Revue de Presse du 6 avril 2022

Réunion de haut niveau sur les risques de famine en Afrique de l’Ouest
Les sécheresses extrêmes, l’épidémie de Covid-19 et maintenant la guerre en Ukraine sont « autant de facteurs qui exacerbent » les risques de famine au Sahel et en Afrique de l’Ouest, alertent les spécialistes internationaux qui tiennent mercredi une réunion de haut niveau sur le sujet. « La faim et la malnutrition pourraient toucher 38,3 millions de personnes d’ici juin, si des mesures appropriées ne sont pas prises », alerte l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) dans un communiqué, évoquant une crise d’une « ampleur exceptionnelle ». Une réunion virtuelle de haut niveau est organisée mercredi à ce sujet par l’Union européenne, le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et le Réseau mondial contre les crises alimentaires (RPCA) pour la région, à laquelle participeront le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et deux Commissaires européens. Selon les chiffres publiés en mars par le « Cadre harmonisé », un outil d’identification des zones à risques, 27 millions de personnes souffrent déjà de malnutrition dans la région du Sahel central (Mali, Niger, Burkina Faso) et du bassin du lac Tchad, qui inclut aussi Cameroun et Nigeria. AFP

Soudan: les anti-putsch promettent un « séisme » aux généraux
Par deux fois dans leur histoire, un 6 avril, les Soudanais ont renversé des dirigeants arrivés par un putsch. Mercredi, les pro-démocratie appellent à réitérer l’exploit dans un pays en crise depuis le coup d’Etat mené en octobre par le chef de l’armée. Le 6 avril 1985, la rue poussait l’armée à évincer le président Jaafar al-Nimeiri, lui-même un ancien officier. Le 6 avril 2019, la foule entamait un nouveau sit-in et forçait encore une fois les généraux à mettre quelques jours plus tard un point final à trois décennies de dictature du général Omar el-Béchir. Pour ce nouveau 6 avril, la rue conspue le général Abdel Fattah al-Burhane. Cet ancien commandant de l’armée de terre de Béchir a mis brutalement fin en octobre à la fragile transition vers la démocratie qu’il avait promis de mener main dans la main avec les civils. « C’est un jour important, on veut dégager les putschistes et ne plus jamais vivre de coup d’Etat », explique à l’AFP Badoui Bachir, qui manifestera en fin d’après-midi à Khartoum où les autorités ont fermé dès mardi soir les ponts menant vers les banlieues, comme à chaque mobilisation. AFP

Mali : Des troupes maliennes et des combattants russes présumés accusés de massacre à Moura
Mardi, l’Allemagne s’est jointe aux États-Unis, à la France et à l’Union européenne pour demander une enquête indépendante, impliquant la mission de l’ONU dans le pays, sur ce qui s’est passé dans le village de Moura, situé dans la région centrale de Mopti au Mali. Dans sa déclaration, HRW a affirmé qu’il y avait eu un « massacre délibéré » des personnes détenues. « Le gouvernement malien est responsable de cette atrocité, la pire au Mali depuis une décennie, qu’elle soit le fait des forces maliennes ou de soldats étrangers associés. » BBC

Mali : Le service militaire deviendra obligatoire
Le Colonel Assimi Goïta a présidé la cérémonie de présentation au drapeau des recrues de la 2e cohorte 2021 du Service national des jeunes (SNJ). L’occasion fut mise à profit pour annoncer le renfort des réserves de l’armée via les futurs fonctionnaires. … Occasion pour le Président Goïta, de faire l’annonce décisive en ces termes: «Désormais tous ceux qui sont retenus dans la fonction publique passeront par ce processus avant de rejoindre leurs lieux de déploiement dans le cadre de l’administration». Et de dévoiler que le gouvernement travaille à la création de la Réserve opérationnelle concernant la défense du territoire. Cette réserve sera rattachée au ministère de la Défense pour des besoins de déploiement sur le théâtre des opérations en cas de nécessité. La donne vient de changer désormais par rapport à l’aspect volontaire du SNJ au nom de la rectification de la transition. AFRIMAG

Pedro Sanchez attendu à Rabat pour marquer la fin de la crise entre l’Espagne et le Maroc
Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, sera reçu jeudi 7 avril à Rabat par le roi du Maroc, une visite marquant la fin de la crise entre les deux pays et rendue possible par le virage de Madrid sur le dossier sensible du Sahara occidental. « Le chef du gouvernement se rendra jeudi après-midi au Maroc […] où il s’entretiendra avec le roi du Maroc », a déclaré mardi le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, à l’issue du conseil des ministres. Cette visite a été confirmée par le palais royal marocain, qui a indiqué dans un communiqué que Mohammed VI « aura des entretiens officiels » avec M. Sanchez et « offrira également un iftar », repas de rupture du jeûne du ramadan, « en l’honneur » de son « illustre hôte ». L’invitation à la rupture du jeûne est vue à Madrid comme « un signe d’amitié très fort », a assuré M. Albares, qui a précisé que cette visite, qui devrait permettre notamment la reprise des connexions maritimes entre les deux pays, se prolongera vendredi. Le Monde avec AFP

Éthiopie: deux ONG dénoncent une «campagne de nettoyage ethnique» dans le Tigré occidental
Une « campagne de nettoyage ethnique » dans le Tigré occidental en Ethiopie, c’est ce qu’Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent dans un rapport conjoint rendu public ce mercredi. Zone administrative contestée, sous autorité tigréenne depuis les années 90, le Tigré occidental est passée sous le contrôle des forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) et des forces et milices alliées de la région d’Amhara dans les deux semaines qui ont suivi le déclenchement du conflit au Tigré en novembre 2020. … Après quinze mois de travail d’équipe, dans leur rapport compilant près de 250 pages de témoignages d’une rare violence, Amnesty et HRW détaillent ce qu’elles qualifient de campagne « coordonnée de persécutions ethniquement ciblées » contre les Tigréens dans le Tigré occidental. « Des plans pour vider la région de ses Tigréens ont été discutés et évoqués en public que ce soit lors de réunions, par le biais de pamphlets ou d’ultimatums. Les autorités ont également privé les communautés tigréennes de ressources essentielles à leur survie en leur refusant l’accès à leurs terres. Elles ont aussi encouragé les pillages, en délivrant des autorisations pour le transport des biens pillés », selon Fisseha Tekle, chercheur pour Amnesty International. RFI

Que signifie la «relégation» diplomatique entre l’Ethiopie et l’Erythrée ?
Existe-t-il des tensions diplomatiques entre l’Ethiopie et son alliée l’Erythrée ? La presse éthiopienne se pose la question, après que l’ambassadeur érythréen à Addis Abeba a été remplacé par un simple « chargé d’affaires » la semaine dernière. Les deux pays devraient pourtant être étroitement liés depuis l’accord de paix de 2018 et la guerre dans le Tigré en novembre 2020, où leurs deux armées combattent de concert. RFI

CPI : au premier jour du procès d’Ali Kushayb, le procureur détaille les crimes de l’accusé
Le procès de Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman s’est ouvert ce mardi 5 avril devant la CPI. C’est le premier procès concernant des crimes commis au Darfour. À 72 ans, l’ancien chef Janjawid est poursuivi pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis en 2003 et 2004. Pour cette première journée d’audience, le procureur a détaillé les crimes que l’accusé aurait ordonnés et lui-même commis. Au cours de cette première journée d’audience, le procureur a longuement évoqué les meurtres, les viols, les tortures, les pillages infligés aux victimes. Karim Khan a aussi rappelé que les crimes commis au Darfour ont eu des conséquences extrêmement coûteuses pour les victimes. Conséquences qu’elles subissent encore aujourd’hui. RFI

RDC : dans l’est du pays, l’armée et le M23 s’observent
L’ennemi est là, juste à côté… », montre du doigt un capitaine tout juste arrivé avec des renforts de l’armée congolaise sur le théâtre des récents combats contre les rebelles du M23, dans l’est de la République démocratique du Congo. « J’ai déployé des éléments partout, on change de tactique sur le terrain », explique par ailleurs le colonel Honoré Rindugu qui, en début de semaine dernière, a défendu avec ses hommes et l’aide de l’armée ougandaise la ville stratégique de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda, qui menaçait de tomber aux mains du « Mouvement du 23 mars ». « Nous faisons des rondes près des zones ennemies, pour ne pas nous laisser surprendre », ajoute-t-il. Issu d’une ancienne rébellion tutsie congolaise, le M23, aussi appelé « Armée révolutionnaire congolaise », avait été vaincu en 2013 par l’armée mais il est réapparu en fin d’année dernière, reprochant aux autorités de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants. AFP

Fermeture du journal algérien « Liberté » : « Une volonté de museler la presse ? »
L’un des fleurons de la presse indépendante francophone en Algérie, le quotidien Liberté, ferme ses portes. Son principal actionnaire, l’homme d’affaires et milliardaire Issad Rebrab, a annoncé son intention d’organiser, le 6 avril, une assemblée générale pour un dépôt de bilan et la dissolution du titre. Sur France 24, Farid Dms Debah, fondateur du Mouvement citoyen pour l’Algérie, se demande « s’il n’y a pas une volonté de museler la presse » derrière cette décision. France24

Burkina Faso : l’ancien président Blaise Compaoré condamné par contumace à la prison à perpétuité pour l’assassinat de Thomas Sankara
L’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été condamné mercredi 6 avril, par contumace, à la prison à perpétuité pour sa participation à l’assassinat de son prédécesseur, Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d’un coup d’Etat, en 1987. Le tribunal militaire de Ouagadougou a également condamné à la perpétuité le commandant de sa garde, Hyacinthe Kafando, et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Blaise Compaoré, en exil depuis 2014 en Côte d’Ivoire, et Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, étaient les grands absents de ce procès qui avait débuté il y a six mois. Ce procès historique s’est ouvert en octobre 2021, trente-quatre ans après la mort de Thomas Sankara, icône panafricaine, assassiné lors d’un coup d’Etat qui avait porté au pouvoir Blaise Compaoré. Ses avocats avaient dénoncé « un procès politique » devant « une juridiction d’exception », estimant que la procédure « ne vaut rien ». … Le procès a été perturbé par le coup d’Etat du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a renversé le président élu, Roch Marc Christian Kaboré. Il a une première fois été suspendu au lendemain du putsch, puis, le 31 janvier, « jusqu’au rétablissement de la Constitution » mise en sommeil lors du coup d’Etat, puis rétablie par la junte au pouvoir, permettant sa reprise. Mais de nouvelles interruptions sont survenues, dont une à la suite de la prestation de serment de M. Damiba devant le Conseil constitutionnel, le 16 février. La défense a alors introduit une requête, en soulignant qu’on demandait des condamnations pour « attentat à la sûreté de l’Etat », alors que le putsch du lieutenant-colonel Damiba, validé par le Conseil constitutionnel, constituait en lui-même un « attentat à la sûreté de l’Etat ». Le Monde avec AFP