Revue de presse du 6 mai 2024

Début de la présidentielle au Tchad : un duel inédit au sommet du pouvoir
Les Tchadiens ont commencé à voter lundi pour mettre fin à trois ans de pouvoir militaire dans une présidentielle qui se résume à un duel inédit entre le chef de la junte, le général Mahamat Idriss Déby Itno, et son Premier ministre Succès Masra, ex-opposant rallié à son régime…Au début de la campagne, tous les observateurs prédisaient une victoire massive du président de transition Déby après que ses rivaux les plus dangereux ont été écartés. Mais l’économiste Masra, accusé par ses anciens alliés de l’opposition d’être un « traître » rallié au système Déby et vrai-faux candidat pour « donner un vernis démocratique » au scrutin, est apparu en fin de campagne comme un possible trouble-fête. Capable au moins de pousser le général à un second tour, en drainant des foules imposantes à ses meetings. Déby et Masra, âgés de 40 ans, se sont dits chacun convaincu d’être élu au premier tour. Huit autres candidats ne peuvent espérer que des miettes, car peu connus ou réputés peu hostiles au pouvoir…Vendredi, la Fédération Internationale pour les droits humains (FIDH) s’est inquiétée d’une « élection qui semble ni crédible, ni libre, ni démocratique », « dans un contexte délétère marqué par (…) la multiplication des violations des droits humains »…Le même jour, l’ONG International Crisis Group (ICG) a également émis des « doutes sur la crédibilité du scrutin » après l’éviction des candidats d’une « opposition politique muselée ». M. Déby, grand favori, n’a aucun adversaire de poids hormis Succès Masra » mais celui-ci, nommé Premier ministre il y a quatre mois par M. Déby, a perdu « une partie importante de ses électeurs considérant qu’il est devenu un faire-valoir », conclut ICG. Les deux ONG mettent aussi en doute « l’indépendance » des deux institutions chargées d’organiser le scrutin et de proclamer les résultats, dont les membres ont été nommés par M. Déby: le Conseil constitutionnel – qui avait invalidé dix candidats dont le remplaçant de M. Dillo – et l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE). AFP

Au Togo, le président Faure Gnassingbé sort renforcé des élections législatives
Le parti du président Faure Gnassingbé a largement remporté les élections législatives de lundi au Togo, a annoncé samedi 4 mai la commission électorale, ce qui va permettre au chef de l’Etat de rester au pouvoir en vertu de la nouvelle Constitution, adoptée en avril. L’Union pour la République (Unir), le parti présidentiel, a obtenu 108 députés sur 113, selon les résultats provisoires annoncés à Lomé par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Dago Yabré, après un décompte retransmis en direct sur la chaîne de télévision nationale. Le taux de participation a été de 61 %, selon la CENI. Ces résultats, qui doivent encore être confirmés par la Cour constitutionnelle, constituent un triomphe pour le parti du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père, resté près de trente-huit ans à la tête de l’Etat. Cela devrait lui assurer de rester le maître du Togo pour les six prochaines années au moins…Cette réforme constitutionnelle a été vivement critiquée par l’opposition togolaise et des organisations de la société civile, qui dénoncent un « coup d’Etat institutionnel » et y voient une manière pour Faure Gnassingbé de se maintenir indéfiniment au pouvoir. AFP

Sénégal: le Premier ministre Ousmane Sonko n’est plus maire de Ziguinchor
Les ministres détenant un mandat électif avaient jusqu’à dimanche 5 mai pour se retirer de leurs autres fonctions. Un délai d’un mois depuis la nomination du gouvernement, qui avait été fixé par le Premier ministre Ousmane Sonko qui vient lui-même de démissionner de son poste de maire de Ziguinchor, au sud du pays. Le Premier ministre Ousmane Sonko avait fixé un ultimatum aux membres du gouvernement dès le soir de leur nomination, le 5 avril : tous les ministres qui détenaient un mandat électif devaient se retirer de leurs autres fonctions dans un délai d’un mois, afin qu’ils se consacrent « exclusivement à leurs responsabilités gouvernementales ». Un délai qui a donc expiré. Depuis, Ousmane Sonko a lui-même montré l’exemple en démissionnant samedi 4 mai de ses fonctions à la mairie de Ziguinchor, principale ville de Casamance au sud du pays, dont il est édile depuis janvier 2022. RFI

