Au Soudan du Sud, le pape sermonne les dirigeants, estimant que le « chemin de paix » ne peut plus être « reporté »
Lors de la rencontre avec les dirigeants du pays le 3 février à Juba, le pape François n’a pas caché son agacement face à l’enlisement actuel du processus de paix. … Le pape François est sorti de l’entretien le visage fermé. La rencontre, vendredi 3 février, avec les dirigeants du Soudan du Sud à Juba, leur capitale, exigeait peut-être plus que les sourires qu’il avait affichés en République démocratique du Congo (RDC), lors de la première étape de son séjour africain. Jorge Bergoglio, 86 ans, ressentait-il aussi les effets des quatre journées précédentes, particulièrement intenses, passées à Kinshasa, la capitale congolaise ? Etait-il encore sous le coup de l’émotion suscitée par l’écoute des témoignages de victimes d’exactions de l’est de la RDC ? Toujours est-il qu’il a semblé bien las à l’issue de sa rencontre avec Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, et ses vice-présidents – dont son rival Riek Machar –, lors de la deuxième étape de son quarantième voyage apostolique. … Le pays occupe une place particulière pour le pape. Recevant les deux dirigeants sud-soudanais ennemis à l’occasion d’une retraite spirituelle en 2019 au Vatican, il s’était agenouillé devant le président Salva Kiir et celui qui allait devenir son vice-président, Riek Machar, les exhortant à faire la paix. Le Monde
Le chef de la division droits de l’homme de la Minusma expulsé du Mali
Quarante-huit heures, c’est le délai annoncé officiellement par le porte-parole de la junte malienne dans un communiqué à la télévision pour que Guillaume Ngefa-Atondoko Andali quitte le territoire. Motif invoqué : la partialité supposée du directeur division droits de l’homme de la Minusma. Les autorités de transition l’accusent d’avoir mis en avant Aminata Dicko comme représentante de la société civile au Conseil de sécurité il y a neuf jours. La vice-présidente de l’observatoire Kisal n’avait pas hésité à dénoncer la situation sécuritaire du pays et l’implication, selon elle, des nouveaux alliés russes de l’armée nationale dans de graves violations… ce qui avait rendu Bamako furieux. L’ONU a dit à RFI « regretter la décision du gouvernement malien », tout en affirmant que la Minusma « continuera l’exécution de son mandat, y compris en ce qui concerne les droits de l’homme ». L’organisation nous a en outre confirmé que ce n’était pas le directeur de la division droits de l’homme qui a invité Aminata Dicko, comme le laisse entendre la junte, mais bien le Japon directement, qui présidait le Conseil en janvier. RFI
Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, au Mali pour une première visite
C’est la première fois qu’un ministre russe des Affaires étrangères se rend au Mali. Sergueï Lavrov, attendu ce lundi à Bamako pour une visite d’amitié et de travail de 48 heures, arrive dans un contexte particulier. Depuis plusieurs mois, son pays a le vent en poupe auprès des autorités de transitions maliennes et au sein d’une frange de la population. Désormais, lors des manifestations organisées à Bamako, les drapeaux russes sont très visibles. … Au cours de son séjour, le chef de la diplomatie russe aura des entretiens avec son homologue malien Abdoulaye Diop, suivi d’une séance de travail élargie aux deux délégations. L’hôte du Mali sera également reçu en audience par le colonel Assimi Goïta, président de la Transition. De source diplomatique russe, auprès de ses différents interlocuteurs, Lavrov va réitérer l’invitation de son pays au Mali pour participer au prochain Sommet Russie-Afrique qui devrait se tenir au mois de juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. RFI
En Afrique, des dessins animés au service de la propagande russe
Depuis le mois de décembre, au moins deux productions surfant sur le rejet grandissant de la France au Sahel ont surgi sur les réseaux sociaux, avant d’être reprises et partagées par de nombreux comptes pro-russes et des influenceurs panafricains. Ils circulent sur WhatsApp, Facebook, Twitter, Telegram ou TikTok. La France y apparaît tantôt sous les traits d’un rat, tantôt sous ceux d’un serpent menaçants, mais le scénario de ces dessins animés est toujours le même: l’envahisseur tricolore débarque en Afrique de l’Ouest pour piller ses anciennes colonies, qui résistent et triomphent. … Volant au secours de soldats arborant les drapeaux maliens, burkinabè ou ivoiriens, on retrouve chaque fois des hommes blancs armés et en treillis portant bien en évidence l’insigne du groupe paramilitaire russe Wagner. … Autre élément qui interpelle, selon le collectif d’enquête All Eyes on Wagner: le « timing » de la publication, apparue en ligne pendant la « Journée de souveraineté retrouvée » au Mali, date fériée instaurée récemment par la junte parvenue au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat. Il s’agit d' »un moment clef pour la cohésion nationale autour de cette junte », et cette vidéo remplit la mission assignée à Wagner de « soutenir informationnellement le gouvernement qui les emploie », estime All Eyes on Wagner. AFP
