Revue de presse du 5 octobre 2023

La situation sécuritaire au Sahel se dégrade
Au Niger, au moins 29 soldats ont été tués, dans la nuit de lundi à mardi, dans l’ouest du pays, près de la frontière avec le Mali. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis l’arrivée au pouvoir des militaires, qui avaient pourtant justifié leur coup d’Etat du 26 juillet par la dégradation de la situation sécuritaire. Mais plus de deux mois après le putsch, l’instabilité qui règne dans le pays est très préoccupante…Le Burkina Faso aussi a du mal à endiguer les attaques et à sécuriser notamment les mines d’or qui sont visées par les djihadistes. L’exploitation minière artisanale a été ainsi suspendue dans le pays…D’un côté, les anciens rebelles touaregs : un important convoi de l’armée malienne est ainsi en route vers le nord et la région de Kidal, bastion de la rébellion séparatiste qui a repris les armes. De l’autre, les djihadistes qui s’en prennent à des villes importantes. … Au Mali, le départ des troupes étrangères et de l’Onu a offert une aubaine aux groupes djihadistes qui ont pu avancer sur certains fronts. La possibilité d’un affrontement avec les anciens rebelles touaregs risque de leur donner encore plus de marge de manœuvre. DW

Niger : l’armée française commencera son retrait « dans la semaine »
Les troupes françaises déployées au Niger vont amorcer leur retrait du pays « dans la semaine », a appris l’Agence France-Presse, jeudi 5 octobre, auprès de l’état-major des armées français. « Nous allons lancer l’opération de désengagement dans la semaine, en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les Nigériens », a précisé l’état-major, à l’issue d’un bras de fer de plus de deux mois avec le régime militaire issu du coup d’Etat du 26 juillet contre le président Mohamed Bazoum … « Le peuple nigérien » va « dicter » les « futures relations avec la France », avait déjà déclaré, le 30 septembre, Abdourahamane Tiani, le chef du régime militaire issu d’un coup d’Etat au Niger, une semaine après l’annonce par Emmanuel Macron du départ de l’ambassadeur français et des troupes tricolores de ce pays sahélien. Le Monde avec AFP

Niger: un convoi humanitaire du PAM toujours bloqué à la frontière avec le Bénin
Pour se rendre au Niger, les convois du Programme alimentaire mondial (PAM) empruntent habituellement deux itinéraires : via le Bénin et le port de Cotonou ou par le Nigeria. Ces deux routes sont désormais fermées. Unique alternative : traverser le Burkina Faso. Mais la situation sécuritaire complique la tâche. « Pour le moment, les camions qui étaient destinés à rentrer par le Bénin et le Nigéria ne peuvent pas rentrés, il n’était pas prévu que ces camions rentrent par le Burkina Faso, donc il faut les rédiriger vers ce corridor-là et cela prend du temps,» explique Jean Noel Gentile, représentant du PAM au Niger…Il faut donc trouver d’autres itinéraires alternatifs. « Il y a d’autres corridors à envisager, par exemple celui du Cameroun et du Tchad, mais il faudrait donc remettre ces cargos sur des bateaux vers le Cameroun, vers le port de Douala par exemple, et puis traverser le Cameroun ou le Tchad et arriver jusqu’au Niger. Cela prendra également plusieurs semaines, poursuit-il…Des discussions sont en cours entre le PAM et les autorités nigériennes. Objectif : permettre l’ouverture d’un corridor humanitaire. RFI

Les images vérifiées d’attaques touareg dans le nord du Mali
[VIDEO] Quand, mercredi 4 octobre 2023, des rebelles touareg revendiquent la prise de la base militaire de Taoussa, dans le nord du Mali, ils portent à cinq le nombre de camps de l’armée malienne pillés ces dernières semaines. Depuis le début du mois d’août, les affrontements entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui réunit les principaux groupes rebelles touaregs du nord du pays, et l’armée malienne ont repris, faisant voler en éclat l’accord de paix signé à Alger en 2015 avec le gouvernement et des milices progouvernementales. « Le Monde Afrique » a vérifié et localisé deux attaques menées fin septembre et début octobre. Des affrontements décryptés par Pierre Boilley, professeur à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’Afrique subsaharienne contemporaine. Le Monde

