessan du FPI, Charles Blé Goudé du Cojep ou encore Tidjane Thiam du PDCI. Cette coalition est toujours critique vis-à-vis de la Commission électorale indépendante, qu’elle estime être partiale. La CAP Côte d’Ivoire remet en question la liste électorale provisoire, ainsi que la Commission électorale indépendante : la CEI « n’a plus de légalité », affirme la porte-parole de cette coalition, Simone Ehivet, l’ex épouse de Laurent Gbagbo, qui appelle une fois de plus au dialogue. « La CAP Côte d’Ivoire, dit-elle, réitère l’impérieuse nécessité, d’opérer les réformes minimum nécessaires pour des élections transparentes, inclusives, et crédibles en 2025. Une dernière lettre de relance de la nécessité de ce dialogue vient d’être envoyée à nouveau au chef de l’État. » Cette coalition compte organiser un meeting le 31 mai, à Abidjan, pour réclamer notamment, la réinscription des leaders politiques radiés sur la liste électorale. Charles Blé Goudé est chargé d’organiser ce rassemblement : « Nous voulons une compétition réelle qui puisse permettre aux Ivoiriens, d’aller choisir la personnalité à qui ils veulent confier leurs destinées pour les cinq prochaines années. » Les élections du 25 octobre seront « apaisées, démocratiques et transparentes », soulignait récemment le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly. Ce responsable rappelle par ailleurs, que toutes les questions ont déjà été abordées dans la cinquième phase du dialogue politique, qui s’est achevée en mars 2022. RFI

Au Togo, Jean-Lucien Savi de Tové élu président de la République
Faure Essozimna Gnassingbé a finalement créé la surprise. Alors qu’il avait prêté serment quelques heures plus tôt comme président du Conseil au Togo, celui-ci a fait annoncer par son parti, l’Union pour la République (l’Unir, au pouvoir), son candidat pour le poste de président de la République : Jean-Lucien Savi de Tové. Celui-ci, qui ne figurait pourtant parmi les favoris cités ces dernières semaines, a dans la foulée été élu à l’unanimité par les parlementaires togolais présents, réunis en Congrès ce 3 mai. L’Unir étant largement majoritaire au Parlement et étant le seul à pouvoir présenter un candidat, le vote – 150 voix pour 150 suffrages exprimés, 24 parlementaires n’ayant pas été présents – n’a laissé place à aucun suspense. Il a consacré Jean-Lucien Savi de Tové, né à Mission-Tové, au nord de Lomé. Les deux autres institutions que sont l’Assemblée nationale et le Sénat avaient été confiées à Kodjo Adédzé, originaire de Maritime, et à Barry Moussa Barqué, des Savanes, tandis que Faure Essozimna Gnassingbé représente la stratégique région de Kara…Savi de Tové a été élu ce 3 mai pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Il ne dispose d’aucun pouvoir exécutif ni décisionnel et se voit réduit à un rôle principalement symbolique, incarnant l’unité nationale, « le respect de la Constitution et la continuité de l’État ». Il conserve quelques prérogatives, telles que l’accréditation des ambassadeurs, la réception des diplomates étrangers et le droit de grâce à titre individuel. Mais ces actes devront être contresignés par le président du Conseil. Jeune Afrique

Au Gabon, le président, Brice Oligui Nguema, nomme son premier gouvernement
Le président gabonais, Brice Oligui Nguema, a nommé par décret, lundi 5 mai, les membres de son premier gouvernement civil et son vice-président, après la dissolution, vendredi, du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), l’organe militaire qui a mené les dix-neuf mois de transition. Il a nommé Séraphin Moundounga vice-président de la République et Alexandre Barro Chambrier, farouche opposant au régime d’Ali Bongo Ondimba (2009-2023), vice-président du gouvernement, alors que le poste de premier ministre a été supprimé par la nouvelle Loi fondamentale, la cinquième depuis l’indépendance du pays, en 1960. Selon la Constitution de la Ve République, le président dirige le pays avec des pouvoirs élargis. Plusieurs ministres de ce gouvernement sont des militaires, comme Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, ancien porte-parole du CTRI, qui prend le portefeuille des transports. A la défense, Brigitte Onkanowa conserve son poste et Maurice Ntossui Allogo, lui aussi militaire, reste ministre des eaux et forêts. D’autres ministres du gouvernement de transition ont été reconduits, comme Hermann Immongault à l’intérieur, Mays Mouissi à l’environnement et au climat, ou encore Camélia Ntoutoume-Leclercq à l’éducation nationale. Henri-Claude Oyima, PDG de la banque gabonaise BGFI depuis près de trente ans, a été nommé ministre de l’économie, en remplacement de Mark-Alexandre Doumba, nommé ministre de l’économie numérique et de l’innovation. Un ministère de l’accès universel à l’eau et à l’énergie a été créé, avec à sa tête Philippe Tonangoye. La seule femme candidate à l’élection présidentielle d’avril, Zenaba Gninga Chaning, a été nommée ministre de l’entrepreneuriat, du commerce et des PME-PMI. LE Monde avec AFP