Burkina : au moins 18 morts lors de deux attaques dans le nord et l’est
Au moins douze civils et six soldats ont été tués samedi lors de deux attaques de jihadistes présumés dans le nord et l’est du Burkina Faso, a appris dimanche l’AFP de sources locales et sécuritaires. « Samedi après-midi, des hommes armés ont attaqué Bani », une localité située à environ 40 km de Dori dans la région du Sahel (nord), a déclaré un habitant et « on déplore douze morts selon le premier bilan », un autre témoin parlant de « treize morts ». Une source sécuritaire a confirmé l’attaque en évoquant « un lourd bilan », sans donner de chiffre. Le premier habitant a précisé que les hommes armés « ont ciblé le commissariat de police, la mairie et une école ». « Des concessions (habitations) et une mosquée ont été touchées par les tirs des assaillants avant la riposte de forces de défense et de sécurité », a-t-il ajouté. Le second a lui indiqué que « ce sont des hommes à moto, qui ont attaqué la ville. Ils ont attaqué plusieurs cibles ». « Ce bilan risque de s’alourdir, car on a des portés disparus et des blessés », a-t-il ajouté. AFP
Au Ghana, la crainte d’un débordement jihadiste venu du Sahel
Après le Sahel, c’est le Ghana et ses voisins du Golfe de Guinée qui pourraient devenir le terrain de chasse des jihadistes dont les violences se rapprochent de plus en plus. A deux pas du lit asséché de la rivière qui marque une partie de la frontière du Ghana, Alima scrute son village de l’autre côté, au Burkina Faso. Il paraît si proche, à moins de deux kilomètres. Mais l’année dernière, des jihadistes ont débarqué, semant la terreur. Alima et ses fils se sont cachés avec les femmes et les enfants pendant que les coups de feu déchiraient la nuit. Les familles n’ont eu d’autre choix que de fuir au Ghana voisin. « Nous restons ici pour l’instant », insiste Alima. « Là-bas, il n’y aucune sécurité. » L’arrivée des réfugiés burkinabè a confirmé ce qu’Accra savait déjà : le Ghana et ses voisins du Golfe de Guinée sont en passe de devenir une nouvelle ligne de front du conflit jihadiste au Sahel. Ses voisins, ivoirien d’abord et désormais togolais et béninois, font face au débordement des violences de groupes armés se dirigeant désormais vers le Sud. Cotonou a ainsi confirmé avoir enregistré plus de 20 incursions armées depuis 2021. Pour l’heure, le Ghana a échappé à une attaque directe. AFP
Retrait du M23 et des groupes armés de RDC : l’EAC durcit le ton
Les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat de toutes les parties » et à un retrait de tous les groupes armés, « y compris les étrangers », dans un communiqué publié à l’issue du sommet extraordinaire qui s’est tenu ce samedi 4 février à Bujumbura, la capitale économique du Burundi, pour discuter de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Ils ont demandé aux chefs des armées de se réunir d’ici une semaine afin de fixer un calendrier pour ce retrait, et souligné « la nécessité d’un dialogue renforcé entre toutes les parties ». Cette réunion intervient en pleine recrudescence des violences dans l’est de la RDC. Dans la province congolaise du Nord-Kivu, la rébellion du M23, que Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir, s’est emparée de larges territoires riches en minerais, et elle continue d’avancer malgré une feuille de route pour la paix conclue à Luanda, en Angola, en juillet 2022. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour faire taire les armes et apaiser les tensions, en vain jusqu’à présent. « Les discussions devraient se concentrer sur l’évaluation de la feuille de route de Luanda qui exigeait le retrait effectif et définitif des troupes du M23/RDF (Forces de défense rwandaises) des zones occupées avant le 15 janvier », a déclaré samedi la présidence congolaise. Jeune Afrique
Dans l’est de la RDC, un casque bleu tué par des tirs visant un hélicoptère de l’ONU
Un casque bleu sud-africain a été tué et un autre grièvement blessé lors de tirs contre leur hélicoptère dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), dimanche 5 février. L’appareil a essuyé des tirs aux alentours de 15 heures (13 heures à Paris) au cours d’un vol à destination de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, où il a finalement réussi à atterrir. L’armée sud-africaine a confirmé cette information dans la soirée, précisant dans un communiqué que l’hélicoptère Onyx avait essuyé des tirs, qu’un « membre de l’équipage a été tué, un autre blessé mais il est parvenu à continuer à diriger l’appareil et à le faire atterrir ». Le ministre de la défense sud-africaine, après avoir informé « les familles des soldats impliqués dans ce malheureux incident », communiquera d’autres détails « en temps voulu ». Le Monde avec AFP et Reuters
Goma, RDC : des manifestants dans la rue pour réclamer le départ de la force de l’EAC
