Vigilants, activistes et citoyens ont manifesté le 30 septembre contre la récente tentative de coup d’État et en faveur de la remise du pouvoir aux civils. … Un drapeau soudanais recouvre son dos. Son foulard orangé a, lui, glissé, laissant apparaître ses cheveux bruns tirés en arrière. Sara Abdelhamid, la quarantaine, se décale de quelques mètres pour se dégager de la fumée noire qui s’échappe d’un pneu brûlé par d’autres manifestants. Comme cette professeure d’anglais, plusieurs milliers de Soudanais se sont donné rendez-vous, en ce jeudi 30 septembre, à la gare ferroviaire de Khartoum. De la foule émanent des slogans réclamant un gouvernement civil et critiquant le chef du Conseil souverain de transition, le général Abdel Fattah al-Burhan. Citoyens et activistes réaffirment, surtout, leur attachement à la révolution amorcée en décembre 2018. Ce rassemblement intervient en effet dix jours après une tentative de coup d’État, qui aurait été lancée par le commandant du corps blindé de l’armée, le général Abdel-Baqi Bakrawi, mais déjouée aussitôt par le gouvernement. Les femmes et hommes rencontrés en cette chaude après-midi sont nombreux à partager l’analyse de Sara Abdelhamid : « C’était un test pour voir si les citoyens sont prêts à accepter le retour des militaires. » Les Khartoumais se sont précisément déplacés pour prouver le contraire. Le Point
C’est très tôt lundi matin vers 5 heures, selon nos sources, que des hommes armés ont lancé un assaut contre le détachement militaire de Yirgou. Selon le ministère de la Défense, c’est une attaque terroriste qui a visé les soldats burkinabés. « Face aux assaillants venus en grand nombre et lourdement armé, les militaires burkinabès ont fait preuve d’une grande combativité en leur opposant une riposte vigoureuse », a réagi le ministre délégué à la Défense. Les assaillants seraient venus à moto et avec des pick-up. Suite aux échanges de tirs, au moins quatorze militaires ont été tués, et plusieurs blessés ont été enregistrés. Tous les blessés ont été évacués dans la localité de Foubé, située à une soixantaine de kilomètres au nord de la commune de Barsalogho, pour leur prise en charge. « Un important lot de matériels » appartenant à l’armée a été emporté par les assaillants, confie, sans plus de précisions, une source sécuritaire. Une autre source indique que quatre véhicules pick-up, une ambulance, des motocyclettes, des armes collectives et des munitions ont été emportés par les assaillants. Ils ont également incendié un véhicule blindé de type Cobra et d’autres matériels avant de quitter le site du détachement militaire, selon nos sources. La contre-offensive terrestre et aérienne déclenchée a permis de neutraliser plusieurs terroristes, selon le général Aimé Barthelemy Simporé. RFI
Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi à ce « que l’Etat revienne » au Mali, dans un contexte de fortes tensions avec le pays sahélien, où la France est en train de réduire son dispositif militaire. « L’armée française n’a pas à se substituer au ‘non travail’, si je puis dire, de l’Etat malien », actuellement dirigé par une junte militaire, a lancé le chef de l’Etat dans un entretien diffusé sur France Inter, soulignant « qu’on ne peut pas demander à nos soldats de remplacer ce qui est le travail de votre Etat ». « Il faut que l’Etat revienne avec sa justice, son éducation, sa police partout, en particulier au Mali », où des pans entiers de territoire restent livrés à eux-mêmes face aux jihadistes, aux tensions intercommunautaires et aux trafics, a-t-il dit, évoquant aussi le Burkina Faso voisin, en proie à des violences récurrentes. Emmanuel Macron a vanté « des vrais résultats » et « des vrais succès » de l’armée française, présente depuis huit ans au Sahel, qui va se concentrer dorénavant « sur la stricte lutte contre les groupes terroristes ». … Le président français doit participer vendredi à Montpellier (sud) à un sommet Afrique/France au format « inédit » avec des personnalités de la société civile africaine – dont malienne -, française et de la diaspora, pour tenter l’éternelle « refondation » de sa relation avec ses anciennes colonies. AFP
Après les Panama Papers en 2016, les Paradise Papers en 2017, les Mauritius Leaks en 2019 et les Luanda Leaks en 2020, voici les Pandora Papers. Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICPIJ) révèle avoir découvert que 336 responsables politiques dans le monde auraient dissimulé des fonds dans des sociétés offshores et des paradis fiscaux afin d’échapper aux impôts. Parmi les responsables politiques incriminés, 43 sont des Africains. AllAfrica
Quatre personnes ont été tuées dimanche par un engin explosif au passage de leur moto, dans le nord-ouest de la Centrafrique, en proie à des combats entre des rebelles et l’armée, a déclaré lundi à l’AFP le préfet de la région. « Une moto a sauté sur une mine terrestre dimanche vers 08H00 près de la commune de Yémé », à 600 km au nord-ouest de la capitale Bangui, a déclaré à l’AFP Dieudonné Youngaïna, préfet de l’Ouham-Pendé. « Quatre personnes sont mortes et un bébé est rescapé », a-t-il poursuivi. « Les mines sont un vrai problème », a déploré M. Youngaïna. « Entre janvier et août 2021, 27 incidents impliquant des engins explosifs ont coûté la vie à au moins 14 civils et ont blessé 21 civils et deux casques bleus des Nations Unies dans l’ouest du pays », avait souligné le 10 septembre Denise Brown, la coordinatrice humanitaire de l’ONU en Centrafrique. Un travailleur humanitaire centrafricain employé par une ONG danoise avait été tué le 9 septembre après le passage de son véhicule sur un engin explosif, toujours dans le nord-ouest du pays. AFP
L’ultimatum donné aux confessions religieuses par le Parlement a expiré sans consensus. « C’est une patate chaude », arguent plus d’un analyste en commentant les épisodes qui se succèdent depuis plus de deux ans sur les accrochages entre chefs religieux autour la désignation toujours attendue du chef de la centrale électorale de la RDC (CENI). Un dernier ultimatum de 72 heures, en fait un énième, donné par le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’kodia Mpwana, aux représentants de huit confessions religieuses n’a pas suffi pour les amener à l’unanimité sur la question. L’ultimatum a expiré ce lundi à minuit. Les deux camps restent figés sur leurs positions respectives. Les uns, un groupe de six confessions religieuses, ont déjà fait leur choix en la personne de Denis Kadima, un expert en matière électorale. Ce groupe est constitué de la plateforme des églises dites « de réveil », des Kimbanguistes (adeptes de Simon Kimbangu), des musulmans, de l’Armée du Salut, des indépendants et des orthodoxes. A l’opposé, il y a les catholiques représentés par la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) et des protestants, l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Bien que majoritaires si on se fie au nombre de leurs fidèles à travers le pays, la CENCO et l’ECC sont mises en minorité par les six autres confessions qui leur opposent la règle de la « démocratie » au sein de la plateforme de dirigeants religieux. VOA
La Libye franchit un nouveau pas dans le processus électoral. Le Parlement a adopté la loi électorale régissant les élections législatives, a affirmé hier son porte-parole. « Approbation de la loi électorale pour la Chambre des représentants lors de la session d’aujourd’hui », a annoncé sur Twitter le porte-parole du Parlement, Abdallah Bliheq. L’adoption de cette loi intervient moins d’un mois après la ratification sans vote d’un texte devant régir l’élection du futur président lors du double scrutin prévu en décembre. La publication, le 9 septembre, de ce texte signé par le chef du Parlement, Aguila Saleh a été fustigée par des députés et d’autres instances écartées du processus de législation. Ils reprochent à M. Saleh d’avoir voulu favoriser son allié, le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle l’est et une partie du sud du pays, et de plus en plus pressenti comme candidat à la présidentielle. L’article qui concentre les critiques prévoit qu’un militaire peut se présenter à la présidentielle, à condition « de se suspendre de ses fonctions trois mois avant le scrutin », et que, « s’il n’est pas élu, il puisse retrouver son poste et recevoir ses arriérés de salaire ». AFP/VOA
La fin des tensions entre Paris et Alger ? Le président français Emmanuel Macron a prôné, dans un entretien diffusé mardi 5 octobre, un apaisement dans les relations entre Paris et Alger, alors que les derniers jours ont été marqués par un ravivement des tensions diplomatiques croissantes entre la France et l’Algérie. « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux se parler, d’avancer. Il y a sans doute des désaccords mais la vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager », a déclaré le chef de l’État dans un entretien accordé lundi soir à France Inter et diffusé mardi matin. « Il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir, c’est d’essayer de faire cheminer ce travail » de mémoire, a-t-il ajouté. L’Algérie a fermé mardi son espace aérien aux avions militaires français, dernière étape en date d’une série de tensions croissantes ces derniers jours. France24 avec Reuters
Au Sahel, et plus particulièrement au Mali, l’armée française est engagée pour lutter contre les groupes terroristes et bénéficie pour cela du soutien d’Alger. Dès ce week-end, après la prise de décision des autorités algériennes d’interdire le survol de son territoire par l’aviation militaire française, Paris a tenté de minimiser les conséquences opérationnelles de la réponse algérienne. Notamment parce que le territoire algérien peut être facilement contourné et que la France dispose de bases aériennes au Sahel, l’interdiction de survol ne suscite pas d’inquiétude majeure pour les forces françaises engagées dans la région. En revanche, cette décision, qui n’avait pas été officiellement notifiée et dont on ne connaît pas encore toute la portée, pourrait poser d’autres problèmes. Le premier, c’est celui du ravitaillement. L’Algérie fournit du carburant aux troupes de Barkhane postées dans l’extrême nord du Mali, continuera-t-elle de le faire ? « Ce mécanisme n’a plus été utilisé depuis décembre 2020 et il n’était pas prévu d’y recourir prochainement », indique un haut-gradé de l’état-major des armées françaises. Plus épineuses, des questions sur le renseignement et les opérations menées par Barkhane à la frontière entre le Mali et l’Algérie se posent. RFI
Selon l’institut américain AidData, les pays en développement auraient drastiquement sous-évalué leur dette à l’égard Pékin. Décryptage. Les pays en développement auraient une « dette cachée » de 385 milliards de dollars (environ 330 milliards d’euros) envers la Chine. Tel est le constat réalisé par l’Institut de recherche américain AidData, qui œuvre pour plus de transparence en matière de financement du développement, dans un rapport publié le 29 septembre. Depuis l’inauguration en 2013 du programme des « Nouvelles Routes de la soie » – le programme phare du président Xi Jinping – , la Chine a engagé des sommes colossales dans les économies des pays en développement. De 2013 à 2017, Pékin aurait dépensé en moyenne près de 85,4 milliards de dollars par an dans des projets d’infrastructures à travers le monde. Pourtant, dans de nombreux pays, les engagements financiers de la Chine ont été sous-déclarés, engendrant ainsi une augmentation des dettes cachées ou des engagements non divulgués, selon l’institut américain. Ainsi, les gouvernements pourraient être contraints de payer pour des dettes dont ils n’ont pas connaissance. Jeune Afrique
Le massif forestier africain séquestre l’équivalent de dix années mondiales d’émissions de CO2, à condition de freiner la déforestation en République démocratique du Congo. A quelques semaines de la conférence des Nations unies sur le climat à Glasgow, le regard des défenseurs de l’environnement est braqué sur la République démocratique du Congo (RDC). Le gouvernement a annoncé la levée prochaine du moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières, en vigueur depuis 2002. Pour Greenpeace et Rainforest Foundation UK, à la tête d’une coalition de quarante ONG internationales et locales, cette décision aboutira à livrer la deuxième plus grande forêt tropicale de la planète après l’Amazonie à l’exploitation industrielle, avec des conséquences graves pour le climat, la biodiversité et les populations dont la vie en dépend. La RDC possède plus de 60 % du massif qui s’étend du Cameroun à l’Ouest jusqu’au Rwanda à l’Est. « Nous sommes à la veille d’un échec historique dans la protection d’une des plus grandes forêts tropicales du monde, et peut-être la dernière servant encore de puits de carbone », a alerté, le 23 septembre, Joe Eisen, directeur de Rainforest Foundation UK. Le Monde
Pour la première fois depuis 1973, date de la première réunion informelle de coopération entre la France et l’Afrique francophone, réunion organisée à l’initiative du président nigérien Hamani Diori, alors relais influent de la diplomatie française en Afrique – les chefs d’État n’ont pas été conviés à ce grand rendez-vous politique qu’est le Sommet entre la France et l’Afrique. Le Nouveau Sommet Afrique-France, lui, doit se tenir à Montpellier ce vendredi 8 octobre. « Le sommet Afrique-France traditionnel, un chef d’État et 54 chefs d’État en face, nous semble effectivement un format obsolète », a d’emblée justifié l’Élysée. Ce 28e sommet va faire la part belle aux sociétés civiles africaines et à la diaspora française d’origine africaine. L’objectif est de faire table rase du passé pour rebâtir une relation Afrique-France sur la base des aspirations des forces vives africaines et françaises. Le point de départ est évidemment le discours de Ouagadougou de novembre 2017. … Au cœur de ces préparatifs, il y a Wilfrid Lauriano do Rego*, coordinateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique, vigie créée par le président de la République française pour être le réceptacle des nouveaux enjeux africains et de la diaspora. Il a répondu aux questions du Point Afrique. Le Point
Après avoir mené une série de dialogues à travers le continent, le philosophe vient de remettre son rapport à Emmanuel Macron. Il livre la primeur de ses conclusions à « Jeune Afrique ». Chargé par Emmanuel Macron de rédiger le rapport qui servira à alimenter les échanges du 8 octobre, lors du sommet de Montpellier, Achille Mbembe a sillonné le continent pendant sept mois pour ouvrir le dialogue avec de nombreux intervenants africains. Il vient de remettre ses conclusions, très attendues, au chef de l’État français. … Après avoir détaillé les initiatives entreprises depuis 2017, vous ne concluez pas que l’on est sorti de la « Françafrique », mais vous affirmez que des « inflexions » sont en cours. Pourquoi un jugement aussi modéré ? … Je dirais surtout qu’il manque une approche résolument géopolitique et géoéconomique du continent. Mais ce constat ne vaut pas que pour la France. Il vaut aussi pour l’Allemagne, les États-Unis, voire pour des entités comme l’Europe. Il vaut aussi pour l’Afrique elle-même. Chez les uns et les autres, on n’est pas encore sorti du paradigme de l’aide publique au développement. Pis, chez certains acteurs économiques, l’on est resté dans la logique des comptoirs ou, comme chez les militaires, dans celle de la “basse cour”. … Que signifie une « approche géopolitique » du continent ? … C’est une approche qui prendrait l’Afrique comme une entité en soi, une puissance potentielle dans laquelle l’Europe investirait. Un tel investissement se ferait dans la perspective consciente de construction d’un axe commun autour duquel se structurerait une partie de l’équilibre de la planète. Je ne suis pas en train de vouloir ressusciter le vieux projet de l’Eurafrique dont on connaît bien les relents coloniaux et racistes. Il s’agit d’une tout autre imagination de l’ordre planétaire, qui suppose que l’Afrique se dote des capacités d’effectuer un pivot sur elle-même. Jeune Afrique