Soudan : le PAM alerte sur le risque de famine au Darfour
Mme Leni Kinzli, Porte-parole du PAM au Soudan, a parlé à la presse de la situation à El Fasher, au Darfour septentrional, et de la manière dont le conflit et l’accès limité a causé des niveaux dévastateurs de faim dans le pays..Au cours des six dernières semaines, le PAM a fourni une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence à plus de 300.000 personnes dans le Nord, l’Ouest et le Centre du Darfour en utilisant les postes frontières de Tiné et Adré et une route transversale depuis Port-Soudan. Toutes ces accès sont désormais bloqués. Alors que la situation humanitaire continue de s’aggraver, les ressources financières nécessaires patinent à 10% des 2,6 milliards de dollars requis pour répondre aux besoins au Soudan et dans les pays voisins. Africanews avec AP

En Côte d’Ivoire, découverte du plus grand gisement aurifère du pays
Un gisement aurifère a été découvert dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, constituant le plus grand du pays à ce jour, a annoncé le président du groupe minier canadien Montage Gold, selon un communiqué de la présidence ivoirienne consulté par l’AFP vendredi 3 mai. Le président du groupe canadien, Martino de Ciccio, a rencontré jeudi le chef de l’Etat Alassane Ouattara à Abidjan, pour lui faire part de « la découverte d’un important gisement aurifère de classe mondiale dans les départements de Kani et Dianra », situés dans le district du Woroba…Cette mine sera lors de son exploitation « la troisième plus grande d’Afrique de l’Ouest » après deux autres situées au Burkina Faso et en Guinée, « qui ont des capacités respectives de 12,3 millions de tonnes et 12 millions de tonnes »…Une première somme de 400 milliards de francs CFA (609 millions d’euros) sera investie dans le gisement découvert, qui créera « 4 500 emplois directs et indirects » et permettra « le financement de projets sociaux en faveur des populations de ces localités », selon la présidence. Le Monde avec AFP

Procès Zogo au Cameroun: les avocats de la défense demandent l’accès à l’intégralité du dossier
C’est la troisième audience dans le cadre du procès sur l’assassinat de Martinez Zogo, l’animateur et ancien directeur de la radio Amplitude FM se tient ce lundi 6 mai à Yaoundé. Comme les deux précédentes, la demande formulée par les avocats de la défense qu’il leur soit transmis l’intégralité du dossier d’instruction par le tribunal risque encore d’occuper les débats. Les 30 avocats de la défense représentants les 17 accusés lors du procès sur l’assassinat de Martinez Zogo en font un préalable non négociable dans la préparation de leur défense alors que le tribunal les invite à consulter le dossier sur place…L’assassinat de l’animateur et ancien directeur de la radio Amplitude FM avait provoqué une vive émotion au Cameroun. Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo était enlevé en pleine rue, à Yaoundé. Quelques jours plus tard, le 22 janvier, son corps était retrouvé près de la capitale. Il était connu à Yaoundé pour son ton corrosif et ses dénonciations virulentes, parfois outrageantes, de personnalités publiques. RFI

RDC: des affrontements entre le M23 et l’armée congolaise dans l’est du pays
En RDC, la violence ne retombe pas dans le Nord-Kivu. Après une série de bombardements qui a touché des déplacés à Goma, les combats se sont poursuivis entre les forces gouvernementales congolaises et le M23 soutenu pour le Rwanda. Des affrontements signalés ce week-end dans le territoire de Masisi qui de nouveau provoqué des mouvements de populations. Des affrontements ont été signalés ce week-end end dans le sud du territoire de Masisi, près de la localité de Bitonga. La situation dans l’est de la RDC est dénoncée par la Communauté d’Afrique Australe, la SADC, dont la force est en cours de déploiement dans le Nord-Kivu. Dans un communiqué ce dimanche 5 mai, l’organisation régionale a d’une part condamnée les bombardements sur les camps de déplacés, mais a aussi déclaré qu’elle allait mener des opérations avec l’armée congolaise pour « neutraliser les rebelles du M23, maintenir la paix en créant un environnement sécurisé et ouvrir les routes d’approvisionnement ». RFI