Nigeria: la fermeture des camps de déplacés de Maiduguri se poursuit
Au Nigeria, le gouverneur de l’État de Borno (nord-est), épicentre de l’insurrection jihadiste depuis plus de quinze ans, a visité, ce lundi 5 mai, le plus grand camp de déplacés de la région. Babagana Zulum a indiqué que le camp de Muna serait définitivement fermé dans les prochaines semaines. Depuis 2021, le gouverneur de l’État de Borno s’est donné pour objectif de fermer tous les camps de déplacés « officiels » de la ville de Maiduguri, qui concentrait plus de 80% des près de deux millions de déplacés du conflit qui oppose l’armée nigériane à Boko Haram. Mais cette stratégie est complexe à mettre en oeuvre alors que la situation sécuritaire se dégrade de nouveau dans le nord-est du Nigeria…Le camps de Muna était le plus grand de la région, avec 10 000 foyers recensés début 2024. Ce lundi, le gouverneur Babagana Zulum a indiqué que 6 000 familles ont déjà été réinstallées et que le camps fermerait définitivement dans les prochaines semaines. Ce processus a été ralenti par les importantes inondations qui ont touché l’État de Borno en septembre 2024, mais le gouverneur a estimé que la criminalité à l’intérieur du camps de Muna nécessite une action rapide. RFI

Le chef rebelle centrafricain Armel Sayo extradé du Cameroun vers Bangui
En République centrafricaine (RCA), le chef rebelle Armel Sayo a été extradé vers Bangui, près de quatre mois après son arrestation au Cameroun. L’ancien ministre centrafricain, qui avait repris les armes l’année passée en menaçant de renverser le régime actuel, a été acheminé hier soir en RCA, après de longues procédures diplomatiques et judiciaires…L’ancien ministre centrafricain a ensuite été acheminé à la Direction générale de la police où il a été auditionné, avant d’être envoyé à la prison militaire de haute sécurité du Camp de Roux, dans le centre-ville de Bangui, où il est détenu, selon les sources de RFI. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international après avoir lancé l’année passée un groupe rebelle – la Coalition militaire de salut du peuple et du redressement – et menacé de renverser le régime actuel, Armel Sayo avait été arrêté en janvier à l’aéroport de Douala alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour la France. Accusé de « tentative de coup d’État et de menace de déstabilisation », le chef rebelle risque la prison à vie s’il est reconnu coupable. Le frère et la sœur d’Armel Sayo sont par ailleurs détenus en RCA depuis janvier, ainsi qu’une dizaine de personnes réputées proches de l’ancien ministre. RFI

À Dakar, la 5e conférence épiscopale ouest-africaine se déroule en pleine succession du pape
Au Sénégal, la conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest tient son assemblée générale à Dakar. Pendant une semaine, une centaine d’évêques des 16 pays ouest-africains sont réunis pour parler des questions qui agitent la communauté chrétienne dans la région et ce alors que – coïncidence du calendrier – doit se tenir à partir du 7 mai 2025 à Rome, le conclave pour désigner le futur pape. La « justice et la paix » en Afrique de l’Ouest, c’est le thème de cette assemblée générale des évêques de la sous-région qui se tient tous les cinq ans. Pendant une semaine, la centaine d’évêques présente va se réunir à huis-clos sur tous les sujets qui les intéressent. Aucun ordre du jour n’est rendu public, les plénières sont tenues secrètes. Parmi les problématiques majeures de la région : la crise du Sahel et le départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) devraient être au menu cette rencontre. Selon un membre de l’Église sénégalaise, les divisions politiques ne doivent pas s’inviter dans la communauté ecclésiastique. Les liens de solidarité entre les Églises des pays de la sous-région devraient donc être renouvelés. La présence du président du Sénégal à l’ouverture des travaux révèle en tout cas le poids que la voix de l’Église a au Sénégal, même dans un pays à 95% musulman. RFI

L’influenceur anti-occidental Kemi Seba au Tchad, une présence qui fait polémique
L’influenceur anti-occidental Kemi Seba séjourne depuis plus d’une semaine au Tchad, où il a notamment donné une conférence de presse durant laquelle il a critiqué le franc CFA et la France. Depuis, ses détracteurs accusent le pouvoir de l’avoir invité, mais de ne pas assumer. Ce sont notamment les moyens mis à la disposition de Kemi Seba qui interrogent. Gros 4×4 pour se déplacer, un service de sécurité impressionnant pour le protéger, logé avec toute sa délégation au Radisson Blue où le pouvoir tchadien reçoit généralement ses invités, Kemi Seba a eu aussi les honneurs de la grande salle de conférence du ministère des Affaires étrangères pour sa conférence de presse, samedi 3 mai. Des éléments qui démontrent, pour ses nombreux détracteurs, que l’influenceur anti-occidental est au Tchad sur invitation du pouvoir. « Je ne vois pas le ministre des Affaires étrangères donner la salle à quelqu’un d’aussi controversé que Kemi Seba pour qu’il s’exprime sur un sujet aussi sensible que le franc CFA, sans ordre venu d’en haut », analyse un cadre tchadien. « Faux », assure une source des services de communication de la présidence qui ajoute que « le ministère des Affaires étrangères a toujours loué la salle à toute personne capable de payer. C’est la section locale de son ONG Urgence panafricaine qui a tout organisé. »…Le chercheur Hoinathy Remadji affirme pour sa part qu’il n’est pas surpris de voir débarquer Kemi Seba au Tchad en ce moment, car son discours commence à porter dans le pays. Alors que, selon lui, « les positions du Tchad se rapprochent de plus en plus de celles des pays de l’AES, notamment sur un souverainisme et un panafricanisme à la mode Kemi Seba », le discours véhiculé par l’influenceur connaît en outre un certain succès dans une frange de la jeunesse tchadienne. RFI