Revue de presse du 5 juin 2024

Au Congo, Lavrov vilipende « l’Occident », soutient une conférence libyenne
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite au Congo dans le cadre d’une tournée africaine, a vilipendé mardi « l’Occident » et ses supposés « objectifs », tant en Ukraine qu’en Libye où il a dit soutenir l’organisation d’une conférence de réconciliation. « Nous soutenons l’initiative du président Denis Sassou Nguesso qui vise à organiser une conférence inter-libyenne », a déclaré le chef de la diplomatie russe devant la presse, après avoir rencontré dans son fief d’Oyo (centre) le chef de l’Etat congolais, président du comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, rongée par les divisions, est gouvernée par deux administrations rivales: l’une à Tripoli (ouest) dirigée par Abdelhamid Dbeibah et reconnu par l’ONU, l’autre dans l’est, incarnée par le Parlement et affiliée au camp de Khalifa Haftar, avec lequel Moscou entretient des relations étroites…La Russie mène depuis plusieurs années une offensive diplomatique en Afrique pour y supplanter les puissances occidentales traditionnelles. Isolée sur la scène internationale et en quête d’alliés, elle a décuplé ses efforts depuis son assaut contre l’Ukraine en février 2022. La tournée de Sergueï Lavrov a commencé lundi en Guinée. Après le Congo, selon son entourage, il doit se rendre au Tchad. VOA

RDC: le CICR suspend sa distribution d’aide alimentaire autour de Kanyabayonga, dans l’est du pays
En République démocratique du Congo, le Comité international de la Croix-Rouge suspend sa distribution d’aide alimentaire autour de la ville de Kanyabayonga, nouveau front entre l’armée congolaises et ses alliés, et les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise. Les combats ont éclaté il y a maintenant huit jours dans cette ville du Nord-Kivu, localité stratégique permettant l’accès à Butembo et Beni, situées plus au nord. À l’approche des rebelles du M23, Kanyabayonga s’est vidée de ses habitants. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui venait tout juste de démarrer un programme de distribution alimentaire a donc dû l’interrompre. Seule la moitié des 58 000 personnes qui devaient en bénéficier ont pu recevoir une aide, de nombreuses familles, pour qui il s’agissait de la première assistance en six mois. RFI

RDC: un sondage révèle les espoirs et les impatiences des Congolais
Les Congolais sont plutôt optimistes en ce début de mandat de Félix Tshisekedi, selon un sondage publié par l’institut de recherche Ebuteli, en collaboration avec le Groupe d’étude sur le Congo et l’institut de sondage Berci. Les personnes interrogées naviguent entre espoir et impatience, mais plusieurs paradoxes ressortent de cette étude…Malgré sept millions de déplacés, 70% des sondés estiment que la situation est meilleure ou similaire à 2021, avant l’état de siège et le conflit avec le M23. « Le pouvoir politique semble bénéficier d’une forme d’union sacrée de l’opinion publique face au conflit », note Pierre Boisselet, directeur du pilier violence à Ebuteli. Renforcée par la position ferme du pouvoir face aux rebelles du M23 puisque 63% des sondés restent hostiles à toute négociation avec le groupe armé. Néanmoins, l’institut met en garde sur la réduction de l’espace médiatique et s’interroge sur l’information sur ce conflit qui parvient au public, notamment à ceux qui vivent les plus éloignés des zones de combats. RFI

Sénégal: Réformes du système judiciaire : un consensus sur la réduction des pouvoirs du parquet annoncé
Les travaux de la commission en charge de la réforme du système judiciaires ont donné lieu à un large consensus sur la nécessité par exemple de réduire les pouvoirs et prérogatives du parquet, a assuré mardi à Diamniadio, Ahmadou Bamba Kassé, le rapporteur de ladite commission.“Il s’agissait après les considérations générales et méthodologiques, de faire la synthèse des travaux de commission. Ce que je peux dire, c’est qu’il y a eu un large consensus sur des points portant entre autres sur la réduction des pouvoirs du Procureur de la République”, a-t-il déclaré au moment de rendre publiques les conclusions et recommandations de la commission qui était chargée de travailler sur les réformes et la modernisation du système judiciaire. M. Kassé a également évoqué le ralliement des participants à l’idée de créer le poste de juge des liberté et de la détention, sans expliquer davantage le rôle et les attributs de ce magistrat. Il n’a pas manqué de signaler la recommandation faite par les participants d’élargir le champ et les pouvoirs du juge d’instruction. Le rapporteur de la commission en charge des réformes a en même temps relayé la proposition faite par les participants de créer une Cour constitutionnelle en lieu et place du Conseil constitutionnel. Ils ont également trouvé un consensus sur la manière de revoir des dispositions du Code pénale, du Code civil et du Code de la famille, selon Ahmadou Bamba Kassé. Agence de Presse Sénégalaise