RDC : les FARDC et les Wazalendo délogent le M23 de Bitonga
Les combattants Wazalendo appuyés par les FARDC ont réussi, ce lundi 6 mai, à déloger les rebelles du M23 de la colline de Bitonga, territoire de Masisi (Nord-Kivu). Selon des sources locales, ces rebelles se seraient retirés vers d’autres collines, surplombant la cité de Minova, territoire de Kalehe (Sud-Kivu). Par ailleurs, la situation humanitaire reste préoccupante dans cette région ayant connu l’afflux de déplacés en provenance de plusieurs localités de Masisi alors que Minova n’a pas été épargné par la menace des affrontements. Entre-temps, une accalmie relative est observée, ce même lundi, sur la ligne de front de Minova (Sud-Kivu) et Bweremana (Nord-Kivu), après des combats à l’arme lourde entre M23 et FARDC et les groupes armes locaux. Radio Okapi

RDC : le cardinal Ambongo visé par une enquête pour « propos séditieux »
En République démocratique du Congo, le gouvernement a demandé l’ouverture d’une enquête sur le cardinal Fridolin Ambongo, le plus haut dignitaire religieux du pays. Le cardinal est accusé d’avoir fait des déclarations séditieuses sur la guerre en cours dans l’est de la RDC, suscitant la colère des partisans de Felix Tshisekedi…L’impasse entre le cardinal Fridolin Ambongo et le système judiciaire congolais est suivie de près par le Vatican. L’archevêque de Kinshasa est l’une des figures de proue du pape François sur le continent africain, et membre du « C9 », parmi les cardinaux les plus proches conseillers du souverain pontife. Depuis des décennies, l’Église catholique de RDC critique ouvertement la corruption, les violations des droits de l’homme et la mauvaise gouvernance. De nombreux catholiques considèrent l’enquête du gouvernement sur le cardinal Ambongo comme un sacrilège. Cette décision risque de provoquer des divisions, Alors que la RDC peine à mettre fin à la guerre qui sévit dans l’est du pays. Africanews

Dérèglement climatique: les serpents venimeux pourraient se déplacer en masse
Les serpents venimeux seront, eux aussi, affectés par le changement climatique. Certains disparaitront mais d’autres devraient voir leurs conditions de vie s’améliorer. Selon une étude publiée dans le journal scientifique Lancet Planetary Health, ils pourraient alors traverser les frontières. Ce sera le cas notamment en Afrique. Les auteurs mettent en garde les pays qui ne sont pas prêts à cette invasion…« En Afrique, le Niger et la Namibie seront les premiers concernés par ces migrations de serpents venimeux », expliquent les scientifiques qui préviennent que par manque de connaissance et de sérum anti-venin – difficiles à produire – de nombreux pays ne sont pas préparés et les populations seront vulnérables aux morsures préviennent les scientifiques. Les morsures de serpents venimeux sont classées comme maladie tropicale négligée par l’OMS. Chaque année, dans le monde, entre 80 000 et 138 000 personnes meurent à la suite de morsures de serpent et environ 400 000 autres souffrent d’amputations ou de lésions permanentes. RFI

« Il ne faut pas regarder le patrimoine africain avec le prisme des sociétés occidentales »
Depuis 2015, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, l’Unesco, a fait du 5 mai la Journée de célébration du patrimoine mondial africain. Si ce coup de projecteur sur le continent a pour objectif de donner davantage de visibilité à un héritage mal connu, il rappelle aussi que l’Afrique reste très sous représentée dans la liste du Patrimoine mondial établie depuis 1972, avec seulement 148 sites inscrits sur 1 199 dans le monde. A la tête du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2021, le Camerounais Lazare Eloundou Assomo a pour mission de corriger ce déséquilibre. Architecte de formation et fin connaisseur des enjeux de patrimoine, il est le premier Africain à occuper le poste. L’Unesco a fait de l’Afrique une priorité. Quelles sont les avancées ? Lazare Eloundou Assomo: En 2023, cinq nouveaux sites africains ont été inscrits à la liste du Patrimoine, dont deux pour le Rwanda, qui n’en possédait aucun : le Parc national de Nyungwe et les sites mémoriaux du génocide. Cela a permis de montrer aux Africains que cela est possible, de lever un doute. Notre objectif est maintenant d’accompagner les onze pays qui ne sont pas représentés vers une inscription d’ici à 2027. Cela suppose de renforcer l’expertise locale pour leur permettre d’identifier les lieux culturels ou naturels qui peuvent prétendre à une inscription. Dans certains cas, nous partons de zéro. Mais chaque inscription est une fête, un motif de fierté nationale. Quel que soit le degré d’avancement, il existe partout sur le continent une dynamique. Le patrimoine prend sa place dans les politiques culturelles. Le Monde