Une vive tension a prévalu ce lundi matin 6 fevrier dans la ville de Goma (Nord-Kivu). Des manifestants en colère, en majorité de jeunes ont barricadé toutes les artères principales de la ville. Du coup, écoles, magasins, boutiques, banques et stations-services n’ont pas fonctionné. Ces manifestants, en furie, réclamaient le retrait de la force militaire de la Communauté de l’Afrique de l’Est, (EAC) du sol congolais. La police a été déployée pour dégager toutes les voies d’accès en ville. C’est tôt ce matin sur l’artère principale qui relie le centre-ville au Nord de la ville jusqu’au quartier Ndosho en passant par l’institut de Goma, que les manifestants ont placé des gros cailloux et autres barricades sur la voie publique interrompant le trafic urbain et bloquant tout accès au centre-ville. Au rond-point communément appelé « INSTIGO » la situation s’est vite détériorée. Le reporter de Radio Okapi aperçu une foule compacte des manifestants à laquelle se sont joints quelques élèves, qui plaçaient sur la route des gros cailloux et une géante colonne en fer arrachée d’un panneau publicitaire. Ils ont complètement bloqué le passage aux camionneurs, aux motards ainsi qu’à quelques piétons les plus courageux, qui tentaient de circuler. Radio Okapi
Au Cameroun, des arrestations après la mort de Martinez Zogo
Au Cameroun, deux semaines après l’enlèvement et l’assassinat du journaliste Martinez Zogo par des inconnus à Yaoundé, les premiers éléments de l’enquête mixte de la gendarmerie et la police, ordonnée par le président Paul Biya, ont permis l’arrestation de plusieurs personnes. C’est ce qui ressort d’un communiqué rendu public jeudi soir (02.02) par Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général à la présidence. Si l’identité de ces personnes n’a pas été révélée par le gouvernement, plusieurs noms sont néanmoins cités. Il s’agit de Maxime Eko Eko, le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) et de son directeur des opérations, Justin Danwe, qui ont été interpellés et sont auditionnés depuis quelques jours. Roger Chantal Tuile, journaliste et directeur de publication du journal La Tribune de l’Est, s’indigne de ce que ces personnalités soient impliquées dans cette affaire macabre. « Je suis peiné de me dire que ce sont des gens qui nous gouvernent, qui sont chargés de notre sécurité qui l’ont enlevé devant une gendarmerie qui appartient à la DGRE, chargée de protéger les Camerounais. De me dire que ce sont ces gens qui ont enlevé quelqu’un qui défendait la fortune publique nous laisse sans voix », se désole le journaliste. Mais la possible interpellation la nuit dernière de Jean-Pierre Amougou Belinga, l’homme d’affaires camerounais et promoteur du groupe de média l’Anecdote, relayée par plusieurs médias, a suscité de nombreuses réactions. DW
Éthiopie: la création d’un 12e État fédéral soumise à référendum ce lundi
Plus de trois millions de personnes sont attendues aux urnes aujourd’hui en Éthiopie. Un référendum est organisé dans le sud pour la création d’une nouvelle région, la 12e de l’État fédéral. Un droit à l’auto-détermination contenu dans la Constitution éthiopienne de 1995, et qui a déjà entraîné la création d’autres régions ces dernières années. Certains craignent, à terme, un éclatement du pays. Près de 19 000 agents sont déployés aujourd’hui dans le sud du pays pour organiser ce nouveau référendum. Ce vote fait suite à une pétition lancée par six zones et cinq districts de la région SNNP. Un vote approuvé en août dernier par la chambre haute du Parlement. Cette consultation pourrait entraîner la création d’une 12e région éthiopienne, signe selon certains d’une fragmentation au ralenti du pays depuis l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed. Le Premier ministre avait lancé une libéralisation de la politique éthiopienne. Mais ce mouvement avait été interprété différemment dans le pays. Certains nationalistes espéraient la fin de la politique ethnique. Mais d’autres groupes y avaient vu une opportunité d’appliquer complètement la Constitution de 1995. En effet, pour plusieurs chercheurs, « le vers est dans le fruit ». L’article 47 du texte fondamental donne à « chaque nation, nationalité et peuple », « le droit d’établir leur propre état, à tout moment ». RFI
En Afrique, une transition électrique sur deux roues
Du Nigeria au Kenya, les ventes de motos et de scooters à batterie sont en pleine ébullition. Elles devraient représenter de 50 % à 70 % de parts de marché sur le continent d’ici à 2040, selon McKinsey. L’histoire de Tolu Williams avec les motos électriques a commencé comme un simple hobby. Il y a une décennie, cet ancien juriste passionné de mécanique a fait venir depuis l’Asie son tout premier engin. Pour l’adapter aux rues cahoteuses de sa ville, Lagos, la capitale économique du Nigeria, il a lui-même renforcé le châssis et les suspensions. Devant l’intérêt de proches et de moins proches, il a répété l’opération « deux fois, puis trois, puis quatre, et c’est finalement devenu un véritable business », raconte-t-il. Sa société, Savenhart Technology (Siltech), assemble des deux-roues et trois-roues électriques dont il importe la batterie et le moteur d’Asie et d’Europe. L’entrepreneur a aussi travaillé à la mise au point d’un modèle sur mesure pour la start-up nigériane Metro Africa Xpress (MAX). Cette plate-forme d’abonnements pour mototaxis et livreurs, en pleine expansion, commercialise désormais ses propres motos électriques. Le Monde