Somalie: 1650 terroristes Al Shebab tués par l’armée en deux mois
L’armée nationale somalienne (SNA), en collaboration avec des forces locales et des partenaires internationaux, a réussi à éliminer 1650 membres du groupe terroriste Al Shabab au cours des deux derniers mois. Ces opérations militaires se sont déroulées dans les États de Galmudug et de Hirshabelle, situés au centre de la Somalie, comme l’a annoncé le gouvernement. Le ministère somalien de l’Information, de la Culture et du Tourisme a également souligné que la SNA, avec le soutien de ses partenaires internationaux, avait démantelé plusieurs positions fortes du groupe affilié à Al-Qaïda. Le communiqué ministériel a précisé que de nombreux hauts responsables d’Al Shabab ont été tués, blessés, ou se sont rendus au cours de ces opérations menées au cours des deux derniers mois. Sahel Intelligence

Présidentielle au Libéria : l’ONU s’inquiète des cas de violence et des discours de haine
Selon les rapports des médias, des affrontements dans le nord-ouest du pays qui ont opposé des partisans du parti au pouvoir, la Coalition pour le changement démocratique, à ceux du parti d’opposition, le Parti de l’unité, ont fait au moins deux morts, et 20 autres blessées dans le district de Foya (comté de Lofa), le 29 septembre. « Nous sommes préoccupés par les cas signalés de violence liée aux élections, l’utilisation d’un langage qui pourrait être assimilé à un discours de haine, et les attaques contre les journalistes au Libéria à l’approche des élections générales du 10 octobre », a dit dans un communiqué, Seif Magango, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Des violences électorales ont également éclaté dans les comtés de Nimba, Montserrado et Grand Cape Mount. Les services du Haut-Commissaire Volker Türk ont également documenté huit attaques contre des journalistes par divers acteurs politiques, dont deux ont fait des blessés…Le dimanche 1er octobre dernier, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’ONU avaient également « condamné dans les termes les plus forts » les affrontements de vendredi dernier dans la région de Lofa entre le parti de l’Unité (UP) de l’ancien vice-président Joseph Boakai (2006-2018) et la Coalition pour le changement démocratique (CDC), le parti de George Weah. Les deux organisations internationales ont déploré dans un communiqué «la perte de trois vies » et appelé les dirigeants de ces partis « à exhorter fermement leurs partisans à s’abstenir de toute provocation et de tout autre acte de violence ». ONU Info

Présidentielle au Libéria: les candidats indépendants misent sur la lutte contre la corruption
Alexander Cummings a d’abord fait ses armes au sein de la firme internationale Coca-Cola, dont il a dirigé la branche Afrique. Cet homme de 66 ans, espère mettre l’accent sur le secteur privé, pour créer des emplois. Il veut aussi assainir l’environnement des affaires en mettant un terme à la corruption. « Je suis déterminé à faire traduire en justice toute personne soupçonnée d’avoir volé de l’argent public. Peu importe son statut, il ou elle sera puni.e par la loi»…Sur cette lancée, Alexander Cummings veut créer une Cour pour juger les crimes économiques et les crimes de guerre. Sarah Nyanti, la candidate de la Ligue pour la libération africaine, développe un projet similaire. Car pour cette ancienne haut-fonctionnaire des Nations Unies, les séquelles des guerres civiles sont encore visibles : « J’entends les rhétoriques tribales. J’entends aussi des gens dire que s’ils n’obtiennent pas quelque chose en leur faveur, il y aura à nouveau la guerre. Les Libériens ont des blessures profondes. C’est pourquoi je propose de créer une commission historique. Son rôle sera d’entendre les victimes et de se remémorer les souffrances »…Les électeurs ont un large choix pour ce scrutin. Le ticket présidentiel qui remportera cette élection devra surmonter un contexte économique difficile, marqué par le chômage des jeunes. RFI

Comores: Publication d’un décret sur l’élection présidentielle 2024
Le décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle et celle des trois gouverneurs des îles comoriennes a été publié ce 4 octobre 2023. Il s’agit d’une élection au suffrage universel direct, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Pour rappel, le premier tour de ces élections aura lieu le 14 janvier 2024. L’éventuel second tour est, lui, prévu le 25 février. La campagne pour le premier tour débutera le 17 décembre prochain pour se terminer le 12 janvier, soit deux jours avant le scrutin. Pour le moment, seules quelques personnalités ont annoncé leurs candidatures. C’est le cas de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Aboudou Soefo. Par contre, ce n’est pas encore le cas du président de la République, Azali Assoumani, même si sa candidature ne fait l’objet d’aucun doute au sein de la société comorienne. Avec le référendum constitutionnel adopté en 2018, rien ne l’empêche en tout cas de se porter candidat à sa propre succession. Du côté de l’opposition, c’est en ordre dispersé qu’elle s’avance vers ces scrutins. Scindée en deux, la grande majorité appelle au boycott et estime que les dés sont pipés. L’autre frange, elle, souhaite prendre part à ces élections, tout en demandant des garanties : scrutins libres, transparents et cantonnement de l’armée dans les casernes. RFI

Ouganda : le dirigeant du principal parti d’opposition Bobi Wine arrêté à son retour au pays
Le dirigeant du principal parti d’opposition en Ouganda, Bobi Wine, a été arrêté jeudi à son retour dans le pays, a annoncé le secrétaire général de son parti. Bobi Wine a été arrêté « par des agents du régime dès son atterrissage à l’aéroport » d’Entebbe, a écrit sur X (ex-Twitter) David Lewis Rubongoya, secrétaire général de la Plateforme d’unité nationale (NUP), avec une photo montrant un homme entouré par deux personnes. Ancien chanteur, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, était le principal rival du président Yoweri Museveni – qui dirige le pays d’Afrique de l’Est d’une main de fer depuis 1986 – à la présidentielle de 2021 à la tête de la NUP. Bobi Wine a été arrêté à de multiples reprises ces dernières années et les rassemblements de ses partisans régulièrement dispersés, parfois violemment. En septembre, la police ougandaise avait annoncé suspendre une campagne nationale de mobilisation lancée par la NUP en raison de troubles à l’ordre public. RTBF avec AFP

La Banque mondiale s’inquiète d’un risque de «décennie perdue» pour l’Afrique
Banque mondiale (BM) a publié mercredi ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne, disant craindre une «décennie perdue» pour le continent, confronté à une instabilité «grandissante». Pour l’année en cours, la croissance devrait atteindre 2,5%, a estimé l’institution, alors qu’elle était encore à 3,6% l’année dernière, en raison notamment du ralentissement des principales économies de la région. En effet, le Nigeria devrait voir son économie progresser de 2,9% alors que l’Angola atteindra 1,3% de croissance et l’Afrique du Sud tout juste 0,5%. Plus problématique encore pour la région, son PIB par habitant n’a pas progressé depuis 2015, estime la BM, qui souligne que la croissance de cet indicateur pourrait être de tout juste 0,1% par an sur la période 2015-2025, ce qui lui fait craindre une «décennie perdue» pour l’Afrique subsaharienne…Parmi les raisons pointées par l’institution, l’instabilité et la fragilité politique ainsi que la montée des conflits et des violences sont les premières causes de ralentissement, voire de forte récession dans certains pays, à l’image du Soudan, confronté à un conflit qui s’installe dans le temps, et dont l’économie devrait reculer de 12% cette année. Le Figaro avec AFP

Football : le Cameroun brise un tabou en acceptant d’affronter les Russes à Moscou
Un mois jour pour jour après avoir obtenu sa qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (organisée du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire), le Cameroun va disputer un match amical qui ne passera pas inaperçu : le 12 octobre, les Lions indomptables affronteront la Russie, à la VTB Arena de Moscou…Car, dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine, fin février 2022, l’équipe nationale et les clubs du pays ont été mis au ban du football mondial : la Fédération internationale (FIFA) et son homologue européenne, l’UEFA, les ayant exclus de toutes leurs compétitions. Reste que la Russie a pu disputer des matches amicaux au Tadjikistan, en Ouzbékistan, au Kirghizistan, ou encore en Iran et au Qatar. Mais aussi sur son sol, comme ce fut le cas face à l’Irak, à Saint-Pétersbourg, le 26 mars…Selon un organisateur de matchs FIFA, les premiers contacts remontent au début de l’année 2023, quand les joueurs russes étaient à la recherche d’adversaires pour disputer des matchs amicaux. Or, rappelle-t-il, « aucune sélection européenne ne veut prendre le risque de les affronter, car cela aurait des conséquences sur les opinions publiques. Des fédérations africaines ont également refusé ». Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais, lui, s’est rapidement montré favorable à cette perspective…Le Cameroun sera bien la première formation A, autre qu’asiatique, à affronter la Sbornaya depuis le début de la guerre…« La Russie veut montrer que malgré les différentes sanctions, elle peut exister notamment via le sport, et ce match face au Cameroun à Moscou est un signal fort politiquement », insiste Lukas Aubin, directeur de recherches à l’Institut des relations internationales et stratégiques. Le Monde