Niger: des migrants sénégalais refoulés par l’Algérie lancent un appel aux autorités de Dakar
Une centaine de ressortissants sénégalais coincés au Niger lancent un appel aux autorités de Dakar. Ces candidats à l’émigration clandestine ont été refoulés d’Algérie et abandonnés dans le désert, comme des milliers de personnes chaque année. Bloqués dans le nord du Niger depuis plusieurs semaines, dans des conditions éprouvantes, ils demandent à pouvoir regagner le Sénégal au plus vite…Nigériens, Maliens, Sénégalais… Toutes nationalités confondues, près de 9 000 personnes sont arrivées à Assamaka, expulsées d’Algérie, selon l’ONG Alarmphone Sahara, entre début janvier et début avril. RFI

Libye: Moscou s’intéresse au secteur pétrolier du pays
En Libye, les déclarations récentes du ministre de l’Investissement, Ali Saïdi, adressées au gouvernement de l’Est (non reconnu par la communauté internationale), ont suscité des réactions à l’Ouest. En marge d’un forum qui a eu lieu en mai à Kazan en Russie, il a appelé à renforcer le partenariat économique avec la Russie dans différents domaines. Il a également affirmé que les contacts de son gouvernement avec Moscou sont permanents et que l’Est libyen cherche à établir un partenariat stratégique avec la Russie. Après avoir renforcé sa présence militaire, Moscou a l’intention de se réimplanter économiquement, surtout dans le secteur pétrolier…La Libye dispose de la plus importante réserve pétrolière en Afrique. Elle a détrôné le Nigeria en avril 2024 en passant devant ce pays en terme de production. Elle vise à produire deux millions de barils par jour et s’apprête à livrer une série d’autorisation à des sociétés internationales actives dans le domaine. Selon plusieurs observateurs libyens, la Russie cherche à étendre son influence économique en parallèle de sa présence militaire en Libye. Les sociétés pétrolières russes Gazprom et Rosneft sont déjà présentes en Libye. Moscou cherche à relancer de vieux projets dans le domaine et à en lancer de nouveaux dans le secteur du gaz. RFI

Grève des avocats après l’incarcération d’un de leurs confrères au Burkina
Les avocats au Burkina Faso ont entamé mardi une grève paralysant de nombreux tribunaux, pour exiger le respect de la procédure pénale et des décisions de justice, après l’incarcération d’un de leurs confrères et figure de la société civile, a constaté un journaliste de l’AFP. Les avocats burkinabè ont déserté les tribunaux de Ouagadougou, où certaines audiences n’ont pu se tenir. « C’est presque l’ensemble des juridictions qui sont paralysées », a déclaré à l’AFP un greffier du tribunal de grande instance de Ouagadougou, ayant requis l’anonymat… »Les avocats devront, au cours de cette période, s’abstenir d’occuper ou de participer aux audiences devant toutes les juridictions sans exception », selon le bâtonnier. Il s’agit notamment « d’interpeller les autorités sur le respect des règles régissant la procédure pénale au Burkina Faso à l’égard de toute personne mise en cause » et sur « le respect et l’exécution des décisions de justice par l’Etat », a écrit M. Niamba, ajoutant: « Sans ces impératifs, notre mission et celles de l’Etat de droit sont vaines ». Cette grève se tient après l’incarcération jeudi de Me Guy Hervé Kam à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), arrêté fin janvier, libéré mercredi, puis immédiatement interpellé de nouveau à Ouagadougou. Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate. Une décision confirmée en appel le 23 avril. Me Kam est poursuivi pour « complot contre la sûreté de l’état » et « association de malfaiteurs », selon ses avocats et le parquet militaire…Guy Hervé Kam est notamment co-fondateur du Balai citoyen qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014. Plusieurs cas d’enlèvements de personnalités considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou. AFP

Les syndicats nigérians suspendent la grève nationale pour « une semaine »
Les syndicats nigérians ont annoncé mardi suspendre pour une semaine leur grève nationale débutée la veille à la suite d’un désaccord entre syndicats et gouvernement sur le montant du salaire minimum, sur fond de grave crise économique…Lundi, les syndicats avaient lancé une grève générale largement suivie, mettant le pays au ralenti. Le réseau électrique national a été coupé, engendrant des pannes dans tout le pays, les vols intérieurs ont été suspendus, de nombreuses écoles fermées, tout comme les bureaux gouvernementaux, les ports et de nombreuses stations-service. L’objet de la discorde entre les syndicats et le gouvernement porte sur la hausse du salaire minimum. Actuellement, il est fixé à 30.000 nairas (environ 20 euros) et les syndicats réclamaient qu’il soit porté à 494.000 nairas (environ 300 euros) au début de la grève. Le gouvernement a accepté lundi soir d’aller au-delà des 60.000 nairas initialement proposés. AFP

« Pour la Corée du Sud, le développement des liens économiques avec l’Afrique est un sujet vital »
Comme la France, la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la Turquie ou le Japon avant elle, la Corée du Sud organise son sommet avec le continent africain…Françoise Nicolas, chercheuse au sein du centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI), revient sur la volonté de Séoul de redynamiser ses relations avec le continent. Le Monde: Quels sont les enjeux de ce premier sommet pour la Corée du Sud ? Nicolas: L’enjeu principal est de sécuriser son accès aux minerais africains tout en continuant d’étendre son « soft power ». En soixante ans, la Corée du Sud est passée d’un pays en développement à la treizième puissance économique mondiale : c’est une réussite dont se sert Séoul pour vendre son modèle de développement aux pays africains. La même année, la Corée a créé la Conférence ministérielle sur la coopération économique entre la Corée et l’Afrique (Koafec), dont le septième forum s’est tenu en septembre 2023 à Pusan. A cette occasion, elle s’est engagée à accorder un financement de 6 milliards de dollars sur deux ans à l’Afrique pour soutenir la réalisation de projets dans les domaines de la transition énergétique, de l’agriculture et de l’éducation…Ce sommet est l’occasion pour la Corée du Sud, quatrième économie d’Asie, de passer à la vitesse supérieure dans ses relations avec l’Afrique. Avec 30 % des réserves mondiales de minéraux critiques – dont le cobalt, l’étain, le cuivre et le graphite –, le continent semble bien placé pour approvisionner les producteurs de semi-conducteurs et le secteur automobile, dont Hyundai est le cinquième constructeur mondial. Le Monde

L’Ocha tire la sonnette d’alarme sur le conflit au Soudan
Au Soudan, la situation humanitaire est toujours plus inquiétante. Mardi 4 juin, Martin Griffiths, le sous-secrétaire général aux affaires humanitaires des Nations unies, a donné sa dernière conférence de presse en tant que patron du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha). Son mandat se termine à la fin du mois. Cette conférence a été largement consacrée au Soudan, conflit oublié par la communauté internationale, alors que la famine menace. Pour Martin Griffiths l’analyse du conflit soudanais est très claire : il s’agit d’une tragédie humanitaire provoquée par une guerre d’égo, entre deux hommes, prêts à sacrifier leur pays. Le Comité inter-agences, qui regroupe une quinzaine d’organismes des Nations unies, se dit prêt à distribuer des graines aux agriculteurs soudanais. Il ne leur reste plus que quelques semaines pour les planter, avant le début des pluies. Mais les parties au conflit continuent d’empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire. Selon le Comité inter-agences, 860 000 personnes du Kordofan, du Darfour et de Khartoum, se sont vues refuser l’accès à l’aide, en mars et avril. RFI

Gabon: les avocats de l’ex-directeur de cabinet d’Ali Bongo boudent son troisième procès
Au Gabon, les déboires judiciaires de Brice Laccruche-Alihanga se poursuivent. L’ancien directeur de cabinet de l’ex-président Ali Bongo est jugé dans plusieurs affaires depuis fin mai. Alors que ce lundi 3 juin s’est ouvert un troisième procès devant la Cour criminelle spéciale à Libreville. Une affaire dans laquelle il est accusé de détournement de fonds publics et blanchiment au sujet de prestations comptables à la présidence. Or, ses avocats ont décidé de bouder le procès. Brice Laccruche est cette fois accusé suite au contrat qu’il avait signé avec un expert-comptable, Gérard Fanou, lui-même jugé pour complicité, pour des prestations à la présidence, à hauteur de plusieurs milliards de Francs CFA. Des sommes payées à travers un compte privé de l’ancien président Ali Bongo. Mardi 4 juin, il n’y a finalement pas eu d’audience et le juge a renvoyé l’affaire au 12 juin. Il faut dire que lundi, les 5 avocats de l’ancien directeur de cabinet avaient annoncé leur boycott